Les voix s’élèvent pour demander au gouvernement fédéral de passer à la vitesse supérieure afin de lancer de véritables investigations qui pourraient permettre de confirmer les témoignages des survivants des pensionnats.
Déjà lors d’un rassemblement commémoratif qui s’est tenu à Montréal, Nakuset, la directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, exhortait le fédéral : je veux que le gouvernement fasse quelque chose. Et maintenant», avait-elle lancé.
Lors d’une entrevue, Ghislain Picard, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, a souligné que le gouvernement se dit prêt à appuyer les démarches des communautés, mais la question est de savoir comment cela va se concrétiser».
Dans un communiqué de presse publié mardi le chef de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, a exigé que tous les gouvernements s'engagent à soutenir les Premières Nations qui demandent des enquêtes approfondies sur les anciens sites des pensionnats et à prendre toutes les mesures possibles pour que les auteurs de ces crimes soient tenus responsables de leurs actes».
Même si la politique des pensionnats était une initiative fédérale, le chef Picard croit lui aussi que tous les paliers gouvernementaux doivent s’atteler à la tâche.
On ne peut pas se permettre de nous présenter encore une fois le carcan fédéral et provincial, car on parle de douleurs ici. Tous les gouvernements, de tous les niveaux, ont un rôle à jouer devant ce drame», a-t-il dit.
Il plaide d’ailleurs pour que la réalité des pensionnats soit ajoutée dans le projet de loi 79 qui prépare Québec et qui ne concerne pour le moment que les établissements de santé.
Mercredi, Carolyn Bennett, la ministre responsable des relations entre la Couronne et les Autochtones, a indiqué qu’une subvention de 27 millions de dollars était offerte aux communautés autochtones qui souhaitent entamer des recherches. Ce montant a été voté au budget de 2019.
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D'autres découvertes à prévoir
Dans une vidéo publiée sur son compte Facebook, l’ancien sénateur autochtone, Murray Sinclair, a évoqué lui aussi la découverte des corps à Kamloops.
Nous savons qu'il y a probablement plus d'endroits semblables à celui de Kamloops qui seront révélés à l'avenir. Nous devons nous y préparer», a dit celui qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
Un besoin évident
Si la recherche d’autres corps qui pourraient se trouver dans des fosses communes près des pensionnats autochtones canadiens est importante car cette étape est fondamentale dans le processus de deuil de toute la communauté, croit la professeure en psychologie Mélanie Vachon.
Le gouvernement actuel n’est pas personnellement responsable du passé, mais il est responsable du présent. Ce qui est nécessaire, c’est la reconnaissance pleine de ce qui s’est passé», indique Mme Vachon de l’UQAM.
Le rapport de la Commission vérité et réconciliation, publié en 2015, indique clairement, dans son appel à l’action 75, qu’il faut élaborer et mettre en œuvre des stratégies et des procédures qui permettront de repérer, de documenter, d’entretenir, de commémorer et de protéger les cimetières des pensionnats ou d’autres sites où des enfants qui fréquentaient ces pensionnats ont été inhumés».
Dans une optique de réconciliation, on veut qu’il y ait une forme de justice réparatrice, qu’on puisse reconnaître qu’il y a eu une faute de la part des Blancs au pouvoir. En reconnaissant la faute, on franchit une première étape importante pour faciliter le processus de deuil à la fois de manière personnelle et de manière collective», indique Mme Vachon, de l’UQAM.
Selon elle, les pensionnats sont l'un des symboles les plus fort de la domination blanche sur les Autochtones au Canada.
Installer de véritables lieux de sépultures, des plaques commémoratives, serait aussi selon elle un bon exemple de reconnaissance de la part des autorités.
C’est aussi ce que croit le grand chef de Kanesatake, Serge Simon.
Affronter le passé
Murray Sinclair appelle le gouvernement à affronter les erreurs de passé et à arrêter de cacher des documents». Il souhaite aussi que le fédéral force les congrégations à divulguer les documents, pour qu’on puisse obtenir la vérité».
Un avis que partage Mélanie Vachon. Ce serait dramatique de se cacher de ça. Plus on évite, plus on banalise le problème. On se trompe complètement en évitant le problème», dit-elle encore.
Enfin, l’ancien sénateur Sinclair demande à ce que des programmes de guérison soient mis en place pour aider les survivants des pensionnats. Un peu comme les programmes qui existent pour les Vétérans», a-t-il précisé.
La Commission de vérité et réconciliation évoque la mort de 6000 enfants autochtones dans les pensionnats canadiens.
2020 06 03
Delphine Jung
https://www.msn.com/fr-ca/actualites/quebec-canada/pensionnats-autochtones-retrouver-les-autres-corps-est-essentiel-pour-le-deuil/ar-AAKFeIX?ocid=mailsignout&li=AAanjZr
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