PARCOURS
Pour les anciens cherchélliens le rapide passage à l’École ne représente qu’une étape lointaine de leur carrière.
Celle des armes envisagée de longue date, à moins que leur vocation n'ait pris naissance à l’École même ou dans les premiers pas d’un service militaire, maintenant disparu.
Pour le plus grand nombre leur itinéraire s’est poursuivi dans le civil , surtout pour les promotions d’après guerre, Cherchell ne formant que des réservistes. .
Mais tous, instructeurs ou élèves, passés par Cherchell ou Médiouna en ont été marqués à jamais.
1. Les Anciens de Cherchell-Médiouna
Les élèves officiers issus des cinq premières promotions de Cherchell, celles de la 2e guerre mondiale, ont vécu une véritable épopée : la reconstitution d’une armée modernisée grâce aux moyens mécaniques fournis par les alliés, la création du Corps expéditionnaire d’Italie et la brillante campagne des Abruzzes, le débarquement de Provence et la remontée vers les Vosges et l’Alsace où eurent lieu de furieux combats, le passage du Rhin et la chevauchée en Allemagne et en Autriche jusqu’au Danube.
Puis ce furent les combats d’Indochine et d’Afrique du Nord où, obéissant aux ordres avec abnégation, ils incarnèrent la grandeur et la servitude militaire. Leurs efforts, leur courage, leurs misères, leurs actions de combat où ils se couvrirent de gloire, leurs morts, sont le plus souvent ignorés des médias.
Aussi les Anciens de Cherchell-Médiouna ont édité deux ouvrages réunissant des souvenirs et témoignages relatant des épisodes des diverses campagnes.
Ces ouvrages collectifs sont : « A 20 ans, ils commandaient, au feu, pour la Libération » et « du Garigliano à Diên-Biên-Phu »(Voir Bibliographie)
Si le stage de Cherchell fut l'occasion pour de nombreux élèves de poursuivre une carrière militaire après la guerre, bien que certains d'entre eux envisageaient antérieurement d'exercer une profession civile, d'autres a contrario, qui ambitionnaient une carrière militaire avant 1939, ont bifurqué vers le civil après guerre. Les officiers issus de Cherchell ont dans la proportion de 90 à 95% participé à toutes les campagnes. Cependant les élèves réservistes de la cinquième promotion qui se termina après l’armistice furent démobilisés sans avoir combattu. Ceux qui choisirent de rester dans l'armée payèrent un lourd tribut à la guerre d'Indochine. Et ensuite aux combats en Algérie.
Parmi les cherchélliens qui avaient choisi une carrière militaire quelques uns ont du de gré ou de force l’interrompre. En effet, dans les années qui ont suivi la libération les effectifs de l’armée ont été réduits et de nombreux officiers ont été rendus à la vie civile par des lois de dégagement des cadres.
Puis, après le putsch d’avril 1961 des officiers furent touchés par des mesures disciplinaires, mis en congé spécial et radiés des cadres. Et beaucoup d’officiers demandèrent leur mise à la retraite anticipée peu avant et après l’indépendance de l’Algérie, l’Armée traversant alors un profond malaise.
Plus de 50% des cherchélliens ont donc quitté l’Armée avant d’atteindre le grade de commandant. Ceux qui ont poursuivi une carrière militaire ont atteint pour la plupart le grade de lieutenant-colonel ou colonel et l’annuaire des cinq premières promotions permet de recenser 128 généraux dont 89 pour la seule promotion du « Rhin français ». L’importance de ce chiffre peut s’expliquer par le nombre élevé des élèves de cette promotion mais surtout par le fait qu’elle intégrait trois promotions de saint-cyriens.
Qu’ils aient choisi d’emblée une carrière civile ou qu’ils se soient reconvertis dans le civil après une carrière militaire écourtée, dans leur majorité (plus de 80%) ils ont été cadres supérieurs ou de direction dans les entreprises, hauts fonctionnaires, enseignants. Les autres ont exercé des professions très diverses dans le commerce, l’agriculture, la santé et les métiers juridiques.
