EXISTE-T-IL DES PRÉCÉDENTS EN FRANCE ?
Oui : UN COUVRE-FEU À PARIS PENDANT LA GUERRE D'ALGÉRIE
Un couvre-feu qui était une première en France depuis la guerre d'Algérie (1954-1962). En 1958, le préfet de Paris Maurice Papon avait choisi de mettre en place une telle mesure dans la capitale, mais seulement pour les Algériens. Une décision vite tombée dans l'oubli. Mais en 1961, face à la multiplication d'assassinats de policiers français par des militants algériens du FLN, Maurice Papon avait de nouveau décrété un couvre-feu pour les «Français musulmans d'Algérie». C'est ce qui allait conduire à la manifestation du 17 octobre 1961, marquée par la répression sanglante de la police. Le bilan officiel fera état de 3 morts, mais il varierait plutôt entre une trentaine et plus de 200 selon les historiens qui ont étudié la question par la suite.
Le 17 octobre 1961, des immigrés algériens étaient jetés dans la Seine
Plusieurs dizaines d'Algériens ont trouvé la mort ce 17 octobre 1961.[STF / AFP]
Il y a 59 ans, le 17 octobre 1961, plusieurs dizaines d'immigrés algériens étaient tués et blessés lors d'une manifestation à Paris.
Le contexte
En octobre 1961, alors que la guerre d'Algérie touche à sa fin, un couvre-feu est décrété en France pour ceux que l'on appelle à l'époque les «Français musulmans d'Algérie». Depuis quelques mois, de nombreux policiers sont assassinés à Paris par des militants du FLN (Front de libération nationale, qui milite pour l'indépendance de l'Algérie).
Le préfet de police de la capitale, Maurice Papon, promet à ses hommes une répression sanglante en toute impunité. «Pour un coup donné, nous en porterons dix», lance le haut-fonctionnaire. Les immigrés algériens sont victimes peu à peu de vengences de la part des forces de l'ordre. Le 5 octobre, l'Etat met en place un couvre-feu qui cible uniquement les travailleurs algériens, ils ont alors interdiction de circuler entre 20h30 et 5h30 du matin.
C'est dans ce contexte de tensions et pour protester contre cette mesure inéquitable que le FLN appelle les Algériens à manifester pacifiquement le 17 octobre dans trois endroits de Paris : la place de l'Etoile, les Grands Boulevards et les boulevards Saint-Michel et Saint-Germain.
La soirée du 17 octobre
Dans la soirée, des dizaines de milliers de manifestants algériens sans arme envahissent ces trois zones. Très vite, la police réprime dans la violence les personnes présentes. Des nombreux morts et blessés jonchent les rues de Paris, certains d'entre eux sont même jetés dans la Seine.
Le lendemain, la préfecture de police communique un bilan officiel de deux morts et la presse ne rend pas compte tout de suite de la violence des événements. Il faudra attendre le travail de plusieurs historiens et d'associations pour que le bilan des victimes gonfle bien que celui-ci n'ait jamais pu être précisement établi (les sources divergent entre quelques dizaines de tués à plus de 200).
Un événement peu connu des Français
Cet événement a pendant longtemps été occulté par l'Etat français. «Une volonté d'oubli judiciaire, qui s'est combinée avec les décrets d'amnistie, qui couvraient les faits de maintien de l'ordre en France, une difficulté à accéder aux archives, l'épuration d'un certain nombre de fonds... tout cela a contribué à ce phénomène d'occultation jusqu'à la fin des années 1970», déclarait en 2011 dans les colonnes du Monde l'historien Gilles Manceron.
Jusqu'au 17 octobre 2012, date à laquelle le nouveau président de la République de l'époque, François Hollande, rend aux hommages aux victimes tombés cinquante et un ans plus tôt : «Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes.»
Ce 17 octobre 2019, une stèle en acier a été inaugurée sur le pont Saint-Michel par Anne Hidalgo. D'autres, comme Stéphane Troussel, le président du département de Seine-Saint-Denis, demandent la reconnaissance d'une journée nationale de commémoration : « J'appelle de nouveau l'État à reconnaître officiellement, avec la mise en place d'une journée nationale de commémoration. Parlons des victimes de cette répression dans nos programmes scolaires, bien trop lapidaires à ce sujet, parlons-en dans les discours officiels… ».
En conclusion
Le président Macron a dit à six reprises dans sa dernière allocution « Nous sommes en guerre », les mots ont un sens et là ce sont des mots hypocrites, ce n’est pas lui qui est en guerre, ce sont tous les personnels de santé, des médecins traitants aux personnels hospitaliers, aux chercheurs. Rappelons-nous, car nous n’avons pas oublié que Macron est resté sourd à toutes les manifestations de ces personnels courageux, mais à bout, épuisés, ils n’en peuvent plus, ils ont mille fois appelé au secours et n’ont jamais été entendus, voici un exemple :
Cette mesure aujourd’hui concernant la lutte contre le coronavirus rappelle donc plus que jamais les heures les plus sombres de l'histoire de France.
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