De Guy Mollet à Robert Badinter
Ci-dessus les bourreaux de la République dans la France coloniale
ILS ÉTAIENT DEUX CENT VINGT-DEUX DÉCAPITÉS PAR LA GUILLOTINE
Dans leur opération de répression de la lutte pour l’indépendance, les autorités coloniales usèrent d’une arme sauvage : la guillotine.
Une machine de guerre infernale. De 1956 à 1958, il y a eu 16 exécutions doubles, 15 multiples, 8 quadruples, une quintuple. Pour la seule année 1957, 82 condamnés à mort ont été exécutés : 41 à Alger, 7 à Oran et 34 à Constantine.
Premier à monter sur l’échafaud : Ahmed Zabana
Ahmed Zabana a été décapité par la guillotine le 19 juin 1956, à 4 heures du matin, dans la cour de la prison de Serkadji.
Le Conseil supérieur français de la magistrature avait scellé son sort lors de sa réunion du 5 juin 1956. Il avait suivi la directive du chef du gouvernement, Guy Mollet – « la sanction doit immédiatement suivre l’arrêt » – donnée en Conseil des ministres quatre mois auparavant, le 15 février.
De son côté, le Secrétaire d’Etat à la guerre, Max Lejeune, socialiste de la SFIO, partisan convaincu de l’Algérie française, appuyait l’appel des Français d’Algérie : « Les sentences doivent être exécutées ». A la date du 15 février 1956, 253 condamnations à mort avaient été prononcées dont 163 par contumace. 90 détenus se trouvaient donc dans les couloirs de la mort des prisons.
La condamnation à mort le 30 mai 1956 d’Ahmed Zabana figurait parmi les 55 sentences confirmées par la Cour de Cassation.
Le 19 juin 1956, le bourreau en titre s’appelait André Berger, « Monsieur Alger » ; Maurice Meissonnier, aidé de son fils Fernand, était son adjoint.
UN BOURREAU FRANÇAIS – Attention, les propos tenus dans cette vidéo peuvent choquer. Au lendemain de la date anniversaire de l’abolition de la peine de mort, nous avons choisi de vous montrer ce témoignage rare, celui d’un des derniers bourreaux à avoir exercé. Pour lui, la peine de mort, ce n’est pas qu’un débat de société. La peine de mort, il l’a sentie. Ressentie même, entre ses mains, alors qu’il tenait la tête de condamnés au moment où la lame réalisait son funeste objet. Fernand Meyssonnier a exécuté 200 personnes dont des femmes et au moins un innocent. Il le sait, et pourtant, vous allez l’entendre, il n’a aucun problème de conscience. Fascinant. Poignant. Et terrible.
https://www.facebook.com/Ina.fr/videos/2369050409798805/
Le 11 décembre 2012 anniversaire des manifestations contre l'horreur coloniale du 11 au 18 décembre 1961 est une triste occasion pour parler des bourreaux français Fernand Meyssonnier et son père Maurice Meyssonnier ont guillotiné 222 militants du FLN avant sa retraite tranquille dans le Vaucluse, même des français qui soutenait l'indépendance de l'Algérie tel Fernand Yveton, militant communiste, ont été guillotinés. Après avoir refusé l'entrevue avec un prêtre, Yveton avait été conduit à l'échafaud guillotiné à l'aube du 11 février 1957, à Alger et est mort courageusement pour défier la lâcheté de la colonisation française. il s'appelait Fernand comme son bourreau !!!
Ces sinistres bourreaux ont battu le record de Sanson le bourreau de Louis XVI. Fernand Meyssonnier est devenu par la suite un disciple de Jean-Marie Le Pen, président du Front national et connu pour la torture durant la guerre d'Algérie. Le père Meyssonnier était le roi de la farce. Il se moquait des Juifs et des Arabes.
La bonté divine a fait que le Maurice soit emporté en enfer par un cancer de la gorge, en 1963, à Nice et son rejeton par un cancer du foie.
Meyssonnier, bourreau à Alger
De 1947 à 1961, il a participé à l'exécution de quelque 200 personnes
Fernand Meyssonnier, qui a décapité 200 condamnés, ne supporte pas qu'on l'appelle «bourreau», mot vil à ses yeux et impropre à ses hautes fonctions : «J'étais exécuteur des sentences criminelles», dit-il avec fierté dans son livre (1). Issu d'une lignée de guillotineurs d'Alger son parrain et son père le furent , ce pied-noir de 75 ans a érigé sous sa maison à Fontaine-de-Vaucluse ses «bois de justice» avec le couperet tranchant. Cet engin de mort était le clou de son musée de la Justice et des Châtiments, qu'il avait fondé en 1992 et fermé en 1998, avec hache et corde d'exécution, entraves de bagnards, instruments de torture et tête coupée dans du formol. Il l'avait monté soi-disant au nom de l'Histoire. Il regrette, sous le même prétexte, de ne pas avoir filmé les exécutions en Algérie. Sollicité par Libération, Fernand Meyssonnier a fini par refuser l'interview, son entourage redoutant que notre journal «opposé à la peine de mort» le traite de «boucher».
