Par le Commandant Azzedine
«C’est par la vérité qu’on apprend à connaître les hommes
et non par les hommes qu’on connaît la vérité.»
(Emir Abdelkader. Rappel à l’intelligent)
Il y a quelque temps, un groupe de «touristes», il faut dire d'un genre assez particulier, était entré en contact avec moi, après un périple dans notre pays. Je dis d'un genre assez particulier car ils étaient tous ce que les historiens de «l'autre côté» appellent «des anciens d'Algérie». Plus prosaïquement, des anciens appelés et rappelés de la dernière guerre coloniale de la France. «La sale guerre» ! Celle qui a été faite contre notre peuple, contre sa liberté, contre le bon sens.
Contre l'Histoire. Enfin, qu'est-ce qu'une guerre coloniale sinon une guerre a rebrousse-poil de la Raison?
Tous ces touristes qui visitaient leur propre histoire étaient venus avec leurs enfants et certains leurs petits-enfants. Trois générations !
C'est ainsi que j'ai fait connaissance des personnages qui m'avaient dans leur mire et qui étaient ma cible quelques cheveux sur la tête, quelques tonsures en moins bien des années après.
Non, ils n'étaient pas venus avec des corbeilles de regrets et des couffins de repentance. Mais comme des anciens soldats avec chacun sa propre conscience et ce qu'elle trimballe secrètement. Ils ont marché de leurs pas incertains de vieillards, là où ils avaient jadis crapahuté.
Dans aucune des régions qu'ils avaient traversées, ils n'avaient rencontré de haine, ni essuyé d'affront. Nul n'a craché à leur passage ! Ils ont suscité la curiosité et au pire l'indifférence. Ils me l'ont dit avec de l'étonnement plein les mots.
Sans doute auront-ils saisi ce qu'ils auraient dû comprendre au temps du grand tourment : que le seul ennemi du peuple algérien était le colonialisme. Le seul colonialisme.
C'est ainsi qu'il vint à l'esprit de Claude Herbiet, écrivain et lui-même ancien appelé, de me solliciter pour écrire la postface de son livre qu'il a intitulé «Ni Héros ni salauds». Claude Herbiet est connu des cinéphiles algériens qui ont vu le film de son fils Laurent Herbiet, Mon Colonel, dont les extérieurs ont été tournés à Sétif et El-Eulma, Alger et Constantine. Voici donc ma réponse à ses questionnements.
Dès qu’il ouvre les yeux sur l’existence, le colonisé ne voit pas l’image de sa mère tant elle est obscurcie par l’ombre spectrale de la terrible condition du monde dans lequel il vient d’exhaler son premier souffle de vie. Poussière de misère, la peur sera sa compagne, la faim sa locataire, l’offense son quotidien. Peu de mots sont suffisamment tragiques pour être susceptibles de traduire l’immense détresse du non-citoyen dans sa propre patrie, arbre sans racines sur son propre sol, oued sans sa source et son lit. Eclat de rien dans le néant. Le colonialisme n’est pas injuste, il est l’Injustice. Il n’existe que par l’iniquité. Et lorsqu’on le vêt de la morale et du droit, il prend la forme horrible que nous lui avons connue en Algérie et que nous avons combattue.
Que l’on ne se méprenne pas, ceux qui, par un brumeux matin du 14 juin 1830, ont débarqué sur les plages de Sidi-Fredj, ne venaient pas annoncer le début d’une semaine culturelle, mais commencer d’interminables représentations d’une guerre médiévale. Ils ne venaient pas donner une œuvre de Molière, ils n’étaient pas là pour nous lire des fragments des Méditations poétiques de Monsieur de Lamartine ou construire un lycée français à Alger. Sabre au clair, baïonnette au canon, les gibernes bourrées de cartouches, la barbe en bataille, ils étaient 37 000 facteurs pour porter ce fameux message civilisateur d’une France, encore irrésolue dans son choix, entre la République et la monarchie. Savaient-ils seulement que ce pays qu’ils prétendaient civiliser comptait autant, sinon plus, d’écoles qu’ils n’en avaient laissé en France ?
