Mon témoignage d'ancien appelé de la guerre d'Algérie "Pourquoi j'ai refusé la Croix du Combattant"
J'avais à peine 20 ans, Thiout à quelques kilomètres d'Aïn Sefra, derrière moi
la ligne de chemin de fer Oran-Colomb-Béchar
Et moi qui, dès l’âge de 16 ans n’a manqué aucunes manifestations contre la guerre d’Algérie je reçois ma feuille de mobilisation… j’ai à peine 20 ans, c’est le 1er mai 1961.
Départ pour Marseille, puis embarquement sur le "Ville d'Oran" pour le Club Med... façon "maintien de l'Ordre dans l'Algérie française"
Débarquement à ORAN
Alors que j'arrive en civil sur cette terre déchirée par une guerre, qui ne dira son nom que 38 ans après en 1999, pour le moment ce n’était que des « évènements, du maintien de l’ordre… quelle hypocrisie » je ne me doute pas qu'au même moment, un autre garçon de mon âge prend lui le chemin du Djebel pour défendre sa Liberté, la vraie, celle de libérer son Pays du colonialisme.
J’arrive donc à Oran pour quelques jours, avant de partir pour ma destination prévue, à quelques kilomètres de Aïn Sefra, dans la Palmeraie de Thiout, dans ce pays je ne vois que des exploités et des dominés, les souvenirs de mon enfance me remontent à la mémoire, je sens que je vais être obligé de faire des choses contraires à mon idéal de paix et de tolérance, j'ai déjà le sentiment de ne pas me trouver du bon côté... Mais j'ai eu beaucoup de chance et je ne le savais pas encore, dans la région du Sud Oranais où je me trouvais il ne s'est rien passé... Je n'ai même jamais vu ce qu'on appelait un fellagha... Pour cette raison je n'ai jamais eu à me servir d'une arme individuelle... pour cette raison je "n'ai pas eu de sang" sur les mains...
Mais je sentais que leur histoire allait devenir la mienne, c'est vrai comme le disaient les pieds noirs, qu'ils avaient repoussé les lions qui étaient aux portes d'Oran, sous-entendant, que leur présence avait contribué au développement du pays. OUI, c'est vrai, il y avait les hommes et les sous hommes ceux qui commandaient et ceux qui travaillaient dans les régions déjà développées, pour le reste, c'était encore le désert. OUI l'injustice et les inégalités étaient criantes. OUI j'ai connu des gens qui se croyaient supérieurs et qui traitaient les "Indigènes de quantités négligeables".
Le summum de l’ignominie lorsque j’ai appris que l’armée française à la manière des nazis a brûlé des corps dans ce qui ressemblaient à des fours crématoires… c’étaient des fours à chaux… Quelle colère… quel dégoût… Je ne parlerai pas de la torture sous toutes ses formes les plus immondes, des villages brûlés au napalm, c’étaient autant … d’Oradour…
Ma libération
21 mois après, le 8 janvier 1963, je suis de retour en France, j'ai beaucoup de difficulté à me réadapter à la vie civile, je trouve difficilement le sommeil, le moindre bruit me fait réagir… car je pense aux événements de "là-bas" (comme ils disent), ce triste exode des populations Pieds Noirs dont les plus modestes ont tout perdu... car il n'y avait que 3 % de riches colons qui, eux, ont eu le temps de tout sauver. Pendant que 25000 à 30000 militaires français sont morts, environ 450000 Algériens (1 million et demi dit l'Algérie) ont été tués dans cette sale guerre coloniale. J’ai appris que la passation des pouvoirs ne s'est malheureusement pas faite en douceur comme en Tunisie, au Maroc ou bien encore en Afrique du Sud avec Mandela.
En 1962, l'Algérie retrouve son indépendance après 132 ans de présence Française, cependant une autre guerre fratricide continue, les anciens Harkis désarmés par l'Armée Française en paieront le prix fort... mais dernièrement grâce au livre-enquête de Pierre Daum " Le Dernier Tabou " va à l'encontre des idées reçues.
