Pendant la guerre d’Algérie, plus de deux millions de personnes ont été déplacées par l’armée française et regroupées dans des camps. Le père de la réalisatrice Dorothée-Myriam Kellou était de ceux-là. Ils reviennent ensemble sur les lieux pour un documentaire dont la justesse et la douceur des images soutiennent des années de silence.
Les camps de déplacés et l’expulsion de villages durant la guerre d’Algérie sont une histoire largement occultée aussi bien en France qu’en Algérie. Cette déportation, qui a concerné la moitié de la population algérienne, a non seulement largement modifié le visage sociologique et économique du pays en provoquant un exode rural massif et sans retour, mais a aussi provoqué une rupture radicale avec l’histoire du pays, une destruction de l’ordre social et symbolique. Elle est aussi à l’origine de nombre d’émigrations.
Après six ans de recherches et de repérages, Dorothée-Myriam Kellou convainc son père, qui avait toujours gardé le silence sur son enfance, de revenir sur les lieux, à Mansourah. Gardé le silence… : pas tout à fait. Un jour, il avait écrit à ses filles : « En 1955, j’avais 10 ans. L’armée française avait décidé l’évacuation des hameaux trop isolés, dont celui dans lequel nous vivions : Mansourah. Nous avons été regroupés au centre, un lieu placé sous le contrôle de l’armée française. Le terrain était entouré de barbelés électrifiés et il nous fallait obtenir des autorisations pour cultiver nos champs laissés à l’abandon. Je ne suis jamais retourné dans mon village depuis cette époque. Je n’ai jamais revu ma maison, je n’ai jamais revu mes amis de Mansourah. Aujourd’hui, c’est mon rêve le plus cher d’y retourner. »
Avec sa fille, de retour à Mansourah, il se réinscrit dans son histoire, et elle peut accéder à son intimité émotionnelle. Sur des images superbement cadrées de Hassen Ferhani (réalisateur de Dans ma tête un rond-point), les blessures peuvent se dire et s’entendre.
Les camps de déplacés et l’expulsion de villages durant la guerre d’Algérie sont une histoire largement occultée aussi bien en France qu’en Algérie. Cette déportation, qui a concerné la moitié de la population algérienne, a non seulement largement modifié le visage sociologique et économique du pays en provoquant un exode rural massif et sans retour, mais a aussi provoqué une rupture radicale avec l’histoire du pays, une destruction de l’ordre social et symbolique. Elle est aussi à l’origine de nombre d’émigrations.
Après six ans de recherches et de repérages, Dorothée-Myriam Kellou convainc son père, qui avait toujours gardé le silence sur son enfance, de revenir sur les lieux, à Mansourah. Gardé le silence… : pas tout à fait. Un jour, il avait écrit à ses filles : « En 1955, j’avais 10 ans. L’armée française avait décidé l’évacuation des hameaux trop isolés, dont celui dans lequel nous vivions : Mansourah. Nous avons été regroupés au centre, un lieu placé sous le contrôle de l’armée française. Le terrain était entouré de barbelés électrifiés et il nous fallait obtenir des autorisations pour cultiver nos champs laissés à l’abandon. Je ne suis jamais retourné dans mon village depuis cette époque. Je n’ai jamais revu ma maison, je n’ai jamais revu mes amis de Mansourah. Aujourd’hui, c’est mon rêve le plus cher d’y retourner. »
Avec sa fille, de retour à Mansourah, il se réinscrit dans son histoire, et elle peut accéder à son intimité émotionnelle. Sur des images superbement cadrées de Hassen Ferhani (réalisateur de Dans ma tête un rond-point), les blessures peuvent se dire et s’entendre.
À Mansourah, tu nous as séparés. Algérie, France, Danemark. 2019. 71 min // Auteure & réalisatrice : Dorothée-Myriam Kellou // Image : Hassen Ferhani // Son : Mohammed Ilyes Guestal // Montage : Mélanie Braux // Production & diffusion : Les Films du Bilboquet, Sonntag Film, HKE Production Algérie, Lyon Capitale TV.
PAR TËNK & MEDIAPART
https://www.mediapart.fr/studio/documentaires/culture-idees/mansourah-tu-nous-separes-recit-d-une-deportation-oubliee
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