- La bataille d' Alger fut-elle vraiment gagnée ?
Aucun des témoins
de cette époque n'a contesté que la Bataille d'Alger ait été gagnée par les parachutistes,
ainsi que les troupes de secteur et les forces de police placées sous mon commandement.
Cinq ans plus tard,
a été lancée une campagne tendant à persuader l'opinion que l'indépendance de l'Algérie
avait été acquise à la suite de la « victoire » du F.L.N. à Alger. La Belle duperie !
Sans doute les fellagas ont-ils pour satisfaire leur ambition :
- Apparaître aux yeux du monde comme les seuls représants du peuple algérien,
dû éliminer les dissidences internes.
- Ils l'ont fait
la plupart du temps avec une férocité et une absence totale de ce sens « fraternel »
auquel ils se réfèrent si volontiers dans leurs rapports avec ceux de leur race.
- Chez eux
n'y eut que soif de pouvoir absolu !
Quel contraste avec les luttes qui opposent Nord et Sud-Vietnamiens,
séparés par des dissensions idéologiques ou socio-économiques, et aussi avec
l'affrontement dramatique qui termina, pour nous du moins, la guerre d'Indochine.
- Apparaître aux yeux du monde comme les seuls représants du peuple algérien,
Pas de Dien-Bien-Phu en Algérie,
- malgré la menace et l'espoir d'une victoire spectaculaire du même type que brandissaient
si volontiers Larbi Ben M'Hidi et les autres chefs de la rébellion.
Cette guerre
qu'ils ont perdue par les armes, aboutissant cependant à son but, l'indépendance,
n'a-t-elle pas hanté les nationalistes algériens dans leur fierté ombrageuse ?
Ne devoir la réalisation de leur rêve qu'à la seule autorité du général de Gaulle,
n'est-ce pas l'humiliation qui pousse aujourd'hui un Yacef Saadi, dans le film de Pontecorvo
qu'il inspira, à transformer la vérité, à la modeler pour lui donner la mesure de son orgueil blessé ?
- C'est aller vite en besogne
et prendre avec l'histoire des libertés qui ne peuvent résister aux documents et aux chiffres...
même avec la bienveillante complicité des esprits forts de notre hexagone.
- Ces alliés inespérés,
non contents d'avoir cherché à déconsidérer l'armée combattante, faite de leurs compatriotes
parce qu'elle réussissait trop bien dans sa mission, n'ont pas hésité à proclamer plus tard,
qu'elle « n'avait pas existé », puisque le F.L.N. l'avait vaincue !
- De la même manière,
les « informateurs qualifiés » qui nous accusaient de « gonfler nos bilans » se sont surpassés à les gonfler
eux-mêmes démesurément lorsqu'il s'est agi de dénoncer la férocité de nos combats et de notre action !
- On pourrait rire de ces trop faciles jongleries
si la mémoire de nos soldats, partis pour l'Algérie accomplir leur devoir, la douleur de leurs familles,
le culte que leur ont voué leurs camarades survivants, ne s'en trouvaient atteints profondément,
à tout jamais !
- Faut-il donc
poursuivre une démonstration que je me suis efforcé de faire tout au long de ces pages ?
Je n'ai pas la prétention
- de décourager la mauvaise foi,
- de désarmer la calomnie,
- la haine
- et parfois l'imbécillité,
mais j'ai voulu corriger une information tendancieuse pour apporter, à ceux qu'elle avait dupés,
matière à réflexions nouvelles basées sur des faits précis, indiscutables, nourris aux meilleures sources.
Je me suis imposé de traduire en images facilement perceptibles des données techniques
parfois arides et j'ai senti le poids de cet effort.
Effort, pour moi, d'imposer une évidence si claire à mes yeux et à ceux de mes camarades,
acteurs et témoins de ces mois de lutte, évidence devenue doute, obscurité ou contre-vérité,
pour ceux qui ont été, jour après jour et maintenant encore, quatorze ans plus tard,
abusés par d'insidieuses manoeuvres.
De quoi s'agissait-il ?
- Ceux-là même qui utilisent, pour gagner, les coups les plus bas, pour qui :
- la bombe,
- la mutilation,
- l'assassinat,
- l'enlèvement,
- le viol,
- la mort lente d'innocents otages,
- le chantage,
- l'intoxication,
- la menace jour et nuit suspendue sur la tête des êtres les plus chers
constituent la routine quotidienne.
- Ceux-là exigent de leurs adversaires la guerre « traditionnelle », conventionnelle,
et hurlent ou font hurler leurs complices ou leurs partisans du monde entier dès que l'adversaire
sort des règles du parfait gentleman.
- L'essence même du succès
de la 10° division parachutiste à Alger n'a-t-elle pas été d'avoir su
- démonter le piège,
- déjouer la machination ?
Sérieux et inquiétant coup de semonce infligé aux apprentis sorciers du chambardement...
- Puisque nous sommes tenus à des décomptes de fossoyeurs, comparons cependant le poids du sang versé dans cette bataille d'Alger à celle de Dien-Bien-Phu.
Dien-Bien-Phu,
- Quatre mois de combats,
dont deux mois acharnés, en des assauts et des combats aux corps à corps, nous a coûté :
- 2.300 tués,
- 10.000 prisonniers dont 4.500 blessés, seul 3.500 reviendront vivants.
- Les pertes pour le Viêt-minh ont été de :
- 30.000 morts et 32.000 blessés,
auxquels il faut peut-être ajouter 20.000 à 30.000 coolies, morts d'épuisement
sur 75.000 coolies qui ont transporté des charges de 200 kilos sur des vélos.
- 30.000 morts et 32.000 blessés,
- Quatre mois de combats,
- Pour illustrer
notre victoire dans la Bataille d'Alger, il n'est que de regarder ses effets.
- Images simples,
perceptibles aux yeux les moins favorables, à condition qu'ils acceptent de s'ouvrir sur l'évidence !
- La haine,
la rancune n'auraient pas permis une certaine physionomie d'Alger après la mise hors de combat
de Yacef Saadi, Ali la Pointe et de ceux qui, suivant leur sillage, l'enserraient dans leur étau de peur.
Quelle est donc cette physionomie ?
- La sécurité rétablie, :
- La circulation dans tous les quartiers et jusque dans la Casbah est libre.
- Nul n'est plus fouillé à l'entrée des cinémas, et des stades.
- Les trams et les autobus connaissent la fréquentation intense d'avant-guerre,
- la vie culturelle a repris.
- Le couvre-feu supprimé permet les nuits indéfiniment prolongées des pays méditerranéens.
- Puis quelques mois plus tard, le 13 mai 1958,
un phénomène explosif éclairer la portée constructrice, ce phénomène, qui a bouleversé l'actualité
et amené sur le forum d'Alger des journalistes du monde entier, ne nous a pas surpris.
Il était comme le bouquet d'un feu d'artifice de joie, de soulagement, de compréhension et d'espoir,
jaillissant de tous les cœurs depuis des semaines, pour célébrer la paix enfin restaurée.
Dans ces foules en liesse partout rassemblées,
- pas une voix discordante n'osait se faire entendre,
- pas un fusil ne se risquait à lâcher une balle de la fenêtre la mieux cachée.
N'est-ce pas la preuve qu'il s'agit bien de manifestations
comme le furent en France ou dans les villes alliées celles du 11 Novembre 1918 ou du 8 Mai 1945,
mais avec l'exubérance d'un pays au chaud soleil.
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