Depuis quelques années, en Algérie, les mémoires d’anciens militants duFLN et de l’ALN sont devenues un genre littéraire très productif. Des personnalités telles que Yacef Saadi, le Commandant Azzedine, Ali Kafi, Abderrezak Bouhara, Abdelhafidh Amokrane (Meynier, 2002) ont donné une version de leur passé de militants et de maquisards. Dans leur majorité, ces publications proposent une histoire magnifiée du militantisme algérien allant dans le sens de l’histoire officielle ; une histoire conformiste et hagiographique. La proximité de ces acteurs avec les sphères du pouvoir en place ne permet pas l’usage d’une liberté de ton et encore moins d’échapper aux grilles de lecture nationalistes sur la guerre d’Algérie.
2Les témoignages originaux et hors normes restent rares. Peu d’acteurs-témoins, qualifiés de « témoins hors normes » (Meynier et Jauffret, 2004) échappent au conformisme. Les témoignages comme ceux de Mohand Arab Bessaoud, Mohamed Benyahia, Saad Dahlab, Ali Zamoum, Mohamed Lebjaoui, Hocine Aït Ahmed (Meynier, 2002) demeurent encore exceptionnels.
3L’année 2004, qui coïncide avec le 50e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération en Algérie, (1er novembre 1954), a vu un regain d’intérêt éditorial pour l’histoire de cette guerre. Compte tenu de l’abondance des écrits d’acteurs et de leur caractère répétitif nous avons procédé au choix de certains ouvrages qui nous ont semblé les plus significatifs.
- 1 ATTOUMI Djoudi, Le Colonel Amirouche entre légende et Histoire. La longue marche du lion de la Sou (...)
- 2 MERARDA BENNOUI Mostéfa (commandant), Sept ans de maquis en Aurès. Témoignages et positions sur la (...)
- 3 SAIKI Mohamed, Chronique des années de gloire. Les mémoires d’un capitaine de l’ALN, Oran, édition (...)
4Nous avons sélectionné trois ouvrages : Le Colonel Amirouche entre légende et Histoire. La longue marche du lion de la Soummam. Témoignage authentique d’un ancien officier de l’ALN en Kabylie 1956-19621, de Djoudi Attoumi ; Sept ans de maquis en Aurès. Témoignages et positions sur la marche de la révolution dans la wilaya I2du Commandant Mostéfa Merarda Bennoui ; Chronique des années de gloire. Les mémoires d’un capitaine de l’ALN3, de Mohamed Saiki. Quels sont les critères de notre choix ?
- 4 Djoudi Attoumi est né en 1938 à Aït Oughlis, Sidi-Aïch, en Petite-Kabylie. Militant du MTLD, il re (...)
- 5 Mostéfa Merarda Bennoui, commandant de l’ALN, né en 1928 à Ouled Chelih, Batna. Il rejoint, le 14 (...)
- 6 Mohamed Saïki, capitaine de l’ALN en Wilaya IV (algérois), né en 1932 à H’djar djebel dirah dans l (...)
5Nous avons tout d’abord privilégié des ouvrages qui ont été écrits en Algérie et par des Algériens. Nous avons, ensuite, choisi de centrer notre propos sur ce genre devenu à la mode : les mémoires. L’appartenance de ces auteurs à l’armée de libération a été notre troisième critère. Ces derniers ont tous été des « militaires », des « militants en armes » comme ils aiment se nommer. À l’exception de Djoudi Attoumi4qui a milité au MTLD, les deux autres ont évolué au sein du FLN-ALN comme unique cadre de référence politique avec des grades et des fonctions différents : Commandant et chef de wilaya par intérim5, capitaine et chef de zone6et officier subalterne. Ayant rejoint les maquis entre novembre 1954 et octobre 1956, ils ont tous vécu la guerre d’indépendance de l’intérieur, c’est-à-dire en Algérie, jusqu’à l’indépendance du pays. Le dernier critère, enfin, est leur appartenance régionale ainsi leur que lieu de combat : Wilaya I (Aurès-Nmemchas), Wilaya III (Kabylie), Wilaya IV (Algérois). Ils ont puisé leur expérience politique et militante dans des unités combattantes de l’ALN et nous livrent, quarante deux ans après l’indépendance, des détails importants sur leur vie, sur celle de leurs camarades dans les maquis et sur les « grandes » figures militantes qu’ils ont connues et côtoyées. Les données et informations contenues dans ces mémoires sont, aujourd’hui, des références incontournables pour les historiens qui projettent d’écrire l’histoire de l’ALN.
