Dans une cité de la banlieue d'Alger, Rachida élève seule ses sept enfants. Le quotidien de cette famille permet de comprendre de plus près la crise qui secoue le pays. Florence Dauchez mène une longue interview dans laquelle la mère lie une correspondance narrant l'histoire de la fratrie : Salima, championne de judo, Mohamed, le religieux intégriste, Samir, le policier…
Pour la deuxième année consécutive, le Ramadan aura un goût d’inédit. Ce mois de jeûne, de prière et de partage, qui commence ce mardi 13 avril pour les musulmans de France, sera à la fois marqué par les contraintes liées à la pandémie de Covid-19 et par la poursuite de la campagne de vaccination.
Pour les musulmans du monde entier, ce Ramadan 2021 se vivra, comme cela a déjà été le cas l’an dernier, à l’heure de la pandémie de Covid-19. En France, ce mois de jeûne s’ouvre ce mardi 13 avril et s’achèvera le jeudi 13 mai par la fête de l’Aïd-El-Fitr. À cette date, le confinement national d’au moins quatre semaines commencé le 3 avril pourrait être terminé, selon l’évolution de la situation sanitaire
D’ici là, en raison de l’interdiction des rassemblements, le repas quotidien de rupture du jeûne (iftar), à la tombée du jour, se prendra seul ou en cercle restreint, chez soi. La dimension sociale et conviviale est pourtant centrale dans ce mois sacré pendant lequel les musulmans sont invités à s’abstenir - de l’aube jusqu’au coucher du soleil - de boire, manger, fumer et avoir des relations sexuelles.
Une vaccination licite
Quant à la traditionnelle prière nocturne du Ramadan (tarawih), après la rupture du jeûne, elle ne pourra pas avoir lieu à la mosquée, les lieux de culte étant fermés après 19 heures en raison du couvre-feu.
Pendant la journée, les fidèles qui le souhaitent pourront néanmoins se rendre à la mosquée dans leur département de résidence - ou dans une limite de 30 km pour ceux qui habitent en limitrophe d’autres départements.
Plus solitaire que d’ordinaire, ce mois sacré sera aussi marqué par la poursuite de la campagne de vaccination. Une vaccination tout à fait licite, ont insisté différentes instances religieuses musulmanes face aux inquiétudes quant à la dimension « nutritive » de l’injection. Celle-ci « n’invalide pas le jeûne », ont affirmé la Grande mosquée de Paris (GMP) et le Conseil français du culte musulman (CFCM) dans deux textes publiés respectivement le 29 et le 31 mars.
Dissensions internes
C’est aussi séparément que ces deux organisations ont annoncé que le Ramadan débuterait le 13 avril cette année. Le CFCM, instance représentative du culte musulman auprès des pouvoirs publics, avait déterminé cette date dans un communiqué publié dès le jeudi 1er avril.
Quant à la GMP, elle ne l’a confirmée que dimanche 11 avril lors d’une « nuit du doute » organisée à Paris pour observer le ciel. Y participaient également le Rassemblement des musulmans de France (RMF), Musulmans de France (MF) et la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA).
Le quotidien Le Monde nous rappelle aujourd’hui 13 avril 2021
cet épisode tragique
Le dimanche 23 juillet 1961, des centaines de militaires favorables à l’Algérie française déferlent dans la ville lorraine en ciblant les travailleurs algériens. Des documents inédits aident à retracer le scénario de ces violences oubliées.
L’affaire remonte à l’été 1961, à Metz. A l’époque, Tahar Hocine habitait le quartier de Pontiffroy, « la médina » messine comme le désignaient certains habitants. Agé de 36 ans, il tenait un restaurant, La Ville d’Alger, au 39, rue du Pontiffroy, et louait des chambres à des compatriotes. Environ deux mille Algériens vivaient alors dans le secteur, un dédale miséreux composé de vieilles bâtisses, le plus souvent sans eau ni électricité.
Jusqu’à la démolition du quartier, à partir de 1968, cette main-d’œuvre venue en nombre après la seconde guerre mondiale occupait des chambres sans confort, de minuscules garnis, meublés de trois fois rien : un lit, une chaise, avec les toilettes et le lavabo sur le palier. Ces travailleurs sous-payés étaient employés comme manœuvre dans les usines de la région.
Le dimanche soir 23 juillet 1961, ils sont une dizaine – peut-être un peu plus, M. Hocine ne se souvient plus très bien – qui profitent de cette fin de journée estivale à La Ville d’Alger. Vers 23 heures, l’un des employés revient du cinéma Le Palace, apeuré. « Il avait vu les paras qui cassaient tout, poursuivaient les Arabes et se dirigeaient vers le quartier », raconte l’ancien restaurateur, aujourd’hui âgé de 86 ans.
A ce moment, il ne le sait pas encore, mais une nuit de terreur vient de commencer à Metz. Des militaires français, des « paras » basés à Metz, déferlent par centaines sur la ville et se déchaînent sur la population algérienne. Cette flambée de violence a pour prétexte une vengeance née d’une bagarre meurtrière : mais elle a pour arrière-fond la rancœur ramenée d’Algérie par des hommes frustrés d’une victoire qu’ils croyaient acquise, et d’une cause perdue – celle de l’Algérie française.
enquête sur une ratonnade
Metz a vécu des heures sanglantes, les 23 et 24 juillet 1961 : après une rixe qui a mal tourné, 300 parachutistes du 1er RCP mettent les quartiers arabes à sac. Un webdocumentaire retrace ces événements tragiques et occultés.