Curé ou danseur. Aide bénévole de son père à partir de 1947, Fernand Meyssonnier ne devient son premier adjoint que dix ans plus tard. Car les places dans l'équipe du bourreau sont très prisées en raison des avantages sociaux qu'elles confèrent en ces temps d'Algérie française. Payés par l'Etat un salaire d'ouvrier, les exécuteurs tiennent tous un restaurant ou un bistrot à Alger. La table du café Laperlier des Meyssonnier reçoit tout ce qu'Alger compte de coloniaux, de députés et de commissaires. A 14 ans, le fils avait abandonné ses rêves d'enfant de choeur : devenir curé ou danseur d'opéra. Apprenti mécano aux ateliers de la Poste, il avait fabriqué une maquette de guillotine (modèle Berger 1868) pour l'anniversaire de son père. C'est à l'âge de 16 ans qu'il assiste, «impressionné», à sa première exécution. A Batna, dans le Constantinois, un «indigène qui avait assassiné un gardien de prison» bascule en priant «Allah Akbar» : «Au milieu d'un Allah Ak..., dans un bruit sourd, la lame tchak... lui coupe la parole. deux jets de sang pfffiou... giclent à trois ou quatre mètres. Ahhh... j'étais tellement oppressé, un petit cri comme ça ahhh... quand même ça m'a impressionné [...]. D'un coup, il n'a plus de tête, il vit plus.» (1)
Avec l'habitude, Fernand Meyssonnier se blinde et se concentre sur la technique. Coopté dans l'équipe de cinq, il remplit les fonctions de «photographe», celui qui «voit arriver la tête du condamné à travers l'oeil de la lunette» et le cramponne derrière les oreilles : «Tenir une tête qui vous reste entre les mains après la chute de la lame, c'est quelque chose de très impressionnant qu'on ne peut pas vraiment expliquer», écrit-il. Après, il la jette dans la «corbeille». Une photo du livre légendée «repas froid à trois heures du matin» le montre avec l'équipe en déplacement en train de prendre le casse-croûte sur la corbeille à cadavres décapités. Il y avait des rituels pour les bourreaux comme le coup de rhum, la chemise blanche et la cravate noire avant d'officier, «rapide», mais «sans haine». Après, lui se lavait. Pas à cause du sang et de la mort, mais «c'est le fait de toucher un homme malhonnête, moralement pourri». Il était tellement persuadé qu'ils étaient «tous d'affreux criminels» qu'il n'a jamais cauchemardé. «Après l'exécution, on rentrait chez nous comme un entrepreneur après son travail ou un chirurgien qui vient de faire une opération, ni plus ni moins.»
«A la chaîne». Il y avait des «coutumes» pour les condamnés à mort. Les «parricides», comme Mohamed Hamasi à Blida en 1947, étaient amenés devant la guillotine «avec un bandeau noir sur les yeux et un drap blanc sur les épaules». En cas d'exécution multiple, «le plus coupable» passait en dernier, comme le chef de bande des poseurs de bombes des stades d'El-Biar et d'Hussein-Dey en 1956 (17 morts) qui avait revendiqué le «carnage». Pendant les «événements» en Algérie, les exécuteurs ont été réquisitionnés pour tuer les indépendantistes du FLN, mais ont rechigné, car «normalement, les politiques auraient dû être fusillés» par les militaires : «Nous, on ne faisait que les droits communs [...]. Même Sanson, qui a fait le roi [le bourreau de Louis XVI, ndlr] et tout, il est passé à travers la Révolution.» Mais les exécuteurs d'Alger ont obéi aux ordres et décroché une «prime de risque», ainsi qu'une «prime de tête», sans compter les frais de montage de la guillotine, qui a servi comme jamais. «Oui, pendant le FLN, c'était à la chaîne», se vante Meyssonnier, «de juin 56 à août 58, cent quarante et un terroristes» tranchés. Et, si de Gaulle n'avait pas fait la «paix des braves» et «gracié neuf cents condamnés à mort, j'aurais dépassé à coup sûr Sanson». En 1961, il a pris la tangente pour Tahiti, où il a vécu de divers boulots, comme organisateur en 1976 de balades en corbillard pour touristes américains.
