au début du printemps, le F.L.N. n'a pas renoncé à l'action terroriste, loin de là !.
Le 12 Mai,
j'avais assisté aux obsèques de M. Gabet, le maire de Koléa, lâchement assassiné.
Le 3 Juin,
Trois bombes à retardement, dissimulées dans des lampadaires en fonte, aux arrêts d'autobus, explosent vers 18 heures trente, l'heure de sortie des bureaux.
Elles provoquent la mort de huit personnes dont trois enfants. Il y aura quatre-vingt-huit blessés, dont trente-trois seront amputés.
Les bombes ont frappé, sans distinction de sexe, d'âge, ou de religion, mais en majorité des musulmans
Je donne alors
le commandement du secteur Alger-Sahel à mon adjoint, le colonel Godard, qui s'installe au palais Bruce, au plus près de la Casbah.
Il va y avoir deux ans que nous sommes à Alger,
ma famille et moi, sans que l'idée même d'un jour de permission ou de détente me soit venue. Ma femme ne veut se séparer ni de moi, ni de notre fille... Nous sommes donc tous trois rivés à cette vie harassante, usante, que la chaleur, dès le mois de mai, rend plus difficile à supporter.
Un changement d'air, d'ambiance me serait bénéfique.
Mais il ne peut être question de décrocher d'Alger, surtout alors que reprennent les attentats, que se durcit à nouveau le terrorisme.
Le lieutenant Mazza, mon aide de camp, conscient comme tout mon entourage, du problème, me propose la réquisition d'une villa sur la côte à quelques kilomètres d'Alger. Il s'agit d'une vaste maison, quelque peu délabrée parce que vidée et inoccupée depuis les « événements ». Le principal agrément de la villa est son accès immédiat à la mer.
Chaque jours, dès le petit matin,
je pars précédé de mes motards qui me font filer un train d'enfer. Au volant de ma 403 blonde, l'acrobate du volant, le sergent parachutiste Happey, leur colle aux roues. Je suis éternellement pressé et nous avons contracté là, Happey et moi, la dangereuse habitude d'oublier les servitudes du code de la route pour gagner les cinq minutes qui me manquent pour faire une heure !
Sur ce front de mer au pied de Notre Dame d'Afrique, je traverse la pointe Pescade, les Deux-Moulins, Saint-Eugene, je me glisse entre les barrages militaires, j'entrevois des voitures arretées et vidées.
C'est le chemin d'accès à la ville. La voie de la fuite de ceux qui apportent le trouble et surtout la mort !
Point-Pescade Eglise Saint-Christophe
Je recevais beaucoup :
réunions où j'écoutais les comptes rendus d'exécution et donnais des directives de détail,
audiences privées après filtrage par mon cabinet.
J'avais bâti un programme hebdomadaire et m'efforçais de le suivre si l'actualité le permettait.
Le lundi et le jeudi : à 11 heures, je recevais dans mon bureau mes subordonnés directs, les paras et les chefs de service de la police pour préciser les modalités de leur action en profondeur, dont les détails m'étaient communiqués chaque jour par le 2° bureau.
Les mardi et vendredi : à 14 heures, j'allais à la préfecture pour recevoir les comptes rendus de l'action en surface exposés par les commandants de secteurs d'Alger. Nous étudiions la manière de parer à certaines difficultés, d'améliorer les métho- des.
le samedi : à 10 h 30 je me rendais à la préfecture, pour m'occuper des affaires du département d'Alger, traitées par l'état-major mixte départemental (militaires et civils) et celui de la zone Nord Algéroise (Z.N.A.) C'étaient des affaires qui me concernaient personnellement et dont j'assurais la responsabilité.
Mais j'étais tenu à participer également aux réunions provoquées, à la préfecture, par le général Allard et le préfet Baret, où étaient traitées les affaires des quatre départements et zones, à la fois à l'échelle de l' « Igamie » pour les civils et de la division militaire d'Alger devenue le corps d'armée d'Alger.
Mais si ces réunions étaient essentielles et m'obligeaient à une présence aussi régulière que possible, je devais multiplier mes contacts personnels avec les colonels de mes régiments à leur P.C chaque fois qu'une découverte ou une capture importante requérait ma venue.
De gauche à droite : Le général Massu, les colonels Perrin, Brothier, Mayer, JeanPierre, Romain-Desfossés
Pour mes officiers, pour moi, il était vital de ressentir en commun l'atmosphère intraduisible du lieu même où se déroulait l'action... où elle venait de se dérouler.
Parfois, c'était l'inspection de V.I.P., d'autorités supérieures, qui m'amenait à ces déplacements. Je n'avais pas toujours, alors, le même sentiment de ne pas perdre mon temps.
Dans la seconde période de la Bataille d'Alger, qui va commencer maintenant, j'irai souvent rendre visite au colonel Godard, auquel j'ai délégué mes pouvoirs concernant le secteur Alger-Sahel. Son P.C., tout près de la Casbah, s'est installé dans un « palais »... encore un.
Le dimanche 9 juin, c'est la Pentecôte,
le colonel Brothier et son épouse sont venus nous voir. Cette fin de journée, je ne suis pas près de l'oublier ! Nous prenons l'apéritif sur la terrasse quand une explosion troue le calme du soir... il est 18 ou 19 heures :
Le téléphone m'apprend qu'une bombe a éclaté au casino de la Corniche, tout proche de chez moi. Brothier et moi nous nous précipitons.
Le spectacle qui nous est offert n'a pu s'effacer de notre mémoire ! Toute une jeunesse joyeuse, venue danser au terme de ce beau jour de fête, est massacrée.
Point-Pescade Le Casino de la corniche
Le bilan est lourd :
9 morts, 85 blessés dont 39 femmes, 10 dans un état désespéré.
Ce sont des Français de souche, en grande majorité du quartier populaire de Bab-El-Oued, beaucoup n'ont pas vingt-cinq ans !
La bombe a été déposée sous l'estrade, par un des plongeurs de l'établissement qui a pris la fuite et qui sera arrêté dans la soirée avenue Gandillot. .
Le chef d'orchestre, Lucky Starway, est déchiqueté, ses musiciens tous grièvement atteints. La piste est balayée, les danseurs couchés pêle-mêle...
Voilà comment se termine un bal innocent !
Point-Pescade Le Casino de la corniche
Ne peut-on penser à notre réaction,
à nous qui savions, en cette soirée du dimanche 9 juin 1957, jour de la Pentecôte , qu'une main criminelle, mue par une volonté froide, avait sciemment causé un tel drame ?
Ne peut-on imaginer,
notre désir de trouver les autres bombes, prêtes à causer les mêmes drames, de tout mettre en œuvre pour les désamorcer ?
Je revois cette belle jeune fille de dix-huit ans dont les deux jambes ont été arrachées et qui gît, évanouie, dans ses cheveux blonds souillés de sang.
Cette vision s'est imposée en moi, avec un réalisme étrange, insoutenable, lorsque j'ai entendu l'an passé, puis lu le récit de l'atroce drame du « 5 à 7 » de Saint-Laurent-du-Pont.
Une des nombreuses bléssées de ce dimanche 9 juin 1957
Le 11 juin 1957,
les obsèques des victimes sont l'occasion de violentes manifestations.
Une grève inopinée est respectée par la population française de souche.
Après les obsèques des victimes du casino de la corniche, la foule exaspérée se livre à des exactions :
cinq indigènes musulmans sont tués, dont deux terroristes.
un camion fonce sur la foule, une Européenne est tuée, 8 bléssés.
200 magasins de musulmans sont saccagés,
200 personnes sont arrêtées, il y a 49 blessés parmi les manifestants, dont 2 paras.
Ce jour là,
les paras arrêtent Maurice Audin, communiste, chef de réseau, professeur à l'université d'Alger, il avait obtenu sa mutation en 1953 afin de participer à l'insurrection qui s'annonçait.
C’est lui et ces complices qui était chargé de caché et de transférer vers le maquis, les tueurs F.L.N. recherchés par les parachutistes.
Les arrestations des membres du réseau communiste marquera le début de la seconde partie de la Bataille d’Alger et la fin des poseurs de bombes.
Le couvre-feu est fixé à 21 heures pour l'ensemble de la ville. .
Je m'adresse à la population et à mes troupes dans les termes que voici :
« Nous, militaires et policiers,
ressentons la même douleur, la même indignation que vous devant les attentats dont sont victimes tant d'innocents. Vos deuils et vos souffrances sont nôtres, du fond du cœur.
L'action difficile, qui nous est imposée par cette guerre secrète, exige, avec la foi dans la victoire qui nous anime, beaucoup de sang-froid, d'astuce et de temps.
Le moment n'est pas, même pour les étudiants, de se livrer sur la voie publique à des manliestations qui obligent les troupes et la police à se distraire de leur effort essentiel pour en contrôler le développement.
Car vous n'ignorez pas qu'au milieu des gens les mieux intentionnés, aspirant à se libérer publiquement de l'angoisse qui les étouffe, se trouvent des provocateurs, soucieux avant tout de détourner vers leurs fins malsaines les mouvements de foules les plus honorables.
Il est primordial pour ll'avenir de l'Algérie que nous tous ici donnions à la métropole et au monde le spectacle de l'union qui existe dans nos cœurs, notre seul but étant de réclamer et d'obtenir, dans la légalité, la justice saine et totale, indispensable à notre victoire. »
Nos premiers succès avaient entraîné une certaine collaboration des services de police.
Dans la « deuxième Bataille d'Alger », on a pu compter pleinement sur le soutien des policiers, de la D.S.T. en particulier.
L'organisation du commandement a revêtu un caractère qu'elle n'avait pas antérieurement :
Aux côtés du colonel Godard se trouvaient :
Le colonel de gendarmerie Crozafon,
le commissaire Perriod de la police judiciaire,
les représentants des sous-secteurs, etc.
Les missions étaient mieux réparties:
les gendarmes mobiles avaient pris en main toutes les tâches de leur ressort :
les interrogatoires,
la mise en forme des procès-verbaux,
la responsabilité des centres de tri,
à l'exception de celui qui était concédé au seul régiment para laissé par mes soins à la disposition du secteur.
La collaboration était poussée et chacun en mesure d'éviter à l'autre un faux pas.
La recherche des poseurs de bombes se focalise sur la casbah.
Dès le 12 juin, la « pêche » aux bombes continue, inlassablement.
Le 25 juin, le 1er R.C.P. et le 9° zouaves découvrent 33 bombes dans la Casbah.
Après les cérémonies du 14 Juillet, avec notamment le défilé de la 10° Division de Parachutistes sous mes ordres sur les Champs-Elysées, le 3° R.P.C. relève à Alger, le 1er R.C.P. qui assure, depuis le 18 mai, l'action en profondeur dans la cité.
Le 27 juillet,
Le F.L.N. a prévu de faire sauter huit bombes.
Les porteurs de bombes sortent d'une cache de la rue Saint Vincent de Paul pour rejoindre les quartiers européens, mais le quadrillage des forces de l’ordre les empêchent de rejoindre leurs objectifs, ils doivent éviter les patrouilles militaires pour ne pas être arrêtés et fouillés, le temps passe, l'heure fixée à la minuterie approche.
Une bombe explose avec son porteur, sans doute mal réglée, les autres poseurs s'affolent, l'un d'eux monte dans un escalier de HLM, il essaye de la désamorcer, il saute avec sa bombe.
Les six autres s'en débarrassent n'importe où.
Un caporal para, du 3e R.P.C. M. Cazes, sera blessé gravement, il a voulu désamorcer la bombe qu’il avait découvert.
Trois bombes, dont une de 10 kg, sont désamorcées par les artificiers.
Ce jour là, il n'y eu que trois blessés dont un grave du 3° R.P.C. et les deux terroristes tués par les engins qu'ils allaient déposer.
