Abdelhakim Sefrioui, le 29 décembre 2012, lors d'une arrestation pendant une manifestation non-autorisée, à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)
A mes yeux, Mr Sefrioui, vous êtes le commanditaire de cet acte barbare. Vous avez instrumentalisé la violence qu’il y avait dans le sang de ce jeune tchétchène de 18 ans qui, assurément, n’avait même pas commencé à structurer le début d’une réflexion propre et surtout, enfant ayant été éduqué par la guerre, était habité d’une violence sans limite. Vous prétendez défendre l’Islam mais vous êtes le premier complice de l’Islamophobie en France. Vous prétendez protéger vos enfants, mais vous condamnez leur avenir et vous les emprisonnez dans la geôle de votre ignorance crasse. Au regard du discours que vous avez tenu et qui montre tout de votre bêtise, je m’en vais vous expliciter avec pédagogie et bienveillance la médiocrité de votre interprétation très personnelle de l’Islam. Un Islam dévoyé à la gloire de votre égo pathologique. J’espère que jamais votre conscience ne vous laissera en paix avec vous-même. J’espère que vos enfants sauront se défaire des tentacules intellectuelles malveillantes dont vous les entrelacez pour mieux étouffer leur liberté. Je vous souhaite Assalamu alaykum, Mr Sefrioui, en vain je pense.
Tout d’abord, il semble important que vous sachiez, Monsieur, que je suis né en terre d’Islam : mes parents étaient musulmans et j’ai grandi dans un environnement où l’éducation musulmane était la norme. À la maison, il y avait deux écoles, l’Islam de mon père et celui de ma mère. D’un côté, un Islam de l’invective, d’une fausse érudition pervertie, de frustrations mal digérées, un Islam Tartuffe au service de pervers narcissiques qui entendent rayonner en maintenant une emprise malsaine sur leurs proches, leurs femmes, leurs enfants.
De l’autre, il y avait l’Islam de ma mère qui reposait avant tout sur une profonde humilité, une peur du néant post-mortem, la certitude de devoir faire le bien et de respecter les autres, un Islam qui reposait sur un amour profond pour ses enfants et sur le vœu déterminé qu’ils aient un avenir paisible.
Deux parcours : mon père était né en Algérie et avait grandi là-bas, dans un petit village des montagnes kabyles, dont le mode de vie plus qu’harmonieux était comme figé dans le temps. À 11 ans, en pleine guerre d’Algérie, son père l’emmena lui, ses 13 frères et sœurs en France. Mon grand-père travaillait à l’usine et fit tout ce qu’il pouvait pour que ses enfants se construisent un avenir. Tous étaient scolarisés à l’école de la république. Mais, devant le comportement décevant de ses enfants, mon grand-père décida d’en ramener certains en Algérie pour les remettre sur le bon chemin. C’est ainsi que mon père, après son service militaire, commença une carrière professionnelle en Algérie. L’Algérie était son pays, ses ambitions étaient algériennes, son avenir s’éteindrait là-bas. Son seul lien avec la France, c’était finalement cette femme qu’il avait épousé pour obtenir la carte d’identité et les enfants qu’elle lui donna.
Cette femme, elle, était une enfant d’immigrés née en France. Une première génération comme on dit. Mon grand-père était ainsi fier de travailler à la mine et de faire vivre à la force de son poignet toute sa famille. Ma mère, contrairement à mon père, avait épousé le rêve de son père de s’installer en France : elle était travailleuse, s’intéressait aussi bien à la culture française qu’à celle de son pays d’origine, tout en restant fidèle aux préceptes musulmans que ses parents lui avaient inculqués. Elle n’avait aucune velléité, aucune rancœur, aucune pensée guerrière ou revancharde. Pour elle, l’équation était simple : il fallait bien se comporter, respecter les autres, selon les préceptes de l’Islam, et surtout travailler. Elle ne s’adapta pas à l’environnement de la cité dans laquelle nous grandîmes : alors que mon père, après la grasse matinée quotidienne, passait son temps à faire de la politique, à diligenter les affaires de la famille, à dénoncer les cochons de français, elle venait nous chercher pour ne pas que l’on traîne dehors, prête à se battre avec les caïds du quartier pour ne pas qu’ils traînent avec nous, pour ne pas que l’on finisse dealer.
