Vendredi dernier, Alger a vécu la « nuit des pieds-noirs ». Des Algérois se sont fait piéger. Ils ont tambouriné sur des casseroles. Une « symphonie » aussi vieille que la colonisation…
Amnésie. Ceux qui en doutaient, ont maintenant la preuve de l’importance, pour un peuple, de connaître son histoire. Ce qui a eu lieu, vendredi soir à Alger est inqualifiable. Insupportable. Condamnable. Des Algériens ont, sans même le savoir, singé les Français d’Algérie. C’est tellement douloureux que même pour l’écrire on a mal. Vendredi dernier donc, en rentrant chez eux, quelques-uns parmi les Algérois ont pris des ustensiles de cuisine pour tambouriner en prenant soin d’ouvrir les fenêtres pour laisser le vacarme métallique envahir la capitale. Ils avaient suivi un mot d’ordre lancé sur Facebook baptisé « Degg El Mehraz » (le mortier de cuisine aujourd’hui remplacé par le mixer). Le laboratoire de l’officine qui est derrière cette opération savait très bien que le « Mehraz » n’existe pratiquement plus depuis que les ménages utilisent des robots. Il savait très bien que ce « Mehraz » n’est plus utilisé depuis des lustres pour le bruit et les vibrations qu’il cause aux voisins. Il savait très bien que faute de « Mehraz » les Algérois allaient se rabattre sur d’autres ustensiles. Qu’ils allaient « taper » sur des marmites ou sur des casseroles. Le laboratoire en question savait tout cela, mais pour donner le change et faire comme si le « procédé » n’avait jamais existé, c’est le « mehraz », devenu une pièce de musée qui a été recommandé. Mais c’est sur des casseroles que les Algérois allaient se rabattre. Comme au « bon vieux temps » de « nos ancêtres les Gaulois ». Comme au « bon vieux temps » des cinq notes de « Al-gé-rie fran-çaise). Les moutons de Panurge de Facebook ont sorti, vendredi dernier, leurs casseroles et ont tapé, tapé,…sur eux-mêmes. Comme s’ils se giflaient avec leurs propres mains. Cette nuit-là aura donc été celle d’une résurgence d’un cauchemard. Du haut des immeubles de la ville sortait la même symphonie écrite 67 ans auparavant par les colons qui signifiaient par-là leur refus de perdre la guerre et tous leurs privilèges d’occupants qui asservissaient les enfants de ce grand pays, l’Algérie. Leur désarroi avait commencé en septembre 1959 quand le général de Gaulle avait fini par admettre l’autodétermination du peuple algérien. Pour les pieds-noirs c’était la fin d’une vie paradisiaque. C’était inadmissible. Ils ont dressé des barricades. Ils ont manifesté. Ils ont tapé, chaque nuit, sur des casseroles. Leurs chefs ont tenté un coup d’Etat. Ensuite ils ont mis sur pied une organisation terroriste (l’OAS) pour faire de l’Algérie une « terre brûlée ». Rien n’a pu entraver le cours de l’histoire. Pour finir, les meneurs les ont encore induits en erreur en leur faisant croire qu’avec leur départ massif d’Algérie, nous les Algériens, ne tarderont pas à les supplier de revenir. Incapables, selon eux, de gérer le pays. Cette propagande a été largement suivie par un million de pieds-noirs qui ont quitté précipitamment l’Algérie pour la France où ils n’étaient pas, à vrai dire, les bienvenus. On les appelait là-bas les rapatriés. Depuis, ils ont repris du poil de la bête dans l’Hexagone et ne ratent aucune occasion pour se venger des « parigots » comme ils appelaient les Français de France. On peut citer quelques « spécimens » de ces pieds-noirs toujours enragés. Il y a BHL, le philosophe qui a orchestré l’enfer que vivent les Libyens. Il nous a toujours promis de faire la même chose en Algérie. Jusque-là cela n’a pas marché. Il y a aussi le médiatique Eric Zemmour. Contrairement à BHL, il n’organise pas d’opérations militaires, mais sert à lui préparer le terrain par sa propagande. Bref, c’est dire que les pieds-noirs ont la dent dure contre nous. Même leurs enfants se mettent de la partie. Les casseroles de vendredi dernier devaient servir de test grandeur nature sur l’état mémoriel des Algériens. Rappelez-vous ce qu’avait dit, il y a quelques années, le « porteur de riz », l’inventeur de « l’ingérence humanitaire », Bernard Kouchner. Il avait dit que « lorsque la génération de novembre ne sera plus de ce monde, les jeunes qui n’ont pas vécu la colonisation seront plus faciles à embobiner ». Comprendre « plus facile à recoloniser ». Nous y voilà. Le test grandeur nature devait servir à vérifier si cette génération de Novembre était toujours là. Non seulement, elle est toujours là, mais ses enfants connaissent l’histoire des casseroles. Ils ne seront pas faciles à « mettre dans la poche ». Que quelques brebis galeuses puissent encore exister chez nous, cela n’a rien d’extraordinaire. Il y a eu déjà des harkis durant la guerre de Libération nationale. Ils traînent toujours leur « casserole ». Ils n’ont cependant jamais pu empêcher l’Algérie d’arracher son indépendance et d’avancer. Dont acte !
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