La guerre des mémoires rebondit à nouveau
La guerre d’Algérie vue du seul côté français
Les propositions ne s’attardent pas sur les causes et les raisons qui ont amené la France coloniale à commettre les massacres et les crimes abjects.
Le groupe «Regards de la jeune génération sur les mémoires franco-algériennes» a adressé ses propositions au président français, Emmanuel Macron, sur ce qu'il nomme dans son document, comme «Guerre d'Algérie». On se souvient de la dernière rencontre entre le président Macron et des jeunes issus de plusieurs catégories, constituant la France d'aujourd'hui. De jeunes Algériens étaient intégrés dans cette trame d'une France qui veut réécrire l'histoire de la période coloniale sans pour autant aller dans le coeur de ladite histoire qui pullule d'actes abominables et de scènes macabres en termes de crimes coloniaux et contre l'humanité.
L'initiative s'appuie sur le rapport de Benjamin Stora. Le groupe vise la mise en oeuvre des préconisations de l'historien Stora. Le choix de l'intitulé de «Guerre d'Algérie», renvoie à une espèce d'Histoire peaufinée et conçue selon un «regard» strictement français et propre aux protagonistes dont la vérité historique risque d'écorner le sens et les valeurs d'une réconciliation des mémoires.
Tout compte fait, le groupe «Regards de la jeune génération sur les mémoires franco-algériennes» aspire à une espèce d'«apaisement» des mémoires. Cette vision introduit une démarche dont la composante est source de clivages et de désaccords profonds entre l'Algérie et la France. Il s'agit «des descendants de militaires français, de harkis, de rapatriés ou de combattants du FLN». Cette approche visant le rapprochement et l'apaisement des mémoires, comme cela est précisé dans le document, risque de provoquer des remous et des frictions à l'intérieur de la France d'abord. Les ultras et les nostalgiques de l'Algérie française sont toujours présents dans les rouages et les institutions névralgiques de l'Etat français. À ce propos, le groupe précise que «nous sommes tous animés par la même volonté: apaiser ces mémoires, les reconnaître dans leur singularité, panser les plaies encore présentes dans notre société et oeuvrer à la réconciliation et à la construction d'un futur partagé pour les nouvelles générations», et d'ajouter: «Ces valeurs que nous portons et partageons ont été le socle et le fil rouge de nos messages, rédigés au cours de nombreuses séances de travail selon cinq thèmes, tous en lien avec le rapport de Benjamin Stora: l'enseignement, la création d'un musée/institut, les témoignages, les lieux de mémoire et les échanges entre jeunes, ainsi que les figures et gestes symboliques», souligne le rapport du groupe «Regards de la jeune génération sur les mémoires franco-algériennes».
Les propositions ne s'attardent pas sur les causes et les raisons qui ont amené la France coloniale à commettre les massacres et les crimes abjects. Le groupe s'attarde uniquement sur les préconisations qui ont trait à la célébration des dates et la consécration de la démarche cérémonielle sans aller au fond de la problématique coloniale en tant qu' élément clé de la crise' voire de la guerre des mémoires entre l'Algérie et la France. La lecture «ubuesque» d'une Histoire centenaire faite de crimes contre l'humanité et d'actes barbares et abominables, ne peut se proposer comme une issue à une impasse mémorielle dont la seule victime est le peuple algérien dont le traumatisme reste toujours intact. L'histoire coloniale ne peut en aucune manière être l'apanage du bourreau en termes d'écriture. Le bourreau essaye toujours de rapporter des mensonges et des demi-vérités qui arrangent sa posture de «civilisé».
Cette initiative reste trop teintée d'un romantisme fétiche qui n'existe que dans la tête de ceux qui n'ont pas connu les affres du colonialisme et ses conséquences psychologiques, historiques et existentielles jusqu'au jour d'aujourd'hui.
08-12-2021
Hocine NEFFAH
https://www.lexpressiondz.com/nationale/la-guerre-des-memoires-rebondit-a-nouveau-351319
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