Quatre morts et 27 blessés selon les sources officielles, cinquante blessés et un nombre de morts bien supérieur, selon de nombreux témoignages : quelle que soit la vérité, l’expédition punitive, la ratonnade menée dans la nuit du 23 juillet puis le 24 juillet 1961, à Metz, par quelque trois cents parachutistes est un épisode dramatique de notre histoire récente. Un épisode pourtant largement méconnu qu’un webdocumentaire, La Nuit des paras, propose désormais de découvrir.
Eté 1961 : la fin de la guerre d’Algérie est proche. Alors que l’épilogue semble écrit et l’indépendance inévitable, les antagonismes s’accusent. En Lorraine, ils « sont particulièrement vifs », explique Laura Tared, enseignante, historienne et coauteur, avec Jean-Baptiste Allemand, diplômé en webjournalisme de l’université de Metz, de La Nuit des paras. Si les tensions y sont exacerbées, c’est d’abord parce que la Lorraine est une terre d’accueil pour les populations algériennes.
C’est aussi parce que des liens anciens et profonds existent entre Lorrains et populations européennes d’Algérie, dont une partie s’est installée de l’autre côté de la Méditerranée après la perte de l’Alsace-Moselle, en 1871. Pour ceux qui sont restés, ces colons symbolisent le refus de l’annexion. Des cousins exilés dont on se sent naturellement solidaires.
Coups de feu
« S’ajoute à cela, l’installation récente en ville d’un régiment de paras, jusqu’alors basé à Philippeville (actuelle Skikda, NDLR) », raconte Laura Tared, auteure d’une thèse de doctorat sur la guerre d’Algérie en Lorraine. Ces 2 500 soldats appartiennent au 1 er régiment de chasseurs parachutistes (1 er RCP). Trois mois plus tôt, ils ont pris une part active au putsch des généraux, à Alger. Saqués, ils ont été renvoyés en métropole. Beaucoup sont amers et veulent en découdre. Un comble : ils atterrissent à Metz, ville-garnison qui compte une très forte communauté maghrébine. Ce mélange instable n’attend dès lors qu’une étincelle pour exploser.
Celle-ci survient dans la soirée du 23 juillet, au dancing Le Trianon, rue de Pont-à-Mousson, à Montigny-lès-Metz. Les témoignages divergent sur l’origine de la rixe qui oppose une quinzaine de paras et des clients maghrébins. « Les premiers auraient cherché querelle à un client, ne supportant pas qu’il danse avec une " blanche "», rapporte l’historienne messine.
Mal leur en a pris. Ce dernier, probablement militant FLN, est armé. Il fait feu et s’enfuit. Selon les sources, il y aurait eu entre deux et une quarantaine de coups de feu. Ce qui est certain, c’est que deux hommes tombent : le barman et l’un des paras, abattu devant le temple protestant alors qu’il poursuit le tireur. La fureur gagne les militaires. Un sous-officier monte sur une table et sonne l’hallali. Ils sont d’abord quelques dizaines, puis 300 « lâchés » sur la ville à la recherche de « tout ce qui est bronzé ».
Un attentat ?
Les violences, dans le quartier de la gare d’abord, puis au Pontiffroy, vont durer une bonne partie de la nuit. Elles se poursuivront le lendemain, de façon sporadique. Les victimes sont traquées jusque dans les entrées d’immeubles pour être tabassées. Un marchand ambulant est molesté et jeté à la Moselle au pont Saint-Georges. À la gare, un Italien qui débarque en Lorraine est roué de coups. Sa seule faute : avoir le teint un peu trop mat… Les dégâts matériels sont également importants. Rétrospectivement, on pense aux violences survenues à Paris, le 17 octobre de la même année.
Finalement, les autorités civiles et la police militaire ramèneront le calme au bout de trente-six heures en faisant boucler le quartier maghrébin « pour le protéger ».
11 000 arrestations
L’enquête qui suit est de très grande ampleur : « Près de 11 000 arrestations à Metz mais aussi dans les vallées de l’Orne, de la Fensch et en Moselle-Est. Le but était de porter un coup fatal au FLN… »
Les résultats sont au rendez-vous avec, notamment, l’arrestation, en août, de trois militants algériens, auteurs présumés de ce qui est, entre-temps, devenu « l’attentat du Trianon ».
Les chasseurs parachutistes, eux, seront simplement consignés au quartier pendant quarante-huit heures.
Publié le 13 avril 2021
Par Yves Bordenavehttps://www.lemonde.fr/societe/article/2021/04/13/la-nuit-des-paras-a-metz-un-episode-tragique-de-la-guerre-d-algerie-en-lorraine_6076534_3224.html
Des députés français ont saisi le président français, Emmanuel Macron, sur les essais nucléaires de la France en Algérie durant les années 1960. Dans une tribune publiée ce 10 avril par Le Journal du Dimanche (JDD), ces députés, au nombre de neuf, réclament la publication des données et les cartes des zones ds déchets. Ils regrettent d’ailleurs le report du comité intergouvernemental algéro-français qui devait évoquer le sujet.
“La rencontre a été repoussée ‘sine die’! La cinquième session du comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français, qui devait se dérouler ce 11 avril, avait pour volonté de s’inscrire, comme vous l’avez exprimé, M. le Président, dans un contexte d’apaisement des contentieux historiques entre la France et l’Algérie”, rappellent les neuf parlementaires français.