6Un des éléments les plus intéressants de cette littérature est de constater que le FLN regroupait des militants aux itinéraires variés et aux sensibilités différentes. L’élargissement de la base du nationalisme a joué un rôle majeur dans la consolidation du FLN et dans sa prééminence sur ses adversaires.
7Si nous nous penchons sur ce genre littéraire, encouragé par ailleurs par la presse et qui envahit les librairies algériennes, c’est pour tenter d’analyser les changements dans les représentations de la guerre d’Algérie et du passé national à la fois par les tenants du pouvoir actuel et par les acteurs de cette guerre. Comment, quarante ans après l’indépendance, l’évolution s’est-elle effectuée ?
8Quelle que soit la wilaya à laquelle ils appartiennent, les témoins conçoivent leur expérience comme celle d’une grande famille avec ses querelles et ses conflits mais soudée grâce aux liens ethniques et religieux. Ce qui exclut toute possibilité de réflexion autonome et critique et même le sens de la responsabilité individuelle. Or, il semblerait à la lecture de ces ouvrages, que nous pouvons observer une tendance à sortir de cette relation symbiotique et consensuelle. Mais est-ce totalement le cas ?
Le passé revisité ou la nécessité de « se débarrasser du négativisme et du dénigrement »
9Même si les motivations avouées de ces témoins sont en particulier « le désir d’exposer les faits […] qui se sont déroulés […] durant la glorieuse révolution armée » (Bennoui) ou celle de « relater les souffrances du peuple et des combattants, leurs sacrifices, les hauts faits d’armes de l’ALN et le courage de nos djounouds (soldats), ainsi que les crimes des soldats français » (Attoumi), il serait naïf de croire à une démarche spontanée. Quelles sont les motivations réelles ? Qu’est ce qui a permis à ces acteurs de parler après un si long silence ? Pourquoi la parole s’est-elle libérée ? Pourquoi écrivent-ils et comment le font-ils ?
10Nous tenterons de donner des réponses à ces interrogations sans pour autant prétendre à l’exhaustivité.
11Les auteurs ne s’expliquent pas sur les raisons de leur silence. Celui-ci ne peut pas être imputé à la seule répression de la parole. Silencieux depuis l’indépendance, ils estiment être en droit, maintenant que la parole se libère, de procéder à des mises au point sur des péripéties de la lutte ou sur certains rôles individuels qu’ils estiment peu conformes aux faits. Une des principales raisons de leur silence est certainement leur intégration aux appareils de l’État et la promotion sociale dont ils ont bénéficiées. Les statuts et promotions souvent spectaculaires acquis depuis l’indépendance justifient en grande partie leur silence.
12Les acteurs « tombés au champ d’honneur » ou survivants sont évacués pour laisser place à des slogans comme « le seul héros, le peuple ». Certains des témoins que nous avons choisis, ont composé avec Boumediene en acceptant des postes honorifiques dans l’administration ou dans l’armée. Leurs relations avec le pouvoir central les incitaient à la prudence et à l’usage systématique de la langue « de bois ». Écrasés par le poids de la censure et de la manipulation de l’histoire, qu’ils ont, par ailleurs cautionnées pour la plupart d’entre eux, ces anciens combattants attendaient, certainement, le moment propice pour écrire leur « vérité ».
13Nombreux des événements vécus dans les maquis ne sont pas « glorieux » ; à l’image des assassinats des combattants par leurs frères d’armes, des purges, des massacres de civils, de la course au pouvoir et de ses conséquences négatives sur la marche de la guerre de libération… Comment ces auteurs peuvent-ils alors raconter leurs itinéraires en évacuant toute la face sombre de la lutte ; une lutte voulue idéale et exemplaire ? Comment rappeler que le combat contre le colonialisme frayait la voie à de nouveaux intérêts, nationaux ceux-là ? Comment dire que le peuple, en certains endroits, a rejoint le parti du FLN par la force et la violence ? Nous sommes face à un passé « qui ne peut pas passer », à une mémoire qui ne désire pas s’exposer au regard du grand public, une mémoire réservée (Douzou, 2005).
14Ces auteurs n’abordent ni le problème des comportements brutaux qui existaient entre compagnons de maquis ni celui de la violence qui s’exerçait entre eux et sur les civils. Comme si en évoquant ces aspects-là, on disqualifiait la cause et la légitimité de l’indépendance alors que, objectivement, dans les faits, on ne disqualifie que le rôle des acteurs.
- 7 Sur l’image du moudjahid, voir CARLIER Omar, « Le moudjahid, mort ou vif ? », in ROSENMAN et VALEN (...)
