TIPASA - Le verdict du procès en appel de l’affaire Nechnache Zoulikha Chafika, dite Mme Maya, poursuivie dans des dossiers de corruption avec d’autres anciens hauts responsables, sera prononcé le 31 décembre en cours, a annoncé, dimanche soir, la présidente de la chambre correctionnelle à la Cour de Tipasa.
A l'issue du procès en appel de deux jours qui a débuté samedi, et après l’audition des accusés et des témoins, le réquisitoire du parquet général qui a requis des peines d’emprisonnement ferme allant de 10 à 15 ans à l’encontre des principaux prévenus, la Cour a mis l’affaire en délibéré, le verdict étant fixé au 31 décembre en cours.
Au deuxième jour du procès, les avocats du collectif de défense ont présenté leurs plaidoiries en faveur des accusés de cette affaire, au nombre de 14, dont Mme Maya, condamnée en première instance par le tribunal de Chéraga à 12 ans de prison ferme.
Au début de l’audience, les plaidoiries ont porté sur «un débat juridique», lors duquel le collectif de défense a plaidé la nullité des procédures de poursuite judiciaire, vu que les accusés sont poursuivis dans le cadre de la loi sur la corruption de 2006, tandis que les faits dans cette affaire remontent à 2004. Ainsi, le collectif a plaidé la prescription de l’action et a contesté la validité des procédures de la police judiciaire.
En réponse à ces arguments, le représentant du parquet les a déclarées irrecevables, mettant en avant que la demande de la prescription de l’action publique était infondée, d'autant que les officiers de la police judiciaire avaient saisi en février 2017 au domicile de la prévenue, des sommes d’argent «considérables» issues de fonds suspects, avant de confirmer que toutes les formalités légales avaient été respectées dans cette affaire.
Sont poursuivis dans cette affaire de Nechnache Zoulikha Chafika dite Mme Maya, les deux filles de cette dernière, Imène et Farah (en liberté), ainsi que Abdelghani Zaalane et Mohamed Ghazi (et son fils Chafik), poursuivis respectivement en qualités d'ex walis d'Oran et de Chlef, et l'ancien directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel.
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Les griefs retenus contre les accusés dans cette affaire sont notamment "blanchiment d’argent", "trafic d’influence", "octroi d’indus avantages", "dilapidation de deniers publics", "incitation d’agents publics pour l’octroi d’indus avantages" et "transfert illicite de devises à l’étranger".
A cet effet, les avocats du collectif de défense ont plaidé l'acquittement de leurs clients des charges qui leur sont reprochées, soulignant que les médias ont contribué à l’amplification de l'affaire, en la qualifiant d'affaire d'opinion publique et à la condamnation de l'accusée, en lui collant, délibérément, la qualité de fille prétendue du Président.
Cette qualité a été niée par l'accusée pendant le procès, tandis que l'ancien wali de Chlef, Mohamed Ghazi a confirmé qu'elle s'était présentée à lui comme étant le fille de l'ancien Président lorsqu'il l'a reçue dans son bureau pour la faire bénéficier de facilitations et de services dans le cadre d'un projet d’investissement.
Un avocat de l’accusée principale, Nachinache Zoulikha-Chafika a argué que sa cliente était une femme d'affaires réputée dans les milieux des finances et des affaires,et ce bien avant de faire connaissance avec l'ancien wali de Chlef, Mohamed Ghazi, sur recommandation de l'ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en tant qu'ami de son père, une relation qui remonte à la Guerre de libération nationale.
Cette recommandation lui a permis d’établir une relation avec l’ancien wali Ghazi, qui avait octroyé à Mme Maya un projet de réhabilitation d'un parc d'attractions à Chlef, d'une superficie de 15 hectares mais aussi de bénéficier d'un autre terrain de 5000 mètres carrés, en plus d’un logement public locatif.
Concernant "la charge de transfert illégal de devises à l'étranger", il a ajouté que sa cliente souffrait d'une maladie "chronique", c'est pour cette raison qu'elle se rendait fréquemment dans les capitales européennes pour se faire soigner, soulignant que pour la même raison (sa maladie), elle avait inscrit son patrimoine au nom de ses deux filles pour barrer la route à la ‘Issaba’. Cet argument a été avancé pour la soustraire au délit de blanchiment d'argent.
De son côté, les avocats de Mohammed Ghazi (ancien wali de Chlef), de Abdelkader Zaalane (ancien wali d'Oran) et d’Abdelghani Hamel (ancien Directeur général de la sûreté nationale) ont plaidé l'acquittement de leurs clients, condamnés en première instance au tribunal de Chéraga, à des peines de 10 ans de prison chacun.