Être musulmane pour ma mère, c’était avoir peur du bon dieu, de ne pas faire le mal pour ne pas avoir de malheur, s’agenouiller devant le transcendantal en signe de petitesse et d’humilité. Pour mon père, c’était clamer haut et fort sa supériorité, sa certitude d’avoir raison sur tout.
Je vous connais Mr Sefrioui. Je vous connais même très bien, vous me faites penser à ce père qui, à travers ma mère, moi et mes frères, ne souhaitait qu’une chose: enfermer ses proches dans un passé mal digéré, dans un fantasme obsessionnel d’une grandeur volée, assouvir sa soif de vengeance envers une France colonisatrice, une France qui n’a jamais su reconnaître sa grandeur, la grandeur des maghrébins, de l’Islam, cet Islam politique qui est le bras armé de l’ignorance haineuse que certains brandissent pour s’exonérer de leur propre bêtise. Car, derrière votre prose grandiloquente Mr Sefrioui, à votre dépit, on ne sent que la détresse intellectuelle d’une personne associable qui se vend comme érudit. Cette prose grandiloquente, autant qu’haineuse, que vous vomissez sur les réseaux sociaux et même sur la place publique dit tout du mal dont vous souffrez : un égo pathologique qu’une trop grande paresse et une fierté mal placée empêche d’être satisfait.
Qui êtes-vous Monsieur Sefrioui ? Vous êtes un imam autoproclamé en France. Êtes-vous vraiment Imam ? La seule organisation qui vous a reconnu ce titre fut créée par vous et n’existe plus, même si vous vous en réclamez encore. Vous n’êtes pas plus imam que vous n’avez été enseignant en informatique pendant 15 ans comme vous le prétendez. Vous êtes un affabulateur. Qu’êtes-vous donc alors Mr Sefrioui ? Vous n’êtes qu’un fardeau pour les sociétés contemporaines. Qui étiez-vous au Maroc avant de venir en France ? Un fardeau déjà. Comme en France, vous avez bien tenté de vous construire une carrière politique. Au Maroc, on rigole moins avec les clowns dans votre genre. C’est d’ailleurs pour cela que vous en êtes parti malgré vos grandes ambitions politiques, le Maroc ne voulait pas de vous et de votre parti de prédicateurs haineux. Vous trouviez alors une femme pour venir exercer vos talents d’orateur incompris en France. S’improviser grand prédicateur auprès d’une population où de nombreuses personnes sont en détresse sociale et culturelle, quand soi-même on vient d’un pays arabophone musulman et que l’on maîtrise mieux que les autochtones la langue française, qui est très bien enseignée dans les pays africains, c’est effectivement tellement facile, bien plus facile qu’au Maroc où vous auriez fini en prison. Pourquoi travailler : on s’est marié à une française, on lui fait des enfants, on perçoit les aides sociales. On a ainsi tout le temps de faire de la politique dans la rue, de montrer à tous comment on s’exprime aussi bien en arabe qu’en français, en leur disant bien sûr ce qu’ils veulent entendre, ce que vous n’avez cessé de faire de la rue Jean-Pierre Timbaud à République.
