Revenant sur son parcours "compliqué" de fille d'immigrés algériens, cette universaliste pourfend les "bourgeois blancs progressistes" qui enferment les "racisés" dans des cases identitaires.
Elle est l'une des plus ferventes militantes universalistes et laïques. Professeure d'histoire-géographie à Toulouse, Fatiha Boudjahlat revient dans Les nostalgériades (Cerf) - une contraction entre nostalgie, Algérie et jérémiades - sur sa propre histoire familiale de fille d'immigrés algériens, qui a connu intimement le "patriarcat arabo-musulman" comme les Restos du coeur. Une pierre de Rosette qui éclaire ses engagements parfois tonitruants. "J'ai eu une histoire personnelle beaucoup plus compliquée que certains qui ont fait métier d'être victime", dit-elle. Fatiha Boudjahlat y déconstruit aussi les fantasmes qu'entretiennent parfois les petits-enfants d'immigrés avec le pays de leurs grands-parents. Dans un entretien accordé à l'Express, cette féministe qui n'a pas l'habitude de mâcher ses mots, regrette que le mouvement #Metoo délaisse les femmes du Maghreb ou celles des classes populaires issues de l'immigration ici en France. Elle y pourfend des "bourgeois blancs progressistes" qui prétendent "apprendre à un immigré musulman à être un bon immigré, un Arabe et musulman authentique". Annie Ernaux, Pascal Boniface, Leïla Slimani ou Laurence De Cock en prennent pour leur grade. En revanche, Elisabeth Badinter a droit à un vibrant hommage...
L'Express : Pourquoi ce livre personnel, dans lequel vous évoquez aussi le rapport à l'Algérie qu'ont les enfants et petits-enfants d'immigrés ?
Fatiha Boudjahlat : Les premiers éditeurs qui m'ont sollicitée auraient voulu que je fasse un livre très personnel. Il y a énormément de livres de témoignage. Moi, j'appelle ça La valise en carton de Linda de Suza (rires). Mais ce qui m'intéresse, ce sont les idées et les valeurs. J'ai donc commencé par des essais sérieux qu'aucun membre de ma famille n'a lus. Ma mère m'a dit "ma fille, je suis très fière, mais je n'ai rien compris!". Dans notre société actuelle, si vous ne dites pas d'où vous parlez, vos propos sont moins légitimes, parce que nous sommes à une époque où seuls les concernés ont le droit à la parole. J'ai préféré faire les choses à l'envers.
Mais pour ce livre, je me suis dit que j'allais montrer que j'ai eu une histoire personnelle beaucoup plus compliquée que certains qui ont fait métier d'être victime. Houria Bouteldja est issue d'une famille favorisée en Algérie. Moi, je me suis retrouvée à devoir témoigner devant une cour d'assises pour mon frère qui a été en prison. Et pourtant, je n'ai pas tiré les mêmes conclusions que les décoloniaux. Sihame Assbague explique que son combat indigéniste est originaire d'une perquisition qu'elle avait subie jeune. Moi, dans ma famille, il y a eu trois perquisitions! Nous faisons des choix, nous ne sommes pas des feuilles mortes ballottées par le vent, comme le prétendent certains. J'ai un vécu bien plus compliqué qu'eux, mais je ne bascule pas dans ce ressentiment dont ils font étalage par rapport à la France.
Vous expliquez que l'enfant d'immigré est un "double transfuge de classe". Pourquoi ?
J'avais sur les réseaux sociaux exprimé mon opposition à une tribune d'Annie Ernaux en faveur du voile, ce qui m'a valu d'être exclue au dernier moment de la Grande Librairie. Des écrivains comme Annie Ernaux ou Didier Eribon ont fait commerce de cette notion de "transfuge de classe". Ils veulent qu'on les plaigne pour leur enfance, ils minorent le capital culturel dont ils ont bénéficié, ils se font passer pour des héros qui se sont construits eux-mêmes. Alors que le système éducatif a tout simplement fonctionné. Nous sommes censés faire plus d'études que nos parents.
Annie Ernaux est quand même gonflée. Elle est fille d'épicière et a eu sa chambre à elle, mais s'est sentie humiliée par rapport à des filles allant à l'école privée. C'est toujours une rancoeur vis-à-vis de leurs parents, et une façon de les détruire. Edouard Louis est allé jusqu'à changer de nom, tout en faisant des livres sur sa famille. Mais que ces auteurs ne se plaignent pas par rapport à ceux qui n'ont jamais eu accès aux mêmes choses qu'eux ! Eux n'étaient pas huit enfants dans trois chambres, sans jamais un livre, sauf du Barbara Cartland. Mes parents étaient issus du lumpenprolétariat, d'un autre pays, sans réseau familial. Au concours des difficultés matérielles et des capitaux manquants, je les bats haut la main.