15S’ils décident de narrer leur expérience dans le combat armé contre le colonialisme français c’est, pour prévenir, dans un premier temps, l’oubli. Car le temps qui s’écoule joue inéluctablement contre eux et rend évanescents leurs sacrifices et ceux de leurs camarades morts au maquis. Il leur semble que leur parcours et celui de leurs camarades (morts ou vivants) sont de plus en plus relégués dans l’oubli. Il est vrai que les générations nouvelles ont tendance à remettre en cause les privilèges acquis grâce à leur statut7. Elles critiquent les anciens combattants restés au pouvoir depuis plus de quarante ans et qui n’en finissent pas de s’accaparer des richesses du pays en laissant la population se paupériser. Les moudjahidin sont aujourd’hui contestés. Cette contestation s’est manifestée avec violence et les jeunes générations lézardent les mythes constitués autour du moudjahid. Le héros est perçu comme profiteur et corrompu.
16Dans un deuxième temps, ces récits de vie sont une réponse à leurs détracteurs et à tous ceux qui, selon eux, ont déformé le passé de la « glorieuse révolution ». Ils remettent en question certains écrits d’acteurs militants et d’historiens qui leur semblent erronés. Ils estiment, tous, qu’il est de leur devoir de « mettre à jour la vérité » du passé de l’Algérie, de « rétablir certaines vérités », « remettre les choses à leur place » ou tout simplement se justifier. Mais pas seulement. Le passé, comme nous le verrons, a été convoqué pour expliquer le présent. On se sert du passé pour régler des contentieux hérités des sept années de guerre et la mémoire, par ses aspects utilitaires, sert dans les débats politiques d’aujourd’hui et de demain.
17Chacun estime que son itinéraire a été plus ou moins falsifié et chacun des compagnons essaye de tirer la couverture à lui et de s’établir dans une position honorable au détriment de ses anciens camarades. Dans la lutte pour le pouvoir et la répartition du « gâteau national » le lien national est fortement éprouvé. Dans ce jeu de rivalité et de concurrence entre les élites, on assiste à une régionalisation et à une personnalisation des antagonismes.
- 8 KAFI Ali, Du militantisme politique au dirigeant militaire, Alger, Casbah éditions, 2002. Le colon (...)
18Djoudi Attoumi estime qu’on a porté atteinte à l’image du colonel Amirouche qui est montré, à tort, comme « cruel et sanguinaire ». Il s’est donné comme mission de « le montrer sous son vrai visage ». Il dénonce entre autres, le colonel Ali Kafi8qui a « osé l’accuser d’avoir liquidé 2 000 cadres de la Wilaya III ».
19Le commandant Bennoui s’élève contre ceux qui « tendent à dévaloriser la place de la wilaya I ». Il tente de réhabiliter les cadres, dont Adjoul Adjoul, de l’Aurès-Nmemcha injustement accusés de dissidence. Lui-même se considère comme une victime de ces accusations portées par les commandants Ali Souaai et Tahar Zbiri. Il apporte, par ailleurs, plusieurs explications à cette dissidence : les conflits « surgis au plus haut niveau de la direction de la révolution » entre partisans et opposants au congrès de la Soummam ; et les tentatives de neutralisation des responsables de cette wilaya pour contrôler la frontière Est. Il récuse les écrits de ceux qui accusent les Auréssiens de tribalisme. Il y a effectivement un aspect à prendre en considération. Toutes les secousses qu’a connues la wilaya I ne s’expliquent pas uniquement par les thèses ethnologiques de rivalités de soff contre soff ou de tribu contre tribu. Expliquer la crise qu’a connue la wilaya I uniquement par des causes internes à cette région c’est, selon Bennoui, « passer sous silence les graves questions qui se posaient à la révolution après son déclenchement ». Pour toutes ces raisons il souhaite « débarrasser l’histoire de l’Algérie du négativisme et du dénigrement ».
20Mohamed Saïki récuse les témoignages, selon lui, « plus que douteux », d’anciens officiers de sa propre wilaya, la IV. Parmi ces cadres qu’il accuse d’affabulation, un est particulièrement désigné : le commandant Rabah Zerari dit Azzedine à qui il consacre plusieurs pages. Il lui reproche de n’avoir pas résisté à la torture, lors de son arrestation en novembre 1958, et d’avoir signé un appel à se rendre. Il lui dénie le statut de héros. Le héros, selon Saïki, c’est celui qui résiste à la torture, qui meurt sans révéler les secrets de l’organisation, qui ne dévie pas et qui ne foule pas « au pied sa foi et son idéal ». Il ne lui pardonne pas d’avoir parlé, dans ses mémoires, des « dépassements » commis en Wilaya IV par le colonel Hassen (Youcef Khatib) alors chef de wilaya. Ces critiques venues des propres rangs de la Wilaya IV sont durement ressenties par ses cadres. La mémoire du groupe est menacée et souillée par un de ses membres. Les révélations d’Azzedine sont venues fissurer la solidarité érigée en vertu cardinale depuis l’indépendance comme le remarque Douzou pour la Résistance française (Douzou, p. 127). Les contradictions à l’intérieur des wilayas sont ainsi mises en évidence.
