Une belle occasion de profiter de ma présence à Montréal pour visiter le nord du Québec, plus précisément le pays des Amérindiens. Il suffisait de prendre l'autobus en direction du Québec et, par étapes, savourer le paysage et observer l'évolution humaine
à travers les siècles.
Muni de ma casquette habituelle, je saisis mon sac où je range appareil photo et menu fretin. L'impedimenta est bien léger, les supermarchés se bousculent pour une société de consommation. A la station chef une foule bigarrée se pressait au guichet, c'était la veille d'un week-end. Les Québécois rejoignaient leur milieu familial comme dans toute les mégapoles. En ce début du mois de juillet, la chaleur est déjà présente, les Québécoises se sont affranchies de leurs surplus vestimentaires sans vergogne. En tenue légère, sans complexe, avec un fort accent d'influence américaine et quelques traits de l'ancienne langue d'oïl, l'attente dans le grand hall est joviale. La plupart des jeunes sont rivés sur leur tablette intelligente. Au Québec, tout est intelligent : porte-clés, voitures, téléphone, etc. et l'homme par conséquent sorti de la zone urbaine, les gratte-ciel se rebiffent pour laisser place aux cyprès et à une nature débordante. Majestueusement, le bus traverse le cœur de l'ancienne Hochelaga, dépasse la grande croix du Mont Royal, les clochers de l'église Saint-Joseph, son oratoire miracle et ses nombreux parcs. En fin de compte, nous voici au quartier du petit Maghreb où se concentre la communauté maghrébine et en particulier les Algériens. Avec les bouchers halal, les cafés bruyants, la limonade Hamoud Boualem, le quartier a acquis une attraction rassembleuse de petite patrie.
Le prolongement de la rue Sherbrooke (65 km) nous mène sur l'autoroute par l'échangeur Turcotte afin de bifurquer sur l'autoroute du nord en direction des Trois Rivières. Le bus, d'une propreté remarquable et d'un confort hors pair, doté d'écrans d'information, gicle sur son bitume ardemment. Je laisse derrière moi la mégapole et mes souvenirs de dix ans d'immigration.
Trois Rivières est la jonction de toute l'eau de la Mauricie, une ville qui tire sa prospérité du papier, à l'épique glorieuse de la drave.
La drave, une technique de légende
Dérivé du mot anglais drive, la drave consiste à accompagner les troncs d'arbres jusqu'à la scierie. Jusqu'en 1995, les cours d'eau du Québec ont servi au flottage du bois. Les troncs coupés en hiver étaient ramenés vers les rivières par les bûcherons lors du dégel. Emportées par les courants, les billes étaient domptées par les draveurs au prix d'un travail physique pénible. Munis de perches, les draveurs dirigeaient la course du bois et remettaient dans le flot des billots arrêtées en chemin, passant d'un rondin à l'autre si besoin était. On les surnommait les castors.
Plus au nord, on croise la ville du Québec, la capitale administrative avec sa colline parlementaire. C'est la destination phare de la Belle Province. Inscrite au patrimoine mondial de l'humanité avec ses dédales d'escaliers et de ruelles pavées, ses anciennes demeures et ses places, ne sont pas sans rappeler qu'ici se joua une large part de l'histoire de la Nouvelle France. C'est le creuset du nationaliste francophone. La conviction souveraine est toujours ancrée chez une bonne partie de la population locale.
Jacques Cartier, en 1534, est le premier à y avoir posé les pieds.
Kebek signifierait en effet là où la rivière se rétrécit en langue algonquienne. Champlain fonda un poste de traite des fourrures et fit édifier un port en 1620 pour se protéger des tribus autochtones.
Hôtels et activités de glace
Québec a cédé à la mode des hôtels de glace, comme il en existe en Suède, en Finlande ou au Groenland. Vous débourserez au moins 500$ pour passer la nuit avec des émotions fortes et un dépaysement inclusif.
