Elle s’était installée avec les travailleurs immigrés algériens dans le bidonville et avait manifesté avec eux le 17 octobre 1961 à Paris.
Salariée du service civil international, elle a découvert par hasard, à la suite d’un incendie le bidonville de Nanterre où les immigrés étaient parqués et tenus à l’écart des Français. Elle y verra policiers, gendarmes et harkis venir perquisitionner dans la brutalité. Les bébés étaient déshabillés et les matelas tailladés à la recherche d’armes.
La vie dans les bidonvilles de cette Parisienne d’origine bretonne a donné naissance à deux ouvrages : Bidonvilles, l’enlisement (1971) et Nanterre en guerre d’Algérie (2001).
La militante, marquée par les manifestations de 1936 dira plus tard que si elle ne s’était pas “engagée” auprès des Algériens elle aurait eu l’impression de se “renier”.
Par:
,https://www.tsa-algerie.com/lecrivaine-francaise-monique-hervo-naturalisee-algerienne/
Éditeur : Actes Sud Année : 2012 ISBN : 978-2-330-01285-4 Pages : 256 p. Type : Chronique Collection, autres éditions : Actes Sud BD. 1° éd. Le Seuil, Paris, 2001., |
Notations :
Monique Hervo, militante du Service Civil International (ONG avant l'heure), quatre-vingt-quatre ans aujourd'hui, voulait exprimer son désaccord politique sur la question algérienne au début des années 1950. Etre une femme dans la France de l'époque, la contraint à agir en toute indépendance. Elle se rend au bidonville avec quelques amis afin d'apporter un soutien direct aux habitants de la Folie. Après quelques temps, elle est la seule de son groupe d'amis à revenir régulièrement. En 1959, elle finit par s'établir au bidonville de " La Folie " à Nanterre. Elle y vivra douze ans. Monique Hervo quitte le bidonville lors de sa destruction en 1971, quand les familles qui y vivaient sont relogées dans les nouvelles cités de transit. En plus du soutien qu'elle apportait aux adultes (démarches administratives, coopérative de matériaux, etc...), elle s'efforçait d'aider les enfants (devoirs, organisation de sorties ou de colonies). Certains des personnages choisis pour l'émission se souviennent bien de leur vie avec Monique. Durant ces douze années, Monique Hervo a accumulé des notes, des observations consignées quotidiennement et des photographies qui ont donné lieu à deux publications : Bidonvilles, l'enlisement et Chroniques du bidonville, ce dernier édité au Seuil et préfacé par François Maspero. A l'époque, les magnétophones portatifs à bandes apparaissent. Monique entend les premiers reportages de terrains à la radio. Le médium lui plait. Après s'être renseignée, elle fait l'acquisition d'un Uher 4 pistes et d'un microphone. Elle commence alors la captation d'ambiances, d'interviews au sein du bidonville. Nous découvrons aujourd'hui ces sons Monique Hervo a accepté de mettre à notre disposition ces documents sonores inédits ; des entretiens qu'elle enregistrait, elle dit : " Ces enregistrements contiennent des témoignages qui rendent compte de l'extrême précarité des gens à ce moment-là, (...) et dans lesquels on entend également les sons de la vie quotidienne dans les baraques du bidonville et les sons du dehors. " Les archives représentent environ 165 heures d'écoute. Elles sont constituées d'entretiens individuels, en français, et de discussions entre plusieurs interlocuteurs simultanés (enfants/adultes) où l'on entend de l'arabe, parlé par les parents et traduit par l'enfant de la famille. Tous ces enregistrements ont été réalisés entre 1965 et 1967. Ils regroupent 600 personnes. On y entend individuellement des hommes, des femmes, des enfants. Les enregistrements tardifs de 1967 représentent 70 heures, 88 personnes interrogées (34 pères de familles, 26 mères, 16 enfants, 5 adolescents, 2 jeunes adultes non mariés et 5 cousins dits " célibataires").
Depuis plus de dix ans qu’associations, groupements et commissions gouvernementales se sont donnés pour objet la lutte anti-bidonville, le nombre des familles vivant en bidonvilles dans la région parisienne a augmenté de 20 % si l’on compare les deux recensements officiels, 1966 et 1970 (ce dernier publié dans la presse en 1971). Le 23 avril 1971, une nouvelle fois, un enfant a brûlé vif dans une de ces baraques. Devant une telle situation, toutes les formes d’aides apportées aux immigrés, dans la mesure où elles ne privilégient pas la revendication du logement, concourent à masquer l’étendue de ce problème et son importance primordiale. Les travailleurs étrangers, eux, ne s’y trompent pas. Entre la période où furent réalisés les enregistrements rassemblés dans ce livre et maintenant, la prise de conscience de leur exploitation s’est encore plus nettement affirmée. La reconnaissance de leur droit au logement ne doit désormais plus relever d’« actions généreuses » mais doit s’inscrire dans le cadre d’une nouvelle politique sociale du logement en France.
https://www.amazon.fr/Bidonvilles-lenlisement-graphiques-dessins-monique/dp/B0000DSX25
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