Durant la guerre de libération, il y eut d'autres nationalistes que ceux du FLN qui ont héroïquement combattu contre l'occupation française. Les 9 et 10 octobre 1957 : décapitation à la prison de Serkadji de 6 militants du Mouvement national algérien (MNA).
Ils militaient sous la bannière du MNA et étaient restés fidèles au charismatique leader Messali Hadj, après la scission du PPA /MTLD . Leur mémoire et leur martyre sont ostracisés par l'historiographie officielle qui ne glorifie que le seul FLN, le mouvement rival et le vainqueur d'une confrontation fratricide qui eut pour enjeu sanglant l'hégémonie sur la lutte pour l'indépendance. Malheur aux vaincus !
Kab Abderrahmane, Chafik Melzi, Mohamed Bourenane ont été exécutés dans la nuit du 8 au 9 octobre 1957. Des nombreux membres des groupes de choc du MNA à Alger qu'avait montés Mustapha Benmohamed, et internés à la prison de Barberousse, seuls Bensadi "le poissonnier" et un des deux frères Melzi avaient bénéficié d'une grâce arrachée à l'ultime moment par Maître Gisèle Halimi, mandatée par Messali Hadj .
Les têtes de Kab Abderrahmane, Chafik Melzi et Mohamed Bourenane tombent sous le couperet dans la nuit du 8 au 9 octobre 1957. Tous les trois firent preuve du plus grand courage et, comme leurs frères -ennemis du FLN, s'étaient avancés têtes hautes vers le bourreau en s'écriant : Dieu est plus grand ! Vive l'Algérie !
Bachir Lanes, Rabah Larabi et Mohamed Harfouchi tombent dans la nuit du 9 au 10 octobre 1957 Dans le sillage de l’exécution, la veille, de leurs camarades, trois autres "fedayines" messalistes passent sous la guillotine la nuit du 9 au 10 octobre 1957. Bachir Lanes, Rabah Larabi dit "bégonia" et Mohamed Harfouchi tombent aussi bravement et avec la même dignité sous la lame de Barberousse.
L'attitude des héros Kab Abderrahmane avait exécuté le commissaire félon Lazib, des RG de la préfecture d'Alger, devant le café "El Bahdja" dans le vieil Alger; L’inspecteur Oubabass jura de venger son collègue et ami. Il fut la cible d'un commando MNA et à son tour abattu par Mohamed Azzouzi épaulé par deux autres hommes. Mohamed Azzouzi et Ali "El kheddar" tombèrent plus tard dans un accrochage qui les opposa à la police dans une rue de la Casbah .
« J’espère que vous aurez le même sourire ... !»
Dans son témoignage ( "Confession d'un résistant" , Enag , 2009 ), Ali Labadi, responsable dans la zone autonome FLN d'Alger, condamné à mort, avait partagé un moment la même cellule que Abderrahmane Kab. "Nous sommes appelés à passer par le fil d'une même épée parce que nous croyons à l'Algérie libre. Faisons donc abstraction des divergences politiques qui opposent nos deux camps et soyons amis" avait -t-il dit à Kab et la glace fut rompue.
Ali Labadi rapporte également : "condamné, Kab comprit qu'il ne lui restait que très peu de temps à vivre. Dans son regard, il n'y avait plus d’espoir que le mort en suspens. Il avait acquis cette gravité spontanée de ceux qui savent que le mort est proche. La veille de sa décapitation, il (me) confia : Mes heures sont comptées; je n'ai aucun regret ... mais fasse le ciel que je sache mourir dans la dignité ».
Le jour de son exécution, il se montra d'un courage exceptionnel, se retourna vers ses compagnons, très droit, puis lança le dernier cri de guerre. « J’espère que vous aurez le même sourire ... !»
Chafik Melzi, exécuté le 9 octobre 1957, avait défié le juge Paul Caterino tout au long de l'audience. Au point que le magistrat lui avait rageusement lancé : « Je vois que vous avez beaucoup de courage et un sourire à la bouche quand vous parlez. J'espère que vous arborerez le même sourire à l'heure de l'échafaud !! »
Messali ... et les autres ?
L'affrontement fratricide auquel se sont livrés MNA et FLN, pourtant également engagés dans la lutte de libération, aura été une guerre dans la guerre au bout de laquelle chaque camp aura compté ses morts. Les historiens et des acteurs de la lutte de libération, de plus en plus nombreux, œuvrent désormais à analyser et décrypter les causes et les tenants de cette rivalité meurtrière.
Entre temps, Messali Hadj, précurseur incontesté de la revendication d'indépendance et néanmoins fondateur et leader du MNA, est quasiment réhabilité. Un aéroport du pays porte son nom et il est désormais cité dans les manuels scolaires de l'Histoire de l'Algérie.
Que gagne alors le martyrologe officiel à encore injustement ignorer ceux qui, sous la bannière d'un "zaim" auquel ils étaient restés fidèles, se sont sincèrement sacrifiés pour la cause nationale ?
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