Au cours du mois d'août,
l'étreinte des forces de l'ordre composées :
du 3e R.P.C.
du 9° zouaves
des policiers
se resserre progressivement autour de l'organisation de la zone autonome d'Alger, qui est finalement démantelée par la capture de 80 % de ses responsables.
Le lundi 26 août 1957,
Commence l'affaire la plus chaude dans l'impasse Saint-Vincent-de-Paul :
Trois terroristes logés dans l'impasse Saint Vincent de Paul, sont tués lors d'une opération des parachutistes renforcée par des zouaves.
Il s'agit des derniers subordonnés de Yacef Saadi : Hadj Athman
, dit Ramel
Cherif Debid
, dit Mourad.
Les tueurs lanceront six bombes contre les forces de l’ordre, dont l‘une tuera une musulmane.
18 bombes prêtes à être programmées sont retrouvées dans une cache.
Ce meme jour
Deux familles de fermiers européens sont massacrées à Courbet ( 72 km est d'Alger ). Sept personnes dont trois femmes et un enfants, toutes égorgées. Les femmes, dont une jeune fille de 22 ans ont subies les pires outrages.
La Une de l' Echo d' Alger du mardi 27 Aout 1957.
La relève de Bigeard par Jeanpierre, dans les premiers jours de septembre, va donner au 1er R.E.P. l'occasion d'achever la Bataille d'Alger.
Dans le contexte trés lourd de cet été de 1957,
la décision s'impose d'un dernier effort contre le F.L.N. d'Alger.
Il faut à tout prix mettre fin aux attentats, qui dans ce climat de tension risquent de provoquer, à tout moment, un contre-terrorisme européen de plus en plus menaçant.
Notre objectif précis sera évidemment Yacef Saadi, le responsable des attentats.
La situation du malheureux n'est pas confortable.
Contraint de se terrer dans la Casbah qu'il connaît bien et où il a de nombreux amis, il a fait aménager plusieurs cachettes dans des immeubles et y entrepose munitions et documents.
Souvent accompagné d'Ali la Pointe, élu garde du corps, il a, en outre, constitué un système de surveillance.
Dès qu'une patrouille apparaît dans une ruelle proche de sa résidence du moment, les guetteurs donnent l'alarme et Yacef Saadi rejoint le réduit aménagé dans le logis.
Le mardi 24 septembre :
Les bérets verts, les zouaves et les gendarmes cernent depuis trois heures du matin l'un des quartiers de la Casbah où se trouve la rue Caton qui donne sur la place Rabbin Bloch.
les Paras dans la casbah 1957
Le filtrage et le contrôle d'identité des habitants commencent à quatre heures.
Une indicatrice avait eu l'idée de mettre de la peinture rouge au creux de ses mains.
Ainsi tachait-elle dans le dos et faisait-elle repérer à son insu l'agent de liaison qu'elle rencontrait dans la foule, parfois même lui passait-elle un pli dont elle était chargée.
C'est alors que la rue Caton attira l'attention de nos observateurs :
Ils avaient remarqué l'entrée d'hommes tachés de rouge qu'on ne voyait pas ressortir, sans doute parce qu'ils quittaient l'immeuble par une autre issue.
Par contre, une fillette de six ou sept ans franchissait la porte du 4, traversait les escaliers de l'étroite ruelle et entrait au 3. C'était elle qui, en fait, assurait le dernier relais.
Le colonel JeanPierre pénètre le premier dans le repaire :
une maison à petites fenêtres et couloirs très étroits, au premier étage, un patio sur lequel donnent des chambres, un couloir conduisant à une cuisine moderne et un escalier.
En haut de celui-ci, un mur sur lequel un panneau d'une quarantaine de centimètres paraît avoir été rajouté. Attaqué à la pioche par les soldats, le mur perd ses premiers moellons et laisse apparaître
Yacef Saadi, presque nu, qui lance une grenade offensive sur les légionnaires et tire une rafale de mitraillette.
Le colonel Jeanpierre et un adjudant-chef sont blessés. Des pourparlers s'engagent entre les officiers du 1er régiment étranger parachutiste et Yacef qui, se sachant identifié et dans l'incapacité de s'échapper, accepte de se rendre.
Il demande à ne pas être séparé de la jeune Drif Zohra qui, nue elle aussi, se trouve à ses côtés (condamnée à mort par contumace pour l'affaire des bombes du Milk-Bar et du Coq-Hardi).
Tous deux sortent alors de leur réduit, après qu'on leur ait fourni des vêtements Yacef, qui souffre d'une angine, sollicite des soins.
Yacef Saadi lors de sa capture le 24 Septembre 1957.
Dans les milieux musulmans,
où la nouvelle s'est répandue en quelques heures,
« il semble que se manifeste comme une gêne », écrit le correspondant particulier du Monde.
On se montre déçu de la faible résistance opposée par Yacef Saadi.
On établit même un parallèle entre sa reddition et le combat qu'ont livré, avant de mourir, ses deux adjoints Mourad et Ramel.
Yacef Saadi,
dont l'imagination d'un grand nombre faisait un être insaisissable, est mis, le lendemain de sa capture, dans la villa mauresque d'El Biar, P.C. du 1e. régiment étranger parachutiste, en présence des membres de la presse autorisés à le photographier, ainsi que Zohra Drif.
sera confiée au 1er régiment étranger parachutiste, commandé par le chef de bataillon Guiraud, qui remplace le colonel Jeanpierre, blessé lors de l'arrestation de Yacef Saadi.
Dès fin septembre,
une piste sérieuse permet de déterminer approximativement l'emplacement, dans la Casbah, de la cache du terroriste.
Le 7 octobre
un renseignement, recoupé par trois fois, la situe avec exactitude : 5, rue des Abdérames, au premier étage.
Les « bérets verts » établissent alors un vaste filet autour du quartier de la rue Porte-Neuve.
Simultanément, tandis que des patrouilles s'avancent par les ruelles,
Des paras convergent par les célèbres terrasses de la Casbah vers la rue des Abdérames, sautant de l'une à l'autre et se recevant parfois sur des tôles pourries ou sur des verrières.
les patrouilles s'avancent par les ruelles de la casbah.
A 20 heures,
le numéro 5 est investi, les terrasses alentour occupées.
On fouille chaque pièce, C'est finalement les propriétaires de la maison, deux femmes, qui indiquent exactement la cache. Elles précisent que quatre personnes y ont cherché refuge, dont une femme.
« Le chef s'appelle Ali... », il n'y a donc aucun doute sur l'identité du petit groupe.
Les paras apprennent en outre que la tanière a été construite dans les premiers jours de septembre et occupée, le lendemain de la capture de Saadi, par Petit Omar et Mahmoud.
Le 28 septembre,
Ali la Pointe et Hassiba les y rejoignent.
Huit jours durant, Ali et ses trois compagnons vivent entassés dans un espace de quatre mètres carrés.
Leur seule communication avec l'extérieur
est assurée par deux trappes, en haut et en bas, composées d'un cadre de bois et d'un fort treillage métallique sur lequel sont cimentées des briques à huit trous.
Chaque trappe pivote sur des gonds et est verrouillée de l'intérieur par une barre horizontale.
L'ensemble est robuste, bien conçu et la cache ne peut être détectée par sondage des murs.
C'est Yacef Saadi
qui a dessiné le plan de ce refuge à l'usage de ses subordonnés. Celui d'Ali présente l'inconvénient majeur de n'offrir aucune issue de secours.
Dans la nuit du 7 au 8 Octobre 1957,
Sachant qu'Ali la Pointe,
homme d'action, possédant des armes, peut très bien tenter une sortie désespérée, le commandant Guiraud, avec l'accord du colonel Godard, décide, après de vaines et nombreuses sommations, de faire sauter un angle de la cloison au moyen d'une petite charge de plastic, susceptible de détruire un pan de mur.
Cinq légionnaires et un officier
sont désignés pour foncer dans la cache immédiatement après l'explosion. Il n'y a pas d'autres moyens d'y accéder.
Parallèlement, des mesures de sécurité sont prises :
On évacue les habitants du 5.
Le n° 3, la maison de Yacef Saadi est vide.
Mais certains civils sont revenus subrepticement pour récupérer leurs affaires, dans des maisons voisines.
Au lever du jour, la petite charge de plastic explose.
A la stupeur générale,
une violente déflagration en chaîne se produit, la maison située au fond de l'impasse Silène, celle où habite le député communiste Amar Ouzegane, s'effondre, causant la mort d'innocentes victimes.
Les légionnaires ont quatre blessés légers. Certains, postés sur une terrasse, se retrouvent à l'étage inférieur.
Ali la Pointe ne s'est donc pas fait sauter.
Nous l'avons attaqué dans son repaire hermétique.
Nous ne pouvions supposer que le tueur avait avec lui une telle charge d'explosifs, au moins vingt kilos !
Les légionnaires revêtent la tenue de corvée et procèdent au déblaiement des décombres amoncelés au milieu desquels gisent les quatre derniers animateurs du terrorisme à Alger :
ils ont péri de la même mort que tant de leurs innocentes victimes.
Qui était ce personnage ? :
« Ali la Pointe », qui a aussi comme sobriquet « Petit Boxeur ». Ces derniers temps, on le désignait dans la rébellion sous le surnom de « Si Lahbib ». Il figue sur les registres de l'état civil sous le nom de Amar Ali, né à Miliana, le 14 mai 1930. Il a donc vingt-sept ans.
En 1945, il se fait connaître à Alger comme joueur de tchic-tchic. Son quartier opérationnel était alors Bab-el-Oued.
Peu après, il commence à se faire une petite place dans « le Milieu » comme souteneur, non sans avoir commis au passage quelques vols à main armée.
Son casier judiciaire comporte quelques condamnations :
1943 : vols d'effets militaires. 1950 : viol 1952 : coups et blessures volontaires, violences et voies de fait à agent. 1953 : tentative d'homicide volontaire. 1954 : tentative d'assassinat.
On est en droit de se poser une question ? que fait la justice !!!
Le 22 avril 1955 :
Ali la Pointe réussit à s'évader du chantier de travail de Damiette (Médéa), où il purge une condamnation pour tentative d'assassinat.
Cette évasion constitue un tournant dans sa carrière de « voyou ».
Peu après, il est présenté à Yacef Saadi qui l'incorpore aussitôt à son groupe d'action armée, dirigé alors par Chaib Ahmed dit le « Corbeau », autre personnage du milieu, qui a pris le maquis.
Depuis sa capture, Yacef Saadi a précisé :
Ali la Pointe
avait eu pour mission, de regrouper, de contrôler et d'employer à l'action armée les hommes du milieu, ses anciens compagnons.
Yacef Saadi a dit de lui :
« qu'il n'avait aucune instruction, encore moins de sens politique, mais qu'il était très dévoué »...
Par contre, il lui a consacré, dans son livre sur la Bataille d'Alger, un élogieux chapitre qu'il termine ainsi :
« Ali la Pointe, un héros, un patriote, un homme ! »
Le 15 octobre
Arrestation de Benhamida Abderhamane, le dernier responsable de la Zone Autonome d'Alger.
Vidéo placée par Ben :
La Bataille D'Alger,temoignage Hamid Dali
(Louni Arezki,Benabi Ahmed,Petit Omar,Ramel et Debbih)
Allah yarhamhoum !
Ali la pointe et Petit Omar, dont la planque du 5, rue des Abdérames fut plastiquée début octobre 1957, mettant fin à ce qu'on a appelé "la bataille d'Alger".
Aucun des témoins de cette époque n'a contesté que la Bataille d'Alger ait été gagnée par les parachutistes, ainsi que les troupes de secteur et les forces de police placées sous mon commandement.
Cinq ans plus tard, a été lancée une campagne tendant à persuader l'opinion que l'indépendance de l'Algérie avait été acquise à la suite de la « victoire » du F.L.N. à Alger. La Belle duperie !