Pour ceux qui ne connaissent pas la suite, ils peuvent, à loisir, le faire dans les mémoires rivalisant d’horreurs des cruels généraux et autres traînards de sabres qui ont peuplé ce sinistre siècle.
Ni la haine ni la rancœur ne sont le levain de la colère. Les humiliés et offensés ne se soulèvent pas pour des raisons morales, ou parce qu’ils éprouvent à un moment ou à un autre de leur drame des sentiments littéraires.
Nous aussi, nous rêvions de liberté. Pourtant, ce mot le plus doux d’entre tous était bien gravé sur le fronton des mairies. Mais il ne s’adressait pas à nous. Nous, nous ne connaissions que celui qui s’écrit par la pointe de l’épée, lorsqu’elle lacère notre chair. Celui qui s’inscrit sur les murs froids des prisons, celui qu’on rumine sur les chemins de l’exil.
Celui qu’on lâche comme une ultime prière en regardant la mort.
Enfant, lorsque je chapardais de l’argent à mon frère pour aller au cinéma, j’allais voir des films égyptiens, on disait à l’époque des «films arabes».
Nous voyons dans un émerveillement sans égal l’éblouissante Nadia Lotfi, ou autre Samia Gamal descendre un escalier impérial se dirigeant vers Farid El Atrach, chanteur à la voix de velours, avant qu’ils n’embarquent ensemble dans une limousine américaine et qu’ils ne s’embrassent langoureusement, tout comme les acteurs hollywoodiens ou ceux des films de Grémillon. Les Arabes pouvaient donc être et faire comme les Américains ou les Français ? Pourquoi pas nous ? Et me voilà rêvant et nous voilà songeant au jour où, nous aussi, nous attendrions au bas de l’escalier cette star au déhanchement étourdissant.
C’était aussi cela la liberté. Non la liberté de le faire, mais la liberté de l’être. D’être comme les autres.
Du loin, de là-bas, des rizières d’Indochine, nous parvenait le fracas des armes. Les Vietnamiens, conduits par Oncle Ho, défiaient la puissance coloniale.
Ici, en Algérie, des leaders politiques aux noms de légende, porteurs de l’espérance collective, entraient et sortaient de prison comme on va et on quitte son travail, canalisant la colère et entretenant une flamme patriotique.
Le peuple français n’était pas notre problème. L’Algérie a de tout temps été une terre d’asile et d’accueil. Le colonialisme était notre ennemi. Il nous fallait le réduire. Quand nous avions appris que nos voisins au Maroc et en Tunisie avaient emboîté le pas aux Indochinois, nous nous étions dit : «Et nous alors, c’est pour quand ?»
Lorsque le baroud a tonné dans nos villes et nos montagnes, tous les jeunes Algériens ont poussé le même cri d’espoir et de soulagement. Enfin !
Il n’en fallait pas plus. Pas plus que l’étincelle qui luisait dans nos yeux, pour porter sur la terre et le ciel qui couvait dans nos cœurs. Nous avions dans nos gènes notre motivation, nous qui avions été nourris au lait amer du sein de l’injustice. Il ne faut pas se leurrer. C’est tout un peuple qui a embrassé la Révolution.
Et sans lui, nous n’aurions pas connu ce jour. Plus haut est le défi, plus grande est l’audace.
Mais il ne faut pas tricher, et pour ne pas verser dans l’extase et le néoréalisme soviétique, encore en vogue à cette époque du début de la guerre d’Algérie, nous nous disions au fond de notre âme, secrètement, sans se regarder : «Pourvu que le feu vive. Pourvu que le feu tienne. Qu’il résiste, au moins une année.»
En mars 1955, comme on se rend à un rendez-vous qu’on a retenu de longue date, je ne voulais pas rater celui que j’avais fixé avec moi-même pour ce jour-là ! Citadin, ignorant tout de la vie du djebel, je découvrais qui est resté en moi comme un organe de plus dans mon corps.
