Des militaires français sur leur ancienne base aérienne de Marrakech. D. R.
– La traîtrise du régime alaouite envers les Algériens est antérieure à la Guerre des sables en 1963. En effet, nous apprend un ancien pilote de chasse marocain, les pilotes des avions de guerre français qui déversaient leur napalm sur les villages algériens et leurs bombes sur les maquis de l’ALN durant la Guerre de libération nationale étaient formés à Marrakech où l’armée française avait une base aérienne. Cela se passait au lendemain du recouvrement par le Maroc de son indépendance en 1955.
L’ancien pilote marocain, qui s’exprimait sur Al-Jazeera, dans l’émission intitulée «Histoire non enseignée», a expliqué que l’armée de l’air marocaine n’avait pas de pilotes et que le roi avait demandé à la France d’en former chez elle. Les Français avaient rétorqué que le Maroc devait d’abord former des pilotes de ligne auxquels ils pourraient alors assurer une formation militaire. Le témoin marocain, qui jette ainsi un pavé dans la mare, a affirmé que l’armée française a continué à utiliser l’aéroport de Marrakech après la fin du protectorat pour mener sa guerre asymétrique à l’Armée de libération nationale en se servant du territoire marocain pour la formation de ses pilotes.
«Nous avons passé quatre mois en France, puis nous sommes retournés à Marrakech où se trouvait une école de pilotage chargée de former les pilotes français. Je fais partie du premier groupe à avoir rejoint les élèves-pilotes français sur cette base», a indiqué cet ancien pilote qui rappelle qu’à la même époque la guerre était à son paroxysme en Algérie. «Les militaires français recevaient leur formation à Marrakech avant d’être affectés en Algérie où ils avaient pour mission de bombarder des positions de l’ALN», a-t-il précisé, en soulignant que les pilotes étaient français et que les Marocains n’étaient pas associés à ces raids aériens.
Cette révélation nous fait nous poser la question de savoir pourquoi, dans le même temps, le régime marocain «autorisait» le MALG que dirigeait Abdelhafid Boussouf d’activer dans l’est du royaume et d’appuyer les Wilayas historiques à partir des villes frontalières marocaines. Le roi jouait-il un double jeu ou avait-il peur que l’ALN menât des actions directes sur le territoire marocain ? Une question d’autant plus lancinante que l’affaire du détournement, le 22 octobre 1956, de l’avion de la compagnie Air Atlas-Air Maroc dans lequel se trouvaient cinq dirigeants du Front de libération nationale n’a pas révélé tous ses secrets.
ar Karim B.
juin 9, 2020
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