Tout d'abord cette question : à combien de gens, peut-on souhaiter une bonne et heureuse année, avec un minimum de sincérité voire de réalisme ?
Difficile d'y répondre.
Alors question suivante : d'où vient cette étrange habitude des humains de fêter l'arrivée de la nouvelle année, tout comme ils fêtent leurs anniversaires !
Bref, de fêter tout ce qui les rapproche de leur mort, disait un philosophe.
Difficile aussi de remonter le temps pour y trouver un sens à ces us. D'aucuns les assimilent à des innovations illicites. Bidaâ, disent-ils. La bonne année en fait, ne sera jamais qu'un souhait ; on sent aussi comme une tentative d'éterniser et de recycler le temps. Dans la répétition du rituel.
- Par SMS pour beaucoup d'entre-nous !
En ressortant les mêmes bilans « triomphalistes » et les mêmes résolutions inapplicables pour ceux qui nous gouvernent.
Il y a un an ou même plus voire de tout temps, notre gouvernement nous promettait une sortie du pays de la dépendance des hydrocarbures, oubliant impudemment l'adage préféré de Helmut Kohl : « Pour les grands jours, il faut que les sermons soient courts et que les saucisses soient longues ». Ce pari là, hélas, n'est pas gagné, loin s'en faut !
- Alors, que faut-il, vraiment, se souhaiter pour 2022 ?
De la santé, oui. La paix aussi. De l'optimisme, très certainement, tant il est vrai qu'il vaut mieux, pour reprendre une formule de Bernanos, « être un imbécile heureux plutôt qu'un imbécile triste ! ».
Il y a certes, beaucoup de raisons de broyer du noir dans le pot national, mais ce n'est, certainement, pas en pataugeant dedans, avec une délectation morbide, qu'on s'en sortira !
Assez de tous ces parangons et de leur « tous pourris», « il n'y a qu'à », «il faut que » qui meublent notre sémantique politique et économique. On sait que cela ne s'arrangera pas de sitôt avec la mise en place de la loi de finances pour 2022 qui promet des larmes selon l'opposition.
Des sacrifices nécessaires selon le gouvernement ! L'air du pays est par trop pollué, ce temps-ci. Sur fond d'aigreur et d'anxiété les algériens appréhendent l'année nouvelle, bercés par le populisme galopant des uns et le pessimisme exacerbé des autres.
Pour autant, ne gâchons pas les premiers jours de cette année nouvelle en commençant déjà à formuler quelques vœux !
- Que cesse, déjà, la violence dans le pays !
On ne se rend pas compte, peut-être, mais la violence est en train d'envahir la scène politique et sociale.
Parce que l'on oublie toujours, écrivait très justement Mustapha Hammouche excellent commentateur par ailleurs, qu'en matière de vie publique, la violence verbale précède toujours la violence physique.
Tout en lui préparant le terrain, la première annonce la seconde !
- Qu'on cesse de regarder dans le rétroviseur !
Oui, on a fait une révolution mémorable. Oui on a fait l'admiration du monde entier. Maintenant, place aux historiens. Et aux autres de se taire. De respecter Abane Ramdane par exemple et la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la patrie.
Qu'on libère l'économie du socialisme !
De Benbella à Boumediene. La Chine, n'a-t-elle pas gagné au change depuis l'enterrement politique de Mao ?
L'envol de la Corée du Sud, n'est-il pas confondant ?
Ne faut-il pas se réjouir de la montée en puissance d'une grande partie de l'Afrique, avec des taux de croissance de près de 10% ?
D'en prendre l'exemple ?
Qu'on fasse confiance aux investisseurs nationaux ! On peut tourner la chose dans tous les sens, la relance économique et la création de l'emploi ne seront possibles que le jour où l'administration, notamment locale, saura conquérir la confiance des entrepreneurs et des patrons.
Qu'on arrête les gesticulations stériles à la limite ridicules de certains de nos officiels !
De nombreux walis se sont illustrés, ces derniers mois, par des coups de colère devant les caméras de télévision; les lampistes ont en fait les frais ! De simples agents commerciaux en fait, stupéfaits de voir la tournure que prenait l'entreprise de redressement national dans leur wilaya.
Les autorités locales et nationales s'arrangent, ainsi, à mettre en scène leur propre colère au lieu et place de la population qui, pourtant, a toutes les raisons de ruer dans les brancards. Et comment ne le fera-t-elle pas, elle qui voit ses conditions de vie et surtout son environnement se dégrader par la faute de l'inertie de ces mêmes autorités ?
