Au mois d'avril j'ai reçu une lettre
Et sur le côté on voyait
Dessiné un drapeau
Au mois d'avril j'ai reçu une lettre
Et sur le côté on voyait
Dessiné un drapeau
C'est un papier pour partir à la guerre
En Algérie pour le gouvernement
C'est un papier pour partir à la guerre
En Algérie pour le gouvernement
Adieu ma mère et adieu ma compagne
Je vous dis adieu mon père
Et adieu mes amis
Adieu ma mère et adieu ma compagne
Je vous dis adieu mon père
Et adieu mes amis
Il faut partir en camion militaire
En Algérie pour le gouvernement
Il faut partir en camion militaire
En Algérie pour le gouvernement
Dans le désert sous le soleil qui brûle
Je tiens dans mes bras mon fusil
Je repense au bon temps
Dans le désert sous le soleil qui brûle
Je tiens dans mes bras mon fusil
Je repense au bon temps
Petites pluies petits matins de brume
Dans la vallée au début du printemps
Petites pluies petits matins de brume
Dans la vallée au début du printemps
Si j'ai tué c'était pour me défendre
Et si j'ai pleuré tant pleuré
C'était pour les enfants
Si j'ai tué c'était pour me défendre
Et si j'ai pleuré tant pleuré
C'était pour les enfants
Malheur à ceux qui envoient à la guerre
Des pauvres gens contre des pauvres gens
Malheur à ceux qui envoient à la guerre
Des pauvres gens contre des pauvres gens
Pourquoi cette fanfare
Quand les soldats par quatre
Attendent les massacres
Sur le quai d'une gare
Pourquoi ce train ventru
Qui ronronne et soupire
Avant de nous conduire
Jusqu'au malentendu
Pourquoi les chants les cris
Des foules venues fleurir
Ceux qui ont le droit de partir
Au nom de leurs conneries
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer
Pourquoi l'heure que voilà
Où finit notre enfance
Où finit notre chance
Où notre train s'en va
Pourquoi ce lourd convoi
Chargé d'hommes en gris
Repeints en une nuit
Pour partir en soldats
Pourquoi ce train de pluie
Pourquoi ce train de guerre
Pourquoi ce cimetière
En marche vers la nuit
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer
Pourquoi les monuments
Qu'offriront les défaites
Les phrases déjà faites
Qui suivront l'enterrement
Pourquoi l'enfant mort-né
Que sera la victoire
Pourquoi les jours de gloire
Que d'autres auront payés
Pourquoi ces coins de terre
Que l'on va peindre en gris
Puisque c'est au fusil
Qu'on éteint la lumière
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer
Pourquoi ton cher visage
Dégrafé par les larmes
Qui me rendait les armes
Aux sources du voyage
Pourquoi ton corps qui sombre
Ton corps qui disparaît
Et n'est plus sur le quai
Qu'une fleur sur une tombe
Pourquoi ces prochains jours
Où je devrais penser
A ne plus m'habiller
Que d'une moitié d'amour
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer
Jaques Brel: la colombe, une chanson contre la guerre d'algérie
Écrite à Paris en 1956 par Raymond Lévesque durant la guerre d’Algérie pour dénoncer la souffrance des Algériens , « Quand les hommes vivront d’amour », était et est toujours un véritable message de paix.
Quand on n'a que l'amour
à s'offrir en partage
au jour du grand voyage
qu'est notre grand amour
quand on n'a que l'amour
mon amour toi et moi
pour qu'éclatent de joie
chaque heure et chaque jour
quand on n'a que l'amour
pour vivre nos promesses
sans nulle autre richesse
que d'y croire toujours
quand on n'a que l'amour
pour meubler des merveilles
et couvrir de soleil
la laideur des faubourgs
quand on n'a que l'amour
pour unique raison
pour unique chanson
et unique secours
Quand on n'a que l'amour
pour habiller matin
pauvres et malandrins
de manteaux de velours
quand on n'a que l'amour
à offrir en prière
pour les maux de la terre
en simple troubadour
quand on n'a que l'amour
à offrir à ceux-là
dont l'unique combat
est de chercher le jour
quand on n'a que l'amour
pour tracer un chemin
et forcer le destin
à chaque carrefour
quand on n'a que l'amour
pour parler aux canons
et rien qu'une chanson
pour convaincre un tambour
alors sans avoir rien
que la force d'aimer
nous aurons dans nos mains
amis le monde entier
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Ils ont l'âge de pierre
du fer et du sang
Sur les larmes de mères
Ils ont ouvert les yeux
Par des jours sans mystère
Et sur un monde en feu
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Ils ont connu la terre
A feu et à sang
Ils ont eu des chimères
Pour aiguiser leur dents
Et pris des cimetières
Pour des jardins d'enfants
Ces enfants de l'orage
Et des jours incertains
Qui avaient le visage
Creusé par la faim
Ont vieilli avant l'âge
Et grandi sans secours
Sans toucher l'héritage
Que doit léguer l'amour
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Ils ont vu la colère
Étouffer leurs chants
Ont appris à se taire
Et à serrer les poings
Quand les voix mensongères
Leur dictaient leur destin
Les enfants de la guerre
Ne sont pas des enfants
Avec leur mine fière
Et leurs yeux trop grand
Ils ont vu la misère
Recouvrir leurs élans
Et des mains étrangères
Égorger leurs printemps
Ces enfants sans enfance
Sans jeunesse et sans joie
Qui tremblaient sans défense
De peine et de froid
Qui défiaient la souffrance
Et taisaient leurs émois
Mais vivaient d'espérance
Sont comme toi et moi
Des amants de misère
De malheureux amants
Aux amours singulières
Aux rêves changeants
Qui cherchent la lumière
Mais la craignent pourtant
Car
Les amants de la guerre
Sont restés des enfants
C’est un printemps de déchirures,
De papillons sur les masures :
PACIFICATION-EXTERMINATION !
C’est un printemps de reniés,
De morts, de mensonges dorés :
ASSEZ DE TORTURES EN ALGERIE !
C’est un printemps comme un délit,
Comme une flamme sous la pluie :
VIVE L’ALGERIE INDEPENDANTE !
C’est un printemps comme un fusil brisé.
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