La mémoire de la libération a besoin d’une critique corrective pour qu’elle soit insérée dans le projet sociétal €¦
Pour cette période, de 1954 à 62 et seulement du côté algérien, certains actes restent à élucider. Les 7 années présidées d’une mobilisation populaire, que de hauts faits d’armes jalonnent, ont sûrement aussi quelques péripéties confuses, inexplorées et stériles. Les déchirements irréversibles que toutes les guerres renferment, ont été honteusement commis et sont souvent cachés. La plus manifeste des grossièretés, pour l’Algérie, est le déferlement, COMME DES ENVAHISSEURS, des « marsiens ».
En effet à la veille des accords d’Evian du 19 mars 1962, notamment depuis le début de la même année, sont apparus de nouveaux militants de la cause nationale. Appelés les « marsiens » (en rapport avec le 19 mars), parce qu’ils ont montré amplement leur engagement pendant les 3 derniers mois (du 19 mars au 5 juillet 1962). Des groupes d’opportunistes ont, sur le tard, pris le taureau par les cornes. Ils se sont manifestés, quand le voisin marocain a envahi l’ouest du pays avec sa menaçante convoitise d’expansion…
Auparavant, les « marsiens » étaient indifférents, c’est-à-dire sans positionnement dans le conflit. Et même nombreux d’entre eux, optant pour un retournement de veste, sont passés d’opposés à la libération à directement son combattant du premier rang. La conversion fut à grande échelle. Les "neutres" ont fait subitement leur conversion, soutenant la cause nationale après avoir été douteux.
Une flopée d’algériens trop décidés à en finir, avec le Maroc qui reproduit la même chose avec le Sahara occidentale. Où il y est encore en conflit !
Le commencement de la prédation économique…
D’ailleurs cette déferlante a confisqué, depuis 1962, l’indépendance en tablant de s’accaparer les richesses laissés par les colons à leur départ. Quelques minuscules ateliers industriels, 30% des terres algériennes et les plus fertiles, des biens immobiliers dans les grands centres urbains et d’autres biens (véhicules, machines...). Ayant appartenus à presque 2 millions, d’européens et de certains juifs, ayant été contre l’indépendance, donc ne pouvaient partager un pays libéré. A propos des juifs, d’autres nombreux du PCA (Parti Communiste Algérien) ont milité et ont été torturés pour la cause algérienne.
Et quand en 1963, les maquis fomentés par le grand leader Aït-Ahmed, actuellement dirigeant du FFS (l’un des plus grands partis de l’opposition qui participe aux élections de mai 2012), on laisse entendre que l’aile militaire (ALN : armée de libération nationale) a pris le dessus sur les politiques, ou bien d’un quelconque conflit entre les wilayas historiques… Ici la boutade est tellement grosse !
Car la question du partage des fortunes, léguées par le colonialisme, s’était posée plus crucialement et sérieusement. Elle a opposé les classes sociales, et les politiciens sont venus changer sa réalité. En effet, ce conflit fratricide, dit « les maquis du FFS » fut motivé par les patrimoines fuis par leurs propriétaires…
Au sujet des harkis par exemple, presque la totalité des actes revanchards et de persécutions qui les ont visés à l’orée de l’indépendance, ont été commis par les « marsiens ». Si la métropole colonialiste a vraiment désiré les abandonner à leur sort, parmi le peuple qu’ils ont trahi, la majorité d’entre sont encore en Algérie. En effet en 1962, plus nombreux les harkis ont choisi de changer de régions sans quitter l’Algérie. Quand le parti islamiste de Belhadj Ali et Madani Abbassi, le FIS, était à son apogée et sur le point de s’installer menaçant à l’assemblée nationale en 1990, la presse algérienne a diffusé des listes de Harkis qui sont revenus, barbus et islamistes, dans leur région d’origine…
Parmi ces attentistes et ennemis, nombreux étaient des religieux qui prenaient position selon leur interprétation réactionnaire de l’islam. En effet, selon un verset très connus du Coran [Sourate 3, verset 132] qui dit « Respecter Allah, son prophète et votre guide » (Attioû Allah, oua Rassouleh oua ouli el-amra minkoum) , les maquisards n’étaient pas religieusement perçus d’un bon œil jusqu’à une heure tardive. Jusqu’en 1957, surtout les religieux, non encadrés par l’association des Oulamas de Benbadis, hésitaient...
