Le locataire de Matignon définit l'histoire de France comme « un socle de valeurs, parmi lesquelles le respect et l'intégration». THOMAS SAMSON / AFP
«L'histoire nous enseigne que le repli sur soi n'est jamais la solution», a déclaré le premier ministre dans un entretien accordé au mensuel Historia.
«L'histoire nous enseigne que le repli sur soi n'est jamais la solution», estime le premier ministre, Jean Castex, dans un entretien au mensuel Historia, au cours duquel il aborde la guerre d'Algérie ou confie son admiration pour Napoléon III. «La nation, c'est un croisement, et non une pureté», affirme le chef du gouvernement, qui définit «l'histoire de France (comme) un socle de valeurs, parmi lesquelles le respect et l'intégration». «Toute la plus-value de l'homme consiste à lutter contre (le) tragique (de l'Histoire): en période de crise, la tentation systématique est de nous replier sur nous-mêmes» mais «le repli sur soi n'est jamais la solution», poursuit Jean Castex.
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Interrogé sur la guerre d'Algérie, le locataire de Matignon estime qu'«on ne peut pas se réconcilier si on n'est pas lucide sur ce qui s'est passé». «C'est notre passé commun, avec ses parts de drames, de malheur, mais aussi de bonheur, de réussites, ses parts de mélanges et d'échanges. Mais il faut en faire l'inventaire, et non pas le jugement», ajoute-t-il, en rejetant «la simplification et la démagogie», autant que «la nostalgie».
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À propos du débat sur le déboulonnage de statues de personnages controversés, le premier ministre «peut admettre que tel personnage statufié a sa part d'ombre et qu'après un travail d'historiens, collectif, démocratique, on décide de retirer sa statue». «Mais proclamer : “Je réécris l'Histoire, je passe à l'acte et je vais démolir cette statue”, ça veut dire que mes idées s'imposent aux autres. Ce n'est pas ma conception du pacte républicain», fait-il observer.
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L'ancien maire de Prades, à la frontière Pyrénées-Orientales de l'Espagne, estime encore que «les réfugiés fuyant la dictature franquiste ont été très mal reçus». En prenant exemple sur l'histoire du violoncelliste virtuose Pablo Casals, installé à Prades en 1936 et qui refusa d'abord de jouer pour protester contre Franco avant de consentir à reprendre son instrument quatorze ans plus tard, Jean Castex raconte comment «on assiste alors, dans cette ville encore très paysanne, très populaire, à une ouverture à la culture, à la musique de chambre, qui restait l'apanage d'une élite».
Quels personnages historiques ont marqué le Premier ministre? «J'ai autant envie de citer Napoléon III, qui a été heureusement réhabilité, que ce roi d'une grande intelligence tombé dans l'oubli qu'est Henri III, dernier héritier d'une dynastie qui va s'éteindre, dans une période de guerre civile», répond Jean Castex. De là à considérer que la période actuelle serait une «fin de régime»? «Je crois qu'on aurait tort de le penser», estime le premier ministre.
Par Le Figaro avec AFP
2021 11 25
https://www.lefigaro.fr/culture/guerre-d-algerie-jean-castex-prone-un-inventaire-face-a-la-demagogie-et-a-la-nostalgie-20211125
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