L'Histoire de l'Ain, elle aussi, a été marquée par celle de la colonisation et de la guerre d'Algérie. Pour "mieux vivre ensemble", une plaque commémorative a été inaugurée à Thol.
Le vendredi 10 décembre 2021, la sous-préfète de l’Ain a inauguré une plaque commémorative au camp d’internement de Thol, où furent enfermés des militants indépendantistes algériens durant la Guerre d’Algérie. (©Préfecture de l’Ain)
Aujourd’hui un domaine récréatif avec court de tennis et terrain de boules, hier un camp d’internement où furent enfermés des militants indépendantistes algériens pendant la Guerre d’Algérie.
Le vendredi 10 décembre 2021, Pascaline Boulay, sous-préfète de l’Ain, a inauguré la plaque commémorative du camp de Thol, en faisant ainsi un lieu de mémoire reconnu à part entière « afin d’aller vers une meilleure connaissance de l’histoire par chacune des parties concernées et, in fine, un meilleur vivre ensemble ».
Un dur passé à ne pas oublier
Le 2 mars 2021, Emmanuel Macron était le premier président français à reconnaître officiellement le crime perpétré par l’armée française lors de la Guerre d’Algérie, suivant le rapport de l’historien Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie.
Cette inauguration s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des préconisations de ce rapport à la demande du président de la République. Benjamin Stora appelait à « la création de lieux de mémoire donnant à comprendre des pans de notre histoire méconnus ». Ce, « afin d’aller vers une meilleure connaissance de l’histoire par chacune des parties concernées et, in fine, un meilleur vivre ensemble ».
Ainsi, le camp de Thol, situé sur la plaine de Thol entre les communes de Pont-d’Ain et Neuville-sur-Ain, accueille désormais une stèle historique pour subvenir à ce devoir de mémoire. Une plaque commémorative qui tend à assumer et rappeler les crimes français perpétrés à l’encontre des opposants algériens pendant la Guerre d’Algérie.
« En décembre 1958, pendant la guerre d’indépendance algérienne, Thol devint l’un des quatre centres d’assignation à résidence surveillée (CARS) de France métropolitaine, conçus à l’imitation des nombreux camps d’internements créés en Algérie depuis 1956. En vertu d’un décret d’octobre 1958, plus de 2.600 Algériens résidant en France y ont été enfermés sur arrêté ministériel, pour une durée indéterminée, sans décision de justice, parce que soupçonnés d’être impliqués dans des organisations indépendantistes, principalement le FLN.
Administré par le ministère de l’Intérieur, le camp était capable d’accueillir dans une extrême précarité un millier d’hommes à la fois. En 1960, le mouvement de l’Action civique non violente manifesta contre cette politique d’internement, trouvant le soutien d’intellectuels tels l’ethnologue Germaine Tillion, le journaliste Robert Barrat ou encore l’écrivain Louis Martin-Chauffier. Transformé en établissement pénitentiaire en 1962, le camp servit à regrouper les détenus algériens de différentes prisons françaises avant leur libération, dans le cadre des accords d’Évian. Par la suite, et jusqu’en 1965, des activistes de l’OAS condamnés à des peines légères les remplacèrent avec un régime carcéral spécial. En 1997, la commune de Neuville-sur-Ain a racheté le camp pour le transformer en domaine aux fonctions économiques, résidentielles, culturelles et récréatives. »
Voilà ce que nous apprend cette plaque commémorative, enrichie d’une citation du philosophe Joseph Pyronnet datant de 1960 : « Les camps d’internement administratif sont en France l’expression permanente et tangible de la guerre que nous poursuivons en Algérie sous le nom de pacification. »
Les Aindinois pourront également y trouver des photos issues des archives départementales de l’Ain relatant les faits.
Par Rédaction LyonPublié le
https://actu.fr/auvergne-rhone-alpes/neuville-sur-ain_01273/devoir-de-memoire-une-plaque-commemorative-inauguree-au-camp-d-internement-de-thol-dans-l-ain_47181257.html
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