21Selon Saïki, les récits de Zerari ne cadrent pas avec la réalité. Il nous livre une version nouvelle du parcours du commandant Azzedine dont les démêlés avec la wilaya IV ont pour origine son « ralliement » à « la paix des braves ». Or nous savons qu’après sa déclaration il s’est dédit. Saïki réfute les intentions déclarées de Azzedine d’avoir voulu rejoindre le maquis.
« Ne pouvait-il pas, écrit Saïki, dès qu’il fut relâché la première fois, regagner son poste de combat […] ? Pourquoi n’est-ce qu’à l’issue de sa troisième visite au maquis qu’il décida de fausser compagnie aux Français, après une entrevue avec le colonel Si M’hamed Bougara ? Pourquoi le colonel Bougara, qui avait cruelle-ment besoin de cadres, ne le gardera-t-il pas auprès de lui et décida-t-il de l’envoyer à l’extérieur, muni d’une lettre, alors qu’un autre commandant, Omar Oussedik, qui venait d’être nommé au GPRA [Gouvernement provisoire de la république algérienne], et qui se rendait à Tunis, aurait pu se charger du port de cette lettre ? »
22Mais pour mieux comprendre ces critiques il ne faut pas perdre de vue les positions de chacun de ces acteurs lors, par exemple, de la crise de 1962. Les commandants Azzedine et Omar Oussedik ont été envoyés par le GPRA pour reconstituer la Zone Autonome d’Alger (ZAA) jusqu’alors partie intégrante de la Wilaya IV. La décision du GPRA n’a jamais été acceptée par la direction de la Wilaya IV qui a mis à profit la crise de 1962 pour réintégrer la ZAA et arrêter, les 29 et 30 juillet, Azzedine et Oussedik. Parlant de Azzedine, Saïki se demande :
« Comment peut-il avoir cru, en ces jours du printemps de 1962, qu’il lui suffisait d’apparaître pour que le passé soit effacé ? Comment peut-il avoir cru que les moudjahidine […] pouvaient oublier sa voix à la radio du “Bled”, leur vantant les mérites du paradis de De Gaulle ? »
23Cette explication ne semble pas suffisante dans la mesure où nous ne disposons pas d’un récit complet sur le positionnement des différents acteurs en Wilaya IV au cours des années 1958-1962. S’agit-il d’un règlement de compte ?
Complots, conflits, crises, dissidences : remise en cause de la « Thawra al mutahara »
- 9 Les écrits de HARBI et notamment Le FLN, mirage et réalité/ Des origines à la prise du pouvoir (19 (...)
24La guerre de libération algérienne nous a été restituée comme un modèle de pureté au sens religieux du terme. Quiconque s’aventurait à mettre en doute cette démarche était cloué au pilori. Les écrits courageux de l’historien Mohammed Harbi9, pourtant acteur lui-même de ce combat pour l’indépendance de l’Algérie, étaient considérés comme des blasphèmes. La génération de la guerre qui est au pouvoir depuis l’indépendance est :
« […] peu disposée à se remettre en cause et portée à simplifier une situation qui fut des plus complexes, elle occulte la faillite partielle de la révolution anticoloniale, l’autoritarisme de ses dirigeants, la mentalité de clan, sans compter le recours à la terreur contre les récalcitrants » (Harbi, 2004).
25Le FLN sacralisé ne pouvait porter en lui des contradictions internes.
« Il y a, comme le remarque le politologue Lahouari Addi, des conflits entre Algériens et étrangers, ou entre Algériens patriotes et Algériens traîtres. Ce type de conflits n’a pas à être institutionnalisé, car les traîtres sont à exterminer physiquement, à “éradiquer”… »
26 Les témoignages dont il est question dans ce texte ont tenté de dépasser les limites de cette histoire institutionnalisée. Il est rare de trouver des témoignages aussi directs et clairs sur les problèmes internes rencontrés par les militants et maquisards du FLN-ALN : conflits de pouvoir, crises internes, dissidences, dérives et dérapages commis sur les combattants et les civils… Tous ont pris conscience qu’il était « grand temps de dire la vérité » sur les faits « occultés sciemment ou de manière involontaire » car il s’agit pour eux « d’une responsabilité historique ». C’est une initiative courageuse qui nous restitue une expérience humaine avec sa grandeur, ses faiblesses et ses incohérences.