D’anciens élèves de Cherchell-Médiouna acquirent une notoriété dans différents domaines.
Le parcours de quelques uns est ici rappelé.
François DE GAULLE, 1ère promotion «Weygand-Cherchell», décembre 1942- mai 1943
Né le 13 février 1922, fils aîné de Jacques, frère de Charles de Gaulle, donc neveu du général.
Très tôt, dès l’enfance, fut pris par le désir d’être prêtre. Ce sentiment se renforça avec le temps en une vocation missionnaire. Mais il n’en parlait pas.
Après avoir passé son baccalauréat (première partie en juin 1939, puis en juin 1940, deuxième partie, réduite à quatre épreuves écrites en raison de la guerre), il fit le 15 août sa demande d’admission chez les Pères Blancs et reçut une réponse positive le 8 septembre.
Il annonça alors la nouvelle à ses frères, cousins et parents qui apprirent en même temps sa vocation et son prochain départ pour Thibar, en Tunisie.
La propriété de Saint-Joseph de Thibar était un vaste domaine agricole 1 200 hectares servant de ferme modèle exploitée par les pères blancs pour les besoins de la mission et comportant une maison de formation.
Embarqué à Marseille pour Bizerte il arriva à Thibar au milieu de l’automne et entama sa formation qui, en principe, devait durer sept ans et commencer par deux ans de philosophie.
Appelé au chantier de jeunesse* 105 à Tabarka le 24 juin 1942, ses études furent interrompues.
Après le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 et le ralliement de l’armée d’Afrique aux alliés, il fut désigné pour intégrer l’école de Cherchell où il arriva le 28 décembre.
*Les chantiers de jeunesse instaurés par le régime de Vichy remplacent le service militaire supprimé par l’armistice du 22 juin 1940.
En tenue militaire
Au mois de mai 1943, aspirant à sa sortie de Cherchell il est affecté au 67e régiment d’artillerie d’Afrique (57e RAA) ; basé à Constantine, Officier observateur de la 6e batterie du 2e groupe.
L’entraînement fut intensif pendant six mois. Puis ce fut l’embarquement à Bizerte et le débarquement à Naples le 21 décembre 1943.
Avec le corps expéditionnaire français d’Italie il participa aux combats de Monte Cassino, du Garigliano, de la percée sur Rome en juin 1944, au défilé devant le Colisée et la remontée vers Sienne.
Il fut confronté aux souffrances de la guerre et à la mort de plusieurs de ses frères d’arme tombés à ses côtés.
Après un temps de maintenance et de révision, il embarqua à Tarente et débarqua en Provence, entre Sainte-Maxime et Saint-Tropez le 17 août 1944 et participa aux campagnes de France, d’Alsace et d’Allemagne.
À Ceretto (Italie)
Ce n'est qu'en 1945 qu'il va pouvoir reprendre ses études. Il est ordonné à Carthage en 1950 et il est nommé à la mission des Pères blancs en Haute-Volta (Burkina Faso depuis 1984).
Missionnaire, il y a passé dix ans (1950-1960) puis trente-cinq ans (1973-2008), Dans l’intervalle, le père de Gaulle a occupé à Paris le poste de trésorier provincial.
Les adieux à la Paroisse de Kokolgho
A été l’un des co-célébrants de l’office religieux aux Invalides le 8 octobre 2010 à l’occasion de l’hommage national rendu à l’École de Cherchell.
Retiré dans une maison de repos du Val d’Oise accueillant des missionnaires.
François de Gaulle
CITATIONS MILITAIRES de François de GAULLE
Ordre général n° 211 du 9.8.44, le général de division de GOISLARD DE MONSABERT, commandant la IIIe division d’infanterie algérienne, CITE A L’ORDRE DE LA DIVISION De GAULLE François, Mle 211, aspirant du IIe Groupe. Intelligent, énergique et calme. S’est distingué dans la période du 12 au 26 juin 1944 assurant avec maîtrise toutes missions. Le 21 juin, s’est porté rapidement, malgré les tirs ennemis, a un observatoire avancé, à moins de 800 mètres des lignes allemandes, pour mettre en placedes tirs permettant ainsi la reprise de la progression amie.