(1) Paroles de bourreau, Ed. Imago, 2002. Recueilli par l'anthropologue Jean-Michel Bessette, auteur d'Il était une fois la guillotine (Alternatives) et Sociologie du crime (PUF).
TOURANCHEAU Patricia
SOURCE : http://www.liberation.fr/evenement/2006/10/09/meyssonnier-bourreau-a-alger_53778
Les rescapés de la guillotine
(Le film)
François Mitterrand "Je ne suis pas favorable à la peine de mort"... et pourtant... pendant la guerre d'Algérie... "Enfin il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis"...
Le 17 septembre 1981, quand Robert Badinter, alors Garde des Sceaux, défend devant les députés son texte portant sur l'abolition de la peine de mort, six hommes attendent dans les quartiers des condamnés à mort des geôles françaises. Leur destin a croisé la grande histoire. La plupart auraient été guillotinés si l'abolition n'avait pas été votée, si la France n'avait pas définitivement tournée la page la plus sanglante de sa justice.
30 ans après l'abolition de la peine de mort, il inscrit son propos entre l'élection de Robet Badinter à l'Assemblée Nationale, une plaidoirie qui résonne encore tant elle a marqué les esprits : « Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain grâce à vous, il n’y aura plus, pour notre honte commune, des exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain les pages sanglantes de notre justice seront tournées. ».
Entre le 10 mais 1981, jour de l'élection de François Mitterrand, et ce jour d'automne 1981, le débat sur la fin de la peine de mort rythme le calendrier de l'histoire politique; judiciaire et humaine du pays. Le documentaire se propose de revenir sur la grande histoire, en s'attachant à montrer comment une sorte de course s'était installée entre ceux qui veulent supprimer du code pénal la condamnation à mort et ceux, encore nombreux dans les tribunaux, qui continuent à envoyer les hommes sur l'échafaud.
Entre pouvoir abolitionniste et opinion publique majoritaire pour "le maintien du châtiment suprême", ce film raconte ce que fut le destin des derniers morts-vivants de la république, coincés qu'ils étaient entre la grande histoire politique et celle de leur vie condamnés à avoir la tête tranchée. La loi sur l'abolition de la peine de mort restera à jamais comme une des plus importantes votées sous la Vème République, probablement la seule qui aurait été rejetée par le peuple français s'il avait été consulté.
« Les rescapés de la guillotine » donne surtout la parole en exclusivité aux principaux concernés par cette décision, à commencer par un condamné à mort de l’époque. René, 27 ans au temps de l’abolition, est l’un des six rescapés condamnés à avoir la tête tranchée. Après avoir purgé sa peine, il est aujourd’hui libre et accepte pour la première fois de raconter son histoire.
Parmi les autres intervenants, on compte Fernand Meyssonnier, ancien « exécuteur en chef des arrêts criminels », autrement dit bourreau, qui explique le fonctionnement de cette machine sous laquelle sont tombées plus de 200 têtes, et témoigne de la monstruosité et de la violence du supplice.
Fervent défenseur de l’abolition depuis les années 1970, Robert Badinter raconte comment, après la condamnation à mort de l’un de ses clients simple complice d’un crime, il s’est engagé à combattre avec ferveur cette justice qui tue. Près de dix ans d’un dur labeur à plaider cette cause devant les tribunaux, avec de simples mots comme unique arme pour sauver la peau de ceux qu’il défend.
De nombreux autres témoignages permettent de mieux appréhender ce pan décisif de l’Histoire politique, sociale et judiciaire de la Vème République.
Le comédien Charles Berling, prête sa voix à ce documentaire, une incarnation légitime pour celui qui à déjà interprété Robert Badinter pour l’adaptation télévisée des ouvrages de l’ancien garde des Sceaux, « L’Abolition » et « L’Exécution ».
A VOTRE ATTENTION :
Ce documentaire a été diffusé en 2011
Robert Badinter est né
le 30 mars 1928 à Paris
Il restera l'homme qui a fait
abolir en France
la peine de mort
Avocat, homme politique, ex ministre de la Justice
Dans l'hémicycle, l'atmosphère est solennelle. Ils sont venus nombreux, pour le soutenir ou le huer. Robert Badinter garde des Sceaux, monte à la tribune, son texte tant de fois réécrit à la main. La France a les yeux rivés sur le petit écran de télévision. L'émotion est à son comble. Lorsqu'il prend la parole, c'est un discours mémorable, une plaidoirie, la dernière de ce combat acharné qui fut celui de sa vie. "J'ai l'honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée nationale d'abolir la peine de mort en France". Nous sommes le 30 septembre 1981, l'abolition de la peine de mort est votée.