C’est d’ailleurs très intéressant de savoir que c’est justement rue Jean Pierre Thimbaud que vous faisiez vos premières armes en France. Ce quartier de la capitale qui va des buttes Chaumont, berceau des frères Kouachi, jusqu’à République en passant par Belleville et sa cité blanche, est l’endroit le plus révélateur de la fantasmagorie qui ensanglante notre pays depuis les attentats de Charlie Hebdo. Je suis monté à Paris à la suite de mes études. Après avoir payé très cher des logements insalubres loués par des marchands de sommeil, j’eus la chance d’obtenir un logement HLM à la cité blanche à Belleville, à deux pas de République. 350 euros pour 50 m² alors que je payais jusque-là 6 à 700 euros pour 20 m². Je vivais cela comme un privilège, au début. Très vite, je déchantai car, malgré ce privilège social de pouvoir ainsi loger en plein Paris pour un loyer plus que modeste, l’environnement était pollué par une bande de Greemlins qui se prenaient pour des blacks panthers à l’américaine vivant à Harlem. Et comme aux Etats-Unis, dans ce scénario bas du front, il y avait la Nation de l’Islam qui venait prospérer sur le désarroi intellectuel, la violence et la misère affective. Là, il n’était pas question de misère matérielle, cette excuse n’avait ici aucun fondement : on était à Paris, la richesse était partout, les opportunités à deux pas du métro Thimbaud. Pas question non plus de problème d’intégration, de Ménilmontant à Barbès, il n’est pas au monde d’endroits plus cosmopolites. Pourtant, une certaine jeunesse se complaisait dans cette comédie qui consistait à se faire passer pour un déshérité, pour une victime d’injustice, de racisme, alors même que tous les possibles s’offraient à eux. Cela s’explique en partie par le fait que ces enfants de la république ont été enfermés très tôt dans une pensée auto-destructrice: détester tout ce qu’il y a en soit de français, d’occidental, de sensibilité romantique, de rêve d’un avenir paisible et sans histoires. Et ce sont vous, les prédicateurs de cage d’escalier qui les enfermez dans cette vie vouée à l’échec ou à la mort, vous les imposteurs, qui n’ayant pas prospéré chez eux, viennent en France vivre conjointement paresse et rêves de grandeur. Votre discours vous dénonce Mr Sefrioui.
Quel est ce discours ? Intéressons-nous d’abord à l’un de ces nombreux discours que vous avez distillé sur les places de Paris. Vous êtes en effet un militant pro-Palestinien très engagé. Cela n’est en rien un mal. Je suis moi-même fermement opposé à la politique Israélienne depuis la mort d’Izaak Rabbin alors qu’un processus de paix était en gestation. J’ai été indigné par l’élection d’ Ariel Sharon puis de Netanyaou et par le sort réservé aux enfants palestiniens. Nous sommes nombreux de par le monde à être indignés par ce crime contre l’humanité dont est coupable l’extrême droite israélienne. Mais l’extrême droite israélienne n’est pas Israel: de nombreux israéliens dénoncent aussi les exactions commises par l’armée israélienne. Et Israel n’est pas les juifs, peuple qui, par son histoire, a dû passer son temps à fuir le racisme et qui s’est ainsi installé dans le monde entier. Mais vous êtes incapable de saisir ces éléments Mr Sefrioui, d’ailleurs, on pourrait vous les démontrer un à un, vous n’en voudriez toujours pas, car, ce que vous souhaitez, vous, c’est la guerre. Que souhaiterait un vrai musulman, un parent pour les enfants palestiniens ? Qu’ils n’aient pas à prendre les armes, qu’ils puissent vivre normalement, se construire un avenir. Que souhaitez-vous, vous Mr Sefrioui ? La guerre sans compromis. Vous vous permettez même de faire la leçon aux dirigeants palestiniens qui font tout ce qu’ils peuvent pour défendre un Etat Palestinien et un avenir pour leurs enfants. Qui êtes-vous Mr Sefrioui pour dire aux dirigeants des pays arabes quel est le chemin vers une paix durable et bénéfique pour tous, Israéliens et Palestiniens. Quel est votre fait d’arme ? Vous parlez de tout avec prétention mais qu’avez-vous fait pour les enfants palestiniens, à part quelques missions humanitaires qui avaient avant tout vocation à démontrer votre grandeur ? Qu’attendez-vous pour aller vivre en Palestine et prendre les armes ? C’est tellement plus facile de faire le beau parleur en France. Tellement plus simple d’inciter des gamins en perdition à faire la guerre. Vous êtes un lâche qui exhorte des enfants à se battre alors que vous avez passé votre vie à chercher une bonne planque, au Maroc ou en France.