La présente citation comporte l’attribution de la CROIX DE GUERRE avec ETOILE D’ARGENT
*
Après approbation 910/I-PO en date du 27/11/44 du général commandant le IIe CA, le général GUILLAUME commandant la 3e DIA CITE A L’ORDRE DE LA DIVISION le sous-lieutenant DE GAULLE François 6e Bie du 2/67. Jeune officier qui s’est déjà brillamment distingué en Italie. En liaison auprès de l’Infanterie, le 14 octobre, occupant un observatoire avancé harcelé par un violent feu ennemi, a détruit par un tir précis une mitrailleuse installée sur la côte de la Grosse Roche permettant au bataillon appuyé de s’installer sans pertes sur l’objectif atteint.
La présente citation comporte l’attribution de la CROIX DE GUERRE avec ETOILE D’ARGENT.
*
Après approbation du général CHEVILLON, commandant l’ID/3 le lieutenant-colonel DE LA BOISSE, commandant le 3e RTA, CITE A L’ORDRE DU REGIMENT DE GAULLE François, sous-lieutenant, du II/67 RAA.
Officier d’artillerie de grande classe, remarquable, par sa compétence, son calme, son égalité d’humeur et sa modestie. Maintes fois chargé de la liaison entre son groupe et le régiment, a toujours fait preuve des mêmes qualités portant à son maximum d’efficacité la coopération entre les deux armes.
On lui doit, à la bataille de rupture des lignes organisées allemandes de la Lauter en Basse Alsace, les 15 et 16 mars 1945, la parfaite liaison entre le régiment et l’artillerie d’appui direct, la précision des tirs de préparation et l’efficacité des tirs d’arrêt qui brisèrent la contre-attaque sur Shirrhein et Chirrofen.
La présente citation comporte l’attribution de la CROIX DE GUERRE avec ETOILE DE BRONZE.
*
DECORATIONS
Officier de la Légion d'honneur
Officier de l'ordre national du Burkina Faso
Source principale : «J'ai vu se lever l'Eglise d'Afrique» , François de Gaulle avec Victor Macé de Lépinay.Editions Desclée de Brouwer
Le père de Gaulle
Le père François de Gaulle est décédé le 2 avril 2020, à Bry-sur-Marne (Val de Marne), à l'âge de quatre-vingt-dix-huit ans,
L'inhumation a eu lieu le lundi 6 avril au cimetière de Bry.
http://www.emicherchell.com/documentation/parcours.html
EOR à Cherchell mars 1962
Peloton 203, Promotion «Elève-Officier André Esprit »
04 janvier-09 juin 1962 : (509*) (Elève du stage mort au Champ d’Honneur le 8 mars 1962)
L'élève-officier André Esprit
ANDRE ESPRIT : CITATION
« Élève-officier de tout premier ordre qui depuis son arrivée à l’École militaire de Cherchell s’est fait spécialement remarquer par sa personnalité et son enthousiasme. Le 8 mars 1962 au cours d’une sortie en zone rebelle, a été grièvement blessé lors d’un accrochage au Marabcha, secteur de Cherchell. Est tombé en servant l’arme automatique de son groupe dès le début de l’engagement face à un ennemi particulièrement agressif. Est décédé des suites de ses blessures
6 juin 1962
Baptême de la Promotion « ÉLEVE-OFFICIER ANDRE ESPRIT»
Pour la dernière fois, trois promotions étaient réunies sur le Vercors, à 9h30, ce 6 juin 1962, pour la traditionnelle prise d'armes donnée à l'occasion du baptême de la promotion «ÉLEVE-OFFICIER ANDRE ESPRIT». En l'absence du général Bernachot, commandant l’École, appelé en mission à Paris, la cérémonie était présidée par le colonel Carrère, commandant en second. Avant son départ, le général Bernachot avait adressé aux cadres et aux élèves-officiers du peloton 203 ce message : «Le général regrette infiniment de ne pas être présent à ce baptême. Il eût aimé, une fois encore, vivre la sobre grandeur du rassemblement de l'École sur le Vercors et féliciter les élèves-officiers de la 203 d'avoir choisi le nom d'André Esprit qui demeurera pour eux et toute l'École un exemple vivifiant de droiture, de générosité et de foi.
