En Algérie, les premiers bourgeons d'une démocratie pourraient fleurir après la démission du président Abdelaziz Bouteflika. Son départ, provoqué par la pression de la rue algérienne, pourrait clore une longue période dictatoriale qui, comme le soulignent nos archives, a commencé pratiquement dès l'indépendance du pays en 1962.
Le 27 juin 2002, le correspondant parlementaire Pierre Tourangeau prépare pour le service de l’Information une synthèse de l'évolution de l’Algérie depuis la fin des années 1950.
Ce que raconte le journaliste, c’est l’histoire d’un rêve de liberté brisé.
Car si l’Algérie est sortie du joug colonial français en 1962, c’est pour retomber presque immédiatement dans les griffes d’une dictature corrompue.
Peu après l’indépendance algérienne, le pouvoir est confisqué par une clique qui dirige le pays comme si c’était sa propriété privée.
L’incompétence de cette clique fait sombrer l’économie alors que l’Algérie possède pourtant d’immenses ressources naturelles et humaines.
Pour le peuple algérien, à la misère matérielle s’ajoutent bientôt la guerre civile et la terreur provoquée par l’État et des milices islamistes.
En 1990 et en 1991, les élections municipales et législatives sont remportées par le Front islamiste du salut.
Plutôt que de leur céder la place, « le Pouvoir », comme appellent les Algériens le régime, préfère voir le pays s’enfoncer dans une vague de violence et de terrorisme.
Cette flambée de fureur, qui durera presque une décennie, provoquera la mort de 60 000 à 200 000 Algériens, auxquels s’ajoutent des milliers de disparus et près d’un million de réfugiés.
Cet épisode dans l’histoire de l’Algérie a profondément traumatisé les Algériens. Le régime utilise la commotion pour justifier son maintien au pouvoir.
Le président Bouteflika, symbole d’un régime corrompu
Par sa trajectoire, en raison de ses politiques, l’ex-président Abdelaziz Bouteflika est un puissant symbole des tares du régime qui gouverne l’Algérie.
Sa première élection, le 16 avril 1999, fait l’objet d’un reportage de la journaliste Danielle Levasseur au Montréal ce soir qu’anime Christine Fournier.
Élu avec 74% des voix lors d’un scrutin que ses opposants qualifient de frauduleux et qu’ils boycottent, Abdelaziz Bouteflika promet de revitaliser l’économie et de combattre la corruption.
Du même souffle, il fait cette déclaration surprenante.
Je donnerais des garanties internationales, même à l’argent illicite, s’il devait créer des emplois, faire faire à l’Algérie une épargne de devise.
Pouvait-on croire à la lumière de cette annonce que l’éthique serait placée au cœur du mandat du nouveau président? On peut en douter.
Les milliers d’Algériens qui manifestaient contre l'élection d’Abdelaziz Bouteflika à cette époque-là ne s'illusionnaient guère sur cette question.
Un président muet
En 2011, dans la foulée des printemps arabes tunisien, égyptien et libyen, l’Algérie s’enflamme. Place du 1er-mai à Alger, 10 000 manifestants exigent que le président Bouteflika « dégage ».
La journaliste Émilie Dubreuil relate dans un reportage présenté au Téléjournal du 11 février 2011 qu'anime Pascale Nadeau le soulèvement dans la capitale algérienne.
Mais après quelques jours, l’Algérie retourne dans le silence.
Elle n’est pas la seule.
En 2013, le président Bouteflika est terrassé par un accident vasculaire cérébral.
Cloué dans un fauteuil roulant, il disparaît de la scène publique. Cela ne l’empêche pas de se représenter pour un quatrième mandat en 2014.
Une nouvelle tentative de décrocher un cinquième mandat fait déborder le vase. La rue exige, et obtient, la démission présidentielle.
Le plus difficile reste maintenant à faire.
Comment démanteler un système enraciné si profondément dans les rouages de l’État et qui profite à une puissante minorité? Cela demandera à la fois patience et détermination.
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https://ici.radio-canada.ca/.../algerie-revolution...
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