Alger ne décolère pas suite aux propos tenus par le président français sur le système algérien, la nation algérienne et la colonisation. Les réactions de condamnation se sont multipliées depuis la révélation, samedi 2 octobre, par Le Monde, de ce qu’a dit Macron jeudi 30 septembre lors d’une rencontre avec des jeunes français dont les familles ont vécu différemment la guerre d’Algérie.
Pour la deuxième fois en moins de 48 heures, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra est monté au créneau pour dénoncer les propos du président français qu’il a qualifié de « faute grave ».
Il s’exprimait en marge du sommet Italie-Afrique à l’agence de presse turque Anadolu.
Tout en rappelant qu’il a déjà répondu aux propos de Macron mardi soir à partir de Bamako, où il était en visite officielle, le chef de la diplomatie algérienne a expliqué que l’Algérie devait répondre « très fortement » et « très fermement » et elle le fait.
| Lire aussi : Algérie – France : Lamamra répond à Macron
Mardi soir, Lamamra a estimé que les propos de Macron sur l’Algérie reflétaient la « faillite mémorielle » du président français qui s’est interrogé sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française. Emmanuel Macron a en outre qualifié le système algérien de politico-militaire qui vit de « rente mémorielle » depuis 1962.
Toutefois, Lamamra a indiqué qu’il s’agit d’une question qui concerne le peuple algérien, seul qualifié à s’élever contre ces propos hostiles et « défendre collectivement notre indépendance et notre souveraineté face à ce que nous considérons comme une grave erreur de la part des autorités françaises ».
» Nous faisons comprendre à tous les partenaires et en particulier la France que l’Algérie ne peut pas compromettre sa dignité pour la coopération et que l’Algérie ne peut accepter aucune interférence dans ses affaires internes », a ajouté M. Lamamra.
Le ministre des Affaires étrangères a souligné la « complexité » et la « difficulté » de l’Histoire de l’Algérie avec la France.
« Quelle que soit la crise que traversent les relations algéro-françaises, elle n’aura pas d’impact sur les relations de l’Algérie avec des pays frères comme la Turquie« , a indiqué Lamamra.
Par:
https://www.tsa-algerie.com/lamamra-reagit-a-nouveau-aux-propos-de-macron-sur-lalgerie/
Monsieur le Président : un traité d’amitié
avec l’Algérie est nécessaire, pas des insultes.
En recevant le jeudi 30 septembre 2021 : 18 jeunes - des descendants d’acteurs de la Guerre de Libération de l’Algérie (dont l’arrière-petit-fils du Général Salan, ce général qui tenta un putsch pour tenter de renverser la République) – Monsieur le Président de la République vous continuez de vouloir instrumentaliser la question de la mémoire sur cette période.
Après la question des Harkis voici les « héritiers » des « acteurs » de cette guerre qui sont instrumentalisés.
Monsieur le Président, comment pouvez-vous oser dire : « Nos générations n’ont pas vécu cette guerre, ça nous libère de beaucoup de choses ». C’est scandaleux. Parce que près de 60 ans se sont écoulés depuis la fin, le cessez-le-feu, la France, que vous êtes censé représenter, peut s’exonérer de reconnaître ses responsabilités et de condamner les crimes d’état, crimes contre l’humanité, crimes de guerre... commis en son nom dans cette période ? Quel mépris pour le peuple algérien !!! Parce que vous êtes né après cette période, vous osez donc sous-entendre : « passons à autre chose ? ».
A l’occasion de cette réception/diner vous auriez déclaré, qu’en Algérie, il s’agit d’une "histoire officielle" ... "totalement réécrite qui ne s’appuie pas sur des vérités" mais sur "un discours qui, repose sur une haine de la France". Avant de conclure : "La nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle, et qui dit : tout le problème, c’est la France." Oui, le problème, pour une part importante, c’est la France. C’est la France qui a colonisé l’Algérie en y multipliant les crimes. C’est la France qui, pendant la Guerre de Libération de l’Algérie a commis d’innombrables crimes : crimes d’état (17 octobre 1961, 8 février 1962...), crimes de guerre (utilisation du napalm -entre 600 et 800 villages rasés-, utilisation du gaz VX et Sarin, essais nucléaires...), crimes contre l’Humanité (camps d’internement pudiquement appelés de regroupement -plusieurs centaines de milliers de morts-, torture, viols, corvées de bois, crevettes Bigeard...). Et tant que la France n’aura pas reconnu sa responsabilité, ne les aura pas condamnés (pas une simple demande de pardon), comment notre pays peut s’exonérer d’un tel passé ?
Répondant à Nour, une jeune femme ayant grandi à Alger qui vous explique que la jeunesse algérienne n'a pas de "haine" envers la France, vous expliquez : "Je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle. On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak l’a fragilisé. J’ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur". Quelle ingérence, quel mépris pour le peuple algérien.
Ces types de propos sont profondément insultants pour le peuple Algérien. Cette démarche est très inspirée du colonialisme : elle voudrait continuer de dicter à l’Algérie sa façon dont elle devrait analyser ses rapports entre le peuple et ses gouvernants, et avec la France.
En 2018, vous vous étiez engagé devant Josette Audin à permettre plus largement l’accès aux archives sur cette période, contrairement à cette promesse, c’est un recul notoire qui est appliqué...
Non, Monsieur le Président, il ne suffit pas de reconnaitre un jour le crime commis à l’encontre de Maurice Audin, puis de celui d’Ali Boumendjel, puis de demander « pardon » aux harkis (lesquels ?), peut-être de réagir dans quelques jours à l’occasion du 60ème anniversaire du massacre du 17 octobre 1961 à Paris. Ce sont, certes des pas positifs, mais combien insuffisants. Au lieu d’insultes, de mépris, il est urgent, indispensable, de reconnaître le plus rapidement possible, tous ces crimes, et de les condamner, tous, très clairement. C’est à ce prix, et lui seul, qu’un véritable traité d’amitié entre l’Algérie et la France permettra aux familles algériennes et françaises que tant de liens rapprochent qu’un réel apaisement pourra s’opérer. L’occasion de ce 60ème anniversaire de la fin de cette guerre devrait imposer, enfin, un tel geste.
SOURCE : http://www.henri-pouillot.fr/0Enre
http://www.micheldandelot1.com/
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