La route de la Nouvelle France : de Québec à Sainte Anne-de-Beaupré
La route 138 n'a d'autre intérêt que celui de longer le fleuve Saint Laurent. La 360, ou avenue royale, est une des artères les plus ancienne d'Amérique du Nord. Un véritable chapelet de maisons ancestrales et tricentenaires, s'égrènent sur plusieurs kilomètres. On passe l'Ile aux Coudres, puis l'Ile aux Lièvres pour arriver à Tadoussac.
Tadoussac
La porte du royaume du Saguenay où le pays des «bleuets» qui s'illustre par un accent chantant, un sens pour la fête et un accueil spontané qui laisseront plus d'un visiteur pantois.
La vallée du Saguenay offre une gigantesque faille, dans une vallée glaciaire envahie par la mer, qui déploie des paysages escarpés, ciselés d'anses et de caps. Long de 110 km et large de 2 km, le fjord se glisse entre des parois rocheuses de 300 m de hauteur. La conjugaison de l'eau douce et salée, crée un milieu riche où viennent se nourrir bélugas, phoques, requins et morues.
La grande star de Tadoussac peut peser plus de 100 tonnes, avaler 35.000 litres d'eau d'une seule goulée et passer 95% de son temps sous l'eau. Cette petite localité est en effet considérée comme la capitale mondiale de l'observation des baleines attirées par le krill.
Une pause s'impose pour ma curiosité dans la région afin d'admirer un show de bélugas et d'assister à la fête du Pow wow au Eskoumins et à Pessamit près de Baie Comeau. C'est de là qu'on emprunte la route des barrages du Maniguouaga.
Mon voyage va s'arrêter avec cette fête indienne où vont se mêler chants et danses. Je reprendrai le traversier et je redescendrai vers Montréal par le chemin de la Gaspésie. Mon aventure vers le Nunavut via l'Ungava ne m'est pas permise faute de moyens. Une expédition pareille ressemble à une recherche avec des objectifs, une équipée plus minutieuse, que je ne peux m'inscrire faute de contacts adéquats, de liens universitaires et de budget.
L'anse de Pipounasi au Nitassian
Sur le littoral de Charlevoix (qui vient d'abriter le G7 et son remue-ménage sécuritaire), les Innut y séjournent depuis des siècles, sillonnent en tous sens le vaste territoire grâce aux multiples voies d'eau. Population formée de groupes dispersés sans organisation tribale structurée comme chez les nations indigènes plus au sud : Iroquois, Hurons ou Cherokee. Pendant la période estivale regroupés en petites communautés dans des campements, ils y font entre autres activités la pêche au saumon dans des rivières et la chasse aux cétacés dans la Grande rivière le long de la côte, notamment dans l'anse de Pipounapi.
A l'automne, les indigènes regagnent en bandes l'intérieur du Nitassinan pour la vie en forêt organisée autour de la chasse tout en suivant les déplacements du gros gibier, principalement le caribou. La froidure moins chargée d'humidité est plus tolérable dans les bois que sur le littoral estuarien. Si l'été est la période propice aux cérémonies communautaires de leur culture, l'hiver est celle des cartes et légendes relatés autour du feu dans la tente familiale. Après la fonte des neiges, les mots et les émotions retenus par le froid et le gel se libèrent. La fraîcheur et la joie de vivre deviennent contagieuses : taquineries, éclats de rire de gorge sont au rendez-vous.
Les Escoumins : les lacs et rivières sont innombrables au Québec. Vu du ciel, ce système hydrographique veine l'ensemble de la région. Une dizaine de tentes rondes installées au pied des montagnes. Un filet de fumée qui donne envie de s'y réfugier.
Chez les Amérindiens du nord du Québec
Les Cris comptent parmi les peuples autochtones les mieux organisés du Québec.
La nation montagnaise, c'est environ 19.000 Innuts (le pluriel d'Innu : être humain) qui peuplent la côte nord et le Labrador, depuis 2000 ans. Nomades dans l'âme, les Innus ont profondément imprimé leur culture de ce contact privilégié avec la nature sauvage. Les Amérindiens se sont vus contraints de s'éloigner de leur territoire de chasse traditionnelle et refouler sur les rives vers le nord. (principe colonial).
