Au cinéma, personne jusqu'à présent n'avait osé «s'attaquer» à un tel monument.
L'entreprise était audacieuse mais le pari est réussi. Présenté en avant-première, lundi 3 février, au ministère des Armées, à Paris, le film «De Gaulle», de Gabriel Le Bomin, propose une plongée, à la fois intimiste et historique, dans la vie du Général de Gaulle et de son épouse Yvonne, en juin 1940.
Au cinéma, personne avant lui n'avait osé «s'attaquer» à un tel monument, la plus grande figure historique française du XXe siècle, et un décalage - pour ne pas dire un gouffre - subsistait comparativement aux productions anglo-saxonnes qui, elles, et depuis des décennies, n'ont eu de cesse de porter leurs grands hommes à l'écran, à l'instar de Winston Churchill.
Mais s'affranchissant d'une pudeur profondément ancrée chez les producteurs et créateurs tricolores, quelque peu «paralysés» devant le «Grand Charles», Gabriel Le Bomin, connu notamment pour ses documentaires historiques et politiques tels «Guerre d'Algérie, la déchirure» (2012), ou encore «Giscard, de vous à moi, les confidences d'un président» (2016), a su relevé le défi pour, cinquante ans après la disparition du père de la France libre, faire oeuvre utile, et proposer un film qui parlera à tous.
LAMBERT WILSON CONVAINCANT
Incarné par le perfectionniste Lambert Wilson, habitué à porter sur ses épaules d'autres figures tutélaires, notamment l'inoubliable Abbé Pierre dans «Hiver 1954» (1989), l'acteur, presque transfiguré pour les besoins du film, propose un De Gaulle convaincant et terriblement humain.
Dans ce long-métrage, qui sortira en salles le 4 mars prochain, il est l'homme des choix, celui qui scellera dans le sien le destin de la France, marquant le début de l'épopée gaullienne.
Le film est ainsi centré sur la période de juin 1940, lorsque le Général quitte la France pour rejoindre Londres, lançant, depuis la capitale britannique et contre Pétain (Philippe Laudenbach dans le film, ndlr) son célèbre appel du 18 juin, portant dès lors sur les fonds baptismaux les Forces Françaises Libres. Un discours d'une force inouïe magistralement rendu par Lambert Wilson dans le film.
Mais si la voix de Charles de Gaulle, de par ses inoubliables discours et conférences de presse, s'est définitivement inscrite dans la mémoire collective, cela n'a jamais été le cas de son épouse Yvonne, qui n'a donné aucune interview au cours de sa vie.
ISABELLE CARRÉ IRRÉSISTIBLE
Ainsi, la lumineuse et brillante Isabelle Carré, a magnifiquement su lui donner la sienne. Tout au long de l'histoire, elle lui assure, surtout, une présence irrésistible bien moins discrète que celle dans laquelle la postérité a enfermé «Tante Yvonne». Et les spectateurs de découvrir ici une personnalité, certes parfois discrète, mais à bien des égards affirmée et constante.
Femme aimante auprès de son époux, souriante, détendue et affectueuse auprès de ses proches, elle forme avec Charles de Gaulle un couple inséparable, apportant une dimension universelle au film.
L’oeuvre met également l'accent sur leur fille Anne, qui souffrait de trisomie. C’est d'ailleurs avec elle que le Général se montre le plus sensible et tendre, le rendant très touchant à l'écran.
UNE PREMIÈRE DIFFUSION RÉUSSIE
Yvonne, séparée de son mari dans le film, sur les routes de l’exode avec sa petite fille et ses deux autres enfants, Philippe et Elisabeth, restera longtemps sans nouvelles de son époux. Mais le couple se retrouvera lorsque la débâcle française viendra juste de prendre fin.
Et si le film s'achève où la Résistance et la France libre s'apprêtent à naître, le spectateur ne devrait souffrir d'aucune frustration, le parti-pris de l'oeuvre, se centrant sur les semaines autour de l'appel du 18 Juin regorgeant à lui seul tant de faits, qu'il constitue un épisode décisif de l'Histoire de France.
Diffusé pour la toute première fois devant un parterre de militaires, le film de Gabriel Le Bomin a longuement été applaudi en standing ovation, laissant l'émotion apparaitre dans les rangs des soldats.
Et s'il a passé ce cap, décisif, sous l'oeil averti des professionnels et des officiers, il semble bien parti pour connaître le même sort face au grand public.
Publié le
https://www.huffingtonpost.fr/entry/de-gaulle-avec-lambert-wilson-a-sa-bande-annonce_fr_5e148640e4b0843d3618eeb7
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