Ils reconnaissent, en outre, que dans le but de régler ce contentieux, Macron a entrepris plusieurs démarches. Il est temps pour lui, disent-ils de passer aux choses concrètes pour régler définitivement ce problème qui envenime les relations entre Alger et Paris.
“A cette fin, vous avez pris différentes initiatives, dont la dernière en date du 9 mars demandant à faciliter l’accès aux archives classifiées relatives à la guerre d’Algérie pour ‘favoriser le respect de la vérité historique’. Vous avez désormais l’occasion d’impulser une action concrète en faveur des populations civiles et de l’environnement qui continuent d’être affectés par des déchets nucléaires enfouis par la France dans les sables du Sahara ; il vous faut la saisir”, disent-ils au président français, Emmanuel Macron.
La dernière tempête de sable a donné à méditer
Ils lui rappellent le phénomène à l’arrivée du sable du Sahara algérien en France il y a quelques jours et dont les études ont démontré le caractère néfaste de la qualité de la poussière.
“Courant février, le ciel d’une large partie de la France a arboré une teinte orangée créant une atmosphère particulière. Le sable du Sahara, porté par les vents, est à l’origine de ce phénomène. Selon les analyses de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, ce sable avait des teneurs en Césium-137 (élément radioactif) supérieures à la moyenne, mais sans danger pour l’être humain”, indiquent les rédacteurs de la missive adressée au président Macron.
Depuis son bras d’honneur, il n’y a pas tellement longtemps, Gérard Longuet s’était fait trois nouveaux bras droits : Gilbert Collard, Marine Le Pen et Eric Zemmour. Le premier, homme de loi sans foi, fait les beaux bras et se jette à bras ouverts dans les bras de l’extrême droite à la patronne duquel il donne du «Madame Le Pen !» gros comme le bras.
La seconde, fille d’un ancien de la Guerre d’Algérie mutilé de l’œil gauche par le bras armé du FLN, grande-gueule jouant les gros bras, a le bras long dont elle ne sait que faire et se sert de celui de son père pour glaner deux strapontins à l’Assemblée. Le troisième, guignol de l’info à ses heures perdues, est le bras d’une manivelle qu’on actionne pour débiter des âneries à tours de bras.
Le mouvement du bras de l’homme politique français et la réaction pavlovienne de ses trois compatriotes, qui ont levé haut le bras pour le défendre, montre qu’il ne faut jamais s’appuyer sur le bras de ceux-là mêmes qui, il n’y a pas si longtemps, jetaient leurs bras autour du coup d’un certain Kadhafi pour lui refiler des Rafales invendables, avant de lui couper bras et jambes pour n’avoir pas voulu s’encombrer d’avions de guerre onéreux et inefficaces.
Faut-il encore faire confiance à ces figures d’un pays qui, à ce jour, étend ses bras colonisateurs sur des terres qui ne sont pas siennes et dont l’âme des autochtones se meurt dans les bras de celle qui leur fait miroiter le progrès en les aveuglant par l’aliénation culturelle ?
En nous gratifiant de son geste frivole, c’est en réalité le bras droit qui répond au bras gauche de cette France où la scène politique est engorgée par une racaille de droite et d’extrême droite tombant dans les bras l’une de l’autre. Une racaille au bras sauf mais à l’honneur amputé.
« Guerre d’Algérie, le silence des appelés » est le quatrième ouvrage que le Niortais Claude Juin consacre à ce conflit auquel il a lui-même participé.
Il avait pourtant choisi de ne plus se pencher sur le sujet et s’était même lancé dans l’écriture d’un roman. «Mais j’ai eu une proposition de la collection Nouvelles Sources qui n’avait encore jamais publié sur le sujet. J’ai accepté », témoigne le Niortais Claude Juin qui vient de sortir Guerre d’Algérie, le silence des appelés. Ce livre est le quatrième que l’auteur consacre à ce conflit auquel il a lui-même pris part (lire repères). Dans les rangs, cette question : « Qu’est ce qu’on fout là ? » Si, notamment dans son précédent livre, Claude Juin n’a jamais hésité à affronter la question de la torture, il en est moins question ici. À travers plusieurs témoignages recueillis à l’époque et aujourd’hui, et ses propres carnets d’époque, il a plutôt voulu décrire l’ambiance et le quotidien d’alors parmi les soldats du contingent. Avec, dans les rangs, cette éternelle question : qu’est ce qu’on fout là ? «Nous étions des jeunes gens qui craignions d’être blessés ou même tués mais sans savoir pourquoi. Dans les patrouilles, il y avait une trouille terrible avec une incertitude sur le lendemain, se souvient Claude Juin. Il y avait un certain ras-le-bol sur ce qu’on nous demandait de faire. » L’auteur évoque également l’après-guerre, et le traumatisme qui l’a accompagnée. «Nous étions complètement déphasés en revenant. » Grâce au livre, « des témoins se sont replongés dans cette vie, mais ils n’en parlaient plus depuis longtemps, comme s’ils avaient voulu oublier tout ça. Mais derrière cette apparence normale, avaient-ils vraiment tout oublié ? ». « Il y a toujours un malaise » Pour Claude Juin, même encore aujourd’hui, «il y a toujours un malaise avec cette guerre et surtout la manière dont elle s’est arrêtée. Il y a toujours des non-dits, pas seulement sur les tortures mais aussi sur l’intérêt même de cette guerre et la manière dont elle s’est déroulée. La France est toujours mal à l’aise ». Un signe, selon lui, qui ne trompe pas : «Dans les établissements scolaires, les enseignants disent qu’ils n’ont pas la documentation nécessaire et que le sujet est même facultatif. C’est révélateur d’un état d’esprit général ». Heureusement, Claude Juin voit quand même certaines évolutions positives : «Hier, les parents ne parlaient pas de la guerre d’Algérie à leurs enfants. Aujourd’hui, les grands-parents en parlent plus facilement à leurs petits-enfants ». À force, la guerre d’Algérie ne sera donc peut-être plus un tabou pour les nouvelles générations. « Guerre d’Algérie, le silence des appelés », par Claude Juin, aux éditions Nouvelles Sources, 350 pages.