Sans doute les fellagas ont-ils pour satisfaire leur ambition :
Apparaître aux yeux du monde comme les seuls représants du peuple algérien, dû éliminer les dissidences internes.
Ils l'ont fait la plupart du temps avec une férocité et une absence totale de ce sens « fraternel » auquel ils se réfèrent si volontiers dans leurs rapports avec ceux de leur race.
Chez eux n'y eut que soif de pouvoir absolu !
Quel contraste avec les luttes qui opposent Nord et Sud-Vietnamiens, séparés par des dissensions idéologiques ou socio-économiques, et aussi avec l'affrontement dramatique qui termina, pour nous du moins, la guerre d'Indochine.
Pas de Dien-Bien-Phu en Algérie,
malgré la menace et l'espoir d'une victoire spectaculaire du même type que brandissaient si volontiers Larbi Ben M'Hidi et les autres chefs de la rébellion.
Arrestation de Ben M'Hidi et de Hamida son agent de liaison en 1957.
Cette guerre
qu'ils ont perdue par les armes, aboutissant cependant à son but, l'indépendance, n'a-t-elle pas hanté les nationalistes algériens dans leur fierté ombrageuse ?
Ne devoir la réalisation de leur rêve qu'à la seule autorité du général de Gaulle, n'est-ce pas l'humiliation qui pousse aujourd'hui un Yacef Saadi, dans le film de Pontecorvo qu'il inspira, à transformer la vérité, à la modeler pour lui donner la mesure de son orgueil blessé ?
C'est aller vite en besogne
et prendre avec l'histoire des libertés qui ne peuvent résister aux documents et aux chiffres... même avec la bienveillante complicité des esprits forts de notre hexagone.
Ces alliés inespérés,
non contents d'avoir cherché à déconsidérer l'armée combattante, faite de leurs compatriotes parce qu'elle réussissait trop bien dans sa mission, n'ont pas hésité à proclamer plus tard, qu'elle « n'avait pas existé », puisque le F.L.N. l'avait vaincue !
De la même manière,
les « informateurs qualifiés » qui nous accusaient de « gonfler nos bilans » se sont surpassés à les gonfler eux-mêmes démesurément lorsqu'il s'est agi de dénoncer la férocité de nos combats et de notre action !
On pourrait rire de ces trop faciles jongleries
si la mémoire de nos soldats, partis pour l'Algérie accomplir leur devoir, la douleur de leurs familles, le culte que leur ont voué leurs camarades survivants, ne s'en trouvaient atteints profondément, à tout jamais !
la rue Marmol et la rue de la bombe situées Place d'Estrées en 1957.
Faut-il donc
poursuivre une démonstration que je me suis efforcé de faire tout au long de ces pages ?
Je n'ai pas la prétention
de décourager la mauvaise foi,
de désarmer la calomnie,
la haine
et parfois l'imbécillité,
mais j'ai voulu corriger une information tendancieuse pour apporter, à ceux qu'elle avait dupés, matière à réflexions nouvelles basées sur des faits précis, indiscutables, nourris aux meilleures sources.
Je me suis imposé de traduire en images facilement perceptibles des données techniques parfois arides et j'ai senti le poids de cet effort.
Effort, pour moi, d'imposer une évidence si claire à mes yeux et à ceux de mes camarades, acteurs et témoins de ces mois de lutte, évidence devenue doute, obscurité ou contre-vérité, pour ceux qui ont été, jour après jour et maintenant encore, quatorze ans plus tard, abusés par d'insidieuses manoeuvres.
De quoi s'agissait-il ?
Ceux-là même qui utilisent, pour gagner, les coups les plus bas, pour qui :
la bombe,
la mutilation,
l'assassinat,
l'enlèvement,
le viol,
la mort lente d'innocents otages,
le chantage,
l'intoxication,
la menace jour et nuit suspendue sur la tête des êtres les plus chers
constituent la routine quotidienne.
Ceux-là exigent de leurs adversaires la guerre « traditionnelle », conventionnelle, et hurlent ou font hurler leurs complices ou leurs partisans du monde entier dès que l'adversaire sort des règles du parfait gentleman.
L'essence même du succès de la 10° division parachutiste à Alger n'a-t-elle pas été d'avoir su
démonter le piège,
déjouer la machination ?
Sérieux et inquiétant coup de semonce infligé aux apprentis sorciers du chambardement...
Puisque nous sommes tenus à des décomptes de fossoyeurs, comparons cependant le poids du sang versé dans cette bataille d'Alger à celle de Dien-Bien-Phu.
Dien-Bien-Phu,
Quatre mois de combats, dont deux mois acharnés, en des assauts et des combats aux corps à corps, nous a coûté :
2.300 tués,
10.000 prisonniers dont 4.500 blessés, seul 3.500 reviendront vivants.
Les pertes pour le Viêt-minh ont été de :
30.000 morts et 32.000 blessés, auxquels il faut peut-être ajouter 20.000 à 30.000 coolies, morts d'épuisement sur 75.000 coolies qui ont transporté des charges de 200 kilos sur des vélos.
la colonne des 10.000 prisonniers Français.
Pour illustrer
notre victoire dans la Bataille d'Alger, il n'est que de regarder ses effets.
Images simples, perceptibles aux yeux les moins favorables, à condition qu'ils acceptent de s'ouvrir sur l'évidence !
La haine, la rancune n'auraient pas permis une certaine physionomie d'Alger après la mise hors de combat de Yacef Saadi, Ali la Pointe et de ceux qui, suivant leur sillage, l'enserraient dans leur étau de peur.
Quelle est donc cette physionomie ?
La sécurité rétablie, :
La circulation dans tous les quartiers et jusque dans la Casbah est libre.
Nul n'est plus fouillé à l'entrée des cinémas, et des stades.
Les trams et les autobus connaissent la fréquentation intense d'avant-guerre,
la vie culturelle a repris.
Le couvre-feu supprimé permet les nuits indéfiniment prolongées des pays méditerranéens.
Puis quelques mois plus tard, le 13 mai 1958,
un phénomène explosif éclairer la portée constructrice, ce phénomène, qui a bouleversé l'actualité et amené sur le forum d'Alger des journalistes du monde entier, ne nous a pas surpris.
Il était comme le bouquet d'un feu d'artifice de joie, de soulagement, de compréhension et d'espoir, jaillissant de tous les cœurs depuis des semaines, pour célébrer la paix enfin restaurée.
Dans ces foules en liesse partout rassemblées,
pas une voix discordante n'osait se faire entendre,
pas un fusil ne se risquait à lâcher une balle de la fenêtre la mieux cachée.
N'est-ce pas la preuve qu'il s'agit bien de manifestations
comme le furent en France ou dans les villes alliées celles du 11 Novembre 1918 ou du 8 Mai 1945, mais avec l'exubérance d'un pays au chaud soleil.
Jacques Massu
Le Général Massu avec Max Lejeune en Mars 1957
Le vainqueur de la bataille d'Alger présente au secrétaire d' Etat des forces armées ( terre ) l'un des fusils pris par les parachutistes dans un arsenal clandestin constitué par le FLN au coeur de la casbah.
de Ted Morgan, traduit de l’anglais (États-Unis) par Alfred de Montesquiou, Tallandier, 18 mars 2016 340 p., 20,50 euros
Les apparences de ce livre sont trompeuses. L’auteur ne se contente pas de livrer un témoignage déjà vu sur la bataille d’Alger. Certes, Ted Morgan raconte « sa » guerre d’Algérie. Mais ce qui fait le prix de son récit est la distance dont il fait preuve.
Distance, à bien des égards, qu’il ne contrôle pas. Parce qu’il est issu d’une double lignée, mêlée de sang français aristocrate et de pragmatisme américain, le journaliste Ted Morgan, prix Pulitzer 1961, s’est retrouvé enrôlé à l’insu de son plein gré dans une guerre dont il ne connaissait ni les tenants ni les aboutissants. C’est pourquoi il propose un regard très original sur les opérations de « maintien de l’ordre » dans ce qui était encore un département français d’outre-Méditerranée.
Né Sanche de Gramont, Ted Morgan (anagramme de son nom français) compte parmi ses aïeux deux maréchaux de France et de nombreux officiers généraux. Élevé aux États-Unis, il parle français avec un sérieux accent lorsqu’il reçoit en septembre 1955, à 23 ans, un avis d’incorporation dans l’armée française. Il restera en Algérie jusque fin 1957. Il sera jeune rappelé, puis sous-officier près de Médéa, puis « journaliste » d’un journal de propagande voulu par Massu.
Ce « témoin décalé », s’il ne se sent pas partie prenante, ne cache rien de ses faiblesses, du crime de guerre qu’il commettra. Dans un style oscillant entre Hemingway et Audiard, il vit de l’intérieur la victoire militaire des parachutistes, muée en défaite politique. Il admet que la torture, pratiquée hors de l’État de droit, a permis de démanteler des réseaux FLN. Et il affirme même que Yacef Saadi, sous pression, a révélé la cachette de son second « Ali la Pointe ».
Traumatisé par ces « événements », il refusa longtemps d’écrire ses souvenirs. En tant qu’américain, marqué par la lutte contre les Britanniques pour l’indépendance, il ne se sent pas tenu par un ton « historiquement correct ». Il ne cache rien de la médiocrité des sous-officiers, de l’héroïsme de certains, du bas niveau moyen du moral des troupes. À l’américaine, l’écriture est très factuelle. Le traducteur, Alfred de Montesquiou, fut basé à Alger à la fin des années 2000 pour l’agence Associated Press. Sa plume se coule donc aisément dans les rues de la casbah algéroise.
Au soir de sa vie, Ted Morgan a conscience d’aller à l’encontre de l’histoire officielle, sur la ligne de crête des violences réciproques. Il voit dans la bataille d’Alger « un modèle réduit annonciateur » des batailles de Bagdad, de Kaboul ou d’Alep. Parce qu’« il a été coincé dans le mauvais pays au mauvais moment », la liberté de son témoignage est capitale.
Né d' une mère américaine et d' un père français, Ted Morgan (Sanche de Gramont), appelé à 23 ans dans l' armée, livre un témoignage capital sur la guerre dans le bled et la terrible bataille qui s' est déroulée à Alger en 1956-1957 entre les parachutistes et le FLN.
Déjà journaliste au moment de son incorporation et n' éprouvant de sympathie pour aucun des deux camps, il réalise ici un reportage de guerre « à l' américaine » avec une crudité et une franchise inhabituelles sous des plumes françaises. Il raconte par exemple sans biaiser comment, pris dans un climat de violence infernale, il a fini par tuer de ses propres mains un fellagha et comment, envoyé par Massu pour travailler à la rédaction d un périodique de propagande de l' armée, il assiste aux épisodes les moins reluisants de la lutte contre les «rebelles».
Admirablement placé par ses fonctions et par son grade, il sait ou voit à peu près tout de ce qui est caché aux autorités civiles et au commun des appelés en Algérie. Il apprend très vite que le pain quotidien du terrorisme urbain comme celui de son frère jumeau, le contre-terrorisme , c est le mensonge, le double jeu, la trahison, la torture, la manipulation. Au-delà des faits qu il révèle, c' est toute une atmosphère qu il restitue. Cette guerre qui n était pas la sienne le marquera à jamais.
La lecture de ce livre constitue pour un Français d'aujourd hui un véritable choc.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Alfred de Montesquiou, grand reporter pour le magazine Paris Match et lauréat du prix Albert Londres 2012 pour ses reportages sur la révolution en Libye.
Préface de Serge Berstein.
