Paru aux éditions Enag, Le bonheur d’être algérien est un ouvrage d’une centaine de pages qui se lit d’une traite et sans contrainte.
D’ailleurs, c’est toujours avec beaucoup d’émotion que Fadéla M’rabet nous livre son dernier recueil. Ecrit avec une certaine fluidité de raisonnement et dans une tangibilité incorruptible, c’est toujours en utilisant la première personne du singulier qu’elle a choisit d’assembler ses mots.
De plus, de nombreux vers y sont délicatement insérés comme un souffle poétique dans une narration bien structurée. L’auteur nous transporte dans nos souvenirs d’enfance vers celle de nos ancêtres. A la lecture, le premier sentiment que le lecteur pourrait ressentir, c’est la fierté d’appartenir à la société algérienne, celle qui est composée d’une pluridiversité humaine.
Sa famille est le témoin même de cette diversité. Un sentiment, d’ailleurs, que l’auteur manifeste avec une telle fierté, car finalement, nous sommes bien les enfants d’une nation dont la terre a été rendue par le sang coulé des martyrs.
Elle explique dans son livre qu’il y a globalement deux groupes ethniques, les Berbères et les Arabes. Un régionalisme que nous connaissons aujourd’hui et qui a été créé, selon l’auteur, par l’ex-colonisateur français. Une stratégie sociopolitique connue sous le dicton : «Diviser pour mieux régner.» Un fait qui n’a obtenu qu’un seul avantage celui d’un multiculturalisme qui se mélange bien.
Il faut savoir que nous sommes un pays qui a la chance d’avoir trois langues parlées, l’arabe, le français et le tamazight. Un pays, qui a autrefois été arabisé totalement et immédiatement après l’indépendance. Par ailleurs, dans l’un de ses chapitres, Fadéla M’rabet évoque que le rapport à l’islam n’est pas vécu, compris et pratiqué de la manière par tous les Algériens.
Elle nous parle également des enfants d’Algérie qui ont longtemps été utilisés comme de la chair à canon sur toutes les batailles françaises. Cependant, dans son dernier livre, le colonialisme ne s’étend pas seulement à un seul pays colonisé.
Mais aussi sur le conflit israélo-palestinien qui est toujours d’actualité. Fadéla M’rabet met en avant la dure réalité d’un humanisme bafoué dans plusieurs contrées prônant pourtant droits et libertés de l’homme.
Elle cite notamment, le jour où «un président de la République français a déclaré à Alger que la colonisation est un crime contre l’humanité, et qui a reçu après Netanyahou à la Journée internationale des droits de l’homme …. On voit Macron serrer la main tachée de sang d’un criminel de guerre.»
Féministes dans l’âme
Fadéla M’rabet revient constamment dans plusieurs de ses chapitres sur la place des femmes dans la société algérienne, mais aussi dans celle des autres. Djedda, sa grand-mère, est notamment devenue la figure centrale de son livre par son enfance singulière.
Elle est comme un pilier dans sa vie. Parmi les femmes qui sont, selon l’auteur, d’un parcours admirable. Nous avons celui de Fadhma Aït Mansour Amrouche qui a écrit un seul et unique livre autobiographique dont l’intitulé est Histoire de ma vie où elle raconte avec un style très épuré son combat, les hauts et les bas de la vie avec une force d’âme incroyable. Plus les lignes passaient, plus le féminisme de l’auteur se ressentait. En effet, elle exprime dans son ouvrage la réalité et la beauté des femmes avec métaphore et simplicité.
Elle parle de la femme dévalorisée et parfois méprisée par les hommes depuis qu’elles ont acquis la libération sexuelle avec la nudité comme symbole d’affranchissement. «Si la femme veut être considérée, il faut d’abord qu’elle se respecte», citant dans ses mots.
Du même auteur, La femme algérienne (Maspero, 1965), Les Algériennes (Maspero, 1967), Une Enfance singulière (Balland, 2003) réédité à Alger par l’Anep en 2004, Une poussière d’étoile (Dalimen, 2004) et La piscine (Dalimen, 2015).
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