Un livre témoignage des plus essentiels
Le devoir de mémoire est la principale motivation qui a poussé Tayeb Amrouche, ancien moujahid, à témoigner et nous restituer dans le moindre détail son parcours de militant chevronné comme infirmier au maquis...
Aujourd'hui, âgé de plus de 82 ans, il décide de rendre publique son expérience dans la guerre d'Algérie. C'est en passant avec sa famille par Hammam Melouane il y a une vingtaine d'années que tout s'est enclenché en lui, tou ses souvenirs restés intacts sont remontés à la surface. Avec moult détails, l'homme qui a tôt été mû par l'envie de monter au djebel raconte ses mésaventures ou comment il a été sensibilisé à la cause nationaliste pour défendre l'honneur de son pays et partant, soigner ses camarades d'armes. Il n'a, en effet, que 17 ans lorsqu'il rejoignit les moudjahidine en activant d'abord dans les réseaux clandestines jusqu'à son arrestation et sa condamnation à trente-six mois de prison à Serkadji- Barberousse.
Entré pour se soigner pour cause de problèmes aux poumons, il en ressort formé comme aide-soignant. Au lieu de retourner pointer à la gendarmerie tous les jours, comme il lui aura été signifié par la police française, Il décide alors de partir sur le champ au maquis. Ainsi, à sa sortie, il prit le chemin du maquis pour combattre comme infirmier, jusqu'à la fin de la guerre. Dans ce livre témoignage intitulé « De Barberousse aux casemates du maquis. À peine 17 ans et, déjà, dans les réseaux de la révolution», l'auteur témoigne avec de menus détails ce qui va lui arriver, comment il est accueilli, comment il arrive à déjouer les plans de l'armée française, comment il sera amené à sauver des vies avec peu de moyens.
Hommage aux anonymes
Il n'omettra jamais de rendre hommage à ces gens anonymes des douars qui ont consentis des sacrifices énormes pour prendre soin des moudjahidine et participer comme ils pouvaient à la guerre d'indépendance. Tayeb Amrouche aura aussi une pieuse pensée pour sa mère et sa soeur qui l'ont aidé dans sa mission au départ, avant de partir au maquis, conscience du devoir que Tayeb accomplissait ainsi que ses amis moudjahidine qu'il ramenait à la maison. Avec un oeil plutôt objectif, Tayeb aura à décrire le caractère psychologique de ses compagnons de fortune, du bon au moins bon, du mauvais au plus dangereux, tout en égayant souvent son récit de nombreuses, anecdotes sur le geste héroïque qu'accomplissaient ces moujahidine, mais regrettant parfois le dépassement de certains d'entre eux et leur caractère. Cependant, il aura à toujours souligner leur sens irréprochable du patriotisme et leur dévouement exemplaire pour la patrie. Ainsi, l'auteur parvient à «humaniser» tous ces personnages comme dans un véritable film de fiction, nous les rendant encore plus proches. Et dire que tout ceci n'est en fait que la réalité! En effet, doué d'un sens aigu de la narration, l'auteur réussit à capter notre attention avec la description de tous ces combattants dont il se rappelle encore le nom pour beaucoup d'entre eux, la description de ces paysages, douars et kacemate, jusqu'au visage de ces malades dont il fera un devoir de soigner et de soulager les maux.
Un travail d'anthropologie
Tayeb Amrouche nous invite ainsi à le suivre dans son parcours de militant chevronné, déterminé à poursuivre son chemin de combat et ne jamais fléchir ou revenir en arrière. Ainsi, il se révèle sous sa plume comme un vaillant soldat mû par une véritable noble cause, celle de sauver des vies humaines pour que ces derniers puissent, à leur tour, sauver et libérer le pays du joug colonial. Tayeb Amrouche aura toujours ce sentiment de compassion et parfois d'admiration envers ses amis, sa famille, ses femmes, vieux et enfants des hameaux voisins qui donnaient tout ce qu'ils avaient pour que vivent les moudjahidine. Ainsi, nous réalisons combien la vie dans les montagnes et les régions isolées était si difficile et rude, ajouté à cela la pauvreté extrême de ces populations et leur dénuement total. Partant de cette démarche, Tayeb Amrouche, réussit à établir un vrai travail d'investigation et d'anthropologie à lui tout seul.
Son livre se veut un document précieux pour l'inscription de notre histoire dans les annales et sa transmission pour les jeunes d'aujourd'hui, y compris les générations futures. Son récit se veut imagé et profondément touchant qu'on ne peut que prêter attention à toute cette armada de personnages qui reprennent vie sous l'écriture de Tayeb Amrouche. Des individus qui nous sont restitués avec précision tel dans un film de guerre qui se passe sous nos yeux.
Un engagement sans faille
Un livre nécessaire qui aura été sans doute bien douloureux à son auteur, mais qui l'aura aidé sans doute à se libérer peut être d'un lourd fardeau, celui de porter à lui seul, ce passé, ses épaules et ne pas le partager avec autrui. En soi, un acte, un véritable acte de générosité doublé de bravoure. Un acte utile, salvateur et salutaire. Un livre des plus essentiels donc! Tayeb Amrouche est né le 23 octobre 1939 au Gué de Constantine, un quartier situé dans la commune de Kouba. Le jeune Tayeb prendra très tôt conscience de la nécessité de s'entraider quand on est une famille nombreuse. Composé de sept garçons et une fille, sa famille était loin d'être aisée. Son père travaillait comme ouvrier dabs une briqueterie, Axiak, appartenant à un colon, du nom de Caryol, qui était en même temps maire de Kouba. Apres de longues années d'épargnes, son père réussit à acheter un bout de terrain et bâtir une petite maison au lotissement Michel, aujourd'hui Haï El Badr. C'est juste à cette période, âgé de 17 ans, que son engagement indéfectible pour le pays se mettra en marche, pour continuer à s'accroitre et ne jamais fléchir...
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