Venons-en au discours que vous avez tenu pour dénoncer Samuel Paty. Samuel Paty était enseignant. À ce titre, il respectait les programmes et traitait des sujets qui figuraient dans ces programmes, dont la liberté d’expression. Quelle modalité choisir pour évoquer la liberté d’expression ? Devant des élèves qui sont happés par les séries Netflix et les réseaux sociaux, leur parler de l’assassinat de Jean Jaurès ou de l’exil de Victor Hugo, pourquoi pas...Mais, il semble tellement plus intéressant, passionnant, stimulant pour ces élèves d’évoquer des sujets qui les concernent, des sujets d’actualités. Pouvoir parler avec eux des attentats de Charlie, des caricatures, eux qui, pour une part ne se sentaient pas Charlie et étaient dénoncés pour cela...Au moins, parvenir à un consensus qui, sans les exhorter à être Charlie, à apprécier ces caricatures, les inviterait à accepter qu’on ne tue pas les gens parce qu’ils ne sont pas musulmans, et qu’à ce titre, ils ne se sentent pas concernés par les règles qui régissent la vie des musulmans et donc peuvent se permettre de moquer Mahomet, les musulmans, comme on l’a toujours fait en France, pour Jésus, les prêtres, les rabbins. Que souhaitez-vous Mr Sefriouoi, vous et vos copains qui vous prenez pour des prophètes ? Imposer vos règles religieuses à tous, en lieu et place des lois françaises ? Imposer vos règles musulmanes à 95 % de la population française qui n’est pas musulmane ? Imposer votre lecture moyenâgeuse du Coran aux 5 millions de musulmans français ? Moi, par exemple, je ne suis pas musulman malgré l’éducation que j’ai reçue. Ce n’est pas faute d’avoir été conditionné par mon père et les imams autoproclamés du quartier dans lequel j’ai grandi. L’Islam, Mr Sefrioui, à votre grande damne, à vous et à vos homologues islamophobes d’extrême droite, n’est pas un gène que l’on se transmet. Vous pouvez tenter de conditionner ces enfants en leur faisant taper la tête contre un Coran 1000 fois par jour, la foi est une affaire personnelle. Et, à moins de vouloir réduire vos enfants à de simples animaux domestiques que l’on dresserait, vous ne pourrez jamais les obliger, et encore moins en France, à être musulmans. Vous ne pourrez pas plus les enfermer dans cette interprétation moyenâgeuse de l’Islam. Vous et les parents qui ont dénoncé le cours de Samuel Paty devez comprendre cela : votre prosélytisme éducationnel a plus de chance de rendre l’Islam trop étroit aux yeux de ces enfants et de les en éloigner que de les convaincre de l’opportunité de suivre vos pas Mr Sefrioui. Et si par malheur pour eux, ils s’enfermaient dans la haine et le séparatisme que vous proposez, ils ne seront jamais en paix en France car nous ne cesserons jamais de vivre comme on y a toujours vécu, avec le blasphème comme étendard de la liberté d’expression. Blasphèmes contre les institutions, Blasphèmes contre les religions, Blasphème contre toutes les sortes de prison.
Pensez-vous être un exemple pour ces enfants ? Pensez-vous qu’ils rêvent de devenir comme vous ? Nous, enseignants, notre rôle n’est pas de leur proposer comme avenir de devenir des prophètes de cages d’escaliers. Et comme nous, enseignants, pensons que les musulmans de France sont aussi capables de devenir Avocat, Ingénieur, Médecin, Chefs d’entreprises, en conciliant leur foi de musulman et le cadre démocratique dans lequel s’inscrit la France, nous avons pour mission de leur transmettre, de leur expliquer la société française, ses mœurs, son cadre juridique, son histoire passée ou plus récente. Ces caricatures font partie de l’Histoire de France, c’est vous et tous les prédicateurs de cages d’escaliers qui avez fait entrer ces caricatures dans l’Histoire. C’est vous, les nouveaux prétendants aux Hadits conquérantes et sanglantes, qui avez rendu ces dessins sacrés en trucidant les auteurs de Charlie Hebdo, pour des dessins, de simples dessins, qui en plus avaient vocation à dire que les musulmans n’étaient pas tous des terroristes et que l’Islam n’exigeait pas d’eux qu’ils se comportent comme des barbares. Mais vous n’avez rien compris à ces dessins que pourtant vous souhaitez brûler. Jamais ces dessins n’auraient été autant diffusés sans vous, sans la publicité sanglante que vous leur faites. Si blasphème il y a, vous êtes alors les premiers complices de ce blasphème et de son rayonnement, et plus vous continuerez à vouloir nous imposer votre tyrannie plus égotique que prophétique, plus ces caricatures diffuseront de par le monde. N’est-ce pas là la plus belle des morales ? Une morale qui mériterait bien une Hadit.
