L’offensive générale du Nord-Constantinois le 20 août 1955, dirigée par le chahid Zighoud Youcef est un évènement historique déterminant dans la lutte de Libération nationale, car elle a atteint ses objectifs politiques et militaires, confirmé l’union entre le peuple algérien et les dirigeants de la révolution face à la propagande et aux plans du colonialisme français.
L’offensive générale du Nord-Constantinois le 20 août 1955, dirigée par le chahid Zighoud Youcef est un évènement historique déterminant dans la lutte de Libération nationale, car elle a atteint ses objectifs politiques et militaires, confirmé l’union entre le peuple algérien et les dirigeants de la révolution face à la propagande et aux plans du colonialisme français.
L’offensive s’était déroulée en plein jour par les moudjahidine, la population, appuyée par des moussebiline. Son impact et sa résonance se sont répandus à travers le territoire national. Les raisons sont nombreuses. Elle a brisé le blocus qui frappait la Wilaya I historique et enregistré un succès militaire. Des représailles barbares sont perpétrées par l’armée française à travers de larges campagnes d’arrestations et des exactions ayant ciblé des milliers d’Algériens, outre les bombardements terrestres et aériens des villages. Le nombre des victimes avait atteint les 12.000 chahids. La plus horrible exaction fut le massacre collectif commis le lendemain contre des milliers d’hommes et de femmes, d’enfants rassemblés au stade de Philippeville (nom colonial de Skikda). L’offensive a permis de faire la jonction entre les régions avec rapidité, de desserrer l’étau ennemi dans les Aurès. Cet évènement restera dans les annales de la révolution comme un symbole de sacrifice. Zighoud Youcef avait décidé de lancer cette offensive parce que la situation dans la région était particulièrement préoccupante après la mort de Didouche Mourad en janvier 1955. Les grandes opérations « Violette » et « Véronique » isolèrent le massif de l’Aurès, considéré comme le berceau de la révolution. Parallèlement, au mois de mai, le colonel Ducourneau installa son PC à Smendou et déclencha une série de violentes répressions dans la région. Plusieurs douars furent rasés et de nombreuses personnes abattues froidement, sans compter les humiliations et les bastonnades. Le général Parlange s’installa également à Constantine avec les pleins pouvoirs civils et militaires. Les effectifs de l’armée française furent portés à 100.000 hommes et une division fut transférée d’Allemagne en Algérie. C’est un véritable plan de guerre qui visait la destruction de la révolution. Les objectifs de cette offensive ont été atteints. On retiendra le fait qu’elle a permis d’abord de sceller l’unité de destin de l’Algérie et du Maroc, en faisant du deuxième anniversaire de la déposition du sultan Mohammed V une journée historique en Algérie.
Le martyr Zighoud Youcef a poursuivi plusieurs buts:
-Dégager les Aurès de l’emprise de l’armée française
-Diluer la concentration des troupes françaises dans la région
-Créer une situation irréversible dans la stratégie de lutte
-Dissuader tout élément tenté par l’idée de « jouer à l’interlocuteur valable avec le pouvoir colonial »
-Administrer la preuve de la détermination du peuple algérien pour le recouvrement de son indépendance.
La mission a été concrétisée, mais la répression coloniale fut extrêmement dure et rappela les massacres du 8 mai 1945.
Le 20 août 1955 est une continuation du souffle du Premier Novembre. Zighoud Youcef, qui a planifié cette offensive, est né le 18 février 1921 à Condé Smendou, une commune de la wilaya de Constantine qui porte actuellement son nom. Il tomba dans une embuscade au lieu dit El Hamri sur les hauteurs de Sidi Mezghiche, et mourut au champ d’honneur le 23 septembre 1956.
Chef politico-militaire remarquable, il a réussi à combiner Intifada et tactiques militaires. Son nom restera à jamais lié à cette offensive que la plupart des historiens impartiaux considèrent comme ayant marqué le jour où la France a perdu l’Algérie.
Un congrès emblématique
La tenue du Congrès de la Soummam, au village d’Ifri-Ouzellaguen, situé au nord-ouest de Bejaïa, le 20 août 1956 est considérée comme un acte majeur dans la lutte de Libération nationale.
Des décisions importantes sont prises dans les domaines politique, militaire et structurel. Abane Ramdane, son architecte, appuyé par Larbi Ben M’hidi, allait doter la révolution d’institutions, de principes conducteurs, d’un encadrement plus efficace et plus représentatif, d’une orientation politique indispensable.
C’est un acquis de première importance pour la révolution de par le fait que le Congrès a réussi à rassembler un grand nombre de responsables de plusieurs régions éloignées, malgré quelques défections, de par l’élaboration d’une plateforme dite de la Soummam, ambitieuse, qui embrassait presque tous les aspects de la révolution.
Son élément le plus remarquable résidait dans les conditions qu’il énumérait pour des négociations de paix avec la France. Il y était notamment dit qu’il ne pouvait y avoir de cessez-le-feu avant la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie.
Les négociateurs du FLN allaient s’y maintenir sans amendements ni modification jusqu’à l’acte final. C’est un des grands évènements qui ont marqué la révolution de Novembre 1954. Il s’est déroulé en plein combat et au cœur même du territoire national, sans que l’ennemi en découvre la date et le lieu, au même titre que le déclenchement de Novembre 54. Le colonel Amirouche avait concentré plusieurs centaines de moudjahidine et mis au point une habile diversion. Tenir un tel rassemblement sur un terrain où les forces ennemies sont supposées contrôler la région, des responsables éminents qui se réunissent pendant plusieurs jours dans le secret absolu dans les maquis de la Wilaya III est une grande victoire.
Le Congrès de la Soummam a permis d’élaborer une stratégie de guerre digne des grandes révolutions contemporaines, capable de faire face à une armée disposant d’un armement imposant, soutenue par les forces de l’Alliance atlantique. L’unification de la direction armée est réalisée pour la première fois.
L’une des décisions les plus significatives de ce congrès est matérialisée par la création d’un Conseil national de la révolution algérienne (CNRA). Une sorte de parlement révolutionnaire, qui avait seul le droit de prendre des engagements relatifs à la souveraineté nationale comme, par exemple, ordonner un cessez-le-feu.
Il fut créé un Comité de coordination et d’exécution (CCE) dont la mission est de diriger le mouvement révolutionnaire, synchroniser les actions et surtout enraciner la lutte au sein des masses populaires. Ce comité, symbole de la direction collégiale, était composé de cinq membres.
On relève aussi l’organisation du territoire national en six wilayas subdivisées en zones (mintaqas), plus la Zone autonome d’Alger, la création de la Fédération de France du FLN. On note également l’organisation des Moudjahidine en une armée digne de ce nom, avec ses unités régulières, avec ses grades jusqu’à celui de colonel. Abane Ramdane avait instauré la primauté du politique sur le militaire, la prééminence de l’intérieur sur l’extérieur. Des décisions sont prises dans les domaines de l’organisation populaire, de la logistique, de la santé… Rien n’est laissé au hasard. C’est un Congrès de l’unité et de l’action qui a assuré la continuité du combat libérateur.
M. Bouraib
PUBLIE LE : 20-08-2020 | 0:00
https://elmoudjahid.com/fr/actualites/158090
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