Ça serait sans doute la plus sulfureuse nouvelle brève : si on nous annonçait du jour au lendemain la grève de la police.
Une grève du droit qui irait plus loin que tout droit à la grève.
J’en parle au conditionnel pour la décrire ou circonscrire comme une rupture avec l’état de droit. Je la signale même comme le pire état de fait. Celui du désordre rétabli, comme un retour au chaos originel… ou plus exactement à l’Etat de nature.
Si Dieu était mort, tout serait permis, écrivait l’écrivain Dostoïevski.
Avec la grève de la police, ce serait comme si il en était ainsi.
On ferme les fenêtres et on ouvre la porte à tous les vices… Et si on s’évertue à la fermer en s’enfermant à double tour, on n’empêchera pas les plus forts, les plus cruels, les plus malins de la défoncer et de nous « déporter »… il aurait çà et là des milices qui se formeraient pour se substituer à la police, comme ici et jadis à Tunis après la chute de Ben Ali… Mais aucun service privé n’a été en mesure de se transformer en service public… chacun a tiré la couverture à lui comme l’a prévu, comme le prévoit la loi du plus indigne de Foi.
Et comme on dit par là, le premier venu vous réclamera « votre chaussure et votre couverture » en toute impunité.
Il faudrait l’imaginer comme une grève illimitée… qui ne va pas seulement repousser les limites, elle va les supprimer.
Et on passera du conditionnel présent au futur simple : les plus cruels seront libres de s’adonner, de s’abandonner à leur cruauté, ils iront jusqu’à vous arracher les yeux pour vous empêcher de voir les cieux… rien que pour exaucer leurs vœux.
Les plus pervers seront libres de vous faire mordre la poussière sous prétexte que vous leur pompez l’air…
Les plus riches seront libres de vous asservir pour vivre, de vous exploiter rien que pour s’éclater, de vous écraser pour pavoiser… plus de contraintes, donc plus de plaintes.
Craintes et tremblements dit l’auteur du traité du désespoir… circulez il n’y a plus rien à voir, les banques sont braquées, les magasins sont pillés et vos prochains sont estropiés.
C’est un casse en bonne et dû forme qui ne laissera au fond plus aucune place aux faibles et aux pauvres, qui finiront tous par s’armer contre l’injustice pour se faire eux-mêmes justice.
Vous me reprocherez mon manque d’à-propos en prétendant que cette guerre n’aura pas lieu…
Et pourtant certains, certaines l’ont toujours eu sous les yeux mais ils l’ont baptisé autrement. Ils l’appellent : grève de la Justice !
Les commentaires récents