Avec l'équipe du journal "Alger républicain" vers 1938,1939. (Collection Catherine et Jean Camus. DR)
Déchiré entre pieds-noirs et musulmans, l’enfant du pays s’est opposé aux indépendantistes, mais n’a jamais pris le parti de l’Algérie française. Un positionnement qui mérite d’être éclairé pour dissiper les incompréhensions et déjouer les récupérations.
Lorsqu’on évoque, à plus d’un demi siècle de distance, les prises de position politiques d’Albert Camus, il est essentiel de se garder des anachronismes, prodromes de toutes les simplifications et récupérations. C’est ainsi que, contre toute évidence, la droite s’est aujourd’hui approprié Camus en le réduisant au rôle de prophète supposé de l’effondrement du totalitarisme soviétique. Quant à la gauche, sa famille de pensée légitime, elle vante ses positions libérales, sa clairvoyance infaillible sur toutes les questions de son temps… sauf sur un sujet, généralement considéré comme le point noir de sa pensée : son opposition à l’indépendance de l’Algérie.
Or cette question, en particulier, ne saurait être abordée sans replacer les engagements de Camus dans le contexte de l’histoire en train de se faire. Alors, on pourra comprendre qu’il est non seulement absurde de faire de l’enfant du quartier pauvre de Belcourt, à Alger, un héros de l’Algérie française, comme tente de le faire croire une partie de la communauté pied-noir ; mais qu’il est aussi inexact de considérer que, sur l’Algérie, Camus aurait renié ses idées, prisonnier qu’il aurait été de son attachement à sa terre natale.
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