27Plusieurs « affaires » ont été exposées et expliquées dans ces quatre témoignages autobiographiques. De la « bleuite » aux dissidences des Aurès, de l’assassinat de cadres de l’ALN aux massacres en Kabylie, des ressentiments nourris contre l’extérieur à la méfiance envers les « civils »… Les auteurs ont chacun à leur manière, donné des informations puis expliqué les causes et les conséquences tout en les liant, de temps à autre, avec l’actualité et les débats actuels.
28Afin d’aborder ces questions, nos autobiographes ont procédé d’une manière chronologique en suivant, souvent, leurs itinéraires personnels au maquis. Cela n’empêche pas le passage d’une « question » à une autre en établissant des rapprochements.
29Nous ne pouvons pas bien sûr, évoquer toutes les « affaires » citées. Nous nous intéresserons seulement à quelques-unes d’entre elles : en particulier celles qui ont été « oubliées » par l’histoire officielle mais aussi certains témoignages écrits évoquant des événements tragiques.
- 10 Saïd Mohammedi dit Si Nacer, colonel de l’ALN et successeur de Krim à la tête de la Wilaya III (19 (...)
30Les premiers faits que nous voulons souligner sont les massacres et les purges dans les maquis ou dans les bases de l’ALN en Tunisie. Cela ne veut pas dire que les autres wilayas et les bases de l’ALN au Maroc n’ont pas connu ces mêmes dérives. Ces dernières ont longtemps été occultées afin de montrer que les moudjahidin étaient investis d’une mission presque sacrée et donc ne pouvaient être qu’infaillibles. Il était impensable de parler de dissensions entre ces « héros ». Les combattants de l’ALN étaient unis derrière leurs frères-chefs pour une seule et unique mission : celle de combattre le colonialisme. Parler, donc de compétitions, d’ambitions personnelles relevait de la stupidité et de la manipulation. Et pourtant, nos quatre maquisards multiplient les exemples de cas de combattants ou de civils, emprisonnés, humiliés, torturés, assassinés par leurs propres « frères » de combat : des combattants de l’ALN. Dans le même ordre de pensée, l’idée d’une terreur salvatrice, longtemps défendue par des officiers de l’ALN comme Mohammedi Saïd10, est remise en cause.
- 11 Le colonel Ali Mellah dit Si Chérif a été assassiné le 31 mars 1957 à Djebel Chaoun dans la région (...)
31Concernant les Wilayas IV et VI, Mohamed Saïki donne sa version de « l’affaire Chérif Bensaïdi ». Officier de l’ALN dans la Wilaya VI (Sahara), Bensaïdi, originaire de Souagui, a assassiné son chef le capitaine Ahmed « Erroudji », le colonel Ali Mellah (Si Chérif)11, chef de wilaya, ainsi qu’une dizaine de djounoud, tous originaires de Kabylie.
« [Le capitaine Bensaïdi] s’est mis, selon Saïki, à distiller un venin selon lequel les djounoud en provenance de Kabylie étaient des intrus […]. Il parcourait les douars et les mechtas et répandait sur son chemin la haine atavique de l’étranger. Il œuvrait sans relâche à semer la haine entre Arabes et Kabyles […]. Il considérait comme ennemi tout individu qui pouvait faire obstacle à ses ambitions. »
32Il finit par s’autoproclamer chef de wilaya. Mais Saïki souligne qu’il y a de fortes probabilités pour que le « traître » Bensaïdi ait été « contrôlé » par les services français avant même son recrutement au sein de l’ALN ». Là encore, il s’interdit de penser que l’ALN ne pouvait pas générer des situations de ce type.
33Le récit sur Bensaïdi est amputé d’un éclaircissement important : les problèmes de mœurs sont abordés d’une manière allusive, comme le fait, d’ailleurs, Attoumi dans l’affaire de « la nuit rouge », alors qu’elles permettent de mieux cerner ce qui s’est passé dans les Wilayas VI et III.
