Ancien officier de la wilaya III historique et proche du Colonel Amirouche
Djoudi Attoumi avec sa grand-mère en 1962
Il aura été un grand témoin de la révolution, grâce à ses écrits sur le colonel Amirouche et la Wilkaya III historique. Des témoignages truffés de photos et de documents inédits sur des pans entiers de la guerre d’Algérie.
La nouvelle est tombée, hier, tel un couperet plongeant la région dans l'émoi. Béjaïa perd un de ses révolutionnaires qui aura laissé une empreinte indélébile. On le savait malade depuis plusieurs semaines. Il était au CHU de Béjaïa, où il était admis, après avoir été contaminé par le maudit virus, qui l'a ravi, hier matin, aux siens, à sa famille révolutionnaire et à tout le pays, qui perd ainsi un témoin de valeur de la période la plus cruciale de l'histoire récente de l'Algérie. Une des figures emblématiques de la guerre d'indépendance, nous quitte pour un autre monde....Une jeunesse au maquis et toute une vie à témoigner dans des conférences, écrits journalistiques et oeuvres sur la révolution. Djoudi Attoumi a livré des témoignages précieux pour les générations futures. Ami du quotidien L'Expression, où il a eu à intervenir à plusieurs reprises par des articles sur des hauts fais d'armes de la guerre de libération, le défunt moudjahid s'en est allé, hier matin, laissant derrière lui un trésor de témoignages à travers d'innombrables oeuvres portant sur sa vie de maquisard au côté du colonel Amirouche et d'autres combattants de la Wilaya III historique. C'est grâce à ses écrits que nous avons découvert la grandeur du colonel Amirouche. Djoudi Attoumi, ce digne fils de la vallée de la Soummam, était un ancien officier de l'ALN. Il devait boucler ses 83 ans le 16 novembre prochain. Étudiant en commerce, à Alger en 1952, il rejoint le Mtld en 1953, il n'avait, alors, que 18 ans. Convaincu de l'impératif de libérer le pays du joug colonial, il rejoint en 1956 les maquis après le congrès de la Soummam. Il sera affecté directement au PC de la Wilaya III, où il eut à collaborer avec le colonel Amirouche et son équipe. Au niveau des zones 2, 3 et 4, dans les régions de Béjaïa et Tizi Ouzou, il contribuera longtemps à l'organisation de la révolution avec pour fonction de secrétaire de zone.
L'opération «jumelles»
Promu au rang d'officier par le colonel Mohand Oulhadj en 1961, Djoudi Attoumi sera affecté dans la vallée de la Soummam dévastée par l'opération «Jumelles». Avec une équipe d'officiers de l'Armée de Libération nationale (ALN) comme Aissat Meziane, Zane Boualem, Benseghir Belkacem et Mezaoui Larbi, ils se donnent pour mission la réorganisation de la zone 3, trés éprouvée par les opérations Challe, l'organisation d'actions contre l'ennemi, la restructuration des maquis et de la population et surtout le rétablissement du moral des moudjahidine et des civils, durement mis à l'épreuve... En avril 1962, Attoumi est désigné membre de la commission compétente locale du cessez-le-feu pour veiller à l'application des accords d'Evian pour les régions de Béjaïa, B.B.A., M'sila et Bouira, un mois après la proclamation de l'indépendance pour participer à la construction du pays. Il fut nommé directeur de l'hôpital de Bouira et ensuite dans d'autres wilayas, puis élu président de l'APW de Béjaïa. En juin 1986, il prend sa retraite pour se consacrer à l'écriture de livres sur la révolution algérienne. Le colonel Amirouche entre légende et histoire, Avoir 20 ans dans les maquis, Journal de guerre d'un combattant de l'ALN en wilaya III (kabylie), 1956-1962, Colonel Amirouche à la croisée des chemins, Chroniques des années de guerre en Wilaya III, Récits de guerre Wilaya III de 56 à 62,
«Avoir 20 ans dans le maquis»
Les appelés du contingent, ces soldats qui ont dit non à la guerre, autant d'ouvres qu'il aura laissées comme héritage pour l'histoire et les nouvelles générations. On n'en citera que ceux-là parmi tant
d'autres. C'est dire tout l'apport qu'il aura apporté sur l'histoire récente du pays et, plus particulièrement, la région de Kabylie. Avec sa disparition, c'est une bibliothèque qui s'en va car, croit-on savoir, il s'apprêtait à reprendre sa plume pour dire encore certaines vérités historiques.
Djoudi Attoumi n'aura pas été avare en écriture. Dans le récit de guerre, les combattants d'une juste cause, Attoumi rapporte des faits avec la précision de l'acteur passionné par son rôle, dire ce qu'il a vu, ce qu'il a vécu lui-même, ce que ses compagnons ont accompli d'actes héroïques dans la Wilaya III, où il a servi aux côtés de hauts combattants de la révolution, ceux de l'ALN et du FLN. C'est un immense patriote qui s'en va. Il aura été un grand témoin de son temps, rendant ses lettres de noblesses à la Wilaya III grâce à ses écrits truffés de photos et de documents inédits sur des pans entiers de la révolution algérienne. Repose en paix Da El Djoudi!
Arezki SLIMANI
04-09-2021
https://www.lexpressiondz.com/nationale/djoudi-attoumi-nous-quitte-347991
Avoir 20 ans dans les maquis
Témoignage authentique d'un combattant de L'ALN en Wilaya III (Kabylie) 1956 -1962
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