Il existe en France une fraction de l’opinion – certes minoritaire – qui est radicalement anticolonialiste. Cette minorité s’est opposée, dès 1830, à la conquête de l’Algérie. Elle s’est engagée, de façon très énergique, pendant le guerre de libération : Manifeste des 121, soutien du droit à l’insoumission, réseaux d’aide au FLN, etc. Elle était parfaitement consciente du fait que le droit et la légitimité étaient du côté des colonisés qui se libéraient d’une domination qualifiée aujourd’hui – et à juste titre – de crime contre l’humanité.
Les membres cette minorité ont maintenu des liens d’amitié entre les peuples algérien et français. Mohammed Harbi, militant, cadre politique, leader de la « gauche du FLN» puis de l’opposition au régime militaire, devenu un historien éminent sans jamais renoncer à la lutte, a été une référence pour les jeunes gens qui se rendaient à Alger à une époque où, croyaient-ils, l’Algérie pouvait devenir Cuba en Méditerranée. Mohammed Harbi a consacré sa vie à la lutte contre le colonisateur puis contre la dictature militaire qui s’est emparée de son pays.
Il est convaincu que toute évolution démocratique de l’Algérie est soumise à la condition nécessaire que son histoire ne soit plus instrumentalisée par les pouvoirs. Il nous présente, en 23 entretiens thématiques, son analyse de l’histoire du mouvement national et de la situation politique contemporaine en Algérie. Il est essentiel que cette histoire soit portée à la connaissance des populations algérienne et française. C’est la raison pour laquelle nous avons entrepris ce travail avec Mohammed Harbi.
Il a été entamé en 2012, notre objectif premier étant de réaliser un documentaire. Aucun producteur, ni chaine de télévision n’a accepté de s’engager dans cette démarche tant dans la France des années 2010, mettre en scène un militant et historien algérien dérangeant, bousculant des certitudes des deux côtés de la Méditerranée, apparaissait comme un investissement « risqué ». C’est dans ces conditions que, refusant d’abandonner le combat, nous avons opté pour la réalisation d’un document d’archive orale : des mémoires filmés.
Durant 9 années, nous avons consacré, en tenant compte des agendas des uns et des autres, et malgré des contretemps, plusieurs dizaines de séances de préparatifs, de tournages, de visionnage et de nouvelles séquences à filmer. En effet, Mohammed Harbi a été ici aussi méticuleux qu’il l’est pour un article ou un livre, chacun des entretiens a été revu, commenté, précisé comme on le voit dans les vidéos. Grâce à des contributions individuelles – en argent, en matériel, en travail, à l’engagement des éditions Syllepse, de Page 2, à l’investissement professionnel de personnes qui, engagées (au double sens du terme) pour le montage et le son, nous avons pu terminer cette aventure que nous n’imaginions pas aussi longue.
En réalité, c’est une phase qui se clôt. Une autre, peut-être la plus importante, commence : celle de la diffusion tant en France qu’en Algérie, suscitant débats et échanges (**). Nous avons achevé la dernière phase alors que le Hirak réémergeait en Algérie, moment où l’actualité donne tout son sens au travail d’histoire, là où les actrices et acteurs des mouvements populaires peuvent s’en saisir pour forger un autre avenir.
(*) Télécharger le livret en PDF, et cliquer sur chaque titre d’entretien pour accéder à la vidéo correspondante.
(**) Nous avons créée la chaîne Youtube AMH (pour Algérie, mémoire et histoire ou Archives Mohammed Harbi). Présentation en direct samedi 8 mai à 15 h (Live youtube).
AR
· PUBLIÉ · MIS À JOURhttps://algeria-watch.org/?p=77494
https://www.youtube.com/channel/UC_VOF248yKqKeQcF7RGgCiQ/videos?view=0&sort=dd&shelf_id=0
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