L'appel de plusieurs personnalités « politiques » au président Bouteflika, 82 ans, malade et aphone depuis six ans, à briguer un nouveau mandant est un flagrant appel au meurtre, contre l'espoir de tout un peuple et d'une jeunesse désemparée.
L'appel est lancé au nom de la continuité, celle qui sévit depuis dix-neuf ans. Celle de la dilapidation des richesses, de la clochardisation de la société, des scandales financiers. Celle de l'exil de milliers de femmes et d'hommes et du kidnapping des enfants. Celle de la médiocrité de l'école, du tabassage des médecins, de la corruption institutionnelle et de l'incitation au suicide en chaloupes.
On appelle, donc, à continuer l'œuvre du «prophète», à grossir son le mythe, ses réalisations, à lui trouver des miracles, à lui écrire des «évangiles».
Pour ceux qui croient, qu'assis sur le divan à maudire la morosité qui règne au pays, les choses vont changer, il est plus que temps de dire, que le monde des réalités amères, finit toujours par rattraper les plus grands rêveurs, et même l'innocence des enfants.
Pour ceux qui comptent sur la «justice divine» ou qui guettent un «Moïse» salvateur, venant d'un quelconque désert, les délivrer de ceux qui font régner le chaos, sans accepter qu'il y ait un prix à payer, une responsabilité à prendre, se font des illusions puériles.
Rien d'essentiel ne se donne dans la vie et surtout pas le pouvoir. La liberté, la justice, le bonheur, sont des idéaux à poursuivre comme un rêve d'enfant. Rien ne tombe d'un ciel souillé, sauf, peut-être, quelques pluies acides ou des crottes fétides et crasseuses. Si pour l'homme, l'oisiveté est la mère de tous les vices, la capitulation est sûrement celle de ses malheurs.
Un peuple qui cesse sa quête de la liberté absolue, est condamné à subir éternellement les affres de l'oppression. C'est une quête noble pour laquelle on ne doit renoncer ni par peur, ni par compromissions, tout comme la justice et le bonheur, qui restent l'aspiration et le moteur d'émancipation de l'Homme depuis le commencement.
En ce sens, l'Histoire n'a jamais rapporté la repentance d'un quelconque autocrate, pris de soudains remords, qui, dans une magnanime grâce, décide d'ôter son costume de César. La vocation d'un autocrate est d'asservir un peuple, celui du peuple est de le déloger. Il n'y a pas d'autres possibilités. Pas d'entente, pas de compromis, transactions, ni d'arrangements. L'intérêt de l'un va à l'encontre de celui de l'autre.
Le métier d'un dominateur, c'est d'imposer, d'opprimer. Celui du peuple est de chercher son bonheur, à le vivre entier et sans entraves. L'autocrate ne peut aller contre nature et intérêt, c'est une règle vérifiée par l'Histoire et elle est immuable.
En attendant, il est permis de croire que ceux qui nous gouvernent avec leur petite conscience, n'ont que faire des aspirations de «l'insignifiant» peuple, réduit aux volontés de ceux qui craignent de perdre les choses dont ils disposent, même lorsqu'insignifiantes, et qu'en face, on continue à vampiriser sans répit.
Dans ce pays meurtri, livré à lui-même, au pillage organisé, et à l'insatiable boulimie des hommes, incapable d'assurer ne serait-ce une vie digne ou le simple espoir à ses enfants, le pouvoir actuel, en appelant à un cinquième mandat, se livre à un véritable jeu de la mort.
Il n'est un secret pour personne que le dessein dramatique auquel nous sommes voués, sous l'égide d'une médiocratie vorace, qui a mis sous tutelle, richesses et forces vives, rationnant vivres et perspectives, ce dessein, ne peut inévitablement qu'être tragique.
Les combats justes que livrent les hommes, face aux absolutistes et aux pilleurs, ne se mènent pas par les soupirs de lamentations. Ils sont une réponse à un appel des consciences, à vouloir changer les choses, par des actes et par des faits.
Se révolter contre sa condition, chacun dans son coin, ne fait que tourmenter le révolté lui-même. Dire non pacifiquement, ensemble, au même moment, contre la même injustice, pour un but commun, pour le retour des valeurs communes, de droiture, d'honnêteté et de courage, qui ont fait le renom et le socle de notre nation.