Frédéric Brognara connaît bien le continent africain pour y avoir travaillé pour de grosses compagnies hôtelières en tant qu’ingénieur maintenance bâtiment et pour de nombreux États en Afrique du Nord (Algérie, Tunisie et Maroc) et aussi en Afrique noire (Cameroun, Tchad, Guinée-Conakry, RDC et Congo). Il livre son témoignage et son expérience vécue dans ces pays dans lesquels, fier de représenter la France, il s’est trouvé accueilli.
En Afrique, y a-t il une tolérance pour les immigrés illégaux ?
La réponse est très simple : dans tous les pays que nous venons de citer, si vous n’êtes pas en règle, c’est la prison, puis l’expulsion. Dans mon cas, j’ai été incarcéré deux jours puis intimidé (au Cameroun) alors que j’étais en règle.
Comment sont gérées les manifestations d’opposants au régime ?
Dans les pays que je connais, l’armée intervient dans l’heure qui suit et tire dans la foule. C’est ce que j’ai vu au Congo RDC et au Cameroun. En Algérie, des hommes en civil enlèvent les meneurs de la manif, dans un véhicule banalisé, ils sont incarcérés et mis hors d’état de nuire. En Tunisie également… Dans tous ces pays, lors des manifestations, les réseaux sociaux sont coupés, de sorte que personne ne puisse communiquer les images.
Que diriez-vous de la délinquance ?
J’en ai été le témoin : au Cameroun, le tabassage et la torture sont de mise ; au Nigeria, c’est le lynchage et le barbecue : la personne est attachée dans un pneu avec de l’essence à l’intérieur, la foule y met le feu et on le laisse brûler dans la rue ! Alors qu’en France, ce sont les policiers qui sont brûlés dans la rue par les voyous… En Algérie, en 2016, j’ai parlé avec une autorité (un waly, équivalent du préfet en France), qui m’a confirmé que les voyous sont passés à tabac, jetés en prison pour un minimum de deux ans. Elle m’a même dit : « Les voyous algériens qui sont en France, gardez-les, nous n’en voulons pas chez nous… »
J’ai découvert, dans ces pays, avec stupeur, un racisme notoire qui ne gêne pas grand monde… Pour vous donner un exemple, en 2015, j’étais patron d’un gros service dans une filiale de la SONATRACH, en Algérie. J’ai essayé d’embaucher un ingénieur congolais, mais la responsable des ressources humaines m’a envoyé un mail en me disant : « Pas de nègres (sic) chez nous, CV refusé ! » Ne parlons pas, non plus, des conflits interethniques au Cameroun, un pays qui compte plus de 200 ethnies. Au Congo, c’est un conflit ethnique qui a causé la guerre du Kivu. Celle-ci a fait plus de 6.000.000 de morts en un peu plus de vingt ans.
Parlez-nous de l’Algérie : comment les Algériens d’aujourd’hui perçoivent-ils la France ?
Je vous confirme, pour l’avoir vu entre 2015 et 2017 où j’habitais là-bas, et c’est encore le cas, que tous les jours, sur la chaîne algérienne d’État, Canal Algérie, dans l’émission « Mémoire de l’Algérie », sont diffusés vers 15 h des reportages antifrançais pro-FLN avec des documents des années 50 et 60 montrant des Français torturant des Algériens. Le but est d’entretenir les jeunes Algériens dans une haine des Français qui doivent être perçus comme des pilleurs, des profiteurs et des esclavagistes responsables de la situation conjoncturelle économique actuelle sans, bien sûr, leur apprendre l’histoire de leur pays. Je pense que c’est une stratégie du gouvernement algérien qui est faite pour masquer son incompétence à diriger le pays. Le gros problème, aujourd’hui, c’est que la nouvelle génération d’Algériens ne connaît pas son histoire. Or, l’Algérie a été colonisée par les Ottomans, par les Romains, par les Espagnols et par les Français. Et les jeunes Algériens ne connaissent que la colonie française qu’ils appellent « l’occupation française ». La raison, pour eux, de détester les Français mais aussi les immigrés algériens vivant en France. En revanche, la génération des gens de 80 ans regrette amèrement la présence française. Je suis fatigué d’entendre sur certains plateaux télé qu’on étiquette la France comme raciste. C’est la raison pour laquelle je vous ai fait un récit factuel et honnête avec ma vision des choses dans les pays dans lesquels j’ai vécu.
Les sept moines de Tibéhirine furent enlevés dans leur monastère dans la nuit du 26 au27 mars 1996, alors que le pays était en proie à la guerre civile. AFP/AFP
Attention : voir mise au point à la fin de cet article.
Vingt-cinq ans après l’assassinat des sept religieux français, Le Figaro dévoile le récit détaillé d’un ancien agent qui accable les services secrets algériens. La thèse d’une manipulation, étayée par des rapports d’expertises, se renforce.
