L’ancien ministre algérien des Affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika discutant avec le ministre français de l'Industrie et du développement scientifique et négociateur François-Xavier Ortoli lors de sa visite en France, le 20 janvier 1971. © AFP
Le 24 février 1971, Alger tirait un trait particulièrement symbolique sur la période coloniale en nationalisant l’exploitation de son pétrole, jusque-là majoritairement contrôlée par des sociétés françaises.
« Nous avons décidé souverainement de nationaliser les hydrocarbures ». C’est par cette formule directe que le président algérien Houari Boumediène l’une des principales sources de revenus de l’Algérie indépendante dont une bonne part était encore sous contrôle français.
Lors de son discours prononcé au siège de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), dont on fêtait ce jour-là le quinzième anniversaire, le président ajoutait qu’il s’agissait « de porter la révolution dans le secteur du pétrole et de concrétiser les options fondamentales [du] pays en ce domaine ». « Il serait plus équitable, pour les investissements dans la recherche pétrolière, poursuivait-il, que les profits réalisés dans notre pays soient au moins dépensés sur place ! »
Secteur stratégique
Le président de la jeune république fraîchement émancipée n’en faisait pas mystère : en donnant ainsi leur congé à Elf (Erap à l’époque) et Total, il parachevait la lutte contre la tutelle coloniale et pour la souveraineté pleine et entière de son pays. La décision n’était d’ailleurs qu’une conclusion : en 1968 déjà, les sociétés américaines avaient été contraintes de céder le contrôle à Alger. Le bras de fer avec les compagnies françaises était naturellement plus symbolique et plus complexe, il avait donc duré un peu plus longtemps.
Le processus de prise de contrôle par l’État algérien des principaux secteurs économiques – en particulier les industries extractives – avait en vérité débuté peu de temps après l’indépendance de 1962, au terme de laquelle était reconnue la souveraineté du pays sur le Sahara et ses ressources naturelles. En 1966, les autorités avaient ainsi nationalisé les mines, le fer, le phosphate, le plomb, le zinc et le marbre. En 1967, ce fut le tour des grandes compagnies étrangères présentes dans le secteur des services : banques, assurances, transports…
24 février 2021 à 10h13
https://www.jeuneafrique.com/1126208/economie/il-y-a-cinquante-ans-la-nationalisation-du-petrole-algerien/
Ce jour-là : le 24 février 1971, Houari Boumédiène annonce la nationalisation des hydrocarbur
Mohamed Ben Brahim Boukharouba, dit Houari Boumédiène, alors ministre de la Défense à Alger (Algérie), en septembre 1962 © Archives Jeune Afrique-REA
Suite au refus des compagnies pétrolières françaises de renégocier les prix, le président Houari Boumédiène prend la décision, déjà amorcée, de nationaliser les hydrocarbures algériens. Retour sur ce tournant de l’histoire algéro-française, neuf ans après l’indépendance.
« Il serait plus équitable, pour les investissements dans la recherche pétrolière, que les profits réalisés dans notre pays soient au moins dépensés sur place ! » Ces paroles, prononcées le 24 février 1971 par Houari Boumédiène amorcent la « décolonisation pétrolifère », selon les termes de Benjamin Stora, professeur d’histoire du Maghreb contemporain dans son ouvrage Histoire de l’Algérie depuis l’indépendance (éd. La Découverte, 1994).
À compter de cette date, l’ensemble des gisements naturels de gaz et de pétrole, tout comme les oléoducs et les gazoducs, sont nationalisés.
Un monopole pour la Sonatrach
En devenant le propriétaire exclusif des richesses du sol et du sous-sol, l’État algérien abandonne le système des concessions au profit d’une prise de contrôle à 51 % des deux sociétés pétrolières françaises présentes, Elf (anciennement Erap) et Total (CFP). Suite à cette décision, seul Total, implanté sur le territoire algérien depuis 1952.
La Société nationale pour la recherche, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures (Sonatrach) détient le monopole sur l’exercice des activités pétrolières à travers l’exclusivité des permis de recherche et concessions d’exploitation. Benjamin Stora voit dans cet acte « une radicalisation des choix stratégiques du pouvoir au plan politique ».
Nationalisation des activités américaines
À l’indépendance, en 1962, la souveraineté de l’Algérie sur le Sahara et ses richesses naturelles est reconnue par des accords de concessions, renouvelés par l’accord d’Alger, le 29 juillet 1965. Ces accords stipulent que les sociétés Total et Elf doivent reverser à l’État algérien une partie de leurs bénéfices sous forme d’investissements ou d’impôts directs.
24 février 2018
https://www.jeuneafrique.com/534985/politique/ce-jour-la-le-24-fevrier-1971-houari-boumediene-annonce-la-nationalisation-des-hydrocarbures/
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