Un immigré est un transfuge de classe, quittant un niveau de vie souvent misérable pour aller vers un niveau de vie toujours difficile, mais tellement supérieur à celui de son pays. Un enfant d'immigré est un double transfuge de classe : un plus grand écart le sépare de la famille de ses parents au bled. Ma mère a par exemple été mariée en sortant de l'école primaire. C'est la double culpabilité. Vis-à-vis du pays de nos parents qui n'est plus vraiment le nôtre. Et vis-à-vis de nos parents, alors que nous parlons correctement le français, que nous jouons les interprètes pour eux. J'officie comme juge assesseure au tribunal pour enfants de Toulouse. J'y ai vu des gamins se moquer de leurs parents du fait de leur accent ou de leur mauvaise compréhension du français. On leur en veut de ne pas parler français aussi bien que nous. Il y a cette distance créée par la langue. Elle est due au fait que nous, quoi qu'on en dise, sommes des Occidentaux. Et quand on va en Algérie, on se fait repérer comme étant français à deux kilomètres (rires).
Vous expliquez qu'aux yeux des petits enfants d'immigrés algériens, l'Algérie passe souvent pour un eldorado. C'est le pays des vacances et d'un pouvoir d'achat plus important, là où la France est celui de la scolarité, du travail et des obligations. Est-ce une image fantasmée ?
On est dans des imageries d'Epinal. Nous, les enfants d'immigrés, on sait que nos parents sont partis parce qu'en Algérie, c'est terrible. Le bled, on l'a quitté parce qu'on n'y vivait pas bien. Mon père est mort il y a deux ans dans un aéroport à Oran dans les bras de mon frère qui le ramenait en France pour être soigné d'une maladie attrapée dans un hôpital. Mon frère, qui n'arrête d'ordinaire pas de dire "vive l'Algérie" a pleuré au téléphone. Dans les hôpitaux algériens, c'est la famille du patient qui doit venir nettoyer la chambre et laver le malade, qui doit le nourrir et même apporter les médicaments. C'est en Europe que les riches Algériens se font soigner. Ou dans les cliniques privées algériennes hors de prix. Nous les enfants d'immigrés savont cela. Mais la génération de nos enfants vit dans l'illusion que l'Algérie serait le pays des vacances perpétuelles, que c'est la belle vie parce que nous avons les moyens d'y aller au restaurant tous les jours. Tous les gamins que j'ai eu au collège en tant que professeure sont dans ce fantasme-là. Il faut les faire réfléchir, leur expliquer qu'il y a un différentiel de pouvoir d'achat entre un pays riche et un pays en développement. Personne ne peut vivre dans un fantasme. Mais ma génération a aussi alimenté ces fantasmes pour que nos enfants gardent une image positive de l'Algérie, ce qui a fait qu'ils sont à fond dans cette obsession identitaire.
"Les élèves issus de l'immigration sont dans une inculture crasse" écrivez-vous. Ce sont des mots durs...
Ce sont des mots durs, mais c'est pour dire que ces élèves sont souvent dans la revendication identitaire. Des élèves testent sur moi des mots arabes pour voir si je suis dans la connivence communautaire. Ils me saluent d'un "Selem ay likoum", mais ignorent, contrairement à leurs camarades arabophones et immigrés, qu'il existe une autre façon de se saluer, non religieuse: "Sbar el khair" pour le matin, "Sbah el nour" pour la journée. Ils sont dans une telle revendication qu'ils ne sont pas prêts à admettre qu'ils ont des choses à apprendre. Quand j'enseigne la guerre d'Algérie, ils me disent ainsi que les Algériens sont des combattants contrairement aux Marocains. Ils trouvent les Tunisiens trop efféminés. Il est difficile dans ce contexte de leur faire apprendre des choses scientifiques et historiques. Pas un ne sait qu'avant la France, il y avait eu la puissance ottomane qui colonisait l'Algérie. Ou qu'au VIIe siècle, les Arabes n'étaient que dans la péninsule arabique, et pas en Algérie. Vous vous souvenez de la Zoubida de Lagaf ? Eh bien, il y a un phénomène de "zoubidation" mondiale avec cette idée que le folklore prime. Il faut donc déconstruire tout ce que ces jeunes croient savoir.
Vous êtes critique contre les sondages sur les musulmans, à l'image de qui, en 2019, montrait que 27% des musulmans interrogés estimaient que la charia devrait primer sur la loi islamique. Pourquoi ?
Je trouve que le sondage est l'une des choses les plus complexes de l'univers. La méthodologie devrait prendre quatre pages. Dans ce cas-là, on appelle des gens qu'on reconnait comme étant musulmans. Or si vous interrogez quelqu'un en tant que musulman, il va vous répondre comme musulman. Dans un autre contexte, il aurait peut-être fait une autre réponse. Surtout, comme le dit le sociologue Ali Al-Wardi, "si on laissait aux Arabes le choix entre un État laïque et un État religieux, ils voteraient pour l'État religieux et iraient vivre dans l'État laïque." Posez n'importe quelle question à un musulman sur l'islam, et la réponse sera un acte de foi quel que soit son degré de pratique religieuse. Vous fournissez à ces gens une occasion facile d'être dans une surrenchère dont ils ne pensent pas un mot.