Vingt-cinq ans après la tragédie, les zones d’ombre peinent à se dissiper dans l’enquête hors norme sur l’assassinat des sept moines de Tibéhirine, enlevés dans leur monastère dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 alors que le pays était en proie à la guerre civile. Bien que la version officielle désigne le Groupe islamique armé (GIA), la thèse d’une manipulation des autorités algériennes s’est trouvée confortée par les conclusions d’autopsies effectuées sur les têtes des religieux ainsi que par de troublantes incohérences de calendrier.
Entre espoirs et déconvenues, les familles des victimes cherchent toujours à faire la lumière, ballottées d’une expertise à l’autre, d’un témoignage à l’autre. Une pierre, jusqu’ici partiellement enfouie dans la procédure, pourrait bien achever de fragiliser la piste d’un attentat islamiste. Venant du cœur même des services secrets algériens de l’époque, elle est portée par Karim Moulai qui dit avoir travaillé entre 1987 et 2001 pour l’ex-Direction du renseignement de la sécurité (DRS, dissoute en 2015). Chargé selon lui d’infiltrer les organisations de jeunesses algériennes et les universités, avant de s’occuper de la logistique de cette agence d’espionnage, ce témoin de l’ombre s’est exilé depuis janvier 2001 au Royaume-Uni, où il a demandé l’asile politique.
Rancœurs tenaces
Hostile au régime après avoir assisté, dit-il, à l’assassinat d’un directeur d’université en 1994 par la DRS, Moulai se serait senti menacé par ses anciens collègues. En particulier après avoir confessé, en 2010, l’implication des services algériens dans l’attentat de l’hôtel Atlas Asni de Marrakech en 1994. Depuis lors, l’homme est la cible de rancœurs tenaces, à l’origine d’une première agression, en 2012, et manifestement exacerbées depuis qu’il a accusé l’ex-DRS d’être impliquée dans la mort des moines.
Comme le révèle une note des renseignements français datée du 17 janvier dernier, que Le Figaro a consultée, Karim Moulai affirme même avoir fait l’objet de menaces de mort dans un courrier électronique adressé en 2015 au juge antiterroriste Marc Trévidic, alors encore en charge de l’instruction de l’affaire Tibéhirine. Dans sa lettre, accompagnée de captures d’écran où apparaissent des montages photos et la façade de son immeuble, l’ex-agent algérien dit avoir été «cyber-harcelé» puis «contacté téléphoniquement à plusieurs reprises» pour lui demander de «changer sa version mettant en cause la DRS dans la mort des moines et d’impliquer le Groupe islamique armé».
À voir aussi – En 2018, Michael Lonsdale lisait le testament de Christian de Chergé, à l’occasion de la béatification du moine de TibhirineEn 2018, Michael Lonsdale lisait le testament de Christian de Chergé, à l’occasion de la béatification du moine de TibhirinePauseUnmute ACTIVER LE SON
Mais Moulai a, semble-t-il, refusé de céder, fidèle aux faits tels qu’il les décrit le 22 mai 2012. Devant deux inspecteurs de la police écossaise, venus l’entendre comme témoin dans le cadre d’une commission rogatoire internationale, l’ex-agent livre un récit explosif et détaillé, consigné dans un procès-verbal porté à la connaissance du Figaro. Revenant sur la genèse de l’enlèvement des moines de Tibéhirine, en 1996, Moulai, qui évoque l’existence d’un mystérieux «cercle de la mort» et affirme que, dans la région montagneuse de Médéa où est établi le monastère des cisterciens, de «véritables groupes islamistes» sont en «désaccords perpétuels» avec des «faux» commandos montés par la DRS pour manipuler l’opinion.
Les moines avaient conclu un accord en 1993 pour apporter une aide médicale aux islamistes en échange de leur sécurité.Le document relatant la version de Karim Moulai
Comme l’avait affirmé Abdelkader Tigha, ancien membre des services secrets algériens chargé de superviser l’infiltration du GIA, Moulai soutient que le terroriste «Djamel Zitouni travaillait pour la DRS» et que ce dernier avait été «envoyé dans le maquis pour infiltrer le GIA», avant d’en devenir l’émir qui a revendiqué le kidnapping des religieux. L’ex-agent Moulai est formel: même si ces derniers avaient «bonne réputation dans la région» – certains y étant depuis 1946 – car ils prêtaient assistance à la population locale, les autorités algériennes auraient nourri «deux griefs» à leur endroit. «D’abord les moines avaient conclu un accord en 1993 pour apporter une aide médicale aux islamistes en échange de leur sécurité, affirme le document. Ensuite, ils participaient à la conférence de Sant’Egidio» réunissant, à l’initiative des catholiques, les partis d’opposition visant à trouver une issue pacifique au conflit. La DRS aurait alors «demandé aux moines de quitter l’Algérie, sans qu’il y ait de contact formel». En fait, leur sort paraît scellé.
En 1996, l’Algérie avait besoin de gagner une crédibilité internationale et de s’assurer du soutien de la France dans la lutte contre les islamistesLe document relatant la version de Karim Moulai
Lors des «préparatifs de l’enlèvement», les services algériens, toujours selon Moulai, auraient fait monter la pression en projetant, dès l’automne 1995, «l’enlèvement d’ambassadeurs de pays arabes et européens», puis celui de l’attaché militaire de l’ambassade de France. «Mais le projet avait été annulé par un fonctionnaire du département de l’évaluation des risques», est-il précisé. Toujours d’après la version retranscrite de l’ancien agent, «en 1996, l’Algérie avait besoin de gagner une crédibilité internationale et de s’assurer du soutien de la France dans la lutte contre les islamistes». En clair, il était grand temps d’aiguillonner Paris, alors jugé trop frileux par Alger face aux djihadistes. L’enlèvement de trois Français employés au consulat en 1993 aurait été une «sorte de répétition de l’enlèvement des moines».