En tant qu’enseignant en sciences, je n’aurai de cesse de leur expliquer qu’en France, on distingue la science et la croyance, les faits factuels et éprouvés, des prophéties trop souvent fantasmées. Je n’aurai de cesse de leur démontrer, au grand damne des religions, de toutes les religions, que la Terre a 4,6 Milliards d’années, que l’homme descend du singe et qu’il n’a aucune destiné divine et que, s’il ne se rend pas rapidement compte de sa petitesse, Allah Akbar, il disparaîtra de cette planète. La plupart des musulmans de France ont compris les règles du jeu et s’en accommodent très bien: ils font des études, deviennent de grands acteurs, de grands footballeurs, des avocats, des médecins et des chercheurs de renom. D’ailleurs, eux ne vous considèrent pas. Pis, ils sont encore plus sévères à votre encontre que toute l’extrême droite française. Car, à leurs yeux, à mes yeux, vous faites du mal aux musulmans de France en ordonnant qu’ils demeurent dans l’ignorance, l’exclusion et la précarité. Très tôt, j’ai cessé d’être musulman, trop attiré par la science, par l’Astronomie, par Darwin, par la musique et la littérature française, par Brel et Brassens...Très tôt, j’ai été en conflit avec mon père et avec les imams autoproclamés de cage d’escalier comme vous, Mr Sefrioui. Lors de nos échanges, j’étais affligé des mystifications débiles que ces prédicateurs faisaient entrer dans la cervelle des gamins acculturés avec lesquels je grandissais: Neil Armstrong serait devenu musulman en posant le pied sur la Lune car il aurait alors entendu la prière musulmane venant de La Mecque, le commandant Cousteau lui-même serait devenu musulman lorsqu’il découvrit une source d’eau douce en méditerranée seulement décrite dans le Coran...Comment faire entrer des conneries aussi énormes dans la tête d’enfants et souhaiter leur bien ? Comment prétendre vouloir les protéger quand on fait tout pour les empêcher de se servir de leur cerveau et d’éveiller leur esprit ? Comment même en faire des musulmans pieux en avortant même le début d’une réflexion propre et sérieuse ? Heureusement, pour la France et pour les musulmans de France, vous n’êtes que la frange misérabiliste d’un Islam pour les nuls, vous êtes les Thénardiers de l’Islam, des sortes de nécrophages de destins trop tôt condamnés.
Car, c’est bien cela le plus ridicule dans votre discours qui dénonce Samuel Paty: vous parlez au nom des musulmans de France ! Pour qui vous prenez-vous ? Pour le prophète lui-même ? Dans ce cas, vous blasphémez bien plus que toutes les caricatures de Charlie Hebdo. Avez-vous été élu ? Non. Avez-vous au moins été formé ? Non, plus. Ce n’est pas faute de faire des vidéo Youtube, de twitter frénétiquement, d’haranguer la foule place de la république... Votre auditoire est insignifiant tant sur la place publique que sur les réseaux sociaux.
