Les médias français n’ont pas couvert l’événement. L’ambassadeur a été chargé de cette mission par le chef de l’Etat français. C’est donc l’Etat français qui reconnaît, officiellement, ses crimes et s’incline à la mémoire des victimes algériennes. C’est en 2005 que fut reconnue «la tragédie inexcusable» du 8 Mai 1945 par l’ambassadeur français Hubert Colin de Verdière.
Samedi dernier, c’était une étape de plus marquée par la compassion. Il faut dire que le président Macron a multiplié les gestes depuis son arrivée au pouvoir. Avec, notamment la restitution des crânes des martyrs algériens et la reconnaissance de l’assassinat, en 1957, de l’avocat algérien Ali Boumendjel. Tout comme Larbi Ben M’hidi (qui n’a pas été cité) à la même époque. Et bien d’autres disparus encore.
Macron est le troisième président de la République, après Jacques Chirac et François Hollande à vouloir régler le contentieux mémoriel de leur pays avec l’Algérie. Il est celui des trois, qui a multiplié les gestes de bonne volonté. Car et en plus de tout ce qui a été cité plus haut, un autre événement décidé par Emmanuel Macron est passé presque inaperçu. C’était le 8 avril dernier. Le chef d’état-major des armées françaises, François Lecointre, en visite officielle à Alger, s’est recueilli à la mémoire de nos martyrs au mémorial «Maqam Echahid».
La charge symbolique est inédite sachant que c’est précisément l’armée française qui a commis et couvert tous les crimes perpétrés en Algérie durant 132 ans. Contrairement aux messages «pièce par pièce» des ambassadeurs, Lecointre a laissé un message de reconnaissance de tout ce qui est reproché à la France par l’Algérie.
Il ne reste plus, après cette approche par «petits pas», que la réaction officielle du chef de l’Etat français pour tourner, une fois pour toutes, cette lourde page mémorielle. Car, de son côté, «l’Algérie est disposée à dépasser tous les obstacles (…) à renforcer le partenariat exceptionnel (…) pour peu que soient réunis les conditions adéquates et les dossiers de la mémoire traités avec sérieux et pondération en étant débarrassés des survivances du colonialisme», a précisé le président Tebboune le 8 mai dernier. Reste plus qu’à attendre le prochain «geste» français!
L’Expression, Lundi le 10 mai 2021
https://moroccomail.fr/2021/05/10/france-algerie-les-grands-petits-gestes/
Algérie/ Leçon
L’Algérie a célébré hier le 76ème anniversaire des horribles massacres du 8 mai 1945 commis par l’armée coloniale à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres régions de ce pays meurtri, dans un contexte pour le moins particulier. On aurait tant souhaité restituer l’importance et la dimension historique de ces tragiques événements fondateurs de la conscience algérienne face à la 4ème puissance du monde. Parce que le 8 mai 1945, ne se réduit pas aux chiffres, certes incroyablement élevés (45000) de victimes et à la sauvagerie dont firent preuve les forces coloniales face aux manifestants algériens qui croyaient fêter l’indépendance.
C’est justement ce gros mensonge historique de la France coloniale qu’il convient aussi et surtout de souligner. Ces milliers d’Algériens sortis défiler dans les rues de Sétif, Guelma et Kherrata, ne le firent pas pour célébrer la victoire des alliés et donc de la France contre l’Allemagne nazie. Ils étaient sortis fêter, du moins le pensaient-ils, leur propre liberté comme il leur avait été promis par la France en contrepartie de leur participation à la guerre contre les soldats d’Hitler.
C’est dire à quel point ces algériens étaient prêts à tout faire pour recouvrer leur liberté. Une liberté qu’ils n’auront évidemment pas et la promesse française n’était que de la poudre aux yeux. Pis encore, les ancêtres de Macron firent preuve d’une rare sauvagerie pour mater ce pays désarmé et justifier ainsi l’indigne marché de dupes. Mais malgré le lourd tribut, et la grande désillusion, les massacres du 8 mai 1945 furent un apport décisif au déclenchement de la Révolution de Novembre 1954.
Les algériens ont compris qu’il n’était plus possible de compter sur la bonne foi d’un colonisateur rompu au mensonge et aux promesses non tenues. Les assises de la révolution furent d’ailleurs données à travers la création du MTLD et son pendant militaire l’organisation spéciale (OS).
Ainsi, de la colère et de la désillusion, naquit l’une des plus belles révolutions de l’humanité qui allait balayer, bien malgré lui, un système colonial profondément raciste et injuste qui aura étreint sous son joug, ce beau pays pendant 132 ans.
Imane B. L’Est Républicain, 09 mai 2021
https://moroccomail.fr/2021/05/10/lecon/
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