«Négocier leur libération avec la DST et la DGSE»
Le 24 mars, une «réunion importante» aurait été déclenchée à Blida par les officiers de la DRS, parmi lesquels Abdelkader Tigha, pour préparer l’enlèvement des moines. L’«émir» Zitouni, marionnette des services, aurait alors été désigné pour exécuter la sale besogne. «Le projet était de les enlever et de négocier leur libération avec la DST et la DGSE pour mettre la pression sur les autorités françaises, résume le document relatant la version de Karim Moulai. Zitouni devait les garder, jouer le rôle d’intermédiaire, puis l’armée monterait une fausse opération de libération». Selon le transfuge de l’ex-DRS, un premier commando, composé de membre des services algériens et de repentis islamistes, aurait conduit les moines, les yeux bandés, au «Centre de traitement, de recherche et d’investigation» (CTRI) de la caserne de Blida. Les otages auraient ensuite été «pris en charge» par un second commando composé du GIA de Zitouni avant d’être emmenés dans le maquis. Mais le scénario aurait pris un tour inattendu lorsque de vrais djihadistes, conduits par un dénommé Abou Mossab, ont tenté de mettre la main dessus. Pris de court, les ravisseurs auraient été contraints de «faire deux allers-retours» entre le maquis et la caserne de Blida pour «mettre les otages en sécurité». Sous pression, les services algériens auraient été en outre paniqués à l’idée qu’un «émissaire» français puisse prendre contact clandestinement avec Zitouni et démasque la supercherie.
Dans cette version des faits, l’indicible aurait ainsi été commis: quatre hommes seraient partis à Blida le 25 avril, avant que les moines ne soient torturés dans les locaux du CTRI, tués puis décapités «pour que les traces de tortures ne soient pas visibles». Une opération militaire mobilisant des hélicoptères et des parachutistes aurait été mise en scène «pour montrer que l’armée algérienne cherchait les moines». Leurs têtes seront retrouvées sur le bord d’une route le 30 mai 1996. Consignée sur procès-verbal et contestée avec la plus grande véhémence par Alger, cette thèse d’une implication de ses services est à la fois grave et impossible à recouper.
Ce témoin apparaît comme ayant été au cœur du système et ses déclarations, qu’il n’a pas formulées à la légère au regard des risques encourus, en recoupent d’autres énoncées par d’anciens officiers algériensMe Patrick Baudouin, avocat des familles des victimes
Elle est toutefois considérée comme sérieuse par les parties civiles. «Ce témoin apparaît comme ayant été au cœur du système et ses déclarations, qu’il n’a pas formulées à la légère au regard des risques encourus, en recoupent d’autres énoncées par d’anciens officiers algériens», observe Me Patrick Baudouin, avocat des familles des victimes qui mènent depuis un quart de siècle un inlassable combat pour obtenir la vérité. Outre Abdelkader Tigha et Karim Moulai, Mohammed Samraoui, un autre ancien des services de sécurité, a également soutenu que le GIA était instrumentalisé par la Sécurité militaire.
En octobre 2014, après plusieurs ajournements, notamment liés aux tergiversations des autorités à Alger, une mission d’experts français avait enfin pu se rendre à Tibéhirine, situé à près de 1 000 mètres d’altitude dans la région de Médéa. Depuis 1996, aucune expertise scientifique n’avait été effectuée dans cette affaire pourtant exceptionnelle, et la procédure française ne disposait que de clichés des têtes des victimes.
Manipulation des cadavres
En mai 2015, un rapport d’expertise avait conclu à une «décapitation post mortem», ce qui accrédite alors la piste d’une mise en scène d’une exécution islamiste. Le rapport avait en outre révélé que les moines ont été assassinés près d’un mois avant le 21 mai, date avancée dans un communiqué du GIA du 23 mai 1996, dont l’authenticité a été remise en cause. Par ailleurs, aucune trace de balles n’a été retrouvée dans les crânes des religieux, ce qui tendrait à invalider la piste, un moment évoquée, d’une «bavure» de l’armée de l’air. Enfin, les experts ont pu déterminer – grâce à des indices botaniques -que les têtes ont été inhumées avant d’être exhumées puis découvertes.
L’idée d’une manipulation des cadavres s’est muée en quasi-certitude en mars 2018: après comparaison, l’expertise génétique de crânes et leur confrontation avec l’ADN de parents, les experts ont prouvé que six des sept religieux ont été intervertis au moment d’être placés dans les cercueils. Seule la dépouille du frère Luc, médecin, a été retrouvée dans la sépulture à son nom. «Cette découverte conforte la manière précipitée avec laquelle les Algériens ont placé les corps sous scellés, confiait alors au Figaro Me Patrick Baudouin. Pour n’importe quel assassinat, on prend en général la peine de pratiquer une autopsie avant de mettre la victime en bière».