Il faut que ça soit définitivement clair : nul salut ne peut provenir de ceux à qui profitent la paralysie du pays. Le changement ne peut provenir de l'intérieur d'un système qui se nourrit du désordre, comme se nourrissent les serpents dans les nids abandonnés. Le chantage auquel nous soumet le clan au pouvoir qui veut qu'après lui c'est le déluge, ou que sans lui adviendra l'errance et l'apocalypse, est en lui-même un sérieux motif de révolte. Comment, en effet, comprendre cette logique qui veut lier le sort de tout un pays à celui d'une caste, autrement qu'une menace brandie sur la tête du pays s'il en venait à décider de la faire débusquer.
Appeler à un cinquième mandat, c'est inéluctablement un appel à la révolte, car nul algérien libre, ne peut accepter cette humiliante marque de mépris.Même les criquets pèlerins qui provoquent la désolation, aussi voraces soient-ils, finissent par passer leur chemin.
Lorsqu'il était SG du FLN, Ould Abbes, expliquait à un journaliste d'Al Bilad, qu'un jour, Cherif Messaadia, lui avait fait une confidence : «Tu sais pourquoi ils nous haïssent tant ? C'est parce qu'ils ne peuvent rien contre nous. Ils ne peuvent pas nous déloger. On les a vaincus». Il parlait de l'opposition, des honnêtes gens, de nous tous.
par Hebib Khalil
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5271362
Donc, il ne suffit pas de passer son temps à accabler l'équipe au pouvoir pour espérer un changement quelconque. Il faut savoir faire son autocritique. Ceux qui gouvernent en général et plus particulièrement dans l'évolution du parcours historico-politique de l'Algérie, ne sont qu'un maillon d'un système. Gouvernants et gouvernés baignent dans un ordre établi où chacun trouve son compte. Ce n'est pas la politique qui transforme un responsable en voleur mais c'est le vote des citoyens apathiques qui convertit un voleur en politicien. Depuis pratiquement la mort du feu président Boumediene qui a pris le pouvoir par la force, tous ceux qui lui sont succédés ont été placés avec la condition de ne pas perturber cet ordre établi. Le seul qui a tenté de s'en écarter, a été immédiatement assassiné. Le système tel qu'il a été instauré après la réorientation de la démarche du développement de l'économie nationale n'a désormais pas réussi à développer une idéologie. Mais pour reproduire et entretenir cet assemblage, il tente de semer le trouble au sein de la société Algérienne car il ne peut perdurer que dans l'opacité et le désordre.
Il ne faut pas se voiler la face, la participation des différents partis à la gestion des collectivités locales et des préoccupations législatives n'a jamais assuré un partage de pouvoir et encore moins son équilibre. Par contre, le récent cafouillage au sommet par des déclarations et des contre déclarations au sein de la coalition au pouvoir, montrent incontestablement la gêne pour ne pas parler carrément de la déroute de l'establishment dans la démarche de leur poursuite dans la stratégie de continuité et surtout leur aveu d'échec de trouver un leader charismatique comme alternative. La tentative de certains noms charismatiques semble s'éloigner puisque leurs tournées à travers le pays n'ont pas recueilli l'unanimité de l'ordre établi. Depuis quand, le pouvoir s'inquiète-il de la représentation des citoyens dans l'hémicycle alors qu'il tire sa légitimité depuis la supposée ouverture du champ politique avec des élus qui chauffent les chaises ? Non seulement ces élus s'accommodent avec le système mais lui donnent une crédibilité dans tout ce qu'il entreprend.
1-Du système lui-même
Il ne faut pas oublier que le parti du Font de la Libération Nationale (FLN) est apparu au lendemain de l'année 1962 comme un creuset de tendances autour d'un consensus qui est l'indépendance politique de l'Algérie. La dynamique de ses affinités a commencé une fois cet objectif atteint. On peut considérer pour faire court la première présidence sous le feu Ahmed Ben Bella comme réservée à cette chamaillade interne du parti et la réorganisation de l'économie nationale suite au départ massif des colons et l'abandon des moyens de production, notamment les domaines agricoles.
