Après le classique 12 hommes en colère, l’association Project’heurts de Béjaïa poursuit son cycle “Raconte-moi tes luttes” dans le cadre du ciné-club “Allons voir un film”. Ainsi, pour le film documentaire de Malek Bensmaïl, La Chine est encore loin, le public cinéphile béjaoui a eu à débattre longuement de la réalité de l’école algérienne. Sorti en 2008, dans ce docu de 130 minutes, le réalisateur a posé sa caméra dans le village de Ghassira, à proximité des balcons du Ghoufi à Batna. Alors Bensmaïl part à la rencontre des habitants et des écoliers de ce village, qui un certain 1er novembre 1954 était le théâtre de l’assassinat d'un couple d'instituteurs français et d'un caïd algérien, “marquant ainsi le début de la guerre d'indépendance en Algérie”.
Les protagonistes du film ne sont autres que les écoliers de la sixième année – avec lesquels le réalisateur dit avoir fait le film, pour leur naturel face à la caméra – mais aussi les anciens écoliers devenus des chibanis. Ceux-ci ont gardé intact leur rapport à l’école, à leurs instituteurs et plus singulièrement à l’institutrice, la femme blessée lors de la fusillade.
Ce couple français fait partie des premières victimes civiles de la révolution algérienne. Le témoignage de l’un des anciens écoliers sur Mme Monnerot Janine confiait : “Le sourire de Mme Monnerot est toujours là dans ma mémoire. Elle était gentille mais ferme.” Plus de cinquante ans après, Malek Bensmaïl avait choisi donc de revenir dans ce village chaoui “pour y filmer, au fil des saisons, ses habitants, son école et ses enfants”. Les animateurs de l’association ont choisi quant à eux de parler de l’école, algérienne s’entend.
Et pour cela, ils ont fait appel à l’universitaire Hakim Oumokrane et Lemnouar Hammamouche, un étudiant engagé, plutôt brillant, pour débattre à l’occasion de cette séance spéciale avec un public composé majoritairement d’enseignants, d’élèves des trois paliers et d’étudiants mais aussi de cinéphiles. Durant les débats, une enseignante a lu une lettre écrite par des écoliers, âgés entre 10 ans et 12 ans, car trop timides pour parler en public. Leur missive est intitulée “L’école est comme une prison”.
Les petits chérubins expliquaient le plus normalement du monde que leur école ressemble à s’y méprendre à une prison. En témoignent les barreaux, les horaires fixes, pour rentrer et sortir, au signal de la sirène, un puissant appareil sonore. Ils ont expliqué par ailleurs que “les salles de classe (de leur école) sont sales”, les enseignants, jugés plutôt “violents”.
En plus du fait qu’ils leur donnent des devoirs à la maison. “À la maison, on se retrouve avec cinq ou six devoirs à préparer pour le lendemain. Et c’est toujours la même chose.”
M. OUYOUGOUTE
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