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Ils ont souligné que leurs clients, tous des anciens responsables, étaient tenus d'exécuter les ordres du président de la République sans discussion, tandis que la défense de l'accusé Abdelghani Zaalane a plaidé pour l'adaptation des faits en faveur de son client (Zaalane), car ce dernier était "victime d'escroquerie", alors qu'il est poursuivi pour "dilapidation de derniers publics", un grief sans fondement étant donné que Zaalane a annulé les décisions d'affectation octroyées à un investisseur et un entrepreneur, après l'intervention de Ghazi et de Nachinache.
Après avoir réalisé qu'il était victime d'escroquerie, Zaalane est revenu sur ses décisions, faisant ainsi preuve de bonne foi.
Les plaidoiries des avocats du collectif de défense des autres accusés se sont poursuivies, demandant l'acquittement de leurs clients, à l'instar des deux filles de la principale accusée, en l'occurrence Farah et Imène, du fils de Mohamed Ghazi "Chafik", de l'entrepreneur "Abdelghani Belaid", de l'investisseur "Benaila Miloud" et des autres accusés avant la levée de l'audience qui s'est déroulée à la Cour de Tipasa.
Le représentant du parquet général a requis, lors de la séance d'hier, une peine de 15 ans de prison ferme assortie d'une amende de 6 millions DA contre "Mme Maya" et 15 ans de prison ferme assortie d'une amende de 1 million DA contre Mohamed Ghazi et Abdelghani Zaalane.
Il a également requis une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende de 6 millions DA contre les filles de "Mme Maya", Imane et Farah (en état de liberté).
Dans le cadre de la même affaire, une peine de 12 ans de prison ferme assortie d'une amende de 1 million DA a été requise contre l'ancien directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, alors que des peine de 5 et 12 ans de prison ferme ont été requises contre cinq (05) autres accusés, dont Chafik Ghazi (fils de Mohamed Ghazi) et le député à la retraire Omar Yahiaoui (en fuite à l'étranger).
Le représentant du parquet général a également confirmé la décision de confisquer les biens de Mme Maya et de ses filles, Farah et Imène.
Publié Le : Lundi, 28 Décembre 2020
http://www.aps.dz/algerie/115025-affaire-mme-maya-le-verdict-connu-le-31-decembre-en-cour
L’ancien chef des renseignements sous mandat de dépôt : Nouvelles charges contre Bachir Tartag
Bachir Tartag, ancien patron des services de renseignement et général-major à la retraite
Condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour «complot contre l’autorité de l’Etat et de l’armée», l’ancien patron des services de renseignement, le général-major à la retraite Bachir Tartag, vient d’être rattrapé par l’affaire de Mme Maya et celle d’El Wafi Ould Abbès, fils de l’ancien secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès.
Une enquête a été ouverte au niveau du tribunal militaire de Blida sur les conditions dans lesquelles les fonds récupérés lors des perquisitions opérées par les éléments de ses services au domicile de Mme Maya, à Moretti, et à celui d’El Wafi, à Club des Pins, ont été pris en charge, ce qui a abouti à la mise sous mandat de dépôt de l’ancien patron des services de renseignement par le magistrat instructeur qui lui reproche, nous dit-on de source sûre, de «n’avoir pas respecté la procédure».
Le 20 décembre dernier, un autre officier, de la police judiciaire auprès de l’antenne d’Alger, de la sécurité intérieure a été également placé en détention pour les mêmes faits. En fait, l’affaire de Mme Maya, dont le procès en appel s’est ouvert à la cour de Tipasa et le verdict sera prononcé jeudi 31 décembre 2020, a fait couler beaucoup d’encre et de salive.
Les nombreux avocats constitués dans cette affaire se sont majoritairement interrogés sur le fait que l’information judiciaire a été ouverte en février 2017, en vertu de laquelle une perquisition a été effectuée dans la villa de Mme Maya, où 95 millions de dinars et 17 kg d’or ont été saisis, selon le parquet de Chéraga. Quelques jours après, «un ordre» a été donné pour stopper l’enquête.
Le dossier mis au vert
Les mis en cause ont été libérés et le dossier mis au vert durant 26 mois. Ce n’est que le 7 juillet 2019 que les services de la Gendarmerie nationale ont repris l’enquête, sur instruction du tribunal de Chéraga, en auditionnant toutes les personnes impliquées, lesquelles ont été présentées et placées en détention. Reste cependant la somme de 95 millions de dinars, récupérée au domicile de Mme Maya par les officiers de la sécurité intérieure.