Vous ne parlez qu’au nom de vous-même Mr Sefrioui et de votre ambition mégalomaniaque. Cette Fatwa contre notre collègue était votre moment de gloire. Personne ne vous écoutait sur la Palestine, cette affaire était une opportunité pour enfin exister et faire prospérer vos ambitions politiques. Vous vous foutez de ces enfants et même des familles qui ont été, d’après vous, choquées par le cours de Samuel Paty. Vous dites que les enfants musulmans se sont sentis humiliés ? Qu’auraient dit alors de vrais imams, des sages de l’Islam ? S’en fiant à Allah, ils auraient expliqué que Dieu seul savait quel est ce chemin par lequel chacun passe et que si épreuve il y a, c’est Allah qui leur impose pour éprouver leur foi. Tout au pire, ils les auraient invités à s’éloigner de la culture française et à inscrire leur fille dans une école confessionnelle. Pour votre information, Mr Sefrioui, le prophète Muhammad a passé sa vie à, justement, trouver des compromis avec les autres religions pour permettre à l’Islam de se répandre. Il a même fait reposer le début de son règne à Médine, sur une entente avec les tribus juives qui lui ont permis de prendre le pouvoir et d’installer l’Islam. C’est d’ailleurs la Sahifa, la constitution de Médine, qui grave dans le marbre le respect des autres religions, qui représente le plus la pensée du prophète Muhammad, pour la simple raison qu’il s’agit du texte islamique le plus ancien et qu’il a été écrit du vivant de Muhammad. Ce texte invite à la cohabitation intelligente des communautés d’alors, quand vous, vous prêchez la guerre de tous contre tous. Est-ce utile de vous parler, alors que je soupçonne votre ignorance d’être volontaire et perverse, du pacte d’Hudaybiyya conclu avec les païens de La Mecque d’alors, pacte conclu pour obtenir la paix ? Vous ne comprenez rien à l’Islam Mr Sefrioui, mais il est tellement facile de se faire passer pour érudit devant des cerveaux désemparés.
Al Anfal-8-61 : « Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allah, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient. ».
Samuel Paty était un être paisible. Il ne faisait que faire son travail d’enseignant, travail pour lequel nous sommes salariés. Notre mission est dirigée vers la paix, la paix des hommes, de toutes les communautés, de tous les individus. Notre combat est d’assurer, à tous les enfants que l’on nous confie, un avenir paisible en France. Le cours sur la liberté d’expression de Samuel Paty était un message de paix : permettre à ces enfants musulmans de sortir du cours pour ne pas se sentir offensés ou au contraire d’assister à l’exposition de ces caricatures, c’est les respecter, leur offrir une liberté dont vous et vos acolytes entendent les priver. Samuel Paty ne faisait qu’offrir à ces enfants la possibilité d’exprimer leurs opinions sur un sujet qui nous divise, car ce n’est que par la communication qu’un vivre ensemble sera envisageable. Cherchait-il à dénoncer l’Islam ou à dénigrer les musulmans ? En aucun cas et d’ailleurs là encore, relisez le coran, vous n’y retrouverez un verset interdisant la représentation du prophète Muhammad, qui d’ailleurs accepta à plusieurs reprises d’être représenté. Cette règle débile vient de Hadit, rédigée par des égo pathologiques dont vous vous inspirez. Mais être Musulman veut dire suivre la vie du prophète, pas celle de pervers mégalomaniaques trop ambitieux, déclinée dans les Hadit. Et quand bien même, vos règles interdiraient la représentation du prophète, ce sont vos règles, celles de quelques dizaines, peut-être centaines de milliers de musulmans rigoristes. Ce ne sont pas et ne seront jamais nos règles à nous français de toutes les confessions. Vous n’avez pas à me dire comment faire mon travail d’enseignant. Vous n’avez pas, ni vous, ni aucun parent, à me dire quel support j’ai le droit ou non d’utiliser. Je suis plus que suspicieux quant aux diatribes qui vous servent de prêche auprès des enfants auxquels nous essayons de donner un avenir, quand vous, vous rêvez de les envoyer à la mort. Pour autant, je ne viens pas dénoncer vos prêches haineuses, je ne viens pas vous agresser, je n’invite pas les français à venir vous égorger. Pourtant vos prêches sont bien plus violents que ne le seront jamais les caricatures de Charlie Hebdo. Notre intention, à nous enseignants, c’est que ces enfants vivent en paix. Samuel Paty travaillait en Banlieue, c’était son choix et, comme beaucoup de mes collègues qui travaillent en banlieues, il le faisait car il pensait qu’il était important d’être là pour ces enfants, pour leur offrir un horizon. L’utilisation qu’il a fait de ces dessins avait justement vocation à leur ouvrir un horizon intellectuel, à les inviter à une tolérance quant à la satyre qui est une tradition séculaire française, et même plus, un droit fondamental. Sans cette tolérance nécessaire vis à vis de nos libertés en tant que citoyen français, ces enfants s’enfermeront dans une opposition frontale et violente qui ne leur permettra pas de s’épanouir et de vivre paisiblement en France.