La question de ce sondage était mal posée. Elle donnait l'impression d'une compétition entre civilisation et style de vie musulmans avec la France et son système politique. Répondre que la loi islamique primait était non seulement un acte de foi facile, mais un doigt d'honneur à l'interrogateur, et un élément du dispositif d'estime de soi. J'ai pu le vérifier avec mes élèves. Quand je leur parle de la charia, et que je leur explique que c'est la loi islamique, ils me répondent "ah oui c'est bien". Mais quand je leur raconte qu'on coupe la main en cas de vol, ils s'y opposent immédiatement. Il y a des gamins qui sont simplement dans la fanfaronnade, et jouent aux surmusulmans comme l'a expliqué Feti Benslama. Vous croyez vraiment qu'avec le nombre de personnes déjà en prison, les gens voudraient d'une application de la charia ?
Vous revenez aussi sur le terme de "native informant" (informateur indigène), utilisé par le chercheur Pascal Boniface à propos de l'imam Chalghoumi comme par Houria Bouteldja contre Leila Slimani...
C'est un mot savant pour désigner un "nègre de maison". "Native informant" est un alibi scientifique qui vise à délégitimer des expériences de vie. On nous dit qu'il faut écouter les concernés, mais dès que ces concernés ne disent pas ce l'on souhaiterait et font entendre un son de cloche différent, on utilise ces termes violents, en faisant croire que ce serait de la science. Quand Pascal Boniface qualifie Hassen Chalghoumi de "native informant", il conteste la légitimité de sa prise de parole. Un bourgeois blanc prétend ainsi apprendre à un immigré musulman à être un bon immigré, un Arabe et musulman authentique. Mais Joe Biden a fait la même chose en déclarant qu'un Noir ne serait pas un "vrai Noir" en votant pour Trump. Qui sont ces personnes pour dire qui serait un vrai Noir ou Arabe ? Nous ne sommes pas des fromages AOP-AOC !
"#Metoo, ce n'est pas fait pour nous, les non-Blanches. Parce que l'oppression que nous subissons n'est pas du patriarcat, c'est de la religion liée à notre identité profonde non blanche" écrivez-vous...
On nous exclut de cette révolution. Les Africaines et les Maghrébines sont les angles morts des promotrices de #MeToo. Des féministes sont capables de repérer le patriarcat dans la moindre virgule ou syntaxe, mais vont légitimer le sexisme quand il est arabo-musulman en disant que c'est de la culture. Je ne vois pas en quoi la culture arabo-musulmane serait moins patriarcale que celle judéo-chrétienne? C'est une cécité volontaire : ces Occidentales refusent aux Orientales les standards d'égalité et de dignité qu'elles exigent pour elles-mêmes. Au nom de quoi aurais-je des aspirations différentes, et en fait moindres, que les féministes blanches et bourgeoises ?
Je n'aurais jamais pensé que ce délitement se ferait aussi rapidement. Les mêmes qui se moquent des femmes américaines bigotes qui vantent la virginité ne disent rien sur les reconstructions d'hymen en France qui ne concernent qu'une seule communauté religieuse. Assa Traoré peut aussi faire l'éloge de la polygamie, en racontant à quel point cela a été formidable pour sa famille. Comme ces pratiques seraient intrinsèques à notre identité, ce serait bon pour nous.
Vous expliquez que faire le constat d'une société maghrébine selon vous "profondément misogyne, sexiste, brutale, inégalitaire et patriarcale" ne signifie pas qu'il faille exonérer la société occidentale et penser qu'elle serait un "havre égalitaire"...
Bien sûr que l'égalité est un "work in progress" et un objectif à atteindre ! Mais ces féministes sont volontairement aveugles face à un patriarcat issu du Maghreb qui représente une double peine, puisqu'il est lié à une religion, et qu'il concerne des populations immigrées, plus précaires, qui font face à des pressions communautaires. Face à ces femmes aveugles, je parle dans ce livre de ce que je connais le mieux. A chaque fois que j'ai dû déménager, j'ai été très contente d'avoir sept frères (rires). Mais quand on était en vacances Algérie, je raconte aussi qu'ils ont pu me dire "ici, c'est pas la France, tu restes à la maison". Ma mère devait se couvrir en ne laissant apparaitre qu'un oeil. J'ai eu un père qui laissait à mon frère ainé les frites les plus longues, car le droit d'ainesse est important. Le patriarcat arabo-musulman consacre la toute-puissance du père. Alors que mon père a pu, par mariage religieux, avoir sept épouses consécutives, ma mère a elle été empêchée par mon frère aîné de se remarier à moins de 45 ans. Rokhaya Diallo se plaint de n'avoir, dans sa jeunesse, pas eu de personnes noires à la télévision auxquelles s'identifier. Moi, j'étais choquée de voir des séries avec des familles au sein desquelles régnait la tendresse. Nos parents ont été très durs. Mais vu leur vécu, c'était compréhensible. Ils se sont rattrapés comme grands-parents.
