Au Maroc, il est extrêmement rare qu’on porte atteinte à la mère. Toute mère est sacrée. Son statut est de l’ordre de l’intouchable.
L’attachement à la mère, l’amour filial sont des données d’une grande importance. Il arrive que les relations avec le père soient conflictuelles, jamais avec la mère. On ne laisse pas les conflits dégénérer jusqu’à atteindre la mère.
C’est parce que le joueur italien Materazzi, lors de la finale de la Coupe du monde de football le 9 juillet 2006, a insulté la mère de Zidane, que ce dernier lui a asséné un coup dans le ventre, sacrifiant par là même la victoire de son équipe. Zidane avait réagi sans réfléchir, car sa mère venait d’être injuriée par un joueur qui cherchait à le déstabiliser.
Au Maghreb, on ne touche pas à la mère.
Voilà qu’un homme de 32 ans vient de tuer sa mère et de découper son corps avant de s’en débarrasser. Ce fait divers est choquant et incompréhensible. La police nous dit que l’individu en question a des antécédents psychiatriques et aurait même trempé dans des histoires de terrorisme. C’est dire combien le meurtrier est un cas isolé et très spécial.
Le matricide est une forme ultime de suicide. Tuer la mère, c’est entamer sa propre mort. C’est être en totale rupture avec la société et aller au-devant du pire.
Cet individu a dû perdre la raison et a dû confondre sa mère avec quelqu’un d’autre. Sinon, on ne comprendrait pas son geste, d’autant plus qu’après la mort il a procédé au démembrement du corps. Dire que c’est un fou, ne résout pas l’énigme. On se pose la question de son passé, de son enfance, de sa jeunesse. Etait-il en contact avec la victime ou bien il aurait découvert que cette personne était sa propre mère ?
Des écrivains, des poètes ont écrit des pages très belles et émouvantes sur la mère. Que ce soit Albert Cohen, dans «Le livre de ma mère» ou Vivian Gomick, avec «Attachement féroce», ou Saint-Exupéry (« Lettres à ma mère»), ou même Romain Gary «La promesse de l’aube», ils ont tous tressé des éloges pleins d’affection et d’amour à celle qui leur a donné naissance. Evidemment, Roman Gary est plus nuancé, car sa mère était un peu envahissante, lui disant souvent «Alors, tu as honte de ta vieille mère?».
J'ai vu le film très dur..
Résumé de La ballade de Narayama
Par Tahar Ben Jelloun (@Tahar_B_Jelloun) le 09/08/2021
https://fr.le360.ma/blog/le-coup-de-gueule/matricide-243449
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