N’ayant pas de compte ni de coffres, ces derniers l’auraient gardée durant un moment avant de la déposer à la Banque centrale, ce qui, pour le tribunal, constitue «une violation de la procédure».
Idem pour l’affaire des enfants de l’ancien secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, notamment El Wafi, en fuite à l’étranger, poursuivis et condamnés pour avoir «monnayé» les candidatures FLN à la députation lors des législatives de 2017.
En effet, en mars 2017, des officiers de la sécurité intérieure ont procédé à l’interpellation d’El Wafi, à l’entrée de Club des Pins où il réside, au moment où il venait d’encaisser la somme de 20 millions de dinars et 200 000 euros, avant que son domicile ne soit perquisitionné et des documents récupérés. Derrière l’éclatement de ce scandale, le député FLN Bahaeddine Tliba, ex-vice-président de l’Assemblée nationale. Avec l’ex-patron des renseignements Bachir Tartag, il fait tomber les deux enfants de Djamel Ould Abbès, Skander et El Wafi, et l’ancien secrétaire général du ministère de la Solidarité, Khelladi Bouchenak, l’homme de confiance de Djamel Ould Abbès.
Arrêtés, les mis en cause sont relâchés par la suite sur «ordre», le dossier mis sous le coude et le statut de Bahaeddine Tliba bascule de celui de dénonciateur à celui d’inculpé deux ans après. Privé de son immunité parlementaire, il prend la fuite vers l’étranger, mais revient quelques semaines après, dans des conditions troublantes. Il sera condamné à une peine de 7 ans de prison ferme au même titre que Skander Ould Abbès, alors qu’El Wafi a écopé, par défaut, d’une peine de 20 ans de prison.
Là aussi, la défense de Tliba est revenue sur les circonstances de cette affaire, ressuscitée après son classement deux ans auparavant.
Les dossiers de Mme Maya et des enfants de Ould Abbès ont fait l’objet d’une enquête au niveau du tribunal militaire de Blida. Les premières décisions ont été d’abord de placer sous mandat de dépôt l’ancien patron des services de renseignement Bachir Tartag et l’officier de la police judiciaire de l’antenne de la sécurité intérieure d’Alger.
Pour l’instant, ce n’est que le début des investigations qui, visiblement, concernent essentiellement le «non-respect de la procédure», nous dit-on.
https://www.elwatan.com/a-la-une/lancien-chef-des-renseignements-sous-mandat-de-depot-nouvelles-charges-contre-bachir-tartag-29-12-2020
Mme Maya, la prétendue fille du président déchu condamnée à 12 ans de prison
Une peine de 12 ans de prison ferme, assortie d’une amende 6 millions de dinars a été infligée par la chambre pénale de Tipaza, à la prétendue fille du président déchu, Mme Maya, de son vrai nom Zoulikha Nachineche, alors que deux autres de 10 ans de prison ferme, et de 8 ans de prison ferme, ont été retenues contre respectivement, l’ex-patron de la police, Abdelghani Hamel, l’ex-ministre du Travail, Mohamed Ghazi, ainsi que l’ex-ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaalane.
La chambre pénale près la cour de Tipaza, a rendu aujourd’hui son verdict relatif à l’affaire « Mme Maya », prétendue fille du président déchu, poursuivie pour entre autres : « trafic d’influence, blanchiment d’argent, transfert illicite de fonds vers l’étranger et corruption ».
Mise en délibérée dimanche dernier, après un procès de trois jours, Mme Maya, de son vrai nom Zoulikha Nachinèche, a été condamnée à 12 ans de prison ferme, une amende de 6 millions de dinars, alors que ses deux filles Imène et Farah, ont écopé de 5 ans de prison, d’une amende de 3 millions de dinars, de la confiscation de leurs passeports, mais aussi de tous leurs biens ainsi que ceux de leur mère. Farah et Imène, sont soumises à une période de sûreté de 2 ans au cours de laquelle, elles sont privées de leurs droits civiques.
La cour a condamné par ailleurs, la mère et les deux filles à dédommager le trésor public, pour le préjudice qu’il a subi et évalué à 600 millions de dinars. Elle a prononcé la peine de 10 ans (au lieu de 12 ans ferme retenue par le tribunal), assortie d’une amende d’un million de dinars, contre l’ex-ministre du Travail, Mohamed Ghazi et l’ancien patron de la police, Abdelghani Hamel, et 8 ans de prison ferme (au lieu de 10 ans) contre l’ex-ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaalane, assortie d’une amende d’un million de dinars.