Deux ans et demi d’enquête, 20 000 km parcourus et des dizaines de témoignages inédits ont été nécessaires à Pierre Daum pour réaliser « Le Dernier Tabou, les harkis restés en Algérie après l’indépendance ». Avec cette publication, le simple mot de « harki » ne résonnera plus de la même façon, ni en France ni en Algérie.
Cette enquête bouleverse en effet pas mal d’idées reçues, notamment celle du « massacre massif » de harkis après la signature des accords d’Evian.
Pour l’auteur de l’essai, « les nostalgiques de l’Algérie française instrumentalisent depuis 55 ans les souffrances (par ailleurs réelles) que de nombreux harkis ont vécues au moment de l’indépendance. En exagérant le nombre de morts (le chiffre de 150 000 est très souvent repris alors qu’il ne repose sur aucun fondement historique) et en parlant de "massacre" , voire de "génocide" des harkis, ces nostalgiques tentent, sous couvert d’un pseudo-humanisme, de justifier le combat des ultras de l’Algérie française, notamment de l’OAS. »
L’argument est de fait, mis en avant de manière permanente par ceux qu’on appelle communément les « nostalgériques », dont on vient de voir à Béziers jusqu’où ils sont capables d’aller. Pierre Daum en est persuadé : « derrière leurs discours dénonçant le "massacre des harkis" , il faut en fait entendre : »nous n’aurions jamais dû lâcher l’Algérie, regardez ce que ces pauvres harkis ont subi ! « Discours plutôt efficace puisque la plupart des Français pensent qu’en 1962, les harkis ont soit réussi à s’enfuir en France, soit ont été massacrés. »
« La version véhiculée par ces groupes postule qu’aucun harki n’est resté vivre en Algérie. Ce qui est complètement faux. Mon enquête, dit Pierre Daum, révèle qu’en réalité, la grande majorité des harkis est restée dans son pays sans y être assassinée. »
Si l’on en croit les résultats de la longue et minutieuse enquête de l’auteur, la plupart d’entre eux sont retournés dans leurs villages et ont retrouvé la vie de paysans très pauvres qu’ils avaient avant la guerre. Beaucoup n’ont pas été véritablement inquiétés. D’autres sont passés par des tribunaux populaires, devant lesquels beaucoup ont réussi à s’en sortir, expliquant n’avoir « rien fait de mal », ou avoir été « forcés par les Français ».
Certains, par contre, reconnus coupables de violences à l’égard de la population civile, ont été soumis pendant quelques semaines à des travaux forcés. Certains ont passé plusieurs années en prison avant d’être libérés.
« En général, poursuit Pierre Daum, seuls les plus coupables (de tortures, viols, exactions en tout genre) ont été exécutés. Mais cela n’empêcha pas, en cette période de chaos de l’été/automne 1962, qu’aient lieu de nombreux crimes aveugles, des vengeances sordides et des exécutions sommaires, sans rapport parfois avec la guerre. Il s’agissait alors de vieilles querelles de terre, d’héritage ou de femmes. »
Voilà un ouvrage qui va certainement soulever un certain nombre de polémiques et de protestations, tant du côte algérien que du côté des mouvements français d’extrême-droite qui ont beaucoup utilisé cet épisode pour alimenter leurs discours et leur « idéologie ».
Pourquoi j’ai refusé la
Ma participation à cette guerre d’Algérie j'y étais opposé, je l’ai donc subie et je le regrette, quant à mon statut de combattant, j'ai été contraint de l'accepter...
Ceux qui ont participé à la seconde guerre mondiale, c'était leur devoir ou d'autres qui se sont engagés dans la Résistance ou ont rejoint l’armée de la France Libre pour combattre le nazisme. Ils choisirent, et firent là actes de citoyens libres et responsables. Si j’avais été dans ce cas-là j’aurai accepté la croix du combattant… mais en aucun cas pour la sale guerre coloniale d’Algérie…
Je refuse de considérer les anciens des guerres coloniales de la France comme des combattants au même titre que ceux qui se sont engagés pour des causes justes ? (contre le nazisme par exemple).
La croix du combattant je l'ai refusée parce qu'en Algérie on ne défendait pas la France mais l'Empire colonial.
