L’accès aux archives relatives au renseignement ne peut être restreint au-delà de cinquante ans, juge le rapporteur du Conseil d’État.
Un historien français a-t-il le droit de consulter des archives de la Direction de la Surveillance du territoire (DST) ayant permis de retrouver et de juger les collaborateurs de la Seconde Guerre mondiale ? Peut-il travailler sur les archives des détachements opérationnels de protection
chargés, au cours de la guerre d’Algérie, d’interroger les prisonniers jugés les plus intéressants
?
Oui, car ces documents ont plus de cinquante ans, affirme le code du patrimoine. Non, contrecarre une instruction interministérielle de 2011 qui a imposé une déclassification préalable à toute communication publique d’informations relevant du secret de la défense nationale
. L’article 19 du projet de loi relatif à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement, voté le 2 juin, va même plus loin en allongeant ce délai de déclassification si les documents concernés relèvent du renseignement
et sont considérés par le ministère des Armées comme ayant toujours une valeur opérationnelle
.
Aux matériels et aux infrastructures de défense
Pas d’accord, vient de tancer le rapporteur public du Conseil d’État. Pour Alexandre Lallet, cette déclassification, au goût désagréable de subterfuge
n’existe que dans l’esprit du secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale
. Il invite le gouvernement à revoir sa copie avant le retour du texte au Sénat. Le rapporteur du Conseil d’État propose que l’extension de la protection des archives au-delà de cinquante ans se limite aux matériels et aux infrastructures de défense, et non aux activités de renseignement, et seulement en cas de menace grave pour les intérêts fondamentaux de la Nation
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Publié le
https://www.ouest-france.fr/culture/histoire/archives-militaires-le-conseil-d-etat-invite-le-gouvernement-a-revoir-sa-copie-3819df0c-cf74-11eb-ae01-ad91b71840e2
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