« Il était notoire […], écrit Saïki, que la femme, dans ces micro-sociétés extrêmement fermées, était recluse et que son contact avec les hommes était régi par des règles non écrites strictes qui s’imposaient à tous. Chaque homme protégeait son foyer en élevant trois ou quatre chiens dont les aboiements protecteurs devaient donner l’alerte en cas de danger. C’était, pour les gens de ces lieux oubliés de la civilisation, une manière de vivre sclérosée et pleine de contraintes, mais qui leur semblait parfaitement normale. […] L’arrivée de djounoud étrangers à cette contrée, et particulièrement ceux en provenance de Kabylie, ne manqua pas de provoquer certains problèmes, dont on devine aisé-ment la nature. »
34Ali Mellah n’était pas le seul chef de la Wilaya VI assassiné par ses subordonnés. Le colonel Si Tayeb Djoghlali, qui a remplacé le colonel Si Haouès mort au combat en mars 1959, a subi le même sort. Il a été tué, le 29 juillet 1959, avec une quinzaine de cadres originaires de la Wilaya IV venus l’épauler dans sa mission. Ces exécutions, rappelle Saïki, étaient le fait d’officiers dont le futur colonel Mohamed Chaabani.
35Le commandant Bennoui évoque sa propre mise à l’écart, à la fin de sa période d’intérim à la tête de la Wilaya I, par les nouveaux arrivés : les commandants Ali Souaai et Tahar Zbiri. Ces derniers sont accusés par Bennoui d’être « chargés de maîtriser l’intérieur de la wilaya, après l’élimination de ses cadres ». Ils répondaient, selon lui, aux ordres du GPRA qui…
- 12 Pour mieux comprendre cet épisode voir, M. HARBI, « Le complot Lamouri », in Charles-Robert AGERON (...)
« […] s’est débarrassé de tous les cadres du début de l’insurrection dans les Aurès, soit par l’élimination physique comme ce fut le cas pour Amouri12, Nouaoura et leurs compagnons, ou par la “mise en veilleuse” et l’inactivité des autres cadres en Tunisie, tel Hadj Lakhdar ».
36L’arrivée de Ali Souaaï en Wilaya I, en avril 1960, a été suivie d’un remaniement important parmi les cadres et des djounoud. « La plupart des cadres, écrit Bennoui, ont été changés, certains ont été limogés et mutés et d’autres ont été dégradés et même parfois, exécutés ».
37Bennoui commente, amer, cet épisode de la façon suivante :
« C’est ainsi qu’en cette sixième année de notre révolution, au moment où nous affrontions les plus grandes difficultés, où il fallait plus que jamais veiller à conserver intact le moral des moudjahidin et fonder un ordre sur la base de l’équité et de la justice, c’était hélas, le retour aux anciennes pratiques, au désordre et au chaos d’autrefois, dont le souvenir était encore vivace dans les mémoires. »
38Le conflit entre la direction du FLN installée en Tunisie et les cadres de la wilaya I opposés aux décisions du congrès de la Soummam a pris une tournure tragique. Bennoui cite un témoignage, comme le font souvent les autres témoins, d’un djoundi (soldat) victime des purges exercées par le CCE (Comité de coordination et d’exécution) et représenté par Amar Ouamrane et Amar Benaouda. Ce djoundi cite nommément le colonel Benaouda qui dispo-sait d’une liste de personnes à exécuter. Ce même djoundi a été condamné à mort avec plusieurs de ses compagnons. Seule, l’intervention du Colonel Amirouche, de passage en Tunisie lui a permis d’avoir la vie sauve. Benaouda et ses compagnons ont, selon ce témoignage, « fusillé » une trentaine de combattants.
39En Kabylie, ce sont en particulier deux épisodes qui sont évoqués par Attoumi : « l’affaire de la nuit rouge » et « le complot des bleus ». Ces « affaires » n’ont pas, selon Attoumi, fait la gloire de l’ALN et du FLN : « bien au contraire, elles ont terni l’image de certains de ses chefs ».
40Au printemps de 1956, les cadres de la Wilaya III ont donné l’ordre d’attaquer un douar de la vallée de la Soummam. Attoumi l’explique en avançant deux causes : une histoire de mœurs et la peur, non justifiée selon lui, de voir les habitants de cette région accepter l’offre des officiers de la SAS qui voulaient installer des harkas dans la région. Par cette attaque, Amirouche et ses subordonnés ne voulaient pas perdre leur main mise sur ces villageois. La terreur leur a servi à s’imposer.
« On a parlé, témoigne Attoumi, de 100 victimes et peut-être même de 150. Ce fut l’horreur. […] ce fut le carnage. La terreur venait de s’installer dans la région. Les victimes n’avaient droit à aucune pitié. Les témoins ont raconté l’horreur. Du sang partout, des cris de désespoir des personnes qu’on exécutait. C’était une vision de fin du monde pour ces gens. »
41« Le complot des bleus » est un autre épisode que Attoumi décrit en détail. Confirmant ainsi les récits qui nous sont déjà connus (Gilbert Meynier, 2002).