- Et de leur indisponibilité !
Il est peut-être temps pour tous ces responsables de se réveiller et de réaliser que la vie nationale, l'action publique aussi, n'est pas une campagne électorale permanente. Et le sens que donnent ces walis et quelques ministres à la communication ne peut ni voiler leur bilan désastreux, encore moins constituer un gage de bonne gouvernance.
En tous les cas, les citoyens, de l'Algérie profonde ne sont pas dupes au point de croire à leur cinéma !
- Que les actes se joignent aux paroles !
Sur le papier et dans les discours, on nous disait que la machine était fin prête pour redresser la situation en mobilisant les walis en faveur des initiatives entrepreneuriales.
l Pour créer de la richesse et de l'emploi
Près de trois mois après cette profession de foi, il ne subsiste aucun écho et la chronique locale ne fait pas état d'un début de commencement d'une quelconque dynamique devant inverser la tendance à la déprime économique et à l'austérité qui s'annoncent. Exit les walis-managers ?
Qu'à l'orée de 2022, le président de la République serait bien inspiré de faire un mouvement des walis !
Qu'on en finisse avec la chaine alambiquée et rouillée des bureaucrates qui bloquent toutes les initiatives visant à améliorer les services publics !
L'Etat peut décider des projets les plus ambitieux, donner les instructions les plus louables, signer les textes les plus audacieux et se rendre compte que son appareil d'exécution est atteint de paralysie, de bureaucratie, et ne répond pas aux objectifs assignés. Le président Abdelmadjid Tebboune avait tenu à dénoncer des pratiques bureaucratiques «antinationales» qui étaient derrière le blocage de pas moins de 402 projets pouvant être à l'origine de la création de 75 000 postes d'emploi.
Un véritable «crime» économique, a-t-il estimé à l'ouverture de la conférence nationale sur la relance industrielle !!!
- Qu'on arrête aussi cette recherche systématique, cette quête éperdue du plus petit dénominateur commun dans les formations politiques d'opposition !
Cette démarche effrénée les a conduits à lisser leurs différences (pourtant saillantes sur nombre de sujets) au point d'offrir à l'opinion nationale un spectacle des plus incrédules.
Constat sévère, sans doute, mais réaliste car ces partis doivent accepter leurs fractures, ou courir le risque de continuer d'assister, paralysés, au maintien de la dictature FLN-RND.
Que l'on prenne garde dans la foulée, de l'abstention, le plus grand parti d'Algérie !
Les jeunes peu enclins à voter s'estimant étrangers à la chose politique, ne voteront pas davantage pour des politiques qui leur font des promesses, pour leur dire ensuite qu'ils ne peuvent rien faire, une fois élus !
- Que cesse ce désir de cet ailleurs sublimé par tous ces jeunes, femmes et parfois même des familles entières !
En 2021, le phénomène de la migration clandestine a littéralement explosé.
De nombreux Algériens ont risqué leur vie dans la traversée de la mer Méditerranée, transformée, depuis quelques années, en un véritable cimetière pour les migrants. Il ne se passe pas une semaine sans que la presse rende compte de l'arrivée de dizaines, parfois de centaines de harragas sur la rive nord, l'Espagne particulièrement.
Et le flux des embarcations de fortune qui tentent d'accoster sur les côtes européennes paraît interminable.
Le phénomène s'accentue et se banalise dangereusement tout comme la cupidité des passeurs !
Que le président de la République imprime, de son sceau cette nouvelle année !
En corrigeant les erreurs de casting de l'exécutif actuel. Le peuple rêve d'un gouvernement de combat, compétent, solidaire resserré, rationalisation des dépenses oblige ! Un gouvernement qui favoriserait l'intérêt général.
- Des vœux, ce ne sont finalement que des vœux !
Mais ne gâchons pas les premiers jours de la nouvelle année. Au train où vont les choses, au rythme où vont les réformes promises, et surtout à la vitesse de la chute du prix du pétrole, nous aurons encore, hélas, tout 2022 pour en parler !
Entre temps, rêvons à un troisième succès en coupe d'Afrique des Nations et une qualification en coupe du Monde au Qatar, dés lors que Belaili et Bounedjah l'ont promis au Président Tebboune !
par Cherif Ali
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5308525
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