Il a fallu attendre l'année 1965 pour que l'armée sous le guide du feu charismatique Houari Boumediene s'empare du pouvoir pour redresser la ligne et rassembler encore une fois ces différentes approches du FLN autour d'un autre consensus cette fois-ci l'indépendance économique. Jusqu'à sa mort le pays a brillé par la clandestinité des idées, la gestion par des symboliques et surtout la prédominance de la cohésion sociale sur celle politique qui n'était pas d'actualité. A sa mort des technocrates, ont envahi les rangs du parti pour réorienter le modèle et concevoir des règles pour son fonctionnement. Le choix d'un leader qui se conforme à cette base se fait soit au sein de l'armée, des anciens moudjahidines charismatiques par leur historicité ou éventuellement des enfants de Chouhadas. Ceux qui n'ont pas accepté de suivre la ligne de conduite ont été écartés de différentes manières comme Boudiaf, personnalité historique, ceux qui n'ont pas résisté à la pression n'ont pas fini leur mandat comme feu Chadli Bendjedid, Commandant d'une région militaire, Lamine Zeroual, officier supérieur de l'armée et fils de Chahid.
Peut-être que les déclarations de l'ancien ministre des affaires religieuses Bouabdellah Gholamallah en affirmant que « Boudiaf a été liquidé par ceux qui l'ont ramené », ses paroles dépassent de loin ses pensées mais il n'a pas tord sur la forme. Car depuis le système s'est forgé et durci par l'arrivée d'une oligarchie formée par les nouveaux riches qui ont mélangé l'argent avec la politique et justement le feu Boudiaf s'est attaqué à la corruption qui constitue leur niche de transaction. Aujourd'hui les tendanyces du vieux parti se sont éclatées en excroissances qui s'unissent sous forme d'alliances au niveau central pour cautionner le pouvoir sans pour autant sortir de la ligne de conduite tracé par le système.
Son endurance durant la décennie noire des années 90 est édifiante. C'est un leurre que de prendre Bouteflika pour un parrain du système et de croire qu'il s'accroche au pouvoir. C'est cet establishment qui s'agrafe à lui pour perpétuer la ligne de conduite tant qu'il est en vie s'il avait réussi à coopter quelqu'un, il l'aurait laissé se reposer. La preuve, avant de se porter candidat libre à la présidence de la république en 1999, on a fait appel à lui comme à Ali Kafi, Youcef Khatib, Ali Haroun pour ne citer que ceux -là. De nombreuses voix tentent de ramener les problèmes actuels de l'Algérie sur la personne pour les éloigner du système qui commence à prendre une ampleur inquiétante ces dernières années. Il est formé aujourd'hui d'opportunistes du parti unique et de ses excroissances qui en voulant le perpétuer, refusent, voire même résistent aux changements. Ils s'approprient l'indépendance de l'Algérie et la révolution économique, sociale et culturelle qui s'en sont suivies pour asseoir leur pouvoir comme tuteurs du peuple algérien et au nom de cette légitimité, l'empêche de prendre le chemin autre que celui tracé par la révolution qui leur enlève les mamelles de leurs bouches.
2-Les hypothèses qui fondent les programmes de l'opposition ne sont pas crédibles
2-1- Le prétexte de la fraude massif aux élections n'est plus mobilisateur.
Dénoncer sans démontrer la fraude massive pour mobiliser un contre- pouvoir est devenu un générique qui ennuie les citoyens qui remarquent de leurs yeux que le système en rassemblant les fonctionnaires, l'armée et les corps constitués auxquels il ajoute les sympathisants de son alliance totalise les ¾ du corps électoral. Pourquoi d'adonnerait il à son genre d'exercice ? Ceux qui développent une telle approche ignorent l'Algérie profonde car le système continue de jouir d'une base solide qui répond présente à chaque échéance électorale. C'est plutôt l'abstention qui a et pourrait poser problème. Or, celle-ci concerne les démocrates qui prônent et appellent au changement en désertant les urnes alors ! Tant pis pour eux.
2-2- l'appel à l'aide aux démocraties occidentales est inutile
L'Europe avec à sa tête la France, les Etats Unis même des démocrates s'accommodent avec les régimes comme le nôtre et font tout pour le maintenir et interviennent à chaque fois qu'il tente d'en dévier. Depuis l'élection de François Hollande, les responsables politique Français ont rendu plus de visites en Algérie que dans leurs propres métropoles. L'Algérie par sa dépendance des produits alimentaires Français (blé, lait etc.) fait travailler près d'un million d'agriculteurs. Elle s'ingère dans toute transaction avec d'autres pays de par sa position d'ex puissance colonisatrice disposant de toutes les informations sur l'Algérie. Aucun régime, ne peut lui permettre de telles faveurs. Les Etats Unis ont soutenu le quatrième mandat de Bouteflika en envoyant plusieurs émissaires dont sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton. Donc continuer à compter sur les ONG occidentales pour déloger le régime en place est un leurre que les citoyens ont bien compris pour ne plus y adhérer.
