Monsieur le Président, pardon pour la gifle ... que j’ai reçu en même temps que vous… pardon… mais ne le prenez surtout pas pour un abandon mais pour un don du ciel pour vous rappeler à vous comme à moi que le haut est bien bas et le bas bien haut. Songez à Marc Aurèle un stoïcien que ce genre d’incident aurait rendu stoïque. Il écrit : « non seulement l’accident qui m’est survenu n’est pas un malheur, mais de plus, c’est un bonheur véritable, si je sais le supporter avec un courage vénérable». Ce qui est grave, c’est de croire que c’est grave. Ce n’est pas l’acte mais notre présentation et notre représentation de l’acte qu’il faut revoir. J’ai toujours les oreilles qui sifflent lorsque je revois le plus haut dignitaire recevoir une gifle… je réalise alors que l’homme et le monde ne peuvent rien faire d’autre que se décevoir… à défaut de cesser de se voir. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, je cherche à savoir, non pas quel être indigne a pu donner cette gifle mais si celui qui l’a reçu était assez digne pour la recevoir. Dans mes pensées pour moi-même, Marc Aurèle estime qu’il faut être lucide pour ne pas songer dans ce genre de cas au suicide et « se dire à soi-même dès le matin : je vais rencontrer un arrogant, un ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un égoïste ». L’important, le plus important c’est de s’estimer sans importance… Peu m’importe qui je suis puisque si je m’estime vraiment à ma juste valeur, j’importe peu. Cette gifle vaut le détour, rien que pour nous apprendre que le hasard peut nous jouer un mauvais tour à chaque fois que nous nous estimons hors de portée… « Nous sommes contrariés, troublés ou peinés, n’en accusons jamais d’autres que nous-mêmes » écrit Épictète qui n’avait point d’autre idée derrière la tête sinon que le hasard c’est la somme de tous les ignares que nous sommes. Monsieur le Président à défaut d’être notre plus digne représentant, vous avez plutôt incarné tous nos défauts en recevant cette correction… parce que comme nous, vous avez ignoré les biens et les maux. Et pour cause : « Ce ne sont pas les choses qui nous troublent mais les opinions que nous nous faisons des choses ». Il ne nous reste plus qu’à tendre l’autre joue… la meilleure façon de se remettre en cause
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