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Vidéo placée par Ben : La Bataille D'Alger Said Touati
Il arrive un moment où vient la sensation que l’on se répète encore et encore, pour rien, pour pas grand-chose de concret, pour aucun changement. En somme, une oppression, un à-quoi bon, contre lesquels il est dur de lutter. Cela vaut pour nombre de sujets d’actualité. La situation politique et économique en Algérie, la tragédie syrienne ou le drame profond des Palestiniens. Ce qui vient de se passer à la « frontière » de Gaza, cette tuerie qui n’est rien d’autre que l’affirmation d’un pouvoir total de vie et de mort sur une population sans défense, fait réapparaître ce sentiment qui mêle colère, indignation, amertume et sanglots.
Tuerie gratuite, délibérée, et qui, sur le plan international, a de fortes chances de rester impunie. Nous le savons tous. Dans la hiérarchie mondiale, l’Etat israélien occupe une place à part. Comme l’OAS jadis, il frappe où il veut et quand il le veut, sûr de son bon droit et du soutien indéfectible des Etats-Unis, première puissance planétaire. Il arrive parfois que Washington manifeste quelques irritations et laisse passer des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sans opposer son véto. La dernière fois, c’était en décembre 2016 à propos de la condamnation de la colonisation (laquelle ne s’arrête jamais). Le cadeau d’adieu de Barack Obama à son « ami » Benyamin Netanyahou… Mais avec Trump, retour à la case du « feu vert permanent ».
Israël peut aussi compter sur la lâcheté de l’Union européenne (UE) et de ses membres. Oh, bien sûr, certains d’entre eux ont fait état de leur « préoccupation ». D’autres, comme la France, ont même fait preuve de courage intrépide en demandant à Tel Aviv d’agir avec une « plus grande retenue ». Mais point de sanctions. Pas même l’esquisse d’une réflexion en ce sens. Suspendre l’accord d’association ? Impensable. Mettre le frein sur certains accords de coopération technique et scientifique ? Inenvisageable. Car, après tout, qu’est-ce que la vie d’un Palestinien ?
C’est le fond du problème. Pour les chancelleries européennes, les Palestiniens sont des morts en sursis. C’est leur état naturel. Ils seraient ainsi destinés à subir ce qu’ils subissent. Une gamine de dix-sept ans emprisonnées, sexuellement harcelée par son interrogateur, cela ne déclenche guère de protestations. La « communauté internationale » fait avec… Des jeunes que l’on arrête et que l’on détient sans raison, au nom d’une disposition qui remonte au protectorat britannique ? Que voulez-vous, mon bon monsieur, nous n’y pouvons pas grand-chose… Et puis, vous savez, le poids du passé… Imaginons un seul instant quelles auraient été les réactions des Européens (ne parlons même pas des Etats-Unis) si les morts avaient été Israéliens…
En France, dans la hiérarchie de l’information, la tuerie de Gaza est passée loin derrière la grève des cheminots, la météo incertaine, la finale de la coupe de la ligue et la chasse aux œufs de Pâques. Rien d’inhabituel. Nombre de mes confrères ont relevé les « perles » de cette couverture faussement objective, où le bourreau est toujours présenté de manière positive tandis que même la supériorité morale de la victime est niée. « La manifestation a fait seize morts » expliquait une radio d’information en continu. Règle de base respectée : ne jamais, mais jamais, désigner Israël comme coupable de quoi que ce soit. L’Etat hébreu se défend, réplique, riposte, anticipe mais la faute est ailleurs. Le coupable, c’est la victime. Elle a forcément tort. Elle a mal voté, elle est extrémiste, elle ne respecte pas sa propre vie – ou celle de ses enfants. Mais quelle idée était la sienne de manifester sur son propre sol (du moins, supposé tel) ? Et c’est ainsi qu’est distillé le message implicite : les Palestiniens, contrairement à ce que prétend leur Poète, n’aiment guère la vie. Pire, ils sont les responsables de leurs (mauvais) sort. Autre moyen d’instiller le poison. Evoquer le rôle du Hamas (pour faire couleur locale, c’est-à-dire israélienne, prononcer Khamas…). Laisser entendre qu’il aurait sa part de responsabilité, qu’il aurait envoyé des terroristes (bien appuyer sur les « r », là aussi, pour faire couleur locale) à la « frontière » ou qu’il aurait délibérément sacrifié la vie de jeunes gens manipulables à souhait.
Mais revenons à ce terme de frontière. Quel beau moyen de masquer la réalité. Ce qui sépare l’Etat d’Israël, membre des Nations Unies, et l’enclave de Gaza, prison à ciel ouvert, sans souveraineté aucune, ni sur son sol, ni sur les airs ni sur la mer, ce sont des murs, des clôtures, des grillages, des fossés. Gaza n’est pas un Etat. La Cisjordanie n’est pas un Etat. Il n’y a pas d’Etat palestinien. Il n’y a pas de face-à-face entre deux pays, ayant chacun leur souveraineté, leur armée. Il y a un dominant et un dominé. Un colonisateur et un colonisé, un Etat et des proto-bantoustans.
Soutien indéfectible des Etats-Unis, lâcheté des Européens, Israël peut aussi compter sur la pusillanimité des pays arabes. « Notre malheur, c’est aussi le monde arabe » me dit un jour un ami palestinien de Bethléem. Rien de plus vrai surtout quand on pense à cette brute saoudienne qui, en ce moment, secoue ses bourrelets et exhibe ses pétrodollars pour convaincre Israël de faire (à sa place) la guerre à l’Iran. Et voilà ce principicule et futur roitelet qui nous rappelle à une vérité contemporaine : pour lui et pour l’engeance à laquelle il appartient, les Palestiniens ne comptent pas.
AKRAM BELKAÏD "La chronique du blédard" Le Quotidien d’Oran, 5 avril 2018
UNE SITUATION CATASTROPHIQUE DANS LA BANDE DE GAZA....
En ce début d' année 2018, plus de deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza vivent une situation dramatique à tous les niveaux.
C’est très difficile de décrire cette situation qui est devenue chaotique pour toute une population.
L’ensemble de la société civile a tiré la sonnette d’alarme en avertissant que la bande de Gaza est au bord d’un effondrement complet.
Nous assistons à une détérioration des conditions économiques, sociales et sanitaires dans cette prison à ciel ouvert.
Même le mot « espoir » est en train de disparaitre du dictionnaire des optimistes de Gaza. Et c’est inimaginable que l’on puisse acculer un peuple à un tel désespoir. Garder l’espoir à Gaza est un luxe.
Le blocus israélien inhumain est toujours maintenu, avec ses conséquences graves sur la vie quotidienne dans cette région oubliée.
la situation empire, rien ne bouge. Pour plus de deux millions habitants toujours enfermés elle reste très grave à tous les niveaux, surtout sur le plan humanitaire
L’autorité palestinienne verse seulement 30 % des salaires aux 70.000 fonctionnaires de Gaza
Le Hamas qui contrôle toujours la bande de Gaza, malgré l’accord de la réconciliation signé en octobre 2017, paye seulement 20% des salaires à ses 40.000 fonctionnaires
L’UNRWA, l’agence des Nations-Unies chargée des réfugiés palestiniens qui souffrent , et ne parvient pas à payer ni ses fonctionnaires, ni continuer à s’engager de s'occuper de 65% de la population de Gaza. Suite à la réduction des aides américaines en premier lieu, après les menaces du président Trump contre les Palestiniens.
Beaucoup d’associations humanitaires ont fermé leurs portes, faute de manque de financement interne et externe.
Les rues commerçantes sont vides et le pouvoir d’achat est en en chute permanente
Beaucoup de magasins ont annoncé leur faillite totale.
Les étudiants marchent des kilomètres et des kilomètres par jour pour joindre leurs universités, parce qu’ils n’ont pas la possibilité de régler les frais de transport.
Beaucoup d’usines sont fermées actuellement faute d’électricité , sachez que les foyers de Gaza n' ont le droit qu' à quatre heures d’électricité par jour.
Sur le plan économique, la situation ne cesse de s’aggraver avec les conséquences dramatiques du blocus et des mesures locales qui ont causé l’augmentation du chômage, et du niveau de pauvreté, sans oublier l’incapacité de bâtir une véritable économie dans la Bande de Gaza.
En janvier 2018, le taux de chômage dépasse les 73% de la population civile.
La pauvreté est 85% de la population de Gaza qui vit en dessous du seuil de pauvreté
L’augmentation du nombre de personnes qui dépendent des organisations humanitaires sont de 90% des Palestiniens de Gaza. Ils vivent sur des aides alimentaires. Selon les sources du bureau des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens –UNRWA- dans la bande de Gaza, plus de 1.600.000 personnes ont bénéficié du programme de l’aide alimentaire géré par le bureau en janvier 2018, ce programme a élargi ses services pour cibler les citoyens et non seulement les réfugiés.
L’économie de la bande de Gaza souffre d’une crise très grave due aux agressions israéliennes et au blocus. Cette situation empêche tout développement d'une économie en faillite qui ne trouve pas les ressources nécessaires pour sortir d'une crise qui touche tous les secteurs.
Une situation jamais vue dans cette région en souffrance permanente.
Devant cette situation catastrophique, nous assistons à un silence complice et total de la part d' une communauté internationale officielle .
La population civile se bat quotidiennement pour survivre digne sur sa terre, mais jusqu’à quand ? Et comment cette population parvient elle à vivre ?
Les Palestiniens de Gaza attendent et attendent..... Ils n'ont pas d'autre choix que d'attendre. Ils attendent une ouverture, un changement, ils attendent la levée de ce blocus inhumain, imposé depuis plus de douze ans, ils attendent une réelle réaction internationale qui mette fin à l'impunité de cet occupant. Ils attendent avec un courage à toute épreuve, une sérénité exemplaire, une patience extraordinaire et une volonté remarquable. Mais jusqu’à quand ?
Honte à cette communauté internationale officielle complice !
Honte à ce blocus israélien inhumain contre la Bande de Gaza !
Honte à cette occupation de nos territoires palestiniens !
Honte à cette division inter palestinienne !
Vive la solidarité internationale !
Amitiés de Gaza la vie, si j’ose appeler notre vie à Gaza « une vie »
Il est de ces viatiques existentiels qui sont si nobles qu'on ne peut guère leur appliquer les critères habituels sans porter la main à ces viatiques eux-mêmes. Celui que feu Himoud Brahimi, dit Momo, a toujours soutenu de son vivant était tout simplement sublime : devenir l'illuminé de la Casbah.
"Chaque matin le soleil salue son amour et la Casbah ravie lui ouvre toutes ses couches". La voilà bien, l'image initiale ! La Casbah est une amante. Mais c'est aussi un univers labyrinthique multiséculaire, le noyau historique de la capitale, où le passé s'accorde sans artifice avec le présent.
Déjà adolescent, feu Himoud Brahimi, dit Momo, conçut cette idée qui, plus tard, sera son idée-force : "El-Bahdja", la forteresse inexpugnable, ou l'entêtement héraldique d'une civilisation maghrébine poursuivant obstinément sa lente progression à travers les âges.
Imaginez un peu ce docte personnage qui frisait l'insolite
Les poètes sont -en tant que poètes- dépourvus de puissance. Peut-être est-ce pour cela qu'ils ne convainquent que là où ils ne disent presque plus rien et, paradoxalement, suggèrent tout, comme Momo le fit dans son poème-cantilène "Architecture" (lire encadré intitulé "Architecture").
Imaginez un peu ce docte personnage qui frisait l'insolite, qui paraissait presque irréel. A l'écouter conter son singulier parcours existentiel, tout, en lui, transpirait une profonde originalité. A commencer par le visage : face burinée par les embruns, à l'image de ces fantasques rais de l'époque barbaresque, barbe en pointe qui lui dévorait les joues jusqu'aux pommettes, regard pénétrant, cheveux en boucles argentées -parfois attachés en queue de cheval- le tout serti de quelques traits de caractère à la limite de l'ostentation : langage ésotérique pointu, intonation sacerdotale, expression des yeux tantôt malicieuse, tantôt affectée, quelquefois mélancolique...
