La convocation de Nouria Benghabrit par la justice a d’abord étonné. Car, au vu des motifs qui, par les temps qui courent, conduisent d’anciens ministres vers les tribunaux, la dame, par son allure, n’a pas la tête de l’emploi.
La nouvelle a, cependant, réjoui, pour un moment, les milieux à référence doctrinale rétrograde. Mais pas parce que les islamistes seraient férus de justice : si c’était le cas, ils ne se délecteraient pas de la “réconciliation nationale”, ukase consacrant l’ensevelissement de la vérité sur la séquence la plus tragique de l’Algérie indépendante et instituant une impunité arbitraire pour les auteurs des crimes les plus abjects que l’humanité a eu à endurer.
Non, l’islamisme n’est pas une idéologie de la vérité. Ni une idéologie de la morale. Si c’était le cas, ses adeptes ne seraient pas là à fourmiller dans cette économie souterraine et de contrebande que notre État, par candeur ou par connivence, veut ramener à la lumière à coups de “finance islamique” ! La religiosité servant de couverture à un affairisme interlope. S’ils cultivaient l’intégrité, ils commenceraient par monter des bûchers à leurs ministres convaincus de grande corruption ou à leurs brigands qui soudoient des fonctionnaires véreux en leur offrant des… omras !
Dans le processus de régression pédagogique, scientifique et culturelle que le pouvoir lui applique méthodiquement et dans la durée, l’École algérienne n’a connu que de rares répits. L’intermède Benghabrit en est un. Même si ses réformes n’ont pas révolutionné l’institution. En particulier parce que les classes moyennes et les élites peuvent recourir, pour l’instruction de leurs enfants, à des établissements privés ou étrangers. D’ailleurs, ils sont rejoints en cela par leurs camarades de classe (sociale) à obédience islamiste. C’est ce qui fait que l’éducation, enjeu stratégique majeur, n’a jamais été une cause pour aucune catégorie sociale ou politique. Cela dit, même le peu qu’elle a fait, les adeptes du sectarisme arabo-islamiste ne le lui ont pas pardonné.
Car, contrairement à ce que l’on croit, les intégristes ont de… la mémoire ! Même si on nous demande d’oublier pour nous réconcilier ! Une mémoire de haine, mais une mémoire tenace qui entretient leur rancune envers leurs “ennemis” idéologiques et politiques. Entre eux, ils savent oublier : en 1995, le GIA a exécuté deux membres de la direction du FIS (A. Redjam et Mohamed Saïd) qui, pourtant, venaient de le rejoindre, mais aucun islamiste ne leur en tient rigueur !
En revanche, la seule évocation du nom de Nezzar les soulève. Pourtant, il n’a pas conduit la guerre contre leurs frères d’armes, puisqu’il a démissionné en 1993. Au demeurant, les islamistes ne peuvent pas avoir la haine du militaire : ils ont le culte de la vocation guerrière, et des armes dont ils ornent leurs emblèmes ! Ils ont la haine de celui qui combat leur crime ou le projet, qu’il soit civil ou soldat.
Leur rancune, Nezzar la doit au fait qu’il ait assumé le principe que l’islamisme ne devrait pas être… éligible à l’accès au pouvoir. Certes, le système de l’arbitraire et du pillage a continué à sévir après 1992, mais la décision de rupture du processus électoral reste un acte de sauvegarde nationale. Et de pédagogie politique : en République, il n’y a pas de place pour l’islamisme, idéologie de violence et de pouvoir total.
Publié par Mustapha HAMMOUCHE
le 27-12-2020 10:30
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