Une peine de 10 ans de prison ferme assortie d’une amende d’un million de dinars, a été retenu contre les prévenus en fuite, à savoir, Mohamed Cherifi, connu sous le nom de Siousiou et l’ex-député Ammar Yahiaoui et condamné Mustapha Boutaleb, à 7 ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars, Belkacem Bensmina et Goudjil, à 2 ans de prison ferme, ainsi que Chafi Ghazi, le fils de l’ex-ministre Mohamed Ghazi, à 18 mois de prison.
La cour a d’autre part infligé des sanctions pécuniaires réclamées par le trésor public aux prévenus. Ainsi, en plus de 600 millions de dinars que Mme Maya et ses deux filles devront payer, Ammar Yahiaoui et Mohamed Chérifi, en fuite sont condamnés, chacun de son côté, à s’acquitter de la somme de 10 millions de dinars, Mohamed Ghazi, 7 millions de dinars, abdelghani Hamel, 3 millions de dinars, Miloud Benaicha, 2 millions de dinars, Abdelghani Zaalane, un million de dinars et Boutaleb, 100 000 DA.
https://www.elwatan.com/edition/actualite/mme-maya-la-pretendue-fille-du-president-dechu-condamnee-a-12-ans-de-prison-31-12-2020
ME MAYA, SES LIENS SUPPOSÉS AVEC BOUTEFLIKA ET LES AFFAIRES
Le visage caché d'une arnaque
Pendant presque vingt ans, l’existence de la fille cachée d’Abdelaziz Bouteflika n’était qu’une simple rumeur, une banale usurpation d’identité. Confortée par le silence du président de la République qui avait des liens réels avec Mme Maya, cette prétendue filiation a pris la dimension d’un grand scandale de corruption.
e suis une femme d’affaires.” C’est en ces termes que Zoulikha Chafika Nachinachi, née le 14 novembre 1958, s’est présentée à la présidente de la chambre pénale près la cour de Tipasa, le samedi 26 décembre. Vêtue de noir, les cheveux teints, parfaitement coiffés et coquettement couverts d’un châle Monogram Louis Vuitton marron aux contours dorés (sans doute original), elle garde, à la barre pendant presque une heure, une attitude stoïque et dédaigneuse. Elle se montre autrement que lors de son procès au tribunal de Chéraga, où, portant une djellaba, elle est apparue beaucoup moins arrogante.
Devant la juge de siège, elle s’exprime avec éloquence et assurance, donnant des réponses précises et étudiées, comme si elle les avait apprises. De temps à autre, un de ses avocats ou sa fille Farah lui soufflent discrètement ce qu’elle doit dire. Au bout de la troisième intervention, la magistrate les interpelle : “Éloignez-vous d’elle. N’intervenez plus dans l’audition. Je répéterai autant de fois qu’il le faudra la question pour qu’elle la comprenne. Pour le moment, elle se débrouille très bien.” Paradoxalement, la prévenue privilégie l’usage de l’arabe sans trop châtier la langue qu’elle prétendait ne pas maîtriser.
À l’issue de l’interrogatoire, elle rejoint le banc des accusés, le visage figé, sans sourire, ni crispation. Il s’illumine furtivement par les regards tendres, échangés avec ses deux filles, Imène et Farah, condamnées en première instance à cinq ans de prison ferme sans mandat de dépôt. “Elle a une relation fusionnelle et protectrice avec ses deux filles.
Elle a mis des biens à leur nom pour qu’elles soient à l’abri, quand les médecins lui ont donné une espérance de vie de six mois”, nous confie Me Abdelaziz Medjdouba, avocat de la famille. Mme Nachinachi a démenti les pronostics pessimistes du corps médical, en gagnant sa bataille contre un cancer invasif. Elle est, toutefois, rattrapée par la fatalité. Actuellement, elle est atteinte d’un mélanome, selon des membres du collectif de sa défense. Ses jours sont à nouveau comptés.
“Elle a été diabolisée. Pourtant c’est une femme très généreuse”, atteste le bâtonnier de la région de Blida. “Elle offrait souvent des omras à des personnes démunies. Elle a financé le transfert à l’étranger pour soins d’un malade atteint d’un cancer. Une partie de l’argent trouvée chez elle était destinée à la construction d’une mosquée”, poursuit-il, tentant d’enlever à sa mandante la réputation de dame cupide, calculatrice et manipulatrice.