A propos de Leïla Slimani, vous écrivez : "Elle reste bourgeoise avant d'être une "racisée". Quand elle explique à une Élisabeth Quint conquise, que les mamans voilées sont en effet stigmatisées et souffrent en France, qu'elle-même ne porterait jamais le voile, mais que les autres femmes ont le droit de le porter ; c'est toute l'incohérence de la grande bourgeoise qui apparaît. Elle refuse le voilement pour elle, pour ce qu'il signifie de sexisme et de destin second. Mais par contre, elle ne voit pas de problème à ce que les autres, en dehors de sa famille, des siens, de sa classe sociale, s'en revêtent"...
Cela a sauté aux yeux des gens quand elle a publié dans le Monde son journal de confinement qui a été moqué. Comme Léa Salamé, Leïla Slimani, qui est talentueuse, est issue de la grande bourgeoisie, ces "anywhere" à l'aise partout. Je ne comprends pas comment elle ose affirmer qu'elle ne veut pas du voile pour elle, mais qu'en même temps, elle défende sa perpétuation dès qu'il s'agit des femmes des classes inférieures en France. Elle sait que le voile est un signifiant misogyne qui fait de la femme un organe génital total. En tant que fille éduquée, elle n'a bien sûr pas été élevée comme ça.
Je reste attachée à une lecture de classes. Cette grille d'analyse explique aussi la hargne de figures comme Danièle Obono ou Houria Bouteldja, qui sont issues d'une classe favorisée en Afrique, mais ont connu des conditions moins privilégiées en France. Le déclassement social, ça rend le bourgeois agressif (rires).
Vous semblez blessée par ce que vous désignez comme étant de la condescendance" de la part de "féministes bourgeoises blanches", à l'image de l'historienne Laurence De Cock...
Si vous restez dans le récit biographique, elles vont vous prêter attention. Mais dès que vous prétendez aller sur le terrain intellectuel, elles vont chercher à vous disqualifier. Je devais par exemple débattre avec Laurence De Cock dans une émission de Frédéric Taddeï, qui avait pourtant par le passé reçu Houria Bouteldja, Gabriel Matzneff ou Marc-Edouard Nabe. J'ai été décommandée pour des propos sur les réseaux sociaux. Taddeï a dû se dire que j'étais mal dégrossie. Mais ces bourgeois blancs progressistes savent bien qu'ils ne peuvent m'opposer les arguments misérabilistes. Contrairement à Laurence De Cock, je suis professeure à temps plein. Je suis "racisée", maghrébine et musulmane. J'ai connu la misère. J'appartiens au milieu populaire immigré dont ces bons bwanas prétendent se faire les hérauts et oeuvrer à lui donner une visibilité médiatique. Si j'avais été une rappeuse, on m'aurait encensée. Mais comme je veux aller sur leur terrain intellectuel, tous les moyens sont bons pour me disqualifier.
Vous déplorez que le féminisme universaliste soit souvent présenté comme étant vieillot. Pourquoi ?
Le dispositif médiatique imposé par les féministes intersectionnels consiste à dire que les féministes universalistes seraient blanches ou veilles, là où le féminisme intersectionnel serait inclusif, jeune et "racisé". Je suis "racisée", issue du prolétariat, et pourtant universaliste. Non, le féminisme universalisme n'est pas le fait de vieilles rombières blanches! Mais n'oublions quand même pas que ces supposées rombières nous ont obtenues tant de choses et ont lutté contre un Etat misogyne. Et ce sont elles qui restent les plus courageuses. Je trouve ainsi ça extraordinaire qu'une femme aussi différente de moi comme Elisabeth Badinter me considère comme son égale.
A propos d'Elisabeth Badinter, vous écrivez ces lignes émouvantes : "Dans mon parcours de vie, je n'ai rien de commun avec elle, hormis l'essentiel : le combat pour l'émancipation individuelle et collective. Elle n'est pas ma soeur, elle est une amie et une camarade de combat. Elle n'accomplit pas un acte de charité quand elle me parle. Je suis son égale. Et c'est la seule reconnaissance qui vaille".
Vous imaginez comme j'étais intimidée quand je l'ai rencontrée ! Mais Elisabeth Badinter est déroutante tant elle est simple. Elle sort sa vapoteuse, vous écoute et prête attention à ce que vous dites. Aujourd'hui, la mode est à la "sororité". Camélia Jordana sort un album avec Vitaa et Amel Bent intitulé Sorore. Mais comme le rappelle Romain Gary, la cellule familiale renvoie à une prison. C'est le premier lieu du patriarcat. Je ne veux pas subir cette injonction à être solidaires avec toutes les femmes simplement parce qu'elles seraient femmes.