Une belle victoire qui vient conclure un douloureux engagement. Lui qui a subi sans faillir à sa cause, des années durant, les insultes à la sortie du Palais de Justice, les magistrats qui se détournaient, les menaces de mort, les lettres par centaines qui le conspuaient. S'il est difficile de l'imaginer aujourd'hui, le monde se partageait alors entre ceux qui voyaient en la peine de mort un juste châtiment, et les autres, un acte barbare.
A l'origine, une blessure profonde qui l'a longtemps taraudé. Le 24 novembre 1972, à l'aube, à la prison de la Santé à Paris, on guillotine deux hommes : Claude Buffet et Roger Bontems. Robert Badinter est l'avocat de Bontems contre qui la cour n'avait retenu que la complicité, reconnaissant qu'il "n'avait pas donné la mort" à une infirmière et d'un gardien de la centrale de Clairvaux. Une injustice qu'il n'oubliera jamais : guillotiner quelqu'un qui n'avait jamais tué personne.
"... après le verdict, lorsque l'accusé avait sauvé sa tête, il fallait s'en aller bien souvent par un escalier dérobé pour éviter la colère de la foule" |
Ce tragique évènement marque le début de son combat contre la peine de mort. En 1977, il accepte de défendre Patrick Henry, kidnappeur et meurtrier d'un petit garçon de sept ans en 1976. Contre toute attente, la cour d'assise de l'Aube condamne ce dernier à la réclusion criminelle à perpétuité. La plaidoirie de Robert Badinter avait réussi à retourner les jurés de Troyes. Il avait fait témoigner des experts chargés d'expliquer le fonctionnement de la guillotine. "Choisirez-vous de couper un homme en deux ?" leur demande-t-il enfin. Les jurés répondront par la négative. C'est sa première grande victoire contre la "veuve noire".
Dans L'Abolition (Fayard), le livre qui retrace son parcours, il écrit : "De ces moments, à Troyes, dans la salle de la cour d'assises où je plaidais pour Patrick Henry, demeure vivante en moi cette impression singulière que je ne défendais pas seulement la vie de Patrick Henry, mais à nouveau celle de Bontems. Tout ce que je n'avais pas su dire pour lui jaillissait à présent pour cet autre assis derrière moi. 'Le mort saisit le vif' dit un vieux brocard juridique. Ce jour-là, dans ce box derrière moi, l'un était devenu l'autre".
A la fin des années 70, il enchaîne six procès consécutifs et sauve la tête de nombreux condamnés qui devaient être rejugés. La Cour de cassation cassait les arrêts. Il symbolise désormais le combat contre la peine capitale. "On entrait au palais de justice par la grande porte, et après le verdict, lorsque l'accusé avait sauvé sa tête, il fallait s'en aller bien souvent par un escalier dérobé pour éviter la colère de la foule", se souvient-il dans un entretien en 2001 avec l'AFP.
L'homme est tout entier dévoué à sa cause. Il est comme habité. On vient écouter ses plaidoiries qu'il n'écrit pas. "L'écriture c'est la mort de l'éloquence en justice", confie-t-il en 2006 au Journal du Dimanche. "C'est après le procès Buffet-Bontems et leur exécution que j'ai vraiment compris ce que la peine de mort signifiait... Injustifiable. Inacceptable. S'y ajoutait autre chose qui était en moi latent... Un rapport à la mort. C'est ce qui a fait que l'homme introverti que je suis devenait dans ces occasions-là, pour ces plaidoiries où il s'agissait d'arracher un homme à la mort, quelqu'un « d'autre». Ce n'était pas le métier d'avocat."
"Dès que je plaide, je sens mon père là, debout à côté de moi" |
Non, il y avait certainement une affaire personnelle, un rapport particulier à la mort, peut-être le souvenir de son père arrêté par la Gestapo sous ses yeux, à Lyon en 1943, qui ne reviendra jamais du camp de Sobibor où il fut interné. L'avocat confiera au JDD en 2006 : "Dès que je plaide, je sens mon père là, debout à côté de moi".
Robert Badinter est né à Paris le 30 mars 1928. Ses parents étaient juifs immigrés venus de Bessarabie, naturalisés français. Il grandit dans un milieu modeste. Après la guerre, il commence des études de Lettres et de Droit, décroche la licence dans les deux disciplines. Boursier, il part ensuite étudier aux Etats-Unis et obtient en 1949 le diplôme de Master of Arts à l'université de Columbia.