Et c’est bien cela que vous souhaitez Mr Sefrioui, l’affrontement. Et vous usez de ces gamins paumés, comme de ce jeune Tchétchène, comme d’une armée. En cela, vous êtes le plus grand complice de l’Islamophobie, car jamais les musulmans ne pourront vivre en paix en France tant que des politiciens de votre genre détourneront l’Islam pour leur ambition personnelle. Ce gamin Tchétchène a crié Allah Akbar. Vous êtes bien trop limité intellectuellement pour comprendre la profondeur de cette expression ainsi que celle de la prière musulmane. Dieu est grand, signifie que nous les hommes, et même son messager, ne sommes rien, sommes tout petits. S’agenouiller en direction du tout puissant est un signe de soumission à la toute puissance, à laquelle nous n’aurons jamais accès. Si ce gamin tchétchène avait appris cela, s’il avait été accompagné par des vrais musulmans et non des politiciens de maisons de quartiers, jamais il n’aurait eu la prétention de s’autoproclamer martyrs, d’infliger la sentence à la place du tout puissant. Humble, il s’en serait remis à Allah. Aujourd’hui, des parents ont vu leur enfants de 18 ans se faire abattre après avoir commis un acte d’une barbarie et d’une lâcheté sans pareil face à une personne sans défense. Aujourd’hui, les gamins que vous prétendiez défendre et qui ont dénoncé auprès de vous cet enseignant, auront une responsabilité dans la mort de Samuel Paty. Souhaitons-leur de trouver le chemin de la paix intérieure. Quant à vous Mr Sefrioui, vous et tous les prédicateurs de France et de Navarre, allez-vous-en. Il y a de nombreux pays dans lesquels vos enfants ne seront jamais agressés par un dessin, par un baiser à la télévision, par les mots liberté, égalité, fraternité, par l’idée des droits de la femme et de l’enfant. Vous avez tué Samuel Paty. Avant lui, vous avez tué de nombreux autres innocents qui vivaient en paix. Nous continuerons pourtant à faire des caricatures, de Mahomet, des Imams, des rabbins, des prêtres, nous continuerons à enseigner la liberté d’expression, l’égalité des sexes et la liberté des femmes, nous continuerons à trouver beau le sexe et à ne croire en rien d’autre qu’à l’urgence de vivre paisiblement, pour ne pas mourir dans l’horreur. Si votre présence dans notre pays a vocation à nous priver de cette paix, nous vous invitons aux bannissements, nous nous cotiserons pour vous payer votre billet d’avion aller, sans retour, et même s’il le faut votre installation. Partez, laissez nos enfants tranquilles. Ne voyez aucune haine dans mes propos Mr Sefrioui et autres prédicateurs, je vous souhaite, d’ailleurs, d’assumer vos responsabilités et de trouver la paix intérieure, loin de nous, de notre pays, la France... Même si je doute que ce soit là votre dessein, Assalamu alaykum Mr Sefrioui.
Publié le 21/10/2020
Auteur(s): Jean Mohamed de la Bastille pour FranceSoir
http://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/assalamu-alaykum-mr-sefrioui
El Harrachi et Lennon
Parlez moi d'amour...
https://tipaza.typepad.fr/mon_weblog/2020/10/el-harrachi-et-lennon.html
Les commentaires récents