Route 389 de Baie Comeau au Labrador
Un air de grand nord souffle pour celui qui emprunte la route 389. Partiellement asphaltée, elle est fréquentée par des camions de transport de bois et les employés d'Hydro-Québec. Des virages casse-cou et des nids-de-poule dangereux meublent la route. Peu affectée par la pollution lumineuse, on voit souvent défiler dans son ciel le spectacle des aurores boréals en été. Les accidents sont fréquents et l'isolement complique les communications et la venue des secours. Pessamit, parfois appelé Betsiamite, la capitale des Innus, où le 15 août on fête le Pow-Wow dans la réserve, un défoulement de danse et de chants.
Au pays des Cris
Au nord du continent américain coulent de magnifiques ruisseaux, rivières et fleuves, le pays des Cris. Territoire de développement, lieux d'enjeux colossaux, la terre de ces Indiens est au cœur de querelles d'intérêts et de revendications opposant Cris et Québécois. Alors que les Cris continuent leur pratique de chasse, de pêche et de piège, le Québec tire de ces immenses espaces des revenus importants dont son énergie hydroélectrique. Cette région qu'on appelle la Baie James couvre une surface qui équivaut aux deux tiers de la France, même si elle ne compte que 30.000 habitants.
Cris et Inuits constituent la plus grande partie de la province du Québec, soit la superficie de l'Allemagne, de l'Espagne et du Portugal réunis ! Un gigantesque complexe se voit ériger dans cette région depuis 40 ans. Domaine boréal où l'épinette noire est dominante. Le couvert forestier est supérieur à 40%, c'est le domaine de la taïga, des lichens et de l'épinette.
La région côtière que je parcours bénéficie sur une bande de 200 km qui s'élargit à plus de 300 km à l'intérieur des terres plus ou moins froides ; froides : c'est le climat sub-arctique. Le mois de juillet est le plus clément avec ses 20 degrés alors qu'en janvier il descend à moins 40 degrés. Au nord on rencontre le phénomène que l'on nomme le pergélisol ou permafrost, c'est-à-dire un sous-sol gelé en profondeur.
Problème qui se pose aux cimetières du Montréal (les corps sont entreposés dans des chambres froides. Un conseil : mourrez en été !
Les Inuits occupent les régions arctiques, la toundra (terre pauvre en végétation). Ils sont souvent tournés vers l'exploitation des mammifères marins, c'est là que la Cie de la Baie d'Hudson exploitait le commerce de la fourrure. Le caribou maintient par sa chair une sorte d'abondance nourricière.
La taïga n'est pas seulement le pays de la forêt boréale, c'est aussi celui des lacs et des rivières. De magnifiques étendues d'eau dormantes avec des nénuphars et des castors, des rats musqués, des poissons. Toute la taïga est parcourue de lignes à haute tension sur des milliers de kilomètres. Les mégalopoles tirent littéralement leur énergie. Il ne s'agit pas de métaphore, les pylônes ressemblent à des tours Eiffel, des millions de tours Eiffel en lignes à l'infini qui narguent la taïga et ses habitants. Les gigantesques barrages, merveilles de la technologie, sont perçus comme des monuments emblématiques de la fierté nationale. On parle à leur sujet des pyramides d'Egypte.
Les pelleteries ont perdu beaucoup de leur valeur et des revenus issus du piégeage sont marginaux. L'Etat-providence procure des revenus monétaires aux Cris sous forme d'emplois, d'allocations chômages, pensions, etc. Le chasseur continue à vivre dans le même milieu naturel.
La société Cri contemporaine revendique le titre de nation et s'auto-désigne comme «les 1er nations». Le village Chisasbi est un village moderne, il bénéficie d'un centre commercial avec ses chariots, un hôtel, une cafétéria, une école et un hôpital.
Les motoneiges se garent un peu partout et les Amérindiens soûls titubent à l'entrée de la cafétéria. Un phénomène importé des Blancs comme les maladies vénériennes en Afrique. La tente à suerie (tente cérémoniale dans laquelle on place des rochers chauffés à blanc) sur lesquelles on verse l'eau comme dans un sauna. Sa laver des impuretés mais aussi pour se préparer à la chasse.