« Des dizaines d’officiers, sous officiers, des djounoud, des responsables des OPA et quelques rares civils furent exécutés soit par pendaison, soit par balles. Certains furent malheureusement passés au couteau, pendant les ratissages ou les déplacements afin de ne pas attirer l’attention de l’ennemi. Ce fut l’horreur ».
42Il s’abstient délibérément de citer les noms de ces « victimes innocentes pour la plupart » dont des « officiers de valeur, des combattants intègres » afin, dit-il, ne pas « altérer leur mémoire auprès de leurs proches ».
43Pourquoi la mémoire de ces victimes serait-elle altérée ? Pourquoi ne pas les réhabiliter tout simplement ?
44Dans cette affaire ou dans l’affaire de « la nuit rouge » Attoumi reconnaît la responsabilité du colonel Amirouche. Même s’il a été encouragé ou soutenu par d’autres cadres de sa wilaya il « ne pouvait […] être dédouané de tous ces massacres. […] Il n’avait pas, le droit […] de commettre une telle bavure ».
45Paradoxalement ce qu’avance Attoumi sur la responsabilité d’Amirouche dans les massacres est bien plus grave que ce qu’écrit Ali Kafi. Bennoui ne fait que confirmer ce que certains historiens de la guerre d’Algérie ont déjà écrit. S’agit-il, pour eux, de protéger une mémoire de groupe qui ne peut être exprimée et écrite que par les membres de ce même groupe ?
Moudjahidin et civils passés à l’ennemi : trahison ou réflexe de survie ?
46Tous ces assassinats, purges, massacres collectifs ont eu des conséquences psychologiques sur le moral des moudjahidin et des civils. Les auteurs racontent tous des cas de désertion ou des ralliements de combattants à l’armée française. Certains harkis ont, selon ces témoins, pris les armes contre l’ALN parce qu’ils ont été poussés par les violences commises sur eux par leurs frères de combat. Trahison ou réflexe de survie ? Les témoins ne le précisent pas.
47Bennoui cite plusieurs exemples dont celui de Adjoul Adjoul qui est accusé, à tort, par ses compagnons de la mort de Mostefa Benboulaid. Cette accusation le met en danger de mort et il passe à l’ennemi. C’est aussi le cas d’un groupe de personnes, originaires de Barika, qui ont rejoint l’armée française, suite à l’emprisonnement et aux violences subies au maquis d’un des leurs.
48En Kabylie, Attoumi cite l’exemple des habitants des villages qui ont subi le massacre de la « nuit rouge ». Le lendemain ils ont rallié en bloc l’armée française et se sont constitués en villages d’autodéfense.
49Dans le Zaccar, dans la Wilaya IV, Saïki se rappelle l’exemple d’habitants d’un douar, Tellakhikh, qui ont été armés par les Français contre l’ALN. C’est l’histoire d’un notable, le sage du douar, qui a été humilié devant les siens, « hommes, femmes et enfants » par un responsable de l’ALN qui lui a ordonné d’abattre son chien pour permettre aux moudjahidin de circuler la nuit sans être inquiétés par les aboiements. « L’humiliation fut considérée comme une offense collective d’une extrême gravité ».
50Comprenons en filigrane que les témoins expliquent les raisons d’engagement d’Algériens dans le camp français. Même s’ils ne parlent pas de réhabilitation, les auteurs manifestent une certaine compréhension à l’égard de leurs anciens compagnons devenus des harkis. Après la réhabilitation de Messali Hadj par les tenants du pouvoir en Algérie, le temps de l’examen de conscience est-il enfin venu ?
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Notes
1 ATTOUMI Djoudi, Le Colonel Amirouche entre légende et Histoire. La longue marche du lion de la Soummam. Témoignage authentique d’un ancien officier de l’ALN en Kabylie 1956-1962, à compte d’auteur, Alger, 2004.
2 MERARDA BENNOUI Mostéfa (commandant), Sept ans de maquis en Aurès. Témoignages et positions sur la marche de la révolution dans la wilaya I, traduit de l’arabe par Dahmane Nedjar, Pic des cèdres, Batna, 2004. La première édition arabe de 2003 portait le titre Témoignages et positions sur la marche de la révolution dans la wilaya I. Sa version française a été revue et augmentée.
3 SAIKI Mohamed, Chronique des années de gloire. Les mémoires d’un capitaine de l’ALN, Oran, éditions Dar el Gharb, 2004. Ce livre est une version remaniée d’un ouvrage publié en arabe sous le titre de Témoignage d’un révolutionnaire des profondeurs de l’Algérie.