Les adversaires d'Elisabeth Badinter lui reprochent souvent son statut social...
Françoise Vergès, une des idoles des décoloniaux, est millionnaire. Cette femme est descendante d'esclavagistes, mais s'est découvert une passion pour l'indigénisme. Ce n'est donc pas le "privilège" d'Elisabeth Badinter qui gêne réellement ses détracteurs.
Ce qui les énerve, c'est qu'elle aurait pu se contenter d'être une héritière qui fait de la charité pour le Louvre, à l'image d'une Liliane Bettencourt. Mais Elisabeth Badinter est quelqu'un qui ne cesse de travailler, et qui va laisser une oeuvre. Elle leur est odieuse parce qu'elle est d'abord une intellectuelle féministe et universaliste. Nous avons des désaccords. Elle est en faveur de la prostitution, je suis abolitionniste. Mais ça n'empêche pas le débat !
Pensez-vous qu'avec ce livre très personnel, le regard de certains de vos opposants va changer ?
Ces gens ne m'ont jamais lue, et ne me liront jamais. Mais c'est en tout cas le livre qui m'a le plus coûté à écrire. Et je peux vous assurer que je n'ai pas mis les choses les plus intimes, car chez nous, la pudeur est importante. Dans ma famille, on ne pleure pas en public. Quand j'ai témoigné pour mon frère aux assises alors qu'il était jugé pour braquage, il m'a regardé avec de la haine dans les yeux, parce qu'il ne voulait pas que je raconte la pauvreté et l'extrême-violence dans laquelle nous avons grandi. Mes frères ne sont donc pas ravis par ce livre.
Vous savez, ma famille, c'est une monarchie parlementaire à la britannique. Ma mère, c'est la reine d'Angleterre. Elle a un pouvoir puissant, mais qui n'est que symbolique. J'ai trois frères très pratiquants. Un qui va être candidat pour l'extrême droite, qu'on a essayé de dissuader. Un qui est membre du CCIF. Un témoin de Jéhovah. Résultat : on ne cesse de s'embrouiller au niveau politique. Mais au final, si j'ai un problème, je sais que mes frères seront là. Ça, c'est la famille, et cela reste précieux. Même si pour eux, cela les arrangerait souvent que je change de nom (rires).
"Les nostalgériades", de Fatiha Agag-Boudjahlat (Cerf, 140 p., 16 €).
Durant la nuit du 31 novembre 2012, j’étais sur le chemin du retour de chez ma tendre mère, quand, je fus accosté par une inconnue. Sa tête était voilée mais laissait apparaitre quelques mèches de ses cheveux noirs. Ses yeux étaient un amalgame de gris, de bleu, de noir et de vert. Un nez droit d’une statue antique remontait sa bouche fine mi ouverte, d’où jaillissait un sourire plus sucré que le miel du ciel. Et je me suis dit que cette femme ne devrait être qu’une fée évadée d’un conte. Ou peut-être une Houri d’un paradis. Elle était là, avec un haïk d’antan qui l’enveloppait et qui la rendait encore plus désirante que toutes les belles et douces princesses que les châteaux des monarques gardaient jalousement. La dame en question était revenue pour fêter le 1 er novembre de cette année et qui devrait avoir un goût un peu spécial. Sublime, elle avançait avec des pas sûrs. On dirait une biche au milieu d’une oasis. Elle était souriante et l’éclat de son visage rendait le lieu comme un jour sans lune et sans soleil. Son regard n’était qu’une caresse, une invitation à un monde merveilleux et féerique. C’était l’Algérie la Reine de toute l’Afrique. Elle était revenue à ma ville d’El Khemis pour juste m’inviter à l’accompagner à Alger, où tout le monde l’attendait. Elle avait honte de partir seule à la rencontre de tous ses amants, ses amis et fans. Elle voulait aussi lire un poème et faire passer un message à tous les responsables que toute âme quittera un jour ce monde et que le plus heureux est celui qui gère pas la misère des autres. Elle voulait aussi prévenir les vivants que les martyrs de l’Algérie ne sont pas des morts. Ils sont chez le Maître des deux mondes. Ils sont satisfaits. La belle Algérie était si élégante dans son kaftan blanc et j’avais la chair de poule en tenant sa main de soie et de velours. Alors, je me suis vite rappelé tous les martyrs qui avaient succombé au charme de cette Reine : L’Emir Abdelkader et son armée. El Mokrani et Cheikh Bouamama. Lala Fatna Nesoumer la tigresse du Djurdjura. Ahmed Bey et tous les héros qui avaient combattu pour elle. J’étais submergé par un flot d’images et je n’avais même pas le temps de reconnaitre toutes les personnes qui défilaient dans ma tête. Le documentaire inédit commençait par un attroupement de femmes au maquis qui préparaient de la galette et du café pour nos Djenoud. C’étaient des femmes qui avaient cru à l’indépendance et qui avaient contribué à côté des hommes pour l’obtention