"Le Premier Homme" revient sur le passé d'Albert Camus pour comprendre d'où il vient et qui il est. Il évoque la vie dure, l'école libératrice, la passion de vivre, et dessine une Algérie tendue d'où sont en train de s'effacer les rêves de paix.
Roman inachevé et publié après sa mort, Camus médite longtemps ce qu'il envisage comme le grand roman de sa maturité. Si le projet se précise à partir de 1953, c'est en 1958-59 qu'il entame une phase décisive de son écriture, qui sera brutalement interrompue par sa mort, le 4 janvier 1960. Nourri de l'expérience propre de Camus, Le Premier Homme n'est pourtant pas une autobiographie ; c'est l'histoire d'un homme qui, à 40 ans, revient sur son passé pour comprendre d'où il vient et qui il est. En l'écrivant, Camus ressuscite une enfance pauvre mais heureuse parmi les petits-blancs d'Alger.
Alger. Une charrette cahotée dans la nuit transporte une femme sur le point d'accoucher. Plus tard, naît le petit Jacques, celui-là même que l'on retrouve dès le second chapitre, à 40 ans. Devant la tombe de son père, visitée pour la première fois, il prend soudain conscience de l'existence de cet inconnu. Dans le bateau qui l'emporte vers sa mère à Alger, commence la brutale remontée dans cette enfance dont il n'a jamais guéri. Les souvenirs de l'école, de la rue et de la famille jaillissent, faits de soleil et d'ombre. Mais à l'ombre et à la misère, il découvre qu'il a répondu, toujours, par une "ardeur affamée", une "folie de vivre" indéfectibles malgré ce père qui lui a manqué.
Comment tout homme est un "premier homme" qui apprend à vivre. Un sommet...
Une conférence enregistrée en 2014.
Agnès Spiquel, professeur émérite, présidente de la société des études camusiennes.
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