Parce qu’il passe inaperçu, presque toujours, votre jour de naissance n’a aucune espèce d’importance.
J’ai souvent été stupéfaite de voir les uns et les autres faire la fête pour célébrer leur anniversaire… d’avoir l’indécence de dévoiler ou de dénuder leur amour de soi… une joie qui trahit leur narcissisme primaire, qui limite sacrément leur intelligence avec ses effets secondaires. Comme quoi il n’y a vraiment pas de quoi être content de soi au point d’honorer sa majesté le Moi…
Je n’irais pas jusqu’à évoquer comme le fait Cioran, l’inconvénient d’être né, mais je dis tout simplement qu’il n’y a pas de quoi pavoiser, puisque à peine né, tout être est déjà assez vieux pour mourir comme le suggérait Montaigne dans ses essais.
Les plus lucides ont toujours trouvé stupides tous ceux qui vous envoient des faire-part pour vous informer de la date de leur arrivée… qui n’a d’ailleurs pas plus de sens que la date de leur départ… apparaître et disparaître ne sont que deux cadeaux empoisonnés du hasard : on n’en a conscience qu’à moitié, parce qu’on y est sans y être. Ayons au moins la courtoisie de reconnaître qu’on n’a pas eu l’embarras du choix : on n’a pas choisi, on n’a pas eu le choix donc il n’y a pas de quoi fouetter un chat.
Mais les plus inspirés nous font entendre un autre son de cloche aussi limpide que l’eau de roche :
Ils reconnaissent en effet et dans les faits qu’ils n’ont pas choisi de naître, mais leur esprit de finesse les autorise à croire qu’ils ont été choisi… sans doute par le ciel et qu’ils ne sont pas les fruits du hasard… Dieu les a voulu… ils ont été élu pour figurer dans cette vie et y jouer un rôle… c’est drôle pour tous ceux qui prétendent avoir été conviés, mais beaucoup moins drôle pour ceux qui n’ont pas été conviés…
L’improbable rencontre d’un spermatozoïde et d’un ovule est loin de rendre leur parcours notable ou vénérable.
Ils ne se sentent pas élus mais déchus, enfants d’un viol ou objets d’un vol… leur naissance ne les épate pas. Cette vie, ils ne s’y éclatent pas… les plus noirs vont jusqu’à hâter leur départ en estimant qu’une vie qu’ils n’ont pas choisie, ne vaut vraiment pas la peine d’être vécue.
On le sait, les damnés ont toujours maudit le jour qui les a vus naître… avant de se jeter par la fenêtre de la nuit pour échapper aux griffes de l’ennui.
Mais je vous rassure : cette disgrâce a un terme, elle aussi, elle prend fin avec la grâce… que nul ne choisit non plus, puisqu’elle vous tombe dessus.
Non parce que vous êtes ou vous avez été élus mais parce que vous avez fait ce qu’il faut pour vous faire élire : le bien, le bien et le bien.
Parce que la Grâce ne fait irruption que dans la vie de ceux qui ont tout fait pour la recevoir en mariant l’espérance et l’espoir c’est à dire en triomphant du désespoir…
Parce que la Grâce ne se déplace que si vous lui faîtes une place… que si vous vous montrez dignes de la recevoir… en y croyant sans jamais cesser d’y croire.
Le jour J vous aurez désormais le droit de fêter non votre naissance mais votre renaissance… ou votre reconnaissance de cette lumière qui vient d’illuminer votre conscience.
C’est ce jour là qui vous donne le droit de dire oui à la vie et oui à la mort aussi ! Parce que votre désir est déjà au-delà… par-delà la vie et l’envie.
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