de notre liberté. Un peu plus loin se tenaient des essaims de Maquisards. J’avais vite reconnu leur chef qui n’était que le Lion Ben Boulaid. Il était si content de cette visite. Le Lion des Aurès avait toujours ce regard vif et cet air d’un père généreux et tendre. Il avait le pouvoir de reconnaitre la douce Algérie. Le grand Ben Boulaid savait que la construction d’un Etat de droit n’était pas une affaire facile et que la satisfaction de tous était un but utopique. En quittant le chef de la révolution nous avions accédé chez d’autres éléments de L’ALN. En effet, le camp du Tigre Amirouche était juste à la rentrée d’un ravin boisé. Le fabuleux Amirouche était un bel Homme fort et serein. Un personnage digne de respect et d’amour. Il m’avait pris dans ses bras et j’avais vite compris que cet homme était un vrai chef. Avant de quitter ce chef militaire nous avions eu la chance de saluer un autre lion qui n’était que l’unique et le brave colonel El Houas. Le camp voisin était celui d’un homme de ma ville natale : Le colonel Si M’hamed Bougara. Le héros était là, devant moi avec son sourire énigmatique. Le valeureux combattant de mon enfance était devant mes yeux et sans me retenir des larmes échappèrent et mes jambes perdirent le contrôle et j’allais tomber. Heureusement le fabuleux colonel Si Djilali Bounaama était tout près et m’avait aidé à reprendre mon équilibre. J’avais pris mon mal en main et j’avais discuté avec ces deux lions de la wilaya IV. La nuit tirait les pendules et il fallait voir les autres héros qui attendaient notre visite. A ma sortie de chez mes amis, je me suis retrouvé en face d’une grotte, où se tenait un autre groupe. Je m’étais rapproché sans faire de bruit et c’était vraiment une bonne surprise. C’était le chahid Zabana qui me tendait sa main pour m’éviter un piège. Le sourire comme d’habitude à la bouche et le coran à la main. Le premier guillotiné savait que son sang était répondu sur cette terre et que son nom avait aussi fait le tour du monde. Il était plus connu que son idole Zapata. En nous voyant au seuil de la grotte, Un officier était rapproché de nous pour nous inviter à le suivre à l’intérieur. C’était un certain Djilali Boudernane, le héros de la ville de « mille chahid » : théniet el had de la wilaya de Tissimsilt. En pénétrant encore plus, grande fut ma surprise, car le chef de ce groupe était Abane Ramdane. Le génie qui avait préparé le congrès de la Soummam et ce dernier venait de m’inviter à venir m’asseoir à côté de lui. Il était si beau et ses paroles étaient buvables telle une tisane au miel. J’avais absorbé ses propos et j’ai vite compris pourquoi ce génie avait tant de jaloux. Il voulait juste que la nouvelle génération sache que son unique vœu était la libération de l’Algérie et que Dieu avait exaucé son vœu. En quittant Abane, un autre officier était là, pour m’aider à passer à un autre endroit un peu mystérieux. En entrant à la seconde grotte je ne voyais pas bien, mais je savais que deux hommes voulaient me voir. En effet, le colonel Lotfi était là, à m’attendre avec le héros Chaabani. Ils étaient en tenu militaire. Le colonel Chaabani m’avait invité à partager son repas. C’était un Lion fier qui ne reculait devant rien. Il était heureux d’avoir participé à la guerre de libération de son pays. Son ami Lotfi, le sourire à la bouche paraissait très heureux pour la victoire de sa patrie, mais il n’avait rien dit. Quinze minutes plus tard, une jeune femme était venue pour nous emmener voir d’autres responsables. Le premier de ces hommes n’était rien que le fabuleux Larbi Ben M’hidi. Un homme que j’avais rêvé de juste lui dire comment il avait étonné tous les généraux Français. Avec son sourire courtois, il m’avait tiré dans ses bras pour m’avouer que sa force était spirituelle et que sa foi en Dieu était plus forte. Il venait de m’apprendre qu’il était mort sur la table de torture et qu’il avait su battre ses bourreaux qui n’avaient rien gagné de sa mort, sauf la haine et le mépris des Français eux-mêmes. Au fond de la grotte j’avais pu faire la rencontre du reste de la troupe des chouhada : Didouche Mourad, Audin, Ziroud Youcef, Ali la pointe, Issat Idir, mohamed Bouras, Hassiba Ben Bouali, Souidani Boudjemaa, Ali Mellah, Belouazdad,, et d’autres héros connus et d’autres inconnus du grand public. Cette fiction a été inventée pour juste vous renseigner sur notre éloignement du serment fait aux martyrs. Une imagination qui devrait nous protéger contre la France qui avait juré de nous ruiner tôt ou tard. Cette France qui avait entravé toutes les bonnes démarches que l’Algérie