Réveil douloureux. C'est vrai qu'il y a 59 ans, les Algériens avaient fait la fête sans retenue. Ils ont chanté, dansé durant plusieurs jours, heureux qu'ils étaient d'avoir réussi le pari fou de chasser la puissance étrangère qui occupait leur pays depuis 132 ans. Ils avaient crié leur joie jusqu'à l'épuisement. Quelques jours après, la dure réalité de l'état dans lequel la colonisation avait laissé leur pays, les rattrapa. Ils ont dû se rendre à l'évidence en constatant les dégâts de la politique de la terre brûlée entreprise par le pouvoir colonial. Le dernier acte de cette politique fut l'incitation au départ massif des Européens d'Algérie. Le but étant de paralyser tous les services publics qui étaient occupés exclusivement par les Français d'Algérie. L'électricité, la poste, les transports publics, les ports, aéroports, le ravitaillement, etc. étaient, pour une grande partie, à l'arrêt total. Les Algériens n'avaient pas reçu les qualifications nécessaires pour pouvoir remplacer, au pied levé, le personnel européen. Des qualifications qui n'étaient même pas envisageables dans l'immédiat puisque 99% de la population algérienne était analphabète. De plus, les caisses du Trésor algérien étaient totalement vides. Ceci sans parler de la santé de la population qui était ravagée par une grave épidémie de tuberculose et une espérance de vie d'à peine 46 ans. Ceci sans parler des conditions de survie des Algériens dans les bidonvilles à la périphérie des villes où ils étaient tolérés pour leur main-d'œuvre bon marché. À l'intérieur du pays avec des villages complètement rasés par la répression coloniale durant la guerre de libération, la situation de précarité des Algériens était la même, voire pire. Cette terrible situation, résumée il faut le préciser, a induit deux autres. D'un côté les dirigeants algériens qui essayaient de parer au plus pressé avec beaucoup de priorités impossibles à classer tant elles étaient toutes aussi vitales les unes que les autres. De l'autre une population ivre de liberté qui opérait de larges mouvements marqués par l'exode rural vers les villes. En général pour occuper les bidonvilles vidés par ceux qui se sont empressés de prendre possession des logements laissés vacants par les «rapatriés d'Algérie». C'est un lourd passif que la colonisation a laissé en Algérie. Il est toujours bon de s'en rappeler pour mesurer à leur juste valeur les réalisations entreprises depuis!
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