4 Djoudi Attoumi est né en 1938 à Aït Oughlis, Sidi-Aïch, en Petite-Kabylie. Militant du MTLD, il rejoint l’ALN en 1956. Il est affecté au P.C. de la Wilaya III. Promu en 1961 au grade d’officier, il est affecté dans la vallée de la Soummam. En mars 1962 il est désigné membre de la sous-commission locale du cessez-le-feu. Démobilisé en août 1962 il rejoint la vie civile. Il est nommé directeur des hôpitaux de septembre 1962 à 1985 avant d’être élu à l’Assemblée populaire de Wilaya (APW) de Bejaïa jusqu’en 1990.
5 Mostéfa Merarda Bennoui, commandant de l’ALN, né en 1928 à Ouled Chelih, Batna. Il rejoint, le 14 novembre 1954, l’ALN en zone I (future Wilaya I) Aurès-Nmemcha. Il rejoint le maquis en mai 1955. Promu au grade d’officier après le congrès de la Soummam il devient, à la fin de l’année 1957, responsable de la Nahya 4 (Barika) puis membre du conseil de la Mintaka 1 (Batna) en 1958. Au début de 1959, il est désigné responsable de la Mintaka 2 (Arris) avec le grade de capitaine. Après le départ en Tunisie de Hadj Lakhdar, chef de la Wilaya I, il assume son intérim d’avril 1959 à avril 1960. Il est remplacé par Ali Souai et Tahar Zbiri. Nommé au grade de commandant il devient membre du conseil de la Wilaya I et membre du CNRA (Conseil national de la révolution algérienne) en mai 1960. Au congrès de Tripoli, 1962, il soutient l’EMG (État-major général) contre le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Après l’indépendance il fait une carrière militaire et politique : attaché militaire à Bagdad (janvier 1965-juillet 1967), commandant de l’école des cadets de la révolution de Tlemcen (juillet 1967-novembre 1970) ; député à l’APN (Assemblée nationale populaire) (1976-1982) et membre du Conseil national des moudjahidine de 1990.
6 Mohamed Saïki, capitaine de l’ALN en Wilaya IV (algérois), né en 1932 à H’djar djebel dirah dans la région de Sour el Ghozlane (ex. Aumale). Il rejoint l’ALN en Wilaya I en mai 1956. Officier de la Wilaya IV, il prend part à la réunion des colonels chefs de wilaya en décembre 1958. À l’indépendance, il observe la neutralité face au conflit qui a opposé le clan dit « d’Oujda » à celui dit de « Tizi-Ouzou ». En septembre 1962, il est élu membre de l’Assemblée constituante puis de l’Assemblée nationale en 1964. Après le coup d’État du 19 juin 1965, il est élu membre du secrétariat national de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM). Impliqué dans la tentative du renversement par Tahar Zbiri du Colonel Boumediene en 1967, il est arrêté pour être libéré en 1969. Il rejoint l’ONM comme membre du Conseil national.
7 Sur l’image du moudjahid, voir CARLIER Omar, « Le moudjahid, mort ou vif ? », in ROSENMAN et VALENSI (2004).
8 KAFI Ali, Du militantisme politique au dirigeant militaire, Alger, Casbah éditions, 2002. Le colonel Kafi a dirigé la Wilaya II (Nord-Constantinois) de 1957 à 1959
9 Les écrits de HARBI et notamment Le FLN, mirage et réalité/ Des origines à la prise du pouvoir (1945-1962), Paris, éditions Jeune Afrique, 1980 ; L’Algérie et son destin : croyants ou citoyens, Paris, Arcantères, 1992.
10 Saïd Mohammedi dit Si Nacer, colonel de l’ALN et successeur de Krim à la tête de la Wilaya III (1956-1957).
11 Le colonel Ali Mellah dit Si Chérif a été assassiné le 31 mars 1957 à Djebel Chaoun dans la région de Derrag (Letourneaux).
12 Pour mieux comprendre cet épisode voir, M. HARBI, « Le complot Lamouri », in Charles-Robert AGERON (dir.), La Guerre d’Algérie et les Algériens 1954-1962, Paris, Armand Colin/Masson, 1997, p. 151-179.
Top of pageReferences
Bibliographical reference
Ali Guenoun, « Mémoire et guerre d’Algérie : quand des maquisards (ré)écrivent le(ur) passé », L’Année du Maghreb, I | 2006, 519-531.
Electronic reference
Ali Guenoun, « Mémoire et guerre d’Algérie : quand des maquisards (ré)écrivent le(ur) passé », L’Année du Maghreb [Online], I | 2004, Online since 08 July 2010, connection on 28 January 2021. URL : http://journals.openedition.org/anneemaghreb/335 ; DOI :
https://journals.openedition.org/anneemaghreb/335?lang=en
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