avait entamé pour l’unité des pays maghrébins. Cette France qui avait encouragé Le Maroc à prendre le Sahara Occidental et de n’écouter que sa propre raison. Ce Roi du Maroc qui gagnerait tout s’il avait freiné ses ambitions démesurées. Ce Roi du Maroc aurait l’aide et le soutien de sa sœur ainée l’Algérie. Il ne fallait pas écouter les la voix de la France qui voulait régner au nord de l’Afrique en le divisant. La France qui avait investi en Tunisie et qui avait acheté l’honneur des notables d’une part et en semant son venin au cœur des démunis d’une autre part. Elle voulait que l’Algérie coule après 50 ans. Cette France la revoilà à nos frontières du Sud pour juste commencer une guerre sans fin et que notre pays s’embrase à nouveau et que les avions de l’OTAN viennent pour détruire nos bases de vie sous prétexte de bavures. Ils savent tous que nous sommes riches et ils sont à nos frontières pour nous protéger contre le vent et notre pays doit payer une taxe qui se résume à des milliards de dollars. C’est la mafia internationale qui menace les pays riches, mais qui ne possèdent pas les armes nucléaires. Il faut prendre en compte que la crise qui touche certains pays d’Europe aura des répercussions sérieuses sur notre pays et les Algériens devraient prendre conscience de ce danger imminent qui nous menace ? Aujourd’hui, nos ennemis tuent nos frères à Ghaza et aucun pays Arabe n’a eu le courage de critiquer ouvertement cet Etat voyou qui assassine des enfants et des femmes. Cependant, tant de pays Arabes étaient pour le renversement du régime Syrien et ils avaient eu l’audace d’armer les enfants d’un même pays pour s’entretuer. On jubile pour le départ du président Syrien, car il est l’ami des Iraniens, mais on oublie ceux qui méritent le soutien et l’aide. Ceux qui mènent une guerre avec des pierres contre des obus de tank. Il est temps pour nous les Arabes de dire non à tous ces faux amis qui ne sont chez nous que pour semer la discorde. Nous avons l’amour de Dieu, car sous nos terres nous avons des trésors. Alors, nous devrions scruter les cieux pour l’installation de nouvelles technologies, telles les énergies éoliennes et solaires. Nous avons tout pour réussir un essor qui nous mettra à l’abri de nos ennemis qui attendent la moindre faute pour revenir nous coloniser comme ils l’ont fait en 1830. Donc, ce premier novembre 2012 devrait être un événement spécial qui nous rappelle nos fautes et notre égarement du droit chemin. Un rappel qui nous offre la chance d’une révision de notre carte de route. Un retour vers la démocratie réelle et non pas celle du maintien du clanisme et de la répression.
Laissons de côté ce sujet écœurant et revenons à cette fameuse nuit et mon aventure avec cette Reine. La douce femme qui m’accompagnait avait assisté à toutes mes rencontres. Elle était si triste et si touchée du film qui venait de passer sous ses beaux yeux. La douce femme ne voulait plus partir sur Alger qui était notre première destination. Elle n’avait pas aimée tous ces dépenses inutiles et qui avaient dénaturé cet événement qui devrait être purement historique pour éveiller le sentiment du patriotisme chez la nouvelle génération. Un événement qui devrait aussi frapper les consciences des hommes qui sont au pouvoir : Qu’est-ce qu’ils ont fait de l’Algérie ? La dame voulait que cet événement touche les cœurs et les esprits. Sans trop tarder, un vent formidable était venu de je ne sais où, pour nous transporter vers un ailleurs. En ouvrant mes yeux, j’ai reconnu l’endroit grâce à ce palmier qui décorait le lieu. Nous étions au Mausolée de Sidi Lakhdar Ouled Ekhlouf à Mostaganem. Je me suis dit que cette femme ne devrait être que Nedjma de Kateb Yacine. Je m’attendais à revoir le nègre protecteur de la tribu des Kelbout. Je me prêtais à voir la forêt du Nador de Guelma et Souk-Ahras. Non, Il n’y avait pas de nègre, mais juste une femme nommée Nekhla. Après le diner, la femme qui m’accompagnait avait entendu des appels qui venaient du dehors. Sans un mot, elle était partie. Le lieu était si doux et j’entendais des voix qui lisaient du coran. J’avais pris un livre d’un étalage et sous l’éclat de la lumière d’une bougie je m’étais mis à lire sourate El Moulk. Sans prendre conscience, je m’étais endormi sous l’envoûtement du lieu et je me voyais dans la cour du mausolée avec le maitre des lieux. C’était un homme d’un certain âge et je ne pouvais discerner les contours de son visage, car il y avait comme un éclat auquel je ne pouvais faire face. Le saint homme était venu pour juste m’inviter à revenir me ressourcer chez lui quand je