2-3- les citoyens n'entravent pas les réformes audacieuses s'ils s'avèrent nécessaires
Les émeutes, les grognent ainsi les mécontentements populaires, ne sont pas contre la consolidation budgétaire qui a été imposée par les circonstances économiques particulières. Tout le monde sait maintenant que le choix qui s'offrait à l'exécutif reste limité à deux variantes : soit continuer à se renvoyer la responsabilité sur ceux qui ont mené le pays là où il est actuellement. Auquel cas, on aboutirait à la pédale à vide qui se terminera par une violence souvent incontrôlable. Il en sera ainsi parce qu'on aura perdu beaucoup de temps sans avancer et on ne pourra plus entretenir les conséquences néfastes qui en découlent. Ou bien il faut aller vers des réformes audacieuses quitte assumer ses effets secondaires. L'opposition oubli que l'Algérien bien avant l'indépendance n'a jamais revendiqué ou rouspété quoi que ce soit pour son ventre. Tous les voisins l'ont fait, les Marocains, les Tunisiens mais jamais les Algériens. Ils se sont toujours débrouillés comme ils peuvent pour ne pas gêner la ligne de conduite pour ce problème précis. Bien au contraire, à l'indépendance, ce sont les citoyens qui par leur solidarité et en dépit de leur pauvreté, ont alimenté la première caisse de l'Etat pour la gestion de la transition liée au départ massif des colons. Par contre et à travers tout le cycle de sa dépendance des différentes conquêtes en Algérie, il a montré son ferme rejet de la hogra, de l'injustice sociale et surtout de l'iniquité dans le partage depuis la famille jusqu'à l'Etat. Il se trouve justement que cette austérité est venue au moment où ces dysfonctionnements sociaux ont atteint leur limite insupportable.
2- La participation citoyenne reste la seule voie de sortie de cette impasse.
3- Pour réussir, la politique cohérente dans une démocratie participative, le pouvoir doit s'appuyer sur les habitants. A cet effet, de nombreux outils le permettent aujourd'hui aux citoyens de s'impliquer directement dans la conduite des affaires du pays comme les mouvements associatifs les réseaux sociaux etc. A quels besoins répondent ces nouveaux artifices de la participation citoyenne ? Ces nouveaux outils sont nés du constat que la participation citoyenne d'une politique menée constitue une plateforme consensuelle pour mener des réformes audacieuses parfois impopulaires. Aujourd'hui les réseaux sociaux ne permettent plus aux dirigeants de conduire une politique autocratique d'un pays qui ne s'appuie pas sur cette dimension participative en faisant des habitants d'un pays les acteurs de des transformations profondes réussies. Malheureusement, depuis pratiquement l'indépendance de l'Algérie, l'exercice de la politique s'est transformée en une politique faite pour les citoyens et non plus avec. Il est donc indispensable de repenser cette forme de l'exercice du pouvoir et de remettre à l'ordre du jour les fondamentaux de sa mise en œuvre. Les citoyens ne sont pas seulement les bénéficiaires de l'action publique mais sont aussi partie de la solution dans leur capacité à agir, à entreprendre et à se mettre en mouvement. Quels sont justement les enjeux cette participation citoyenne ? C'est un enjeu qui dépasse la politique de représentation par des élus qui s'oublient et se distance de la base élective dès qu'ils atteignent le sommet. Lors des événements de la chambre basse pour destituer son président légitime, un député s'est avancé au camera de la télévision publique pour déclarer aux citoyens qu'il s'agit là d'une «affaire interne » à l'assemblée nationale qui ne concerne pas les citoyens qui l'a élue. C'est une manière de s'égarer de la voie que les électeurs ont tracé pour leurs représentants. La démocratie locale dans les quartiers populaires est en mauvais état. Il suffit de constater l'effondrement du taux de participation aux élections pour le comprendre. Dans ces quartiers, c'est l'abstention qui gagne et personne d'autre.
Les nouveaux outils visent ainsi à essayer de remettre en route des espaces qui permettent la participation des milieux populaires. Tout le monde s'accorde là-dessus.