Et, enfin, comme je l'ai écrit plus haut, je n'ai pas combattu, je ne me suis jamais servi d'une arme individuelle, je n'ai pas de sang sur les mains.
A la place de la croix du combattant je suis fier de voir la colombe de la Pai
CONCLUSION
Le 8 Octobre 1962, l'Algérie devient le 109ème Etat de l'Organisation des Nations Unies.
A travers l'expérience de la guerre d'Algérie, je sais maintenant ce que valent véritablement nos hommes d'État.
1956, la gauche française, élue sur le programme de paix en Algérie, lance une nouvelle guerre coloniale… avec Guy Mollet et François Mitterrand.
Mais le PCF, qui condamnait la guerre en parole, dans les colonnes de l’Humanité, n’entreprit rien pour gêner le gouvernement. Son vote des pouvoirs spéciaux à Guy Mollet fut pour beaucoup une faute politique.
Si on a retenu que De Gaulle mit fin à la guerre d’Algérie, on a tendance à oublier qu’avec lui, la guerre dura encore quatre ans, entre le « Je vous ai compris » adressé à la population européenne algéroise le 4 juin 1958, et la reconnaissance de l’indépendance algérienne en mars 1962.
Avec De Gaulle ce fut la guerre pour le pétrole
Constatant l’impuissance française à vaincre politiquement et militairement la résistance algérienne, De Gaulle se prononça en septembre 1959 pour le droit à l’autodétermination des Algériens, signifiant par là que les intérêts de la population européenne d’Algérie devenaient secondaires au regard du redéploiement du capitalisme français dans le contexte de la décolonisation mondiale des années 1960. Les intérêts du gouvernement français en Algérie se focalisaient alors sur la question du pétrole et des bases militaires. Pour le gouvernement français, la guerre d’Algérie est devenue de 1960 à 1962 une guerre pour le pétrole.
La guerre a continué et redoublé, pour cet objectif principalement. C’est dans cette période qu’a été perpétré le massacre du 17 octobre 1961, contre une manifestation de milliers d’Algériens à Paris. Et du temps a ainsi été laissé aux généraux putschistes et à l’OAS pour s’organiser, en Algérie comme en France.
De Gaulle essaya de conserver les territoires du Sahara sous domination française, n’acceptant l’indépendance que pour le reste de l’Algérie. C’est seulement le 5 septembre 1961 qu’il finit par reconnaître l’appartenance du Sahara, les départements administratifs des Oasis et de la Saoura, à l’Algérie et accepta donc de l’inclure dans les négociations globales avec le FLN.
Sept mois de guerre seront encore nécessaires pour parvenir aux accords d’Evian.
Pendant plus de cinquante-huit ans, j'ai repoussé loin de moi ces souvenirs, aujourd'hui, rien n'a changé en moi, je disparaîtrai avec cette colère d’avoir été à 20 ans, incorporé, contre ma volonté, pour une cause indéfendable dans une SALE guerre (et le mot est faible) la guerre d’Algérie.
Michel Dandelot
Je suis en colère, comme mes amis, parce que des responsables politiques de gauche comme de droite m’ont fait perdre 21 mois de ma jeunesse… dans une guerre, pour une cause injuste que je désapprouvais.
A l’époque de la guerre d’Algérie, les jeunes gens qui refusaient de porter les armes, les réfractaires, insoumis ou déserteurs, étaient mis au ban de la société française. Leur choix était le plus souvent incompris. Aucune institution, parti, syndicat ou église ne les soutenait. L’opprobre pesait sur leurs familles comme sur celles de malfaiteurs. Elles étaient convoquées à la mairie, subissaient des interrogatoires et des perquisitions de la part des policiers. Leur entourage les critiquait, les rejetait. Pour les réfractaires et les déserteurs, la seule alternative à la prison était l’exil.
Le temps a passé, mais aujourd’hui le choix des réfractaires et des déserteurs n’est guère mieux compris. Même ceux qui critiquent sévèrement la guerre, admettent difficilement leurs choix.
Pourtant, les réfractaires comme Etienne Boulanger, les déserteurs comme Noël Favrelière nous enseignent qu’il est toujours possible de dire NON !
