L’honneur est accordé à M’hamed Yazid, prochain ministre de l’Information , le 19 septembre 1958 au Caire, pour lire la déclaration de naissance du Gouvernement provisoire de la République algérienne.
L'armée redoutable qui a mené loin la question algérienne
L'annonce est faite au 1 416ème jour de combats contre l'ennemi, dans une guerre disproportionnée. Car, en face des maquisards, il y avait une armée sur équipée de chars, d'avions de combat, de forces terrestres énormes, d'une marine, d'une logistique et du soutien inconditionnel de l'Otan.
L'opération Challe a complètement rasé des villages entiers par l'artillerie et les bombardements intensifs au napalm, pour isoler les maquisards du soutien de la population. Après l'instauration des lignes Challe et Morice, la révolution s'est retrouvée complètement isolée. Ni les renforts ni les armes ne rentraient. En sus, la bataille d'Alger a connu une issue amère. Faute de ravitaillement et de soutiens logistiques, les chefs de wilaya devaient transposer le combat vers les villes, comme l'avait fait Mohamed Bounaâma en Wilaya IV historique; en attaquant l'ennemi là où il l'attendait le moins. Mais cela était insuffisant, parce depuis l'arrivée de De Gaulle aux commandes, ce dernier s'était fixé comme objectif d'abattre la révolution puis aller à un référendum, comme pour donner une preuve au monde que la question algérienne n'existait que dans la tête de quelques individus.
Face à ce dilemme, il fallait mettre la «question algérienne» au diapason des normes internationales, surtout à l'approche de la 13ème session ordinaire de l'ONU qui allait se tenir à New York et l'annonce du référendum le 28 septembre, fait par De Gaulle; c'est dire combien l'équipe dirigeante de la révolution était mise sous pression. Il fallait donc réagir au plus vite. Et dès l'annonce, pas moins de 15 pays africains et asiatiques ont annoncé leur reconnaissance du GPRA. La question algérienne s'imposa sur le devant de la scène, en rapportant tous les dépassements: tortures, emprisonnements, déplacements de populations, ratissages, etc. Le monde découvre l'Algérie et ses déchirements causés par une occupation que l'histoire semblait oublier. Les chefs des grandes puissances prirent parti pour la cause algérienne. Et l'on a vu des hommes comme J.F. Kennedy annoncer franchement son soutien. Désormais, la question algérienne est entrée de plain- pied sur la scène internationale et les annonces de soutien au peuple algérien ne cessèrent de pleuvoir de partout.
En revenant à la composante du GPRA, on retrouve toutes les sensibilités politiques et les représentants du CEE et du CNRA. Il est présidé par Ferhat Abbas (UDMA) et est composé de 10 ministres: Krim Belkacem, Mohamed Lamine Debaghine, Mahmoud Cherif, Lakhdar Bentobbal, Abdelhafidh Boussouf, Abdelhamid Mehri, Ahmed Francis, M'hamed Yazid, Benyoucef Benkhedda, Ahmed Tewfik el Madani, trois secrétaires d'État: Lamine Khène, Omar Oussedik et Mostefa Stambouli, et les quatre historiques: Hocine Ait Ahmed, Mohamed Boudiaf, Ahmed
Ben Bella et Rabah Bitat (désignés en tant que ministres
d'État). Du Caire, Ferhat Abbas annonce la dissolution du CEE. Krim Belkacemen fait de même de Tunis.
L'organe du FLN, El Moudhahid, écrit dans son édition du 20 septembre: «Parvenu à maturité, le FLN a pu donner naissance au gouvernement provisoire algérien. Celui-ci, de par son origine et sa vocation répond bien à sa définition en tant que gouvernement. Il se situe au-dessus des nuances partisanes, exprime la souveraineté de tout le peuple, non l'opinion de telle ou telle fraction et se place d'emblée au niveau de l'existence étatique internationale».
Ses initiateurs décident de l'installer définitivement à Tunis, près de la zone de combat, pour suivre de près les opérations et tenter d'y faire parvenir armes et combattants au maquis. Mais le meilleur combat qu'avait mené le GPRA fut mené sur l'arène internationale où il a pu inscrire la cause algérienne sur les regis-tres dorés de ces moments de gloire et faire fondre le rêve français de l'Algérie française.
00:00 | 19-09-2021
Abdelkader HARICHANE
https://www.lexpressiondz.com/nationale/la-cause-algerienne-s-emancipe-348519
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