Là, sous la conduite de chefs simples et valeureux et aux côtés de vaillants compagnons, j’ai connu l’ineffable chance de participer au travail politico militaire de pénétrations des déchras. De la mobilisation des populations rurales et de conquêtes de confiance populaire.
Il fallait être aveugle, sourd, ou feindre d’être les deux à la fois pour ne pas voir cette symbiose. Prétendre le contraire, c’est ignorer tout de l’histoire profonde de ce pays, des valeurs essentielles du peuple algérien.
Le système colonial, dans la sinistre utilisation de l’ignorance des jeunes recrues venues de leur Ardèche natale ou du fond du Limousin, arrachées par l’obligation du service militaire au quartier parisien ou aux corons du Nord, a joué à fond la carte des rebelles arabocommunistes, pour faire croire que la guerre dans laquelle ils ont été précipités était celle de la civilisation contre la barbarie.
Et comble de tout, ils utiliseront quelques populations affidées pour soutenir que les Algériens sont contre leur propre indépendance !
Quelle ineptie ! Existe-t-il sur cette terre quelqu’un qui prétendrait que les chaînes de l’esclavage valent plus que la liberté ?
Comme on apprend le goût des choses, on s’habitue au goût du sang. C’est une guerre sans merci qui s’engagera entre les jeunesses des deux rives, avec ceci de particulier est qu’elle ne se déroule pas dans le Languedoc, la Picardie ou le Jura.
Que les B26 déversaient leurs charges de napalm sur les contreforts du Djurdjura, que les chars labouraient de leurs chenilles d’acier les villages de Bouzegza et de Zbar-bar, que même les jeunes appelés brûlaient le diss des gourbis des monts de la Daïa avant que ne le fassent les G’Is, virtuoses du Zippo, à Song My au Vietnam.
Pour notre part, nous ne pouvions pas cesser notre combat, sans que nous ayons atteint l’objectif pour lequel nous l’avions engagé. Notre but était simple : l’indépendance de l'Algérie. Ce que nous ne saisissons pas en revanche, c’était ce que poursuivaient les dirigeants français. Ils savaient leur entêtement à contre-courant de l’histoire. Mais alors pourquoi tant d’acharnement ?
Pourtant ce peuple de France voyait d’un œil inquiet ses enfants embarquer dans des navires gris pour un voyage incertain au bout duquel se déroulait un combat douteux.
Avec moins de publicité que dans les départs tonitruants de cor et de trompette, en métropole on débarquait le soir entre chien et loup sur les quais des ports et le tarmac des aérodromes militaires des bières de zinc numérotées.
Les mères, les sœurs, les épouses, les fiancés de France ont tenté en 1955, 1956, 1957, en vain, d’empêcher qu’on envoie dans cette aventure coloniale leurs enfants, frères et époux.
Mais les larmes de toutes les «femmes courage» du monde ne peuvent pas couvrir le son du canon qui tonne, même si c’est à des milliers de lieues.
C’est à croire que c’est le canon qui a inventé les larmes des femmes. Beaucoup d’amis de notre peuple ont refusé la déraison des politiques. Ils étaient objecteurs de conscience, porteurs de valises, membres du réseau Francis Janson, journalistes, intellectuels et artistes signataires du Manifeste des 121, et quelques déserteurs, à chanter avec Mouloudji le poème de Boris Vian : «Monsieur le Président, je vous fais une lettre…»Commandant Azzedine
A tous ces amis de France auxquels j’ai posé la question de savoir la portée profonde de leur geste, au risque, eux qui, souvent, étaient des résistants contre le nazisme et l’occupation de leur pays, d’être qualifiés de traîtres à leur patrie, ils ont invariablement répondu que ce qu’ils ont fait, ils l’ont fait pour la France et pour son honneur même si, incidemment, le combat des Algériens en a bénéficié d’une façon ou d’une autre.
Face à eux, les politiques de la IVe République finissante tout comme ceux de la Ve naissante se sont ligués pour confier à l’armée les pouvoirs spéciaux.