ressentirai le besoin. Il venait de m’apprendre que la Reine qui était avec moi voulait le retour aux sources et aux traditions. Que l’Algérie souffrait du problème de la défaillance des consciences chez les citoyens. Nous assistons au départ des nobles valeurs. On ne valorise plus le savoir. On n’applique la loi que sur les faibles. Les riches ont tout corrompus. Les menteurs et les escrocs ont pris les postes de commandes, les élites ont pris la fuite et le reste contre la pauvreté mène la lutte. En me réveillant j’avais ressenti le désir pressent d’écrire quelque chose pour apaiser mon chagrin. Je voulais que cette Reine sache l’amour que j’avais pour elle. Tu dois savoir douce Algérie que mon amour vient d’un cœur de chair et que tu restes l’amante, la sœur et la mère. Tu dois Apprendre aussi, que ton amour est plus sucré et plus doux que le miel du ciel. O toi la rose qui ne fait que me fuir ? Cela fait des années que je cherche ta voie, pour juste écouter le timbre de ta voix. Ton silence de musée fait de toi une femme sage, qui tue ses amants de tous les âges. Et oui, tes paroles, douce Algérie ne sont que des parfums cueillis d’un jardin inconnu. Tu es cette histoire de Houri évadée d’un conte et moi tel Homère je la conte à ce merveilleux beau monde qui m’écoute, afin que tu demeures éternelle. Tu es cet amour entre la rosée et la fleur. Tu es cette passion entre une vague et un vieux rocher. Tu es ce langage divin entre les nuages et les monts. Tu es le repos d’une mosquée et la quiétude d’un quai. Tu es cette étoile qui poursuit son chemin sans tenir compte des radotages des envieux. Tu es le soleil d’un jour pluvieux. Je t’ai aimée jeune et je t’aimerai davantage en étant plus vieux.
Dis-moi comment te séduire o toi femme qui me fait tant courir ? J’ai juste envie de te revoir pour te parler de ce soir. Pour juste humer ton parfum de gazelle, sous le regard captivant de tes beaux yeux gris et noirs. J’ai toujours adoré fouiner dans tes notes. Je voulais lire les noms de tous tes amants. Je voulais connaitre les noms de tous les aèdes et de tous les écrivains qui avaient assez de courage pour dénoncer les affres des colons et ensuite les déviations de certains djenoude. Je voulais t’écrire des missives nocturnes pour t’informer des pilleurs de ta fortune. Ceux qui prétendaient êtres tes héritiers et qui avaient dilapidé tes richesses sans relâche et sans pitié. O toi douce Algérie que j’ai tant aimée. Toi l’amante, la sœur et la copine. Mon cœur ne peut retenir l’ampleur de cette douleur. Il ne peut tolérer les cris moqueurs, ni les coups bas d’une poignée de loups débarqués de je ne sais où et qui font la pluie et le beau temps. Tes vrais héros je les connais et je suis fier de les rencontrer dans mes rêves, mes lectures et mes évasions nocturnes. Je connais aussi les noms des lâches et des traitres. J’irai apprendre la critique littéraire, la prose et la poésie chez notre professeur en littérature Hadj Nacer Malika. Pour juste avoir une place au palais du savoir, au moment où les gens d’aujourd’hui font la course derrière l’argent et les bourses. Ils font la queue pour juste dénicher un siège dans une mairie et faire des affaires sur le dos du peuple. Pour toi l’Algérie j’irai me battre avec les géants et je ferai jaillir la lumière du néant. Dis-moi douce Algérie comment te séduire et comment t’aimer aussi fort. Montre-moi comment pardonner à tous ces responsables qui avaient manqué à leur devoir. Comment faire passer mon respect et mon admiration pour les vrais moudjahine qui avaient tout donné pour ce pays. Douce Algérie, enseigne-moi la voie du pardon afin que mon cœur se vide de toute cette rancune. Montre-moi le chemin de l’oubli et de la réconciliation. Tu sais bien que mon cœur n’est qu’une fleur et que ma tête n’a qu’un secret : celui de t’aimer tout en versant des pleurs. Douce Algérie, qui me laisse solitaire. Douce image charmante et évanouie. Rose parfumée par le vent d’automne, au fil des ères toujours épanouie. Lors que s’enfuit rapidement une sirène, triste, triste est le marin, qui reste seul avec ses douleurs et ses peines, qui s’abandonne à son malheur et chagrin. Souvenir, amer et cruel souvenir. Le grand bonheur fait de tant de tendresse, qui ne devait jamais finir, pleure aujourd’hui sur ma détresse. Demain, j’irai au mont pour parler au ciel. Humble, je me prosternerai. Soumis, devant vous, l’Eternel. Vous le savant, de mes peines et mes cris. L’Unique et le Maître de nos destins. Et pour toi, l’Algérie, je prierai, quand naîtront les beaux matins, et que la brise berce les douces prairies.