Le témoignage de Jacques Pous, l’un de ceux qui ont dit NON.
Pourquoi si peu de refus à faire la guerre ?
Il ne faut pas oublier que la plupart des appelés sortaient de l’enfance (c’était le cas de la plupart de ceux que j’ai rencontrés au 24e RIMa) et ce n’est pas la lecture de Bled et de la grande presse, les discours lénifiants ou menteurs des politiques, des Églises et de la plus grande partie de ce que l’on appelle les élites qui allaient leur ouvrir les yeux. L’important, dans l’immédiat, c’était la bouffe et les "perms" (lorsque l’on a passé plusieurs jours dans une caserne, l’on est prêt à tout pour ne pas se faire punir et "se la faire" …) et, dans un avenir beaucoup plus lointain, compter à combien "au jus" l’on en était et "la quille, bordel", horizon ultime de la présence à l’armée, cri lancé avec dérision, par des centaines de milliers de jeunes, pour éviter de pleurer face à l’absurde. Le grand public et surtout les responsables de la politique de la France en Algérie n’avaient pas voulu, durant huit ans, entendre des gosses qui hurlaient leur souffrance, leur sentiment d’abandon et parfois même leur dégoût (Des rappelés témoignent) et maintenant ils étaient une nouvelle fois victimes d’une entreprise de récupération qui allait alimenter le silence dans lequel certains d’entre eux allaient s’emmurer.
Tous, par contre, ont eu le sentiment de ne pas être compris et même parfois d’être jugés et condamnés lors de leur retour dans une société civile qui ne s’était intéressée à l’Algérie que lorsqu’un proche était concerné. Ils savaient que parmi eux ils avaient été nombreux à ne pas participer aux exactions, qu’il s’en était trouvé quelques-uns qui, comme des appelés le racontent à Patrick Rotman et Bertrand Tavernier, avaient bien traité des prisonniers, soigné des adversaires blessés, refusé de participer à la torture ou qui, comme le brigadier Monjardet, avaient été héroïques en refusant de tirer, malgré les ordres, sur des fellahs désarmés.
Tous ceux-là ne pourront que refuser les généralisations dont ils étaient victimes et qui étaient la conséquence de l’amnistie accordée aux véritables coupables.
Comment d’ailleurs pourrait-on juger des gosses auxquels l’on avait inculqué la soumission à l’autorité alors que l’on ne sait pas ce que, à leur place, l’on aurait fait. Pour ma part, en tous cas, je me refuse de me mettre dans la position du si : qu’aurais-je fait ou pas fait si … Ce qui compte, c’est ce que j’ai fait ou pas fait. C’est pourquoi il m’est difficile de juger les autres, en particulier ceux de ma génération, car je connais trop la part d’animalité et la part d’humanité qui hantent l’homme ; si j’avais été dans la même situation qu’eux, j’aurais, peut-être, agi comme eux. Cette problématique du « si » n’a, par ailleurs, aucun intérêt car il est à tout jamais impossible de savoir ce que l’on aurait fait si … Ceux qui prétendent le savoir s’illusionnent. Des enquêtes d’opinion ont d’ailleurs montré que, dans la génération de la paix, ils sont nombreux à proclamer que s’ils avaient été confrontés aux situations auxquelles ont été confrontés les appelés de la génération du feu, ils auraient refusé d’y participer ; à les entendre, si la même alternative leur était proposée, (11,5 % des élèves de terminale interrogés en 1977 par Jean-Pierre Vittori auraient opté pour la désertion), le chiffre fantaisiste des trois mille réfractaires serait donc aujourd’hui largement dépassé.