Mais toute la question reste : Est-ce que cela, est de l'intérêt de l'establishment ? Le système par cet aveuglement se prive des bénéfices attendus. La participation des habitants peut changer énormément de choses. Il est avéré par une conviction collective devenue maintenant universelle qu'un bout de l'amélioration de la situation concrète dans les quartiers réside dans l'initiative citoyenne, dans la société civile. C'est-à-dire la capacité des habitants à se mobiliser, à s'engager et à se structurer de manière collective pour entreprendre des choses. Car tout ne repose pas sur les politiques publiques. Il faut en finir avec l'illusion de la toute- puissance de l'action publique.
C'est fondamental car sur les questions de sécurité, d'éducation, d'insertion, il y a un bout de la réponse qui doit être articulé avec des initiatives citoyennes.
En outre, il est plus que certain que l'efficacité de ces politiques publiques est suspendue à l'adhésion des habitants des quartiers. Elles doivent donc être co-construites avec eux. Car plus on est loin sociologiquement des gens pour lesquels on veut faire mettre en œuvre une action, plus il y a de chance qu'on ne les touche pas. Comment y parvenir concrètement ? les spécialistes ne cessent de le répéter sur la base du vécu , il y a un double enjeu : d'une part, améliorer les politiques publiques pour qu'elles soient plus efficaces en les fabriquant avec les gens, et, d'autre part, faire confiance à la capacité d'initiative des habitants. L'ambition est de redresser le tir, de relancer une politique des réformes qui s'est en grande partie consacrée depuis près de deux décennie à la recherche de la paix sociale au détriment des générations futures reste une erreur de fond. Car ce n'est pas cette forme d'aide sociale qui luttera contre la pauvreté, la délinquance ou l'échec scolaire.
Il faut désormais convaincre les pouvoirs locaux à s'ouvrir à l'initiative citoyenne. Car le verrouillage constitue un suicide collectif et c'est exactement ce que vit le régime actuellement du point de vue sociologique, politique et économique. Bon nombre d'élus doivent envisager une nouvelle façon d'exercer leur pouvoir. Ils ont une révolution culturelle à faire.
4-Il ne suffit pas de vouloir mais de pouvoir drainer une adhésion populaire
L'opposition a tenté maintes fois de fonder de son côté une alliance pour garantir une élection présidentielle «libre et ouverte». Deux revendications semblent sortir du lot : le rejet de toute révision de la Constitution donc indirectement s'opposent à la prolongation du mandat présidentiel ensuite la mise en place d'une constituante pour la transition.En partant de l'hypothèse qu'aucun parti ni personnalité n'est capable de changer la donne, seul le peuple en a le pouvoir. Ces partis et personnalités ont-ils d'abord consulté leur base puis comment peuvent-ils concrétiser leurs propositions pour éviter qu'on impose un choix au peuple algérien et surtout dans leur ensemble que représentent-ils ? Pour bien comprendre la portée de cette initiative politique, un bref retour en arrière est plus que nécessaire. Lorsque le 08 mai 2012, Bouteflika avait déclaré vouloir se retirer de la vie politique et recommandait à sa classe de faire de même avec sa fameuse phrase « Tab Ejnana », de nombreux partis et pas des moindres s'étaient vivement souciés de sa succession. Maintenant qu'il semble revenir sur cette décision, les mêmes corporations qui ont seulement changé de têtes s'opposent non seulement à un cinquième mandat mais aussi à la révision constitutionnelle, pourtant promises avec leur accord en pleine effervescence du printemps arabe. Rappelons qu'à partir de décembre 2010, la Coordination Nationale pour le Changement et la démocratie (CNCD) avait appelé à manifester, comme dans tous les pays arabes chaque samedi pour occuper voire « camper » dans la place du premier mai, mais les quelques centaines de participants ont été vite dispersés par les forces de l'ordre et une dizaine de baltaguias.
5-Conclusion
Voilà donc bientôt près de 60 ans après l'indépendance de l'Algérie que les échecs se répètent et s'accumulent dans un ordre établi où chacun des acteurs trouve son compte sans penser aux générations futures. La leçon à tirer serait justement de continuer à penser que le changement pourrait provenir du haut. Plus on pense ainsi, plus la société algérienne se désagrège. Est cela l'objectif visé ?
par Reghis Rabah
*Consultant et Economiste pétrolier
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