à travers les siècles.
Muni de ma casquette habituelle, je saisis mon sac où je range appareil photo et menu fretin. L'impedimenta est bien léger, les supermarchés se bousculent pour une société de consommation. A la station chef une foule bigarrée se pressait au guichet, c'était la veille d'un week-end. Les Québécois rejoignaient leur milieu familial comme dans toute les mégapoles. En ce début du mois de juillet, la chaleur est déjà présente, les Québécoises se sont affranchies de leurs surplus vestimentaires sans vergogne. En tenue légère, sans complexe, avec un fort accent d'influence américaine et quelques traits de l'ancienne langue d'oïl, l'attente dans le grand hall est joviale. La plupart des jeunes sont rivés sur leur tablette intelligente. Au Québec, tout est intelligent : porte-clés, voitures, téléphone, etc. et l'homme par conséquent sorti de la zone urbaine, les gratte-ciel se rebiffent pour laisser place aux cyprès et à une nature débordante. Majestueusement, le bus traverse le cœur de l'ancienne Hochelaga, dépasse la grande croix du Mont Royal, les clochers de l'église Saint-Joseph, son oratoire miracle et ses nombreux parcs. En fin de compte, nous voici au quartier du petit Maghreb où se concentre la communauté maghrébine et en particulier les Algériens. Avec les bouchers halal, les cafés bruyants, la limonade Hamoud Boualem, le quartier a acquis une attraction rassembleuse de petite patrie.
Le prolongement de la rue Sherbrooke (65 km) nous mène sur l'autoroute par l'échangeur Turcotte afin de bifurquer sur l'autoroute du nord en direction des Trois Rivières. Le bus, d'une propreté remarquable et d'un confort hors pair, doté d'écrans d'information, gicle sur son bitume ardemment. Je laisse derrière moi la mégapole et mes souvenirs de dix ans d'immigration.
Trois Rivières est la jonction de toute l'eau de la Mauricie, une ville qui tire sa prospérité du papier, à l'épique glorieuse de la drave.
La drave, une technique de légende
Dérivé du mot anglais drive, la drave consiste à accompagner les troncs d'arbres jusqu'à la scierie. Jusqu'en 1995, les cours d'eau du Québec ont servi au flottage du bois. Les troncs coupés en hiver étaient ramenés vers les rivières par les bûcherons lors du dégel. Emportées par les courants, les billes étaient domptées par les draveurs au prix d'un travail physique pénible. Munis de perches, les draveurs dirigeaient la course du bois et remettaient dans le flot des billots arrêtées en chemin, passant d'un rondin à l'autre si besoin était. On les surnommait les castors.
Plus au nord, on croise la ville du Québec, la capitale administrative avec sa colline parlementaire. C'est la destination phare de la Belle Province. Inscrite au patrimoine mondial de l'humanité avec ses dédales d'escaliers et de ruelles pavées, ses anciennes demeures et ses places, ne sont pas sans rappeler qu'ici se joua une large part de l'histoire de la Nouvelle France. C'est le creuset du nationaliste francophone. La conviction souveraine est toujours ancrée chez une bonne partie de la population locale.
Jacques Cartier, en 1534, est le premier à y avoir posé les pieds.
Kebek signifierait en effet là où la rivière se rétrécit en langue algonquienne. Champlain fonda un poste de traite des fourrures et fit édifier un port en 1620 pour se protéger des tribus autochtones.
Hôtels et activités de glace
Québec a cédé à la mode des hôtels de glace, comme il en existe en Suède, en Finlande ou au Groenland. Vous débourserez au moins 500$ pour passer la nuit avec des émotions fortes et un dépaysement inclusif.
La route de la Nouvelle France : de Québec à Sainte Anne-de-Beaupré
La route 138 n'a d'autre intérêt que celui de longer le fleuve Saint Laurent. La 360, ou avenue royale, est une des artères les plus ancienne d'Amérique du Nord. Un véritable chapelet de maisons ancestrales et tricentenaires, s'égrènent sur plusieurs kilomètres. On passe l'Ile aux Coudres, puis l'Ile aux Lièvres pour arriver à Tadoussac.