Avec son légendaire saroual "m'qaàda", son "h'zème" traditionnel et son gilet typiquement algérois, il faisait songer à on ne sait quel rapsode mythique ou conteur épique sorti tout droit d'un bazar stambouliote du 19e siècle.
La Casbah, "labyrinthe prodigieux d'architecture phénoménale",...
Et c'est toute la Casbah, "imprescriptiblement" secrète, tout le Viel-Alger des contes et légendes populaires d'antan qu'on était amené, avec une émotion et une admiration croissantes, à découvrir au fur et à mesure qu'il se remémorait, non sans ferveur d'ailleurs, "ce labyrinthe prodigieux d'architecture phénoménale, qui s'étage en escaliers de terrasses, de clartés grimpant commodément sur les collines qui mènent aux monts alentours" et dont il a su si bien incarner la conscience millénaire.
Mais pourquoi donc si peu de témoignages sur Momo qui collent véritablement à la mémoire ? Aujourd'hui la question ne s'est même pas posée et pourtant, elle demeure pendante. Peut-être parce que Momo, presque "seul contre tous", naviguait à vue dans les humeurs grises d'une citadelle par trop repliée sur elle-même, peu encline à se confesser ? Il est vrai qu'il n'avait besoin de personne. Ou peut-être si...
Respectable patriarche octogénaire, à l'image des sages de ce monde, il donnait toujours, il rendait la voix à ceux qui ne l'avaient plus. Il criait la souffrance des autres. C'est en cela qu'il ne restait pas moins vif, attentif à tous les bruissements, à toutes les pulsations qui lui parvenaient du cœur de la ville. Il "frère" encore, comme dirait l'irremplaçable Jacques Brel.
Himoud Brahimi dit Momo, "poète-cantilène de la Citadelle"
...demeurée inséparable de la mer qui l'a vue naitre
Sa famille ? L'humanité entière. Sa patrie ? La planète terre. Et, comme pour souligner qu'il n'y avait point de limite à son humanisme convivial, il y ajoutait volontiers un zeste d'univers cosmique. "Affaire de concepts", lançait-il en penchant vers l'avant sa tète, histoire de mieux vous toiser par-dessus ses lunettes.
Momo expliquait, de la sorte, que sa patrie commençait par l'inamissible ville blanche : harmonieusement étagée, demeurée inséparable de la mer qui l'a vue naitre, qui a fait sa gloire, sa fortune, et surtout de cette originalité que seules quelques grandes cités méditerranéennes peuvent se targuer d'avoir. "El Djazair El-Mahroussa", la Bien-Gardée, immuable vestale de la mémoire historique et culturelle de l'Algérie.
Seulement voilà : à la lisière maritime de cet "immense gâteau de sel dont chaque maison forme un cube régulier, comme des cristaux de sel gemme", campe solidement l'inébranlable Ras-Ammar, L'Amirauté. Entendre par là l'emplacement élu de sa prime jeunesse, là où, se rappelait-il, "les pavés de la ville et de la Pêcherie dévalaient en pentes inclinées jusqu'au bord de la mer, où les barques de pécheurs arrivaient à la queue-leu-leu pour vendre des poissons frais et frétillants, à la criée..."
Vint ensuite ce pays d'accueil où il avait bonne souvenance d'avoir été plutôt bien accepté : Paris-Verlaine, Paris-Cocagne des années 1940, fragrance de sylphides auréolant de langoureux lauriers notre fringant Adonis des mers, champion du monde de nage sous-marine en 1950 (133,33mètres) : "Je suis allé à Paris en 1945. J'ai réalisé mon rêve...Voir Paris...J'ai vu les musées...Le Louvre...Et j'ai lu...J'étais gourmand des mots et des idées. Et puis des femmes"...Mais je sentais que j'allais vers l'impasse. J'avais oublié l'arabe et mes ancêtres venaient me le rappeler dans mes nuits sans sommeil".
La Casbah : plus qu'une colline, pas vraiment une montagne...
Le récit semblait soudain pris dans le champ d'invisibles caméras qui enregistraient des scènes précises d'un film, dont personne n'aurait su le fil d'Ariane. "J'ai changé de vie...je suis revenu à Alger. Je me suis mis à la prière...A cette époque, J'étais comédien, je travaillais au théâtre...je me suis brusquement arrêté. Mes amis me disaient que j'étais fou. Moi, j'étais à la recherche de moi-même...A la recherche de la lumière qui est en moi..."
"Cette lumière, je la cherche quand je suis sur le mole, face à la mer et au soleil, ou dans l'eau, lorsque je plonge en retenant mon souffle pendant de longues minutes...
J'attend l'éblouissement ! L'illumination. C'est cela ; Je voudrais être illuminé ! L'illuminé de la Casbah...! ".
Hé oui, il y a des jours comme ça, où Momo était comme placé sur orbite, emporté dans un mouvement d'une régularité presque effrayante, que plus rien ne semblait interrompre, un avant-gout d'éternité. Dans un pan de mémoire planté de vieilles rengaines repassées à coup de 78 tours sur le phono à manivelle, il évoquait.
Et, pour ce qui est d'évoquer, il ne craignait personne : du cinéma d'époque, "Pépé le Moko," "Tahia ya Didou" et autres souvenirs en livraison groupée, renvoyant d'un coup l'ascenseur vers les temps immémoriaux, les bourlingues de la jeunesse, les
amours fous qui se sont écrasés comme de grands oiseaux morts sur les pavés du mole, un vrai roman d'aventures entre le "Marie Rose", carcasse d'un vieux yatch reclus, amarré non loin du phare, et les années d'exode, de révolution, d'indépendance et d'incursions surréalistes.
Bien entendu Momo ne s'arrêtera pas à son exergue de champion du monde de nage sous-marine. De retour à Alger, il côtoiera simultanément Albert Camus, Emmanuel Roblès et tous les écrivains algériens d'expression arabe, berbère ou française. Et d'ailleurs, c'est pour la cause d'un parcours existentiel aussi prodigieux que l'auteur bédéiste Ferrandez consacra à notre chantre trois albums rutilants de bandes dessinées en couleurs, aux éditions Casterman. Aujourd'hui on peut , avec délectation, y lire "Carnets d'Orient", "Cimetière des princesses", etc.
Ineffable Casbah aux maisons qui "semblent grimper les unes sur les autres"
Quoiqu'il en fut, la grande fierté de Momo demeurait la vieille médina au profil de pyramide immaculée. Plus qu'une colline, pas vraiment une montagne. En tout cas autre chose qu'une simple acropole, dans cet immense amphithéâtre que cerne de toute part une luxuriante végétation. "Vous croyez, sans doute, que la Casbah est un quartier ? Hé bien non, la Casbah n'est pas un quartier, c'est la conscience endormie d'une civilisation", prévenait-il avec à propos, comme pour prendre les devants sur quelque glissement sémantique.
Ineffable Casbah aux maisons qui "semblent grimper les unes sur les autres". Tout
est là, noir sur blanc et en couleurs, sur les murs : le jour et la nuit qui se heurtent à chaque instant, le rêve, l'illusion, la peur, le cauchemar des autres, la ligne bleue de la mer...Et, tout autour, le superbe vacarme de la modernité en marche.
C'est qu'il en fut natif, Momo, il en en fut le blason, le chantre. Il n'en ignorait aucune palpitation ! Et lorsqu'il vous chuchotait malicieusement à l'oreille, "moi qui en suit le fils, je ne puis même pas en connaitre le secret intime", croyez-vous qu'il venait de pécher simplement par modestie ? Ou, sait-on jamais, de se laisser voguer sur quelque effluve lointain, remontant le temps sans doute jusqu'à la Régence, jusqu'au fameux coup d'éventail administré par le dey Hussein au consul Duval ?
L'avez-vous vu flâner dans ce monde fascinant de beauté austère?
Allons donc, Momo méconnaissant les profondeurs secrètes de sa souveraine citadelle ? De ces lieux naguère enchanteurs, impétueux, à présent silencieux, fantomatiques, où le désenchantement l'emporte bien souvent sur tout le reste ? L'avez-vous vu flâner dans ce monde fascinant de beauté austère, à la mesure d'un autre temps ? L'avez-vous suivi à travers l'inextricable dévalement de ruelles en pentes ? Vous êtes-vous arrêté(e) lorsqu'il s'arrêtait par moments sous les encorbellements engrillagés qui laissent filtrer une merveilleuse poésie d'ombre et de lumière, à l'image de ceux des ruelles ottomanes de la Corne d'Or (Istanbul) ? Il vous aurait dit alors : "Le matin, le soleil est féminin. Regardez comme il est doux et caressant. C'est le bon moment pour visiter la Casbah...L'après-midi, le soleil est masculin...Il est cruel".
Vous-êtes vous efforcé, un peu plus loin, de deviner ce que Momo avait vu au-delà des portes fermées de ces modestes demeures anonymes ? L'avez-vous écouté se raconter près d'une fontaine publique, ou s'insinuer dans l'histoire de quelque palais somptueux ? Là, le café que Fromentin avait l'habitude de fréquenter, vers 1850...là, le cimetière des Deux-Princesse...là, le lieu où Karl Marx, alors en voyage à Alger en 1882, rencontra -lors d'une promenade en bordure de la Casbah- un "individu" au visage émacié sous son parasol, peintre de son état, sans savoir qu'il s'agissait de Pierre-Auguste Renoir...
La haute-Casbah, citadelle d'où la vieille médina tient son nom
Plus loin encore, la citadelle d'où la vieille médina tient son nom et d'où l'on domine toute la ville... Momo trouvait là, justement, entre les topanets qu'il aimait tellement, dans la lumière dansante du soleil, dans les maisons qui donnent l'impression d'avoir mis les escaliers sur leur terrasse, une "porte de l'air", c'est-à-dire une liberté à la fois douce et agréable, tonifiante.
A suivre pas à pas son fabuleux itinéraire, on a l'impression qu'il avait deux façons de voir la Casbah qui se complètent l'une et l'autre. En détail d'abord, rue à rue et maison à maison. En masse ensuite, du haut des remparts crénelés de la citadelle. On croirait même l'entendre murmurer : "De cette manière, on a dans l'esprit la face et le profil de la ville".
Et parce que les esprits paraissent un tant soit peu medium, pour tout au moins dénoncer l'injustice et proclamer le message de la compassion humaine, le geste, semble-t-il, a déjà été posé par Momo. Ce geste, ce jalon, ce cri du cœur, était dédié tout naturellement à la Casbah. On ne peut que déplorer, à présent, que la voix de cet illustre personnage n'ait pas pu résonner avec une plus grande faconde littéraire. Car cette voix méritait franchement d'être écoutée, soutenue, mémorisée. De son vivant.
Architecture
Ville incomparable, jolie comme une perle, / Splendide à souhait, au bord de la mer /Les mouettes au port, les bateaux ancrés / Les iles reliées, le mole qui les suit / Vision d'une coupole, la Casbah colline / Maison séculaires, cèdres renforcés / Habitat mystère, les murs patinés / Terrasses gouailleuses, ruelles clairières /
Alger El Djazair, comptoirs phéniciens / Hercule y vécut, Mezghenna aima /
L'andalou maçon traça le schéma / Le soleil selon, un gite à la lune / Un peuple pour époux, épouse dulcinée / Casbah solitaire, joyau de mon cœur / Casbah de mémoire, aux histoires citées / Le voile qui te sied, ne peut plus cacher / Les rides séniles, rongeant toute ta peau / A chaque jour nouveau l'agonie te guette / Et toi toute muette, dans les yeux ta vie / Gaieté des enfants, l'œuvre des mamans / Dans ce monde nouveau, tu es matriarche / Je sais ce que racontent, les tournants des rues / Les pavés qui chantent, les pas des partants / Du sang sur les murs, linceuls dans les tombes : / Je me dois de dire à ceux qui ne sont plus : / Qu'ils sont avec nous et Toi avec eux / Nous sommes leur Casbah et toi notre aïeule !
