– Votre association se donne pour mission la collecte des témoignages d’acteurs et de témoins de la guerre de libération. Pouvez-vous nous donner une présentation succincte ?
Notre jeune association a été créée en 2017, en France, pour répondre à une demande qui nous paraissait pressante de lever le voile sur beaucoup de méconnaissances ou d’oublis du fait colonial et nous voulions surtout perpétuer la mémoire de nos valeureux martyrs et moudjahidine qui ont sacrifié leur vie et leur jeunesse pour l’Indépendance de l’Algérie.
Pour cela, nous avons pensé à rechercher des acteurs de la Révolution qui sont encore vivants, les questionner sur leurs souvenirs de guerre et de combat, les enregistrer pour sauvegarder leurs témoignages et surtout les faire rencontrer les jeunes générations pour des échanges, des discussions et des débats qui se sont avérés plus que fructueux lors de nos différentes rencontres organisées jusque-là. Il faut savoir que nous prenons toujours comme «prétexte», si je puis dire, à ces rencontres des dates phares de notre histoire.
– Quelles sont les séquences historiques de la guerre de libération qui vous intéressent le plus ?
Nous nous intéressons justement à tout ce qui touche à la Révolution et en particulier à des dates phares qui sont souvent célébrées et parfois même «fériées» sans que la population algérienne en France, et notamment les jeunes, ne sachent à quoi cela correspond au juste ni à quels événements on se réfère.
Ainsi, nous célébrons par exemple le 1er Novembre, le 17 Octobre, le 19 Mars, le 8 Mai, le 5 Juillet… en invitant des moudjahidine – ceux de la Fédération de France du FLN par exemple – à venir raconter ce passé douloureux et partager leurs souvenirs avec une assistance toujours de plus en plus nombreuse et avide d’en savoir plus sur cette histoire oubliée.
Et justement, nous ne voulons pas que nos jeunes oublient ces sacrifices, mais plutôt qu’ils en soient dignes et fiers pour pouvoir construire leur futur.
– Les historiens y prennent-ils part ?
Oui, à chacune de nos rencontres, nous faisons en sorte d’inviter des historiens des deux rives – quand c’est possible bien sûr – pour parler «histoire».
Nous avons pu recevoir, entre autres, Alain Ruscio, Bernard Deschamps, comme nous avons fait venir des moudjahidine comme Louisette Ighilahriz, Leuldja Aoudia, Mohamed Ghafir dit Moh Clichy, Embarek Krouri, alias Barbare, Djilali Ledjima, Mohand Arezki Ait Ouazou…
Tout ça pour dire que les enfants et les jeunes d’aujourd’hui ont besoin de rencontrer réellement ces acteurs de l’histoire dont ils ont peut-être entendu parler un jour par quelqu’un ou par hasard en parcourant un livre…
– Vous utilisez à fond les réseaux sociaux. Dans quel objectif ?
Effectivement, nous nous basons beaucoup sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube et notre site web federationdefrance.fr) car nous estimons que c’est le média le plus rapide et le plus rassembleur aujourd’hui, surtout que nous voulons toucher en premier lieu les jeunes, et ces jeunes sont pratiquement tous adeptes de ces réseaux.
D’autant plus que souvent, ils ne lisent pas de journaux et encore moins des livres, alors qu’ils sont branchés h24 sur les réseaux sociaux. Une autre raison à cela est qu’il nous est possible par ces moyens technologiques de partager des vidéos et vous savez que très souvent l’image est plus parlante et va durer dans le temps.
Des actions (rencontres, conférences, etc.) sont organisées par vos soins en direction des enfants d’Algériens installés en France. Comment réagissent-ils ?
Justement, notre initiative d’organiser des rencontres ciblait surtout les jeunes et les enfants à travers leurs parents que nous incitions à venir en famille. Ce n’est pas facile, car pour beaucoup cette histoire appartient au passé et ils ne se sentent plus concernés.
Ils préfèrent tourner la page et parler plutôt de leurs problèmes au quotidien en tant que «citoyens français», je comprends un peu ce comportement, mais j’en veux aux parents qui n’ont pas su garder ce lien avec leur «histoire» et leur «pays»…
A mon avis, plus que de l’intégration, il y a eu comme un travail d’assimilation, comme si on voulait complètement détruire ce passé, et c’est justement contre cet oubli et contre cette amnésie que notre association veut s’atteler.
Les jeunes qui nous aident bénévolement dans notre association, ce sont surtout des étudiants algériens venus juste faire leurs études en France et ceux-là, on voit et on sent chez eux cette fibre nationaliste et cette passion de l’Algérie que les «binationaux» n’ont pas.
– Quelles sont vos prochaines actions ?
Notre premier projet est celui de réaliser des reportages de témoignage des moudjahidine qui seront bientôt disponibles sur le site flnalgerie.com en cours de réalisation…
https://www.elwatan.com/edition/actualite/les-jeunes-ne-doivent-pas-oublier-les-sacrifices-de-leurs-aines-17-10-2020
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