Plus les hommes s’aguerrissaient, plus la guerre se durcissait. Une guerre totale désignée par un étrange euphémisme qui ne disparaîtra que plus de 40 ans après sa fin : «Les opérations de maintien de l’ordre.» Quelle tartufferie !
A la question d’un journaliste qui lui demandait : «Quelle est votre stratégie ?» M’hammed Yazid, ancien ministre de l’Information du Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne (GPRA), a répondu : «Elle consiste en un moussebel – supplétif de l’ALN — armé d’un fusil de chasse, avec dans sa poche pour tout viatique un petit bout de galette et un oignon. Il est emmitouflé dans sa kachabia ou son burnous, embusqué derrière un rocher. Il voit arriver un convoi militaire avec tout ce qu’il compte de véhicules de guerre, allant du half-track au char en passant par les véhicules blindés de transport de troupes. Il ajuste son fusil de chasse et de deux coups de feu, chatouille la carrosserie d’acier blindé du char. Voilà que tout le convoi s’immobilise, déverse sur le moussebel qui a déjà disparu un déluge de feu. Voici l’aviation qui intervient et tranquillement notre maquisard se replie à travers les talwegs. Parvenu au PC, il confie à ses supérieurs qu’il a fait une embuscade à un convoi militaire.» Combien cela a-t-il coûté à l’ALN ? Combien cela a-t-il coûté à la France ?
A l’inverse de l’armée ennemie, laquelle traîne derrière elle ses cantines et ses arsenaux, notre logistique se réduisait à l’essentiel, elle se trouvait partout à travers le pays. Ce n’était pas le luxe, je le concède, mais l’essentiel y était. Nous mangions ce que mangeait le fellah qui nous a nourris aux premiers temps de l’insurrection puis que nous avons pris en charge une fois ses vivres se sont raréfiés, faute de renouvellement. Nous n’avions pas évidemment de véhicules, le champ de bataille ne s’y prêtait pas. Nous marchions de jour comme de nuit. Notre mobilité était un atout stratégique.
Durant les premiers mois, ces déplacements fréquents et soutenus étaient destinés à rallier le plus de mechtas et de déchras pour mobiliser et organiser les populations.
Par la suite, elle nous permettait après chaque action de sortir d’un encerclement de l’adversaire qui utilisait tous les moyens rapides qu’il avait à profusion à sa disposition, particulièrement l’aviation, pour nous inscrire dans un cercle calculé avec pour données la vitesse moyenne d’un homme de troupe, l’heure à laquelle nous avions organisé l’embuscade par exemple. Nous faussions tous ces calculs par des marches soutenues.
Ainsi, aussitôt l’engagement terminé, nous nous lancions à toute vitesse à travers oueds et reliefs. Aucun instant de répit n’était autorisé. Arrivés dans une déchra, nous nous contentions d’un morceau de galette et d’un café, avant de reprendre notre marathon engagé l’après-midi qui pouvait durer jusqu’au lendemain. Une fois sortis du cercle infernal, il nous arrivait souvent de regarder de loin l’aviation et l’artillerie de l’armée déclencher l’enfer sur la terre.
Peu nombreux, peu d’armes, notre objectif était inversement proportionnel à nos moyens militaires. C’est pour cela qu’il était interdit de mourir. Nous nous répétions souvent cet adage transformé par un compagnon de combat qui s’appelait Abderrahmane Laala : «Rien ne sert de mourir, il faut vaincre et courir.»
C’est ainsi que le fusil de chasse a posé le problème de l’indépendance nationale et qu’il a provoqué, par son obstination, les négociations à Evian. De toutes les façons, l’appel lancé par les dirigeants de la Révolution le 1er novembre 1954 n’excluait aucun moyen pour atteindre le but qu’elle s’était promis.
Je m’étonne souvent que l’on me pose la question relative à «la parole que j’ai donnée» au général Massu. A ma connaissance et depuis la nuit des temps, le premier devoir d’un prisonnier est de s’évader. Un droit reconnu, du reste, par la convention de Genève. J’ai été arrêté deux fois.