Tadoussac
La porte du royaume du Saguenay où le pays des «bleuets» qui s'illustre par un accent chantant, un sens pour la fête et un accueil spontané qui laisseront plus d'un visiteur pantois.
La vallée du Saguenay offre une gigantesque faille, dans une vallée glaciaire envahie par la mer, qui déploie des paysages escarpés, ciselés d'anses et de caps. Long de 110 km et large de 2 km, le fjord se glisse entre des parois rocheuses de 300 m de hauteur. La conjugaison de l'eau douce et salée, crée un milieu riche où viennent se nourrir bélugas, phoques, requins et morues.
La grande star de Tadoussac peut peser plus de 100 tonnes, avaler 35.000 litres d'eau d'une seule goulée et passer 95% de son temps sous l'eau. Cette petite localité est en effet considérée comme la capitale mondiale de l'observation des baleines attirées par le krill.
Une pause s'impose pour ma curiosité dans la région afin d'admirer un show de bélugas et d'assister à la fête du Pow wow au Eskoumins et à Pessamit près de Baie Comeau. C'est de là qu'on emprunte la route des barrages du Maniguouaga.
Mon voyage va s'arrêter avec cette fête indienne où vont se mêler chants et danses. Je reprendrai le traversier et je redescendrai vers Montréal par le chemin de la Gaspésie. Mon aventure vers le Nunavut via l'Ungava ne m'est pas permise faute de moyens. Une expédition pareille ressemble à une recherche avec des objectifs, une équipée plus minutieuse, que je ne peux m'inscrire faute de contacts adéquats, de liens universitaires et de budget.
L'anse de Pipounasi au Nitassian
Sur le littoral de Charlevoix (qui vient d'abriter le G7 et son remue-ménage sécuritaire), les Innut y séjournent depuis des siècles, sillonnent en tous sens le vaste territoire grâce aux multiples voies d'eau. Population formée de groupes dispersés sans organisation tribale structurée comme chez les nations indigènes plus au sud : Iroquois, Hurons ou Cherokee. Pendant la période estivale regroupés en petites communautés dans des campements, ils y font entre autres activités la pêche au saumon dans des rivières et la chasse aux cétacés dans la Grande rivière le long de la côte, notamment dans l'anse de Pipounapi.
A l'automne, les indigènes regagnent en bandes l'intérieur du Nitassinan pour la vie en forêt organisée autour de la chasse tout en suivant les déplacements du gros gibier, principalement le caribou. La froidure moins chargée d'humidité est plus tolérable dans les bois que sur le littoral estuarien. Si l'été est la période propice aux cérémonies communautaires de leur culture, l'hiver est celle des cartes et légendes relatés autour du feu dans la tente familiale. Après la fonte des neiges, les mots et les émotions retenus par le froid et le gel se libèrent. La fraîcheur et la joie de vivre deviennent contagieuses : taquineries, éclats de rire de gorge sont au rendez-vous.
Les Escoumins : les lacs et rivières sont innombrables au Québec. Vu du ciel, ce système hydrographique veine l'ensemble de la région. Une dizaine de tentes rondes installées au pied des montagnes. Un filet de fumée qui donne envie de s'y réfugier.
Chez les Amérindiens du nord du Québec
Les Cris comptent parmi les peuples autochtones les mieux organisés du Québec.
La nation montagnaise, c'est environ 19.000 Innuts (le pluriel d'Innu : être humain) qui peuplent la côte nord et le Labrador, depuis 2000 ans. Nomades dans l'âme, les Innus ont profondément imprimé leur culture de ce contact privilégié avec la nature sauvage. Les Amérindiens se sont vus contraints de s'éloigner de leur territoire de chasse traditionnelle et refouler sur les rives vers le nord. (principe colonial).