Par Kamel Bouslama
Journaliste, psychopédagogue et consultant en édition et communication.
CASBAH LUMIÈRE...EXTRAIT
Comme un cygne paré de sa blancheur laiteuse,
La Casbah s'apprête à recevoir le soleil arqué à l'horizon.
Paraissant immobile, le soleil avance, et la Casbah en révérence ailée, le salue.
Et toi, baie d'el Djazaïr,
comme une vierge de Botticelli qui attend tout de l'amour
tu drapes ta nudité en baissant pudiquement les paupières.
C'est la grâce de son sillage qui rend le cygne attirant,
C'est la rondeur de la terre qui rend le soleil heureux,
C'est aussi le sourire des étoiles qui rend les terrasses joyeuses.
Si je m'avisais à décrire ton état actuel, mienne Casbah,
je me détruirais tout en te détruisant.
Ne dit-on pas que lorsque le cygne sent l'approche de son départ,
il annonce sa mort en offrant son chant à tous les alentours.
Si le chant du cygne est le chant du grand départ,
pour toi mon chant est comme une ode.
Tu me fais écrire des mots dont tu composes la musique.
Tu me fais dire des paroles décrites par ton climat.
Tant que je t'adule je ne peux t'abhorrer,
et tant que tu es là je ne peux t'oublier
Quant à ceux qui m'invitent à écrire sur la Casbah...
Ô mon Dieu, comme la Casbah est très demandée ces jours-ci.
Je leur dirai que la Casbah est encore celle
que le regard de mon enfance a coincé dans une impasse.
Dans cette impasse il n'y a qu'elle et moi
Elle, encore vierge malgré son âge sans âge.
Moi pas jeune du tout
quoique dans mes yeux pétille un accent de vie de jouvence,
que seul je sens lorsque près d'elle je suis.
Je me rappelle cette nuit là !
C'était une nuit sans lune, sans éclairage.
Un nuit où les marches d'escaliers vous guettent
pour vous surprendre et vous faire glisser, le long de la ruelle,
pour vous la faire haïr davantage.
....
Se retrouver dans la nuit et le noir de la nuit
avec un corps pour flambeau
un coeur pour lumière
une âme pour servir
C'est retrouver la Casbah dans toute sa juvénilité millénaire.
C'est retrouver des ruelles qui vous guident jusqu'aux sources de la vie.
C'est retrouver des murs qui vous racontent les récits collés à leur patine.
C'est retrouver les terrasses qui vous confient les échos
des voix de nos parents confondues dans les nues.
C'est retrouver les confidences de la mer qui vous réconforte
avec la pureté qu'elle sait circonscrire dans ses moments de bon accueil.
C'est se retrouver soi-même en train d'apprendre à respirer la respiration,
comme on respirerait une rose qui vous serait offerte par surprise.
...
Sous le dôme de ma Casbah, j'ai retrouvé les restes de l'école musicale
arabo-andalouse, avec un je ne sais quoi de parfum de cédrat d'antan.
Et la musique comme un plain-chant serein réveille à la vie ce coeur souverain. En respirant les noubas arabo-andalouse,
je lisais la démarche sonore comme le rebond d'une balle
qui ne s'arrête pas de bondir et rebondir,
en décrivant des arcs autour de la terre.
Voyez-ça d'ici ou plutôt voyez-ça avec votre ouïe.
Des arcs qui se croisent et s'entrecroisent.
Des arcs qui ne finissent plus d'imiter le dôme.
Des arcs par où coule la musique comme on ferait couler de l'or fondu.
Des arcs en or fondu pour obtenir un arc musical
par où passerait le cortège d'amour de musique vêtue..
Rendre grâce à la terre pour être mieux aimé par elle,
c'est ce que le musique arabo-andalouse fait en flânant sereinement autour.
La modale de la musique arabo-andalouse ne se multiplie pas
pour architecturer une superposition de vibrations sonores
qui veulent défoncer le ciel.
Elle est un acte d'amour qui répond aux besoin de la terre.
Je me sentais une intimité foisonnante qui se collait à la peau de la terre.
Je voyais tomber des gouttes d'étoiles comme des flocons de neige
et la terre en était imbibée.
Le dôme recevait cette offrande comme un don de la vie à la vie.
Comme une vision peinte par Salvador Dali, le dôme fondait en tous les tons.
Toute une ribambelle de demi-tons se joignaient à la noce.
Toute une myriade de corpuscules se bousculaient autour du quart de ton.
...
Voir une ligne droite qui ondule et épouse les formes du corps humain jusqu'à l'ubiquité,
c'est voir un rai de lumière qui paraphe son parcours.
Une clé de sol qui s'agite et se démène pour bâtir sa maison.
Une gamme de serrures qui attendent l'avènement de leurs vies.
Une profusion de signes où se reconnaît l'appel de la terre entière.
Chaque montagne, chaque vallée, chaque champs, chaque prairie, chaque mer, chaque océan
chaque vie s'animait en s'identifiant à travers la profusion de signes.
L'image de ma Casbah avait toute la terre pour espace.
Le monde musical que je respirais n'avait d'autre droit
que celui d'ouvrir les voix à la clarté de la parole,
pour que le jour ouvre à la nuit l'entrée du secret des lumières.
Ma Casbah et moi sommes à l'aise dans notre placenta planétaire.
Voici que la musique s'empare de ma plume et me demande
de prêter ma perception à tout ce qui m'entoure.
Je dresse mon coeur.
Assidûment , je dresse mon coeur et j'entends
une polyphonie assourdissante, comme étouffée,
elle me parvient des façades des maisons.
Ces façades qui semblent remercier leurs bâtisseurs.
Ces façades qui ne finissent pas d'être des façades
et comme façades on ne trouverait pas mieux.
Ces façades qui se révèrent et se prosternent toutes en même temps.
Avez-vous jamais vu une cité qui se prosterne ?
Venez à ma Casbah, vous les verrez comme elles acceptent
cette attitude à la fois humble et altière.
Chacune d'elle est un serment témoin.
Chaque maison de distingue par sa génuflexion spéciale.
Chaque terrasse se singularise pour épater sa voisine.
Chaque patio sert de place publique aux muses heureuses de danser la musique
Chaque arceau sur sa colonne chante la modale du marbre enivré par sa torsade.
Chaque ruelle est une corde de luth et quand la corde vibre,
l'âme de toute la médina frissonne au son de cet accent envoûtant.
Chaque fontaine est une oasis d'attraction,
et la bousculade des enfants vaut tout un spectacle.
Une cité qui se prosterne face à la mort, face à la vie
ne peut être une cité comme les autres.
Un médina pareille a quelque chose en plus et cette chose là:
C'est l'amour avec lequel l'endroit a été choisi.
C'est l'amour avec lequel le maçon l'a construite.
C'est l'amour avec lequel l'histoire l'a glorifiée.
C'est l'amour avec lequel moi-même,
pris dans les mailles de son filet,
je me complais à y rester
pour continuer à respirer et à attendre
celui qui,
par cette nuit noire,
vint me rendre visite pour me marquer au front.
HIMOUD BRAHIMI
Himoud Brahimi dit Momo, poète, philosophe, chantre de la Casbah
Momo, les bobos, les bravos et les trémolos Un jour on a interrogé Woody Allen : « Vous avez peur de la mort ? » « Ce n’est pas que j’ai peur, je ne voudrais pas être là quand ça arrivera… » Plus je m’élève au plus haut des cieux Mieux je me sens ancré à terre Plus je me sens ancré à terre Mieux La Casbah m’éblouit à nouveau S’il n’y avait pas la mer, nous les enfants d’Alger que serions-nous devenus ? Notre sardine n’est pas comme celle de Marseille.
Elle ne bloque pas le port, elle ouvre l’appétit. Métaphysicien, poète, sportif, philosophe, acteur, Momo avait cette particularité de dire crûment ses vérités, même celles qui font mal. « Si les gens ont peur de moi, c’est qu’ils ont peur d’eux-mêmes. Ils ont fait de moi un monstre, dit Momo, mais je ne suis qu’un miroir. » Sa fille Çaliha dresse de lui un portrait tout en tendresse.
« Depuis ma tendre enfance, j’ai vécu aux chevilles de mon père dans une atmosphère livresque. Il avait une prédisposition pour les choses de l’esprit et un talent avéré pour tout ce qui flirte avec l’art et la culture de manière générale. Ce qu’il a écrit s’adapte à notre génération.
Quand il parle de lui, il parle aussi de nous », confie-t-elle, dans un livre dédié à son père. Momo, de son vrai nom Mohamed Brahimi, dit Himoud, a vu le jour le 18 mars 1918 à La Casbah d’Alger, rue des frères Bachagha (ex-rue Klébert), dans une famille algéroise, dont il était l’unique enfant. Son père, El Hadj Ali Brahimi, poète à ses heures perdues, était un riche commerçant, originaire de la commune de Tablat. Sa mère, Doudja Bouhali Chekhagha, est originaire de la commune d’Azzefoun, en Kabylie.
En 1931, le certificat d’études Dès l’âge de six ans, son instruction est partagée entre l’école coranique de djamaâ Safir et l’école communale Mathès. En 1931, privilège suprême pour les indigènes, il obtient son certificat d’études. Son père lui répétait : « Mon fils, la liberté est en toi, ce n’est pas l’arme à feu qui fera de toi un homme libre. Ne te fies pas au drapeau, mais apprends le français, prends en le meilleur et reste toi-même. »
Adolescent, un drame touche la famille, Sa mère décède et il est recueilli par sa grand-mère maternelle. Il est subjugué par les films muets projetés au casino du cinéma La Perle. « C’est au cinéma, que nous apprîmes le mieux les leçons de la vie. » Au lycée Bugeaud, il se lie d’amitié avec Albert Camus.
Il rejoindra très jeune le monde du travail en décrochant « un job » de typographe à l’imprimerie Sebaoun, où une minerve lui broya une partie de la main droite. Le professeur qui l’opéra, féru de la nage en apnée, devint son ami et les deux hommes se retrouvaient souvent au bout du mole. L’apnée ?
C’était sa passion. « C’est dans le fond des eaux que je m’approchais le plus de mon être éternel. » Il vécut douloureusement, les massacres de mai 1945. « Face à la formidable participation des indigènes dans la guerre contre le nazisme, le colon nous récompensa par la tuerie… » Dépité, il largua les amarres et partit à Paris, où en plus de ses rencontres avec des artistes et des intellectuels de renom — « Dès mon retour à Paris, je me suis plongé dans toutes les lectures possibles et imaginables. Spinoza, Kant, Nietszche et même Bronski, alors vous vous rendez compte ! Je me suis aperçu que j’allais vers un cul de sac.
Je me suis dit : ‘’Momo, ou bien le suicide ou bien la langue de tes aïeux. » Le choix est vite fait et Momo s’attachera depuis à se rapprocher au mieux de son Créateur — il bat le record du monde de nage en apnée, effaçant Weissmuler, celui-là même qui interpréta au cinéma le personnage du fameux Tarzan. Momo joue dans Les Noces de sable, puis dans Les Puisatiers du désert et dans Pépé le Moko.
Mais c’est dans Tahya ya didou, de Mohamed Zinet qu’il crèvera l’écran, s’affirmant comme un acteur romantique doublé d’un poète foisonnant qui laissera des écrits dont Casbah lumières, où transparaît à chaque fois son amour pour les siens, pour sa ville « Mienne Casbah ». Dis-mois pourquoi ton cœur palpite la vie avec ce que je respire Et pourquoi dans ton éblouissant regard je sens le mien s’attendrir Dis-moi pourquoi l’œillet ardent ouvre ses œillades aux plaisirs coquets Et pourquoi la rose se déshabille et mêle ses pétales à la gouaille populaire Dis-moi pourquoi mienne Casbah Le géranium préfère prier sur les tombes.