“On l’appelle la princesse de Moretti, la sulfureuse Maya… Elle n’est qu’une mère de famille qui paie pour sa proximité avec le président déchu”, insiste notre interlocuteur. Connaissait-elle réellement l’ancien chef de l’État Abdelaziz Bouteflika ? “Oui, elle faisait partie de son milieu familial. Le président a fait un transfert d’affection sur ses filles. Les trois femmes lui rendaient souvent visite pendant sa maladie”, atteste-t-il. Il anticipe sur l’incontournable question : “Elle n’est pas la fille biologique de Bouteflika. L’année de sa naissance, il était à Oujda. Sa mère n’a jamais quitté le territoire national. Une union entre eux était impossible.”
Le père de Zoulikha Nachinachi a combattu au maquis aux côtés de de Houari Boumediène durant la guerre de Libération nationale, affirment différents témoins. Il aurait, par son entremise, connu Abdelaziz Bouteflika, à l’époque où ce dernier avait en charge le ministère d es Affaires étrangères (1963-1979). Entre les deux hommes se tisse une amitié solide, soutient Imène Benachi, lors du procès en appel. Ce lien s’avèrera providentiel pour sa fille Zoulikha, plus de vingt ans plus tard. Dans l’intermède, elle se marie, met au monde deux filles en 1984 et 1987, divorce, travaille dans la confection, puis tente sa chance dans l’importation.
A-t-elle fréquenté assidument les Bouteflika pendant toutes ces années ? Les uns disent oui, les autres sont plutôt circonspects. Une certitude, néanmoins, ses affaires se heurtent à des entraves et des refus. En 2004, elle décide de solliciter l’aide du chef de l’État pour pouvoir concrétiser un projet de rénovation d’un parc d’attractions dans la wilaya de Chlef.
Elle est reçue au Palais d’El-Mouradia par le premier magistrat du pays, lequel charge son secrétaire particulier, Mohamed Rougab, de l’assister dans ses démarches. Ce dernier la confie aussitôt au wali de Chlef, Mohamed Ghazi, en tant que “Mme Maya”, membre de la famille du président de la République.
La légende de la fille présumée d’Abdelaziz Bouteflika est née à ce moment-là. Ce n’était qu’une simple rumeur, une banale usurpation d’identité. Confortée par le silence suggestif de la plus haute hiérarchie institutionnelle, cette prétendue filiation prend la dimension d’un secret d’État. De mère célibataire, femme d’affaires sans succès, Zoulikha Chafika Nachinachi devient la cheffe (mâalma), adulée par de hauts responsables de l’État et courtisée par des entrepreneurs et des investisseurs en quête d’intermédiaires stratégiquement placés dans la sphère des décideurs.
Son cercle d’influence étendu lui permet de bâtir une fortune immense : un parc d’attractions à Chlef, un terrain de 5 000 m2, acquis à 5 millions de dinars revendu deux fois son prix, des villas dans des quartiers huppés de la capitale (Hydra, Ben-Akoun, Moretti…), des appartements à Paris, à Palma et à Barcelone, des voitures de luxe… et des comptes bancaires en dinars et en monnaie étrangère… Elle inscrit de nombreux biens au nom de ses filles, à peine sorties de l’adolescence. Les trois femmes, qui habitaient jusqu’en 2009 un appartement au Télemly, à en croire l’avocat du fiancé d’Imène, intègrent la nomenklatura riche, puissante et intouchable.
Mme Maya a failli perdre ce statut en 2017, à la faveur d’une information judiciaire, ouverte sur la foi d’une saisie de 95 millions de dinars, 270 000 euros, 30 000 dollars américains et 17 kg de bijoux dans sa villa jumelée de Moretti. L’enquête des services de la sécurité intérieure est bloquée brutalement. La sexagénaire retrouve son faste, sans se douter que deux ans plus tard, elle sera rattrapée par sa concupiscence et ses accointances avec un président déchu.
“Le seul crime de Zoulikha Nachinachi est sa relation avec l’ancien chef de l’État”, martèle à l’audience, lors du procès en appel, Me Medjdouba, invoquant “un délit provoqué”. Il justifie les biens qu’elle possède par un héritage, un capital constitué par des transactions immobilières fructueuses et les recettes du parc d’attractions.
A-t-il convaincu, autant que ses confrères, la présidente de la chambre pénale et ses assesseurs ? On le saura le 31 décembre, jour où sera rendu le verdict. En première instance, sa cliente avait été condamnée à douze ans de réclusion criminelle.
Souhila HAMMADI
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