À l’occasion du 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, le musée du Louvre organise une rétrospective magistrale pour rendre hommage à ce peintre, l’un des plus grands artistes de l’histoire qui fut aussi architecte, musicien, ingénieur, théoricien et metteur en scène.
Plus de 150 œuvres (peintures, dessins, manuscrits, sculptures et objets d’art) issues des plus importants musées du monde ont été réunies par le musée du Louvre pour une occasion unique, celle d’offrir une image exceptionnelle et artistique de ce génie de l’histoire de l’art, Leonardo il magnifico, dont on marque le 500e anniversaire de la mort !
Laurent de Médicis, homme d’État florentin, banquier, protecteur et soutien des artistes tels Verrocchio, Botticelli, de Vinci, Lippi, Michel-Ange, Ghirlandaio… dit aussi Laurent le Magnifique, nous pardonnera la peccadille d’avoir usé de son surnom pour la gloire de Léonard de Vinci.
Cet artiste (1452-1519), élève du sculpteur Andrea del Verrocchio, passera sa jeunesse à Florence où il apprendra le caractère sculptural de la forme, la conception et la maîtrise du mouvement, ainsi que la technique du clair-obscur dont il sera plus tard le maître incontesté. Son engouement pour la peinture sera favorisé par les nouveautés de la peinture flamande apportées à toute la Renaissance européenne et surtout à Florence, c’est-à-dire la technique de la peinture à l’huile de Van Eyck et le portrait trois quart.
Autour de 1482, il s’établira à Milan au service de Ludovico Svorza, duc de cette ville. Il a alors trente ans. C’est là où il va peindre La Cène (460 X 880 cm) dans le réfectoire de Santa Maria delle Grazie. Cette immense fresque, a tempera et non a fresca, fera de lui l’un des artistes les plus célèbres de son temps.
C’est l’un des tableaux les plus emblématiques de toute l’histoire de l’art, où l’attention est portée vers la psychologie des personnages, à la beauté frappante.
En 1500, il retourne à Florence où il va concevoir trois oeuvres très importantes, la Sainte Anne, le Salvator Mundi (adjugé 450 millions de dollars chez Christie’s en 2017) et le Saint Jean-Baptiste… Parallèlement, il commence à peindre le portrait de Lisa Gherardini, épouse de Francesco de Giocondo. Il partira en France en 1516... et y habitera jusqu’à sa mort, logé par François Ier.
À cette époque, la Rome de Léon X n’avait d’yeux que pour Michel-Ange et Raphaël. C’est dans le château de Cloux-du-val-de-Loire qu’il va terminer trois de ses œuvres magistrales travaillées durant dix ans (la technique du sfumato et des multiples couches à sécher nécessitant un temps long) et destinées ensuite au roi de France : la Sainte Anne, la Lisa del Giocondo ou la Joconde et le Saint Jean-Baptiste.
Un génie toscan sans égal, maître du clair-obscur
Léonard de Vinci est l’ « incarnation du génie et du savoir universels ». Chercheur et scientifique, ses dessins anatomiques très précis sont le résultat de nuits entières passées à disséquer des corps à l’hôpital Santa Maria Novella de Florence. Telle l’œuvre de Michel-Ange qui va donner des leçons d’anatomie à toute l’Europe, cet artiste consacrant les nuits de sa jeunesse à disséquer les morts dans la morgue de Santa Croce. D’autres dessins de Vinci, ceux des machines volantes et des engins militaires feront de lui l’ancêtre de l’avion ou de l’hélicoptère. Ses travaux baignent dans les rêves sans limites.
Quant à ses tableaux, ils plongent dans la lumière et les ombres. De grandes plages ténébristes font surface autour de ses divers portraits. Il maîtrise parfaitement la technique du clair-obscur qui donne l’importance à l’ombre et à la lumière dans l’espace et qui vont se faire valoir l’une l’autre. Il excellera dans ce nouveau savoir-faire pour représenter des modelés plus fluides, avec des contrastes plus marqués comme dans la peinture du Caravage, de Vélasquez, Rembrandt, Georges de la Tour, ou encore celle de Gerrit Van Honthorst ou Gérard de la Nuit. Dans le travail de ces peintres, il appert une élaboration très marquée des lumières et des ombres, les tenebrosi. C’est l’art de la prédominance des teintes sombres par rapport aux tons lumineux, dans de forts contrastes de clair obscur et de ses conséquences outrancières qui évoquent des effets dramatiques du naturalisme.
Un sentiment de beauté
C’est bien l’ombre qui va aider la peinture à une figuration illusionniste du relief, comme chez les primitifs flamands. Léonard de Vinci y croit fermement. Cependant, il pense que la finalité de la peinture ne se limite pas à cette acception ; elle est pour lui l’espace où devrait émaner un sentiment de beauté. Dans chacune de ses toiles, il va peindre de nombreuses couches très fines. On en compte plus d’une vingtaine pour Monna Lisa. C’est la technique du glacis, dont le but est d’obtenir une limpidité qui adoucit les tonalités et donne de la profondeur à la transparence. Les multiples couches viennent alors renforcer le ton par addition. Ainsi, le glacis va façonner l’apparence ultime de l’œuvre, jouant un rôle esthétique considérable.
Léonard de Vinci, fort de cette manière, va dissoudre les personnages dans le tableau. La beauté de ses toiles devient insaisissable grâce au glacis, à travers lequel il va inventer le sfumato. Il peint d’infimes couches de couleurs, 1/20e de millimètre, voire 1/40e, afin d’affirmer une gradation entre les extrêmes d’une zone, du clair à l’obscur. Le tableau se fond dans une vérité vaporeuse, éloignée de la géométrisation.
C’est un peu comme la fumée, d’où son nom « sfumato », un passage entre assombrissement et lumière, particulièrement dans les zones sombres de la carnation, les contours des yeux, le bruissement des lèvres, dans La Joconde, la Vierge aux rochers, le Saint Jean-Baptiste, autant de figures tutélaires.
Les 500 ans du sfumato de Léonard de Vinci ne prennent aucune ride. Ce moyen d’atténuer et de nuancer
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