Reconnaissant, il a rendu un bel hommage à Ghermoul et Hdidouche tombés au champ d’honneur « qui étaient la plus belle paire de combat que La Casbah ait donné à la postérité, comme modèles d’hommes à suivre. Effacement et modestie, confiance et sacrifice étaient leur parure de joie. » Ghermoul et Hdidouche Naceur Abdelkader, vieil ami de Momo, enseignant de français, pêcheur et qui a joué dans Tahya ya Didou, garde l’image d’un homme accompli, intègre et humble.
« On le voyait nager. La jeunesse de l’époque était sur la jetée, Mesli le peintre, Galiero, des sportifs et Momo nous subjuguait par ses exploits sous l’eau. Je l’ai connu aussi aux impôts où il travaillait après l’indépendance au boulevard Mohamed V.
Je lui rendais souvent visite avec le regretté Salah Bazi, l’un des artificiers avec Taleb Abderahamane. Je lui demandais de m’enregistrer des histoires pour les faire écouter aux élèves. Il s’y pliait de bonne grâce. Il déclamait des poèmes, des qacidate de Hadj El Anka. Sa fille était une championne d’athlétisme et devait prendre part aux Jeux méditerranéens.
Un jour, Momo se présenta aux Groupes laïques pour voir sa fille. Il portait sa tenue traditionnelle qui n’a pas eu l’heur de plaire à l’entraîneur. Vexé, Momo prit sa fille et s’en alla sans se retourner. Le 4x100, auquel sa fille devait prendre part, se trouva ainsi amputé d’une concurrente.
Momo ne vivait que pour La Casbah, au point de nous reprocher nos départs ailleurs. Il nous traitait de « lâcheurs ». Lorsqu’il parle en pataouète, c’est un véritable délice. Il avait des principes avec lesquels il ne transigeait pas. Son ami ‘’Bebert’’ Camus, il l’a remis à sa place, lorsque ce dernier a choisi sa mère au lieu de la justice. On a joué ensemble dans Tahya ya Didou de Zinet, qui était un ami de classe.
Le film est parti de presque rien. Alger était jumelée à Sofia. Là bas, il y avait des films sur la capitale bulgare. Chez nous rien. C’est Bachir Mentouri, alors maire d’Alger, qui a eu l’idée de faire un documentaire sur El Bahdja. Le sujet a débordé et c’est devenu un film plein de poésie. » En hommage à son compagnon des bons et mauvais jours Aziz Degag a écrit une série intitulée Deux mots sur Momo.
Aziz raconte que Momo, poète torrentueux, critique avisé, intervenait souvent dans les débats à la cinémathèque d’Alger où « Boudj », maître de céans se résignait à retenir son souffle. Momo faisait exprès de provoquer. C’est pourquoi, ses emportements ne lui valurent pas que des amis. « Le lendemain, on se retrouvait au Novelty et il me sommait d’imiter toutes ses interventions de la veille. Il s’en régalait. » Degag en rit encore. C’étaient des moments d’intense émotion.
Sous des apparences de dur, il était infiniment courtois et son cœur était blanc. Après les disputes et les engueulades, il viendra vous conter mille histoires qui, bien mieux qu’un discours théorique, illustrent son parcours où il est question aussi des grands fracas de la vie qu’il tente d’atténuer en livrant des messages d’espoir.
La Casbah c’était son pouls. Il voulait la sauvegarder, mais ne voyant rien venir. Il a démissionné, la mort dans l’âme non sans se fendre de cette patriotique complainte. « S’il m’arrive d’écrire sur La Casbah de maintenant, ma plume déborderait de larmes de partout où est passé l’air du basilic et de l’œillet enrobé de jasmin où es-tu Casbah de jadis lorsque tombait le bleu du soir sur le bassin du vieux port… »
La Casbah, toujours La Casbah Marqué par La Casbah, Momo a été aussi traumatisé par les événements qui ont endeuillé notre pays dans les années 1990. Notre poète a été témoin d’un drame. Il jouait aux dominos avec Aziouez, un animateur sportif dans un café près de djamaâ Lihoud, lorsque celui-ci a été lâchement assassiné sous ses yeux. Momo en a été profondément affecté. Fin connaisseur du septième art, il montrait un sens aigu de la critique. Le cinéaste nigérien, Omarou Ganda, en prit pour son grade. Momo lui avait reproché à juste titre d’avoir utilisé un « plan » non africain dans son film.
Ganda reconnut la faute et lui fit ses plates excuses. Avec sa tenue traditionnelle, sa longue chevelure retenue par un chignon, les enfants de La Casbah, qui accouraient à sa rencontre lorsqu’il dévalait les travées de la cité, souvent un couffin à la main, le percevaient comme un personnage de contes des Mille et Une Nuits.
« Un jour, se souvient Degag, il m’avait invité chez lui dans sa demeure mauresque. Avant le patio, le petit vestibule à l’entrée est barré par un tableau de Dali, représentant le Christ en croix. Une toile que Momo gardait jalousement et qui semblait avoir pour lui une grande valeur sentimentale. « Toute une histoire ce tableau, me confia-t-il. Il m’a sauvé la vie. Un jour, les paras firent irruption dans la maison. En voyant le tableau alors que j’étais en pleine méditation, ils changèrent d’attitude et repartirent presque sur la pointe des pieds… »
Père attentif de quatre enfants, Çaliha, Doudja, Mohamed et Mansour, Momo a toujours eu un sens de l’humour forcené. Trop marginal pour entrer dans un moule, ses interventions sont toujours ponctuées par un rire énorme. Momo ? C’était un solitaire. Du haut de « sa » Casbah, il voulait communiquer avec la ville, avec des mots pleins de poésie, de sensibilité et de délicatesse. Mais il sentait que ça ne marchait pas et que les gens ne l’écoutaient pas. Dès qu’il a élevé la voix, on l’a pris pour un illuminé et on a dit qu’il était fou.
Provocateur impénitent au tempérament de feu, passionné et râleur, il avait fait de l’insoumission un acte de foi et il est mort comme il a vécu : dans la dignité et la simplicité. Adieu Momo ! El Bahdja dénaturée est orpheline. Mais qui s’en soucie ? Parcours Momo est né le 18 mars 1918 à La Casbah. Comme tous les « Yaouled », il fera ses classes dans son quartier, où il décorche son certificat d’études. Il exercera à l’imprimerie où la machine lui broyera une partie de la main. Il dénoncera avec vigueur les massacres de Mai 1945.
Il part à Paris au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, où il fera la connaissance d’éminentes personnalités. C’est là qu’il battra le record du monde de nage en apnée. Poète, sportif, philosophe, il se mettra à écrire, chantant surtout sa Casbah bien aimée. Il jouera dans plusieurs films dont le mémorable Tahya ya didou qui fera se réputation. Momo de La Casbah dit la vérité qui dérange. On le prend alors pour un fou. Mais Momo n’est ni un apprenti sorcier ni un derviche. Sa poésie inspirée de la magie de cette Casbah millénaire, aujourd’hui plus que jamais menacée de disparition, est un appel pathétique qui n’a jamais été entendu. La Casbah n’est pas un quartier, c’est un état d’âme, une civilisation héritée du temps.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres El Watan. Par Hamid Tahri.
Read more at http://kall.e-monsite.com/http-kall-e-monsite-com/biographie-d-une-elite-originaire-de-tablat/himoud-brahimi-dit-momo/#jrpZuzzVMgEFr3X0.99
Après la liesse de l’indépendance, la bataille continue au sein du FLN. Pour éliminer ses adversaires, Ben Bella s’appuie sur les militaires. Qui finissent par le dévorer.
Le Nouvel Observateur. – Nous sommes le 5 juillet 1962, jour de l’indépendance, le FLN triomphe. Est-ce l’état de grâce ?
Mohammed Harbi. – Non, au contraire, nous sommes en pleine bataille interne ! N’oubliez pas que le FLN s’est constitué à partir de la scission d’un parti. Le FLN est un mouvement de résistance beaucoup plus qu’un parti politique. Au départ, il y avait une direction improvisée. Quand les problèmes concrets se sont posés – pourvoi en armes, alliances, etc. –, il a bien fallu constituer une direction nationale. Au passage, on a éliminé une partie des pères fondateurs – Ben Bella, Aït-Ahmed, Boudiaf –, au profit d’une direction constituée autour de l’Algérois et de la Kabylie. Dès 1956, il existe donc un contentieux entre les dirigeants.
N. O. – Un contentieux qui va jusqu’à l’élimination physique ?
M. Harbi. – A partir de 1957, Abane Ramdane, libéré des prisons françaises, est marginalisé politiquement puis étranglé dans une ferme au Maroc par des hommes de main de Boussouf. Dès lors, un triumvirat s’impose – Krim Belkacem, Boussouf, Bentobbal –, qui décide de façon consensuelle. A vrai dire, les trois hommes n’ont pas de divergences politiques, mais déjà, à cette époque, un réel problème de partage du pouvoir.
N. O. – Qu’est-ce qui, le jour de l’indépendance, oppose les vainqueurs ?
M. Harbi. – D’un côté, il y a l’état-major de l’armée extérieure, à Tunis, avec 20000 hommes installés aux frontières. De l’autre, la résistance intérieure, forte autrefois de 30000 combattants et réduite à 9000 hommes très éprouvés par le choc frontal avec l’armée française. Entre les deux, pendant la guerre, les Français ont érigé la « ligne Morice », ligne de défense quasi infranchissable. Ce qui explique le ressentiment de la résistance intérieure, qui a manqué de renforts, d’armes, et qui accuse Tunis de son isolement : « Vous nous avez laissés seuls ! » Mais le nœud du problème est la décision, lors des négociations à Evian, de créer, pendant la période transitoire en Algérie une force locale, une armée de 40000 hommes. Du coup, l’état-major de l’armée extérieure craint d’être mis à l’écart. Dans cette logique de crise, d’autres différends politiques vont se greffer. Mais l’essentiel du conflit est bien là.
N. O. – C’est une bataille pour la légitimité ?
M. Harbi. – Féroce ! Au sein du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne), Krim Belkacem veut même traduire l’état-major extérieur devant un tribunal ! Ceux qui ont mené la guerre de l’intérieur ont une autorité certaine sur les chefs de willaya, qu’ils considèrent comme leurs clients. D’ailleurs, une partie des willayas, la Kabylie et le Nord-Constantinois, se range derrière le GPRA.
N. O. – On est loin d’un FLN monolithique et uni dans la victoire.
M. Harbi. – Bien loin. Ce sont ces fractures, y compris à l’intérieur des willayas, qui vont apparaître au grand jour au cours de l’été 1962. D’autant que les Français finissent par libérer le groupe de ministres – Ben Bella, Aït-Ahmed, Boudiaf, Khider et Bitat – emprisonnés depuis six ans en France après que leur avion vers la Tunisie eut été détourné. Tout le monde espère alors qu’ils vont régler la crise au sein du FLN. Sauf que Ben Bella et Boudiaf ne s’adressent plus la parole et que chacun, en se greffant sur des forces déjà existantes, va amplifier les divergences ! Le 30 juin 1962, le GPRA démet de ses fonctions l’état-major extérieur. C’est la guerre ouverte et l’armée des frontières, soutenue par Ben Bella, réplique en investissant le terrain. Mais entre la résistance intérieure, quasiment écrasée dans les années 59-60 par le rouleau compresseur de l’armée française, et la force de frappe d’une armée des frontières presque intacte, la lutte est inégale. L’état-major dispose de matériel mécanisé et de blindés. Il casse d’abord militairement le Nord-Constantinois en s’appuyant habilement sur une fracture interne. Il ne touche pas à la Kabylie, par souci tactique, pour ne pas régionaliser le conflit. Mais ses troupes attaquent l’Algérois de front. Après deux à trois jours de combats, qui font entre 200 et un millier de morts, les maquis de l’intérieur sont brisés.
