Sous-lieutenant puis haut fonctionnaire à Alger lors de la « guerre d’Algérie », Chirac a tenté, en vain, de réconcilier les deux pays une fois président
Jacques Chirac, aux côtés de son épouse Bernadette et du président algérien Abdelaziz Bouteflika, salue la foule, le 4 mars 2003 à Oran, lors de sa visite d’État en Algérie (AFP)
Quand Jacques Chirac, alors président, visite Alger en 2001, il est le premier chef d’État français à se rendre en Algérie depuis treize ans. Mais il atterrit en fait sur une terre qui ne lui est pas inconnue.
En 1947, alors qu’il n’était, à 15 ans, qu’un mousse sur un navire de marine marchande, Chirac découvre Alger et sa Casbah.
Jacques Chirac: souvenirs d’Algérie
L’ancien chef de l’État l’a dit souvent: «Pour moi, l’Algérie a été la période la plus passionnante de mon existence.»
12 mars 1956, Guy Mollet obtient les «pouvoirs spéciaux» pour l’Algérie et toute la gauche - communistes compris, on l’a oublié - vote l’envoi du contingent en Algérie. À Lachen, on fait savoir au sous-lieutenant Chirac qu’il est, lui, affecté comme interprète de russe à l’état-major français de Berlin. Il sursaute, se débat (une fois de plus) et finit par obtenir d’être envoyé avec ses camarades en Algérie, au 6e régiment de chasseurs d’Afrique. Le 17 mars, il se marie (en uniforme) avec Bernadette de Courcel. Le 14 avril, il débarque à Oran du Sidi Bel Abbès à la tête de son peloton de trente-deux hommes.
Chirac va rester plus d’un an, seul avec son peloton sur un piton, près de Montagnac, à côté de la frontière marocaine. Comme des centaines de milliers d’autres jeunes Français appelés (ou rappelés) sous les drapeaux pendant cette guerre d’Algérie, il y connaîtra la peur, la soif, l’ennui, les «crapahutages» ...
Le fabuleux voyage du président français en Algérie
L’homme qui avait dit non à la guerre en Irak et à George Bush avait atterri à Alger le dimanche 2 mars 2003 sous un soleil radieux. Des centaines de milliers de personnes étaient venues l'acclamer.
Jacques Chirac ne s'attendait nullement à un accueil aussi chaleureux : près d’un million d'Algérois dans la rue pour l’acclamer. Il avait même eu droit à des "Chirac président, Chirac président !" du plus bel effet. Et, fidèle à lui-même, il n'avait pas hésité à prendre des bains de foule, au risque de faire paniquer les services de sécurité. S’écartant du protocole, Jacques Chirac, rompu à son exercice favori, avait délaissé son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, pour aller serrer la main des badauds, amassés le long du parcours. Et de faire semblant de ne pas entendre les jeunes qui lui réclamaient à grands cris : "Des visas, des visas !"
L'Algérie, Jacques Chirac l’avait connue en 1956. Le jeune sous-lieutenant était affecté près de Tlemcen au 6e régiment de chasseurs d’Afrique pendant la guerre d’Algérie. Blessé au visage, il avait été démobilisé le 3 juin 1957 avec le grade de lieutenant. Il y était retourné le 17 avril 1959 pour un an en "renfort administratif" auprès de Jacques Pélissier, directeur général de l’Agriculture en Algérie.
Déclaration d'Alger
Le 3 mars 2003, devant les élus algériens, le président français avait parlé d’une "nouvelle alliance algéro-française", concrétisée par un traité d’amitié, la Déclaration d’Alger. L'image que les Algériens gardent de lui ? Celle d'un président sympathique qui s’est dressé contre les Etats-Unis pour dire non à la guerre en Irak.
Tourner la page de l’Histoire
Lors de son séjour en Algérie, Jacques Chirac avait rendu à Abdelaziz Bouteflika le sceau du Dey d’Alger que celui-ci avait remis en 1830 aux autorités françaises, signant ainsi le début de la colonisation. "Le retour de ce symbole de souveraineté à l'Etat algérien vient dans mon esprit sceller les retrouvailles entre nos deux pays et entre nos peuples, ce nouvel élan dans nos relations", avait lancé le président français.
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