Et comme la gouvernance était guidée par le colonialisme, la recommandation fut d’abord de rester collectivement soumis à l’occupant. Nombreux prêcheurs se disant d’un islam de paix, tel que le définissaient certains obscurantistes, était contre le FLN libérateur, particulièrement pendant les années 1954 et 55.
Les fellagas (mot qui signifie en langue dialectale algérienne les « casseurs ») étaient considérés comme des hors-la-loi et des saccageurs. Au sein de nombreuses mosquées, contrairement à ce qui est dit actuellement par les islamo-fascistes, on priait Allah de ne pas donner victoire au FLN et ses rebelles. La même pratique a été faite, contre l’ANP (Armée Nationale Populaire), quand la société civile en 1990 a exigé de l’institution militaire d’empêcher l’enlisement du pays, l’instauration de « l’afghanisation », en laissant la transition du pouvoir en Algérie aux mains des terroristes que leurs maîtres et complices bardent, encore de nos jours, d’innocence politique.
Une mémoire comme un projet ouvert et continuellement constructible.
L’histoire collective d’une nation, aussi cohérente qu’elle puisse être et aussi bien qu’elle soit présentée afin de galvaniser une part non négligeable de l’identité, elle peut être alimentée et parcourue de fausses notes. L’Histoire n’est pas la perfection mathématique, dont la justesse se vérifie. Ses analyses ont latitude de se différencier… l’Histoire, du point de vue scientifique, est une entreprise en marche, changeante, dynamique, ouverte et perfectible !
Pour le cas algérien, les événements contemporains deviennent de plus en plus des segments d’usurpations, tant la politique officielle a rendu obsolètes les meilleurs expressions des faits, y compris et surtout les plus actuels. Ainsi le malheur passe comme un héritage inéluctable de ce qui a été déconstruit et manipulé, dans les mémoires... L’usage fait par les algériens de la guerre de libération est une hyper-glorification inopérante, est-ce nuisible ? Car dépourvue de critiques correctives qui admettent l’erreur, et l’identifie, pour ne plus la reproduire, la critique pousse à bien vérifier.
En 1962 : les vrais moudjahidine envahis par, plus nombreux, les « marsiens » !
En 2012 : le terrorisme trouve, plus nombreuse, une foule de complices que de démocrates authentiques et conséquents !
Le terrorisme islamo-fasciste qui a sévi, gravement en Algérie et comme nulle part dans le monde, pendant la dernière décennie du millénaire éteint et continue encore d’une manière imprévisible actuellement, s’apparente à l’exemple de disfonctionnement mental. Celui qui banalise tant les violences que les déformations des vérités.
Les Algériens sont à la pointe de ce qui est l’image paradoxale faite, par la majorité de leurs concitoyens, de l’islamo-terrorisme. D’une part, ils le soutiennent face aux despotes tyranniques, et d’autre, ils le redoutent pour ses crimes qui risquent de les éradiquer !
Ben Laden peut-être considéré, chez l’algérien, en héros de la haine contre l’occident. Même si Al Qaeda est l’origine de l’insécurité actuellement, Ben Laden est comme un héros qui a combattu l’hégémonie impérialiste. Cette dernière a agressé l’Afghanistan, l’Irak et refuse l’indépendance aux palestiniens. Puis dans la minute qui suit, Ben Laden devient un personnage imaginaire et fictif qui n’existe que par une conspiration… Son mythe devient plus fort, au point qu’on doute de sa vie ainsi que de son extermination au Pakistan.
Cette attitude de confusion, à l’égard de la mémoire récente du terrorisme, est comme celle faite à certains faits curieux de la guerre de libération. Rarement, les errements de 1954-62 sont cités, pour atténuer les curiosités et faire une écriture sereine et courageuse envers les générations qui la lisent, sans l’avoir vécue.
http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article1224
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