La première le 14 juillet 1956. Je me suis évadé en octobre de la même année de la prison de Tablat, avec 13 personnes que j’ai emmenées avec moi. Une évasion qui, sans exagérer, était spectaculaire. Elle s’est soldée par la mort d’un gardien et la récupération de trois armes de guerre. Paradoxalement, personne n’en souffle mot.
En revanche, lorsque Massu a voulu me retourner contre les miens, ce sujet est devenu d’un navrant ridicule. Quoi ? J’ai donné à Massu «ma parole» que j’allais revenir ? Et puis quoi encore ! Massu était le chef de l’armée d’occupation. Il était de ce fait mon ennemi. Ce n’était pas un copain. Je n’ai pas fait avec lui une partie de poker que j’ai perdue et auquel je dois reconnaître une dette de jeu !
Que voulait Massu ? Il voulait que je trahisse la cause pour laquelle je me suis engagé à 20 ans ! Que je trahisse les miens, alors que mon devoir de patriote me commande de reprendre le combat de mes compagnons. Massu voulait que je devienne un salaud, un traître à mon pays. Un renégat, un félon. Parce que je lui ai donné ma parole. Pour la petite histoire, en1975, à la parution de mon premier livre On nous appelait fellagas, un exemplaire de l’ouvrage avec, en page de garde cette dédicace :
«Au général Massu»
Que pouvez faire la victime entre les mains de son bourreau ? Faillir à votre sens de l’honneur ou répondre à l’appel de la lutte révolutionnaire, à l’appel du peuple ? Aujourd’hui, j’en suis sûr, vous avez la réponse. Ce livre, du moins, vous en donnera les clefs. Si vous le désirez, je vous expliquerai de vive voix ma décision.
Un combattant de la liberté
Il me répondit :
«Je vous remercie de m’avoir adressé votre livre. «Le passé est mort» : il faut donc l’expliquer simplement. Votre «nègre» a tendance à le dramatiser, c’est dommage. Vous avez bien baroudé contre nous et par tous les moyens. Chapeau ! Mais vous étiez militairement battus et vous devez votre indépendance au général de Gaulle. Qu’elle vous soit profitable ! Soyez heureux et secouez la rancune, je n’en ai aucune à votre égard.»
Signé Massu
En fait il voulait m’utiliser dans le cadre de la politique des contacts locaux préconisée par de Gaulle.
C’était pour couper la résistance algérienne en deux. Ceux de l’intérieure contre ceux de l’extérieur.
C’était un piège grossier. J’ai fait semblant de marcher dans sa combine et je suis retourné au maquis pour leur dire ce que la France veut en réalité.
Avec l’échec de mon retournement, c’est toute la politique mise en branle par le général de Gaulle qui a été mise à terre. Je considère cette affaire comme une de mes plus grandes victoires sur le plan politique.
Quant au salut amical que vous me proposez ici, il est vrai je le lance à travers mon témoignage à tous les amis de l’Algérie, tous ceux qui, par leurs actes, y compris les plus infimes, ont contribué à rendre à ce peuple et à son pays ce que l’humanité a de toujours placé au-dessus de la vie : LA LIBERTÉ. Nous en avons été privés, nous en connaissons aujourd’hui le prix : 8 000 villages rasés. 2 250 000 personnes dans des camps de regroupement. Toute l’Algérie était devenue zone interdite.
Un million d’hectares de forêts réduit en cendres. La ligne Morice et la ligne Challe pour enfermer les Algériens dans un immense ghetto. Il y avait en Algérie en permanence au minimum 600 000 appelés et rappelés appuyés par 300 000 supplétifs harkis et goumiers, sans compter la milice européenne. J’ai 13 blessures dans mon corps, un frère aîné enlevé à Alger par les services français et dont on ne sait même pas, jusqu’à ce jour, où ils l’on fait disparaître. Et ces centaines et centaines de milliers de morts…
Nous ne nous battions pas pour coloniser la Corse ou l’Aquitaine. Nous nous battions pour être libres. Des femmes et des hommes libres sur une terre libre où tous nos amis peuvent, aujourd’hui, librement, nous rendre visite.
Par le Commandant Azzedine
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