Route 389 de Baie Comeau au Labrador
Un air de grand nord souffle pour celui qui emprunte la route 389. Partiellement asphaltée, elle est fréquentée par des camions de transport de bois et les employés d'Hydro-Québec. Des virages casse-cou et des nids-de-poule dangereux meublent la route. Peu affectée par la pollution lumineuse, on voit souvent défiler dans son ciel le spectacle des aurores boréals en été. Les accidents sont fréquents et l'isolement complique les communications et la venue des secours. Pessamit, parfois appelé Betsiamite, la capitale des Innus, où le 15 août on fête le Pow-Wow dans la réserve, un défoulement de danse et de chants.
Au pays des Cris
Au nord du continent américain coulent de magnifiques ruisseaux, rivières et fleuves, le pays des Cris. Territoire de développement, lieux d'enjeux colossaux, la terre de ces Indiens est au cœur de querelles d'intérêts et de revendications opposant Cris et Québécois. Alors que les Cris continuent leur pratique de chasse, de pêche et de piège, le Québec tire de ces immenses espaces des revenus importants dont son énergie hydroélectrique. Cette région qu'on appelle la Baie James couvre une surface qui équivaut aux deux tiers de la France, même si elle ne compte que 30.000 habitants.
Cris et Inuits constituent la plus grande partie de la province du Québec, soit la superficie de l'Allemagne, de l'Espagne et du Portugal réunis ! Un gigantesque complexe se voit ériger dans cette région depuis 40 ans. Domaine boréal où l'épinette noire est dominante. Le couvert forestier est supérieur à 40%, c'est le domaine de la taïga, des lichens et de l'épinette.
La région côtière que je parcours bénéficie sur une bande de 200 km qui s'élargit à plus de 300 km à l'intérieur des terres plus ou moins froides ; froides : c'est le climat sub-arctique. Le mois de juillet est le plus clément avec ses 20 degrés alors qu'en janvier il descend à moins 40 degrés. Au nord on rencontre le phénomène que l'on nomme le pergélisol ou permafrost, c'est-à-dire un sous-sol gelé en profondeur.
Problème qui se pose aux cimetières du Montréal (les corps sont entreposés dans des chambres froides. Un conseil : mourrez en été !
Les Inuits occupent les régions arctiques, la toundra (terre pauvre en végétation). Ils sont souvent tournés vers l'exploitation des mammifères marins, c'est là que la Cie de la Baie d'Hudson exploitait le commerce de la fourrure. Le caribou maintient par sa chair une sorte d'abondance nourricière.
La taïga n'est pas seulement le pays de la forêt boréale, c'est aussi celui des lacs et des rivières. De magnifiques étendues d'eau dormantes avec des nénuphars et des castors, des rats musqués, des poissons. Toute la taïga est parcourue de lignes à haute tension sur des milliers de kilomètres. Les mégalopoles tirent littéralement leur énergie. Il ne s'agit pas de métaphore, les pylônes ressemblent à des tours Eiffel, des millions de tours Eiffel en lignes à l'infini qui narguent la taïga et ses habitants. Les gigantesques barrages, merveilles de la technologie, sont perçus comme des monuments emblématiques de la fierté nationale. On parle à leur sujet des pyramides d'Egypte.
Les pelleteries ont perdu beaucoup de leur valeur et des revenus issus du piégeage sont marginaux. L'Etat-providence procure des revenus monétaires aux Cris sous forme d'emplois, d'allocations chômages, pensions, etc. Le chasseur continue à vivre dans le même milieu naturel.
La société Cri contemporaine revendique le titre de nation et s'auto-désigne comme «les 1er nations». Le village Chisasbi est un village moderne, il bénéficie d'un centre commercial avec ses chariots, un hôtel, une cafétéria, une école et un hôpital.
Les motoneiges se garent un peu partout et les Amérindiens soûls titubent à l'entrée de la cafétéria. Un phénomène importé des Blancs comme les maladies vénériennes en Afrique. La tente à suerie (tente cérémoniale dans laquelle on place des rochers chauffés à blanc) sur lesquelles on verse l'eau comme dans un sauna. Sa laver des impuretés mais aussi pour se préparer à la chasse.
Réalisé Par Réda Brixi
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5265931
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