Extrait du livret de promotion communiqué par Jean Masson, lieutenant-colonel (H) TDM
Après la présentation des troupes par le lieutenant-colonel Roux et le salut au drapeau, le colonel Carrère, accompagné
du capitaine de Bonet d'Oléon, passa la revue des cadres et des élèves de l'École .
A l'appel des récipiendaires, le sous-lieutenant Loppé et l'élève-officier Claude Boissonneau, cités à l'ordre de
la brigade, s'avancèrent pour recevoir la croix de la Valeur militaire.
Après le cérémonial du baptême et la remise des épaulettes, la promotion, au commandement de son major, le
sous-lieutenant Jacques Teissier, s'avança admirablement alignée.
Puis le colonel Carrère, dans son allocution, évoqua les trois présences spirituelles qui donnaient un caractère
et un accent inhabituels à cette cérémonie, la dernière qui se déroule ici dans sa plénitude souveraine.
«De votre promotion, jusqu'à cet instant, le général Bernachot, commandant l'École, était de par la tradition et par
délégation, le chef. De votre promotion désormais, le chef invisible mais présent, dans la plénitude de sa personnalité
et le rayonnement de son sacrifice est votre camarade, l'élève-officier André Esprit, saisi par la mort peu avant
le « cessez-le-feu » dans sa grandeur d'élève-officier exemplaire.
Votre choix du nom de promotion « Élève-officier André Esprit» est un double hommage. Hommage à cet ultime sacrifice sur
cette terre d'Algérie, de votre camarade de promotion, qui, au milieu de vous, a offert sa vie, dans ce domaine confié à l'École
aux confins de Brincourt...Hommage aussi à l'élève-officier de réserve d'infanterie qu'il incarnait si bien. Cet élève de
Cherchell, alliant la jeunesse - celle du regard, de l'allure et du coeur- à une expérience de la vie et à une culture
déjà approfondies; cet élève-officier rayonnant de foi, de loyauté et de dynamisme; ce futur chef, animé du goût des responsabilités
et du sens de l'humain (...). Par sa mort, André Esprit est devenu votre chef et vous l'avez aujourd'hui reconnu à jamais
comme tel. Et c'est lui qui offre votre promotion à la France.
La France, cette troisième présence et la plus haute au-dessus de tous, les Morts et les Vivants de Cherchell, domine comme
son Drapeau notre assemblée... La France si digne objet de tant d'amour et de tant de dévouement, qui suscite dans
la beauté de leur être et de leur accomplissement des hommes comme André Esprit et qui, par eux, nous commande une
résolution indomptable et un espoir malgré tout invincible...
Pour cela, commandez dès demain vos soldats, puis vos hommes et servez la France comme l'eût fair André Esprit ».
Ce fut ensuite la minute émouvante du passage du Drapeau du bataillon des Anciens à celui des Cadets qui devenait par
ce geste bataillon des Anciens.
La cérémonie se termina par un défilé des troupes brillamment entraînées par la Musique de la 5e Région Aérienne.
Parmi les personnalités présentes, on notait l'intendant-général Perrat, directeur de la Région territoriale et du
corps d'armée d'Alger, le chef d'escadron Conete, commandant le 1/43e R.A. et le secteur de Cherchell, M.Bolloré, sous-préfet
de Boghari, l'intendant Meslet et l'intendant Jugue, le chef d'escadron Molinier, chef d'état-major du 1/43e R.A.
Le capitaine Dervout représentait M.Marodon, sous-préfet de Cherchell, retenu par une mission à l'extérieur.
(Extrait du livret de Promotion)
Tipaza: Académie militaire de Cherchell vers la fin de la guerre d'Algérie
.
Les commentaires récents