Reste enfin une forte minorité qui a été victime de ce que l’on appelle le stress du combattant ou de la culpabilité de s’en être sorti ou encore du dégoût pour ce qu’ils avaient fait. Ce sont les véritables victimes d’une guerre que, dès 1955, Guy Mollet considérait comme "imbécile et sans issue" ; sans oublier ce qu’ont subi ceux d’en face qui, lors d’un conflit asymétrique sont dix fois plus exposés aux séquelles de la guerre. De nombreux travaux concernent les traumatismes des GI’s retour du Vietnam, d’Irak ou d’Afghanistan ; qu’en est-il des Vietnamiens, des Irakiens ou des Afghans qu’ils ont massacrés ? Qu’en est-il des Algériens, des réfugiés croisés en Tunisie, des Moudjahidins traumatisés par huit ans de guerre, des millions de personnes regroupées dans ce qui trop souvent ressemblait à des camps de concentration ? Peut-être qu’un jour les historiens se demanderont quelles ont pu être les séquelles lointaines de la guerre sur la population algérienne et sur un avenir de violences qui, là aussi, s’enracinent dans un passé qui ne veut pas passer.
Quant à moi, j’avais choisi la trahison comme règle de vie : comment en effet ne pas trahir ses idéaux si l’on ne se résout pas, un jour, à trahir son pays. Toutefois, je n’ai pas eu immédiatement conscience qu’avoir pu dire NON, qu’avoir pu trahir en réalité et non en rêve, est une chance qui n’est pas donnée à tous ; l’obsession de trahir et la frustration de ne pouvoir le faire seront au cœur de mes engagements futurs. Combien de fois, par la suite, n’ai-je pas regretté de ne pouvoir refuser d’aller au Vietnam, de ne pouvoir refuser d’aller se battre en Irak ou en Afghanistan, de ne pouvoir désobéir à l’ordre d’aller bombarder la Serbie ou Gaza. De nombreux témoignages d’appelés du contingent mentionnent d’ailleurs le sentiment d’impuissance qui les étreignait lorsqu’ils étaient témoins de crimes contre lesquels ils avaient l’impression de ne pouvoir rien faire. Je ne voudrais pas, comme cela a été le cas pour eux, qu’un jour l’on vienne me dire que je suis responsable ou que je dois me repentir de crimes décidés et perpétrés par d’autres alors que l’on ne m’aurait jamais donné la parole et la possibilité de m’y opposer.
Les associations d’anciens combattants, la FNACA ou l’UNC-AFN, au lieu de faire répéter par la dernière génération du feu les rites dérisoires du passé, auraient dû l’amener à demander des comptes à tous ceux qui, durant quarante ans, allaient continuer à diriger la France : eux, les décideurs politiques, ils savaient ce qu’ils faisaient. Ce n’est pas un hasard si ce sont d’abord les rappelés, ensuite les sursitaires et enfin les étudiants qui se sont le plus opposés au discours officiel. La grande erreur des tenants de l’Algérie française est d’avoir accordé des sursis ! Toutefois, plusieurs appelés, regroupés dans l’Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre qui, eux, ont servi, durant de nombreux mois, "Au pays de la soif et de la peur" ne seront pas dupes et refuseront les décorations en chocolat (Carte, Croix et Retraite du combattant), telles ces médailles du travail que le système accorde aux prolétaires pour qu’ils se souviennent et se félicitent jusqu’à la mort d’avoir été exploités.
Le communiste Étienne Boulanger, "insoumis sous l’uniforme", qui s’était résigné à servir après deux années passées en prison, refusera le certificat de bonne conduite et la médaille commémorative des opérations de maintien de l’ordre en Algérie que l’armée avait finalement décidé de lui attribuer. "Je ne me sentais pas une âme de médaillé, proclame-t-il. Le chien du régiment était à côté de moi. Je trouvais que ce chien, qui avait été dressé à mordre les Arabes sur commande, – le dressage n’avait pas marché pour moi – était plus méritant que moi. Je lui ai donc passé la médaille autour du cou". Quant à Jean Faure, il note dans ses carnets : « A Tizi Ouzou, dans la rigidité militaire, beaucoup à dire aussi sur les obsèques de ce copain. “Nous vous conférons la médaille militaire … la croix de la valeur militaire avec palmes …”, etc. Conférez tout ce que vous voudrez, ça ne vous coûte pas cher. Mais jamais vous ne rendrez la vie à Philibert, ni Philibert à sa famille ».
Jacques Pous
Par micheldandelot1 dans Accueil le 13 Décembre 2021 à 22:35
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