Revenu en France, il s'inscrit au Barreau de Paris en 1951 et commence sa carrière d'avocat comme collaborateur d'Henry Torrès. Il obtient son doctorat en droit en 1952 et l'agrégation en 1965. Il est nommé Professeur des Facultés de Droit en 1966. Parallèlement à sa carrière universitaire, il fonde en 1965 avec Jean-Denis Bredin un cabinet d'avocats. Il participe à la défense du Baron Edouard-Jean Empain après l'enlèvement de celui-ci, est l'avocat de grands cinéastes comme Charlie Chaplin, exerce aussi bien comme avocat d'affaires (Boussac, talc Morhange, l'Agha Khan etc.) que de droit commun. Son dernier procès avant de devenir ministre de la Justice est celui contre le négationniste Robert Faurisson, qu'il fait condamner en 1981, et cela avant la loi Gayssot de 1990.
Ami fidèle de François Mitterrand, il entreprend de convertir ses victoires judiciaires en réforme politique. L'abolition fait partie du programme de la gauche aux élections. François Mitterrand est élu président de la République et nomme Robert Badinter ministre de la Justice (du 23 juin 1981 au 18 février 1986). La marche politique vers l'abolition débute, avec le point d'orgue que l'on sait, un bel après midi de septembre dans une Assemblée nationale pleine à craquer :"Lorsque j'ai pris la parole à la tribune de l'Assemblée, j'ai eu un moment d'émotion très intense. Je n'aurais jamais pensé, lorsque j'allais plaider dans ces cours d'assises, que ce serait un jour moi qui, devant le Parlement, prononcerais ces paroles magiques." (dans L'Abolition).
A la Chancellerie, il a présenté et défendu les textes de lois devant le Parlement, en faveur de la suppression de la Cour de sûreté de l'Etat (1981) et des tribunaux militaires (1982), ainsi que des lois accordant de nouveaux droits aux victimes. Il a également présidé la commission chargée de rédiger le nouveau Code pénal, adopté en 1992, en remplacement du Code napoléonien. Il a pris de nombreuses mesures pour humaniser les prisons. Des réformes qui lui valent d'être violemment stigmatisé, tout en renforçant sa stature d'homme de conviction.
"Aucune démocratie n'a le droit de disposer de la vie d'un citoyen. Là s'arrête le pouvoir d'un Etat" |
En 1996, François Mitterrand le nomme président du Conseil constitutionnel. Il réussit en neuf ans et quatre alternances politiques à l'ériger en institution incontournable de la République. Sénateur des Hauts-de-Seine depuis 1995 , il est réélu en 2004. "Une manière intellectuellement intéressante de continuer à participer au processus législatif", reconnait dans une interview au Point en 1999, cet infatigable défenseur des droits de l'homme, de la souveraineté du peuple et de la République.
Travailleur acharné, il a aussi participé aux travaux de la Convention de Bruxelles pour l'élaboration de la Constitution européenne. En novembre 2003, il a été désigné par le Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan pour siéger dans le Comité de seize personnalités internationales chargé de proposer une réforme de l'ONU.
Hors normes. Robert Badinter s'est forgé avec une exigence d'airain un personnage qui force aujourd'hui le respect. Il est devenu une icône, un "mythe". La route qu'il a défrichée, à coups de convictions et de courage, pourfendant les esprits étriqués, s'il n'en a jamais dévié, c'est parce qu'il n'a jamais bradé son idéal. Son combat pour l'abolition de la peine de mort, il l'a poursuivi à l'étranger. Il y a tellement de pays encore à convaincre.
"Le jour viendra où il n'y aura plus, sur la surface de cette Terre, de condamné mis à mort au nom de la justice. Je ne verrai pas ce jour-là... Aucune démocratie n'a le droit de disposer de la vie d'un citoyen. Là s'arrête le pouvoir d'un Etat", écrit-il dans Contre la peine de mort (Fayard). L'affaire de sa vie.
17 septembre 1981
Débat parlementaire sur la peine de mort - extraits du discours de Robert Badinter : "Je demande l'abolition de la peine de mort en France... Je dis simplement en rappelant la trace de Jaurès : La peine de mort est contraire à ce que l'homme a depuis 2000 ans rêvé de plus noble, contraire à l'esprit du christianisme et de la révolution... il n'a jamais été établi de corrélation quelconque entre l'existence de la peine de mort et la courbe de criminalité... la mort et la souffrance des victimes appelle en contre partie le sacrifice expiatoire. Conviction d'une justice sûre de son infaillibilité.
http://www.micheldandelot1.com/
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