N. O. – Nous sommes en septembre 1962, trois mois après l’indépendance… Au même moment éclatent d’autres combats dans la Casbah !
M. Harbi. – Combats dus, là aussi, à des fractures internes… A Alger, les forces de Yacef Saadi s’opposent à celles de la willaya IV. Entre-temps, la population réagit. Spontanément, les habitants des quartiers populaires lancent d’imposantes manifestations aux cris de « Sept ans de guerre, ça suffit ! ». Fin septembre, les adversaires de Ben Bella cèdent, acceptent un bureau politique et la révision des listes électorales d’où tous les opposants sont exclus. La bataille est terminée, Ben Bella et l’armée des frontières ont gagné. Le visage de l’Algérie s’en est trouvé profondément changé. Il existait une « société de contacts », ceux forgés par la colonisation avec une grande partie de l’intelligentsia. Elle a été soit mise sous tutelle, soit éliminée. Tous les ministres, les députés exclus des listes électorales étaient ceux qui avaient négocié les accords d’Evian. Du coup, ces accords – déjà fragiles – vont devenir plus fragiles encore ! A cela s’ajoute l’exode massif des Européens et surtout – entre mars et juin 62 – l’action de l’OAS, qui a cassé toute autorité possible de l’exécutif provisoire, fait voler en éclats un début d’administration et empêché la mise en place de la force locale. Que restait-il, sinon de simples rapports de force ? Et là, c’est l’armée des frontières qui était le mieux placée. Je suis convaincu que sans l’OAS l’armée des frontières n’aurait pas gagné. Et Ben Bella n’aurait été qu’un acteur du pouvoir parmi d’autres. Le gouvernement algérien aurait disposé d’une police, d’une force locale prévue de 40000 hommes, encadrés par des officiers algériens de l’armée française et entraînés par des officiers français… Jamais l’état-major extérieur n’aurait eu cette voie royale.
N. O. – Et quelles conséquences sur le futur à long terme de l’Algérie ?
M. Harbi. – Le fait militaire, élément déjà hégémonique dans la résistance, va devenir hégémonique dans la société.
N. O. – Nous n’aurions pas ce gouvernement au pouvoir aujourd’hui en Algérie ?
M. Harbi. – Peut-être pas… Les forces civiles auraient eu un tout autre impact dans la société. D’ailleurs, quand Ben Bella a voulu constituer un parti politique, il n’a pas réussi et s’est heurté d’emblée à l’armée. Ensuite, quand Aït-Ahmed a lancé son insurrection FFS en Kabylie, les militaires ont immédiatement et de nouveau occupé le terrain. L’accord entre Ben Bella et Aït-Ahmed n’est survenu que le 15 juin 1965. Trop tard. Le 19 juin, le coup d’Etat portait Boumediene au pouvoir.
N. O. – L’été 62 aurait provoqué la confiscation du pouvoir par les militaires ?
M. Harbi. – Cela a été un jalon important dans un long processus. Ben Bella a choisi de s’appuyer sur l’armée pour éliminer ses adversaires de l’intérieur. Et l’armée a fini par le manger.
Cet article a été posté le Samedi 20 juin 2009 à 22:16 et est classé dans r
Par Mohammed Harbi Historien, ancien membre du FLN.
Dans ma larme s’étend l’injuste addition que m’impose l’éloignement et que je règle de mes pleurs d’apatride à l’émotivité déchue. Ma larme renferme la broche kabyle de ma mère, le henné qui fleurait sa main et une pierre de ma maison criblée des traces de mes rires et de mes chroniques d’enfant cédées à la confiance close de mon pacte avec de tristes avantages. J’ai dans ma larme quelques gouttes de la pluie qui tombe sur Alger et un peu des soupirs des justes râlants sur la hampe de son drapeau brûlé. J’ouvre ma larme comme on ouvre sa valise et Alger s’ouvre devant moi à son tour tel un éventail d’expressions exquises. Beaucoup de sensations pour des yeux surets et discrets qui surgissent du passé, pellucides et muets devant la sensualité sacrée.
Alger flotte sur la mer comme un flocon de neige éternel. Qui l’imagine aux temps arabe, turc et français, la verrait à chaque fois émerger blanche et innocente des orgies des conquérants qui ont tenté de l’auréoler de couleurs sales. La blanche, car au matin céleste, elle s’ouvre discrètement dans une nudité laiteuse qui apaise les crochets de la douleur et de la faim comme l’exige le burnous blanc de nos ancêtres. Infiniment blanche parce qu’on lui succombe facilement tels des soupirants forbans dont les yeux s’ouvrent à faire ventre des contours d’une vierge aimante mais tenace à demeurer chaste indéfiniment.
Alger des crépuscules écarlates aspergés de délires célestes. Alger de ma mer bleue d’où émanent les vagues en houles halées par le vent jusqu’aux premières lueurs des aubes qui augurent quelques fois le tragique quand le crime se prépare au tournemain de la nuit aux yeux dardant. Alger, jouvencelle timide née de l’humilité des berbères Beni-Mezghena, finement ciselée de vers si précis, si simples et si limpides qu’ils éclairent les abysses terrestres et les profondeurs du ciel. Lorsque l’on arrive vers elle, par la mer ou par les routes, elle dévoile ses panneaux et fait pivoter les regards encaissant les frets poignants des départs. Elle descend de la basilique de Notre-Dame d’Afrique qui crâne sur le mont qui fait son dessus jusqu’au port où fourmillent les pas hagards des exilés aux illusions fichues.
Bonjour Miramar, bonjour Franco et Bains-romains. Bonjour Beau Fraisier, Bouzeréah, Climat de France, El Biar et les Tagarins. Bonjour boulevards des vitrines, des rencontres et du prêt-à-porter. Bonjour front de mer des randonnées nocturnes. Bonjour Hydra des dobermans et des golden boys en herbes ; bonjour le Golf, quartiers des gouvernants et des clans qui hébergent les sympathies suspectes des sacripants qui s’épuisent en activités douteuses. Bonjour Bab Ejdid, Soustara et Bab El Oued, hauts lieux des révoltés d’octobre. Je vous salue quartiers des enfants terribles, des salaires indécents et des défis où la noblesse est toujours mise à contribution. Bonjour foyers où flottent les odeurs de chez nous, les arômes de l’encens, du cumin, du poivre rouge, des merguez cuites dans de petits braseros des rues pavées. Salut à toi Casbah, aquarelle à la fois libre et complète, redoublant d’éclat sous la clameur du zénith. Citadelle indomptable du kabyle Sidi Mohamed Cherif, saint aux deux tombeaux et des artistes aux ascendants combatifs. Tes requêtes et ta précellence se livrent à l'œil de l'amoureux éprouvé comme une graine d’anis qui parfume le pain. Tu secoues de souvenirs d'émeraudes la mémoire du kabyle que je suis dont l'aïeul à probablement péri sous le fouet turc en pétrifiant le ciment ottoman. Ce n’est pas au jour levé qu’Alger fait connaissance avec le soleil, il cabote ses côtes depuis que la pierre est pierre, depuis que le jasmin est jasmin. Il ne la quitte jamais. Il la couvre de vie, d’espoir et de certitudes. Il irrigue ses toits, ses versants et ses faubourgs. Ses rayons arrosent ses jardins, ses criques et collines. Alger et le soleil, deux éléments d’un couple qui brûlent l’un pour l’autre et leur flamme incendie la charge des solitudes à la manière des vieux amants qui partagent leur idylle avec les rhapsodes qui aiment à se tenir en faction au premier rayon du soleil quand il apparaît entre les cimes des monts. Je voudrai tellement écorcher mes inquiétudes et dépouiller le silence de ce qu’il a de cruel. Je regarde venir à moi les mots ambrés de mes étreintes et je les vois séducteurs telles des ombres frémissantes d’une surprenante affection. Heureux l’errant que l’on croit fou parce qu’il n’est allé nulle part, il répercute ses blessures dans les alvéoles de la ville blanche sans craindre le murmure violent de l’oubli.
Quoique l’histoire l’ait faite, Alger la belle la rebelle reprend à chaque fois son bruit d’amour élevé de ses crêtes, heureuse de concéder des droits à l’expression du souffle chaud des résistants. Son souvenir crépite comme un feu dans un Karoun, il fait reculer le liquide des nuits froides et fait plier l’ennui.Préau des cultures et des inspirations, elle recueille dans son panthéon les insurgés et les intraitables ouvriers de la mémoire prompts à relever sa dignité mille fois poissée par les dealers de la chose politique.
Alger la berbère contrainte à naviguer entre le liquide de la gloire et celui du vaudevillesque. Elle n’a nul besoin des diplomates faquins rompus et corrompus, habiles mais inutiles ; elle se fout des fourbes religieux qui se font élire tribuns ; elle se fout des hâbleurs félons qui se plaisent à pester dans d’éprouvantes campagnes électorales ; elle se fout des militaires indus élus qui n’ont jamais connus ses rues secrètes et les arrière-salles des cafés banlieusards ; elle se fatigue d’être la capitale des cultures qui l’oppriment. La brise de ses poètes lui suffit, elle fait son sourire dansant qui éblouit et luit au bout de ses nuits comme une vierge aux lèvres humectées de Souak.
DJAFFAR BENMESBAH
Histoire d’Alger
L’histoire d’Alger
IV siècle av J.C, les Phéniciens établirent un comptoir sur la baie d’Alger appelé « Icosim » (l’île aux mouettes), devenu « Icosium » plus tard, sous l’empire romain et le resta en possession romaine jusqu’à l’arrivée des vandales, au milieu du V siècle. Elle fut ensuite gouvernée par les Byzantins, jusqu’à ce que les Berbères les chassent.
La véritable destinée d’Alger va commencer à s’accomplir au X quand l’Emir Bologhine Ibn Ziri décide d’en faire sa capitale et l’appelle en référence à un chapelet d’îlots qui affleuraient dans la baie « El-Djazaïr ». C’est à partir de cette période qu’Alger commencera à jouer un rôle commercial dans le pourtour méditerranéen.
En 1510, les Espagnols occupèrent l’îlot Peñón, en face du port. Les frères Barbarousses, appelés en renfort occupèrent la ville en 1516. Devenue capitale des corsaires barbaresques, Alger se déclara vassale de l’empire Ottoman et les Espagnols en furent chassés.
Juillet 1830, la ville est prise par les Français, devenue siège du gouvernement général du pays, des constructions militaires et administratives y furent édifiées. A partir de 1880, la ville prit son véritable essor.
C’est à Alger que les alliés débarquèrent le 8 novembre 1942 puis que fut crée, le 3 juin 1943, le comité français de libération nationale (CFLN). Puis connu sous le nom de comité d’Alger, celui-ci devint un an plus tard le gouvernement provisoire de la république française du Général de Gaulle.
De 1954 à 1962, la ville fut le principal centre lutte menée par le Front de Libération National (FLN) pour l’indépendance du pays. « La bataille d’Alger » en 1957, marqua en tournant de la guerre d’Algérie. En avril 1961, le putsch d’Alger constitua l’ultime tentative des généraux de l’armée française en Algérie pour empêcher l’inéluctable indépendance algérienne. Le 5 juillet 1962, Alger devint la capitale de l’Algérie indépendante.
Le 5 octobre 1988, Alger s’enflamme, des manifestations réclamant plus de démocratie. Le 23 février 1989, nouvelle constitution qui consacre le multipartisme entraîna la création plus de cinquante partis politiques.
Cet article a été posté le Samedi 6 septembre 2008 à 9:01 et est classé dans repère historique. Vous pouvez suivre les réponses à cet article grâce à ce flux RSS 2.0.
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