Outre les témoignages déjà recueillis et les indices scientifiques réunis, les enquêteurs avaient ciblé une vingtaine de témoins encore jamais entendus. Parmi ces personnages clés figurent d’anciens repentis du GIA mais aussi de présumés «geôliers» qui auraient transporté ou séquestré les prisonniers dans une maison surnommée Dar el-Hamra («la Maison rouge»), au lieu-dit de Tala es-Ser, dans la région de Médéa. «On ne lâchera pas», prévient Me Baudouin. Comme pour l’affaire Ben Barka, dont l’instruction reste toujours «pendante», le dossier des moines de Tibéhirine demeure sous l’étouffoir et transpire le scandale d’État.
Au lendemain du départ de Bouteflika, au printemps 2019, les familles des religieux français de l’ordre de Cîteaux avaient caressé l’espoir que des langues se délieraient. Mais cela n’a pas été le cas. Comme si les moines devaient emporter à jamais le secret de leur martyre.
Par Christophe Cornevin. Publié le 09/04/2021 LE FIGARO
Un ancien officier des services : «Karim Moulay n’a jamais été un agent du DRS»
Karim Moulay se fait passer pour un ancien agent du DRS. D. R.
«Karim Moulay n’a jamais été un agent des services secrets algériens», a révélé un ancien officier de l’ex-Département du renseignement et de la sécurité (DRS) à Algeriepatriotique, qui souligne que la presse française «est avide de fake news et de manipulations quand il s’agit de parler de l’Algérie et, surtout, de ses services de renseignement».
«Karim Moulay n’était en réalité qu’un simple informateur recruté pour des circonstances bien définies», précise notre source, qui relève que «la presse française confond volontairement entre agent et informateur». «C’est là que réside la manipulation», souligne notre source. «En choisissant pour Karim Moulay la qualification d’agent des services algériens, Le Figaro cherche à donner du crédit à son tuyau crevé», explique cet ancien officier du DRS.
«Je rappelle au Figaro qu’un informateur est la personne qui recueille des informations pour le compte d’une autre personne ou d’une institution comme la police, la gendarmerie ou les services de renseignement, et ce, sans en faire partie», insiste notre source, pour laquelle «un informateur est un indicateur, et rien de plus».
«Dans le jargon du monde du renseignement, un informateur, une taupe ou un indicateur n’a jamais accès au siège du service pour lequel il collecte le renseignement», note notre source, qui ajoute que «l’informateur travaille dans la clandestinité totale et les rencontres entre lui et son officier traitant se font loin des bureaux des services de renseignement qui recourent à lui». «Ces lieux de rencontre sont appelés boîtes postales», précise encore cet ancien officier des services secrets algériens, qui explique qu’il peut s’agir d’un appartement, d’un local commercial, etc.
«Comment donc cet informateur pourrait-il avoir accès à des dossiers dans des affaires telles que celle des moines de Tibhirine ?» s’interroge notre source, qui estime que le «scoop» du Figaro «c’est du pipeau». «Non seulement Karim Moulay ne sait pas que le DRS est un département et non pas une direction, mais il ne sait absolument rien sur l’organisation des services secrets algériens, ni encore moins sur leur composante», affirme notre source, en faisant remarquer que «c’est uniquement grâce à Google que ces nouveaux pseudo-agents secrets collectent des informations pour convaincre des rédactions promptes à les accueillir et à les écouter qu’ils sont vraiment des agents secrets».
Notre source invite la rédaction du Figaro à «feuilleter le livre La sale guerre du manipulateur François Gèze pour se rendre compte que, sans surprise, l’auteur ou les auteurs ne savaient même pas que le DRS existait, tout le livre mentionnant la défunte Sécurité militaire». Comme il l’invite à «mieux s’informer sur le monde du renseignement, d’autant qu’au sein du journal même, il y a des informateurs de la DGSE, à l’instar de Georges Malbrunot, le pseudo-spécialiste du Moyen-Orient, qui pourra apporter des éclaircissements sur ce sujet».
Publié à compte d’auteur, Rétrospective historique du mouvement national algérien 1919-1956 est un ouvrage qui retrace les principaux événements historiques liés à la naissance du Mouvement national algérien. Dans cet entretien, Ali Cherrak revient sur l’une des périodes de notre histoire, mais évoque aussi la manière dont ce livre a été écrit.
Entretien réalisé parAmina Semmar
-Comment êtes-vous devenu écrivain ?
Ayant exercé comme administrateur à l’AARDES durant quelques mois seulement avant d’entrer en caserne pour mes obligations militaires. J’avais eu le privilège, lors de ce bref passage, d’avoir Djilali Liabes comme collègue et M. Boukhobza comme directeur, morts aujourd’hui pour leur amour du pays, paix à leurs âmes. J’ai ensuite passé 24 mois sous les drapeaux, avant d’être recruté par la Direction des activités extérieures (DAE) du ministère de l’Industrie lourde.
Par la suite, je me suis installé à mon compte, effectuant une multitude d’activités qui ne me correspondaient pas nécessairement, jusqu’à ma retraite. Il se trouve que je fais partie des Algériens férus de l’histoire nationale et de ses non- dits. J’ai déjà eu l’opportunité, à l’issue de mes études universitaires, d’effectuer des recherches similaires pour avoir eu comme professeur à Paris, Mohamed Harbi, un éminent historien qui était aussi un acteur du mouvement national. Pour ce qui est du métier d’écrivain, j’avais toujours envisagé d’écrire un jour, sachant que mon sujet de prédilection se rapportait au mouvement national. Jusque-là, je n’avais pas eu les conditions requises pour le faire. Ne voilà-t-il pas que la décision du premier confinement constitua une aubaine à ne pas rater.
-Dans l’avant-propos de votre ouvrage, vous avez écrit que ce livre doit être perçu comme une nouvelle approche qui participe à éclairer le lecteur, que vouliez-vous dire ?
J’ai donc voulu à travers mon approche adopter une évaluation synthétique de la situation politique qui prévalait en Algérie dès 1919 où j’avais relevé les prémices de l’expression nationaliste. Des regroupements militants spontanés ont commencé à s’opérer, canalisés par les syndicats et les partis de gauche français. Une période justement-clé du mouvement nationaliste. J’avais aussi compris que nos compatriotes connaissaient peu de choses sur l’histoire nationale, notamment certains aspects tabous insuffisamment évoqués. Ce livre est donc une synthèse contextuelle politico-économique dans le but d’informer la génération actuelle, mais aussi toutes les autres sur ce qui s’est passé à l’époque des premiers événements précurseurs du nationalisme.
-Vous avez choisi tout particulièrement la période de 1919 à 1956 pour parler du Mouvement national, pourquoi cette date précisément ?
Si 1919 correspondait au bouillonnement des idées nationalistes, 1956 correspond à la période où toutes les factions politiques algériennes avaient intégré la révolution, excepté le MNA qui avait raté le rendez-vous de l’histoire. J’avais choisi ces dates, car il me semblait plus judicieux de cerner préalablement la première phase qui soulignait d’ores et déjà la maturité de l’idéologie nationaliste. J’avais relevé, par ailleurs, un niveau élevé de méconnaissance des aspects vitaux de notre histoire. C’est pourquoi j’ai adopté une approche chronologique des événements politiques qui se produisaient en Algérie dès 1919, où il était aisé de déceler les premières expressions du nationalisme algérien. J’avais également déduit que mes compatriotes connaissaient si peu de choses de l’histoire nationale, constat tout à fait regrettable. Pour cela, j’ai dû me résigner à pallier à une telle situation, en y apportant les contours essentiels de la vie politique afin qu’elle soit accessible à toutes et à tous.
-Le hirak 2019 a-t-il contribué à vous faire pencher sur le mouvement national dans une autre période de l’histoire ?
A mon humble avis, le facteur déterminant qui avait suscité l’éveil de la ferveur nationaliste, demeuré sans aucun doute le retour des champs de batailles des militaires algériens embrigadés à l’issue de la Première Guerre mondiale. Promesses leur avaient été faites par les dirigeants de la colonisation qu’en cas de victoire, la France serait reconnaissante et améliorerait de façon notoire le sort des indigènes ce qui n’était en fait qu’un leurre.
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-Avez-vous pensé et rédigé votre livre pendant la pandémie ?
Je me suis efforcé d’achever mon livre en huit mois, durant la première pandémie. La période était propice.
-Quel est le message que vous souhaitez transmettre avec cet ouvrage ?
Cet ouvrage historique a vocation de rappeler à nos compatriotes qu’il est de notre devoir de connaître l’histoire du pays. C’est aussi une synthèse de données politico-économiques qui prévalaient, avec l’objectif d’apporter les éclairages fondamentaux aux lecteurs et à toutes générations confondues. Cela consiste également à la mise en valeur de l’esprit de sacrifice de nos martyrs pour permettre au pays de recouvrer sa souveraineté. Ces valeurs demeurent inestimables et constituent les fondements de notre nation.
-Vous évoquez dans l’un des chapitres la «crise berbériste», pensez-vous qu’aujourd’hui qu’elle existe encore ou bien l’avons-nous surmontée ?
En évoquant la question relative à la «crise berbériste», il convenait de lever des incompréhensions et sa dénaturation. Il y avait manifestement une volonté délibérée de discréditer les militants nationalistes du PPA, dont le seul tort était d’avoir voulu assurer la promotion de l’identité amazighe, et ce, dans le cadre du multiculturalisme censé définir la nation algérienne. Ne voilà-t il pas que l’ensemble des militants nationalistes de Kabylie et de France étaient d’authentiques nationalistes, injustement traités de séparatistes. C’étaient les premiers cadres dirigeants de l’Etoile Nord Africaine puis du PPA, tels que : Radjef, Imache, Ali Yahia ,Si Djilali et consorts. Enfin, je me suis efforcé de lever toutes les incompréhensions qui en découlèrent, participant ainsi activement à sa dénaturation.
-Vous vous définissez comme un romancier ou plutôt comme étant un écrivain qui raconte l’histoire ?
Je suis politologue de formation et je m’efforce d’apporter une contribution à la vulgarisation et à la transmission des réalités de l’histoire nationale. Il s’agit de mon premier ouvrage et il n’est pas admis de déclarer que j’ai une vocation romancière. Je contribue utilement à l’écriture de notre histoire.
-Qui trouve-t-on dans votre bibliothèque pour vous inspirer ?
Vu l’intérêt que je porte à ces sujets historiques, je peux vous avouer que près de 60% de ma bibliothèque sont constitués d’ouvrages historiques. En fait, ce qui m’inspire le mieux, ce sont les sujets de notre histoire, insuffisamment traités.
-Avez-vous l’intention de rédiger la suite de cet ouvrage, notamment après les événements de 1956 ?
J’ai écrit un livre, et je n’avais aucune idée de la réaction du public. Aujourd’hui, je suis rassuré et extrêmement satisfait non seulement des échos qui proviennent de mon lectorat, mais aussi des encouragements que je reçois. Cela dénote que